Comment fonctionne le marché de l’énergie en France ?
Le marché de l’électricité et du gaz en France est souvent flou pour les consommateurs. On confond souvent les fournisseurs avec les gestionnaires de réseau, et on ne retient bien souvent que les noms d’EDF et d’Engie, alors qu’il existe une multitude de fournisseurs pour faire son choix. Ce guide est là pour expliquer de manière simple ce qu’il faut savoir du fonctionnement du marché de l’énergie en France.
La libéralisation du marché de l’énergie
Depuis 2007, le marché de l’électricité et le marché du gaz en France se sont ouverts à la concurrence sur décision du gouvernement. Cela a entraîné de nombreux changements, mais surtout la baisse des tarifs des offres d’énergie, au bénéfice donc des consommateurs.
L’ouverture à la concurrence
La libéralisation du marché de l’énergie vient tout d’abord de directives de l’Union Européenne et du Parlement Européen. Celle-ci s’est d’abord faite pour les professionnels, à partir de 1999, et depuis 2007 pour les particuliers.
En effet, avant cette date, les Français n’avaient pas le choix du fournisseur pour leur énergie : les fournisseur historiques avaient le monopole du marché. Ainsi, on ne pouvait se fournir en électricité que via EDF, et son gaz uniquement de GDF-Suez, aujourd’hui devenu Engie.
Avec l’ouverture du marché, les fournisseurs alternatifs sont apparus : ce sont des entreprises pouvant librement concurrencer EDF et Engie dans la fourniture de gaz et d’électricité. Mais ces fournisseurs ne sont pas figés et, de temps en temps, de nouveaux apparaissent.
En parallèle, la libéralisation n’a pas changé le marché des ELD. Ces fournisseurs d’électricité ou de gaz en situation de monopoles dans certaines régions ne peuvent pas être concurrencés : ni par les deux fournisseurs historiques auparavant, ni aujourd’hui par les fournisseurs alternatifs.
Les différents types d’offres
Le monopole d’EDF et d’Engie leur permettait d’appliquer ce que l’on appelle les Tarifs Réglementés de Vente. Ce sont les tarifs de référence fixés par un organisme d’État, et qui constituent encore aujourd’hui la valeur de référence du prix de l’électricité pour le Tarif réglementé d’EDF, et du gaz pour le Tarif réglementé d’Engie.
C’est avec ce prix de référence que les autres fournisseurs établissent leurs offres, comme les offres à prix indexé ou les offres à prix fixe. Car le prix de l’électricité et du gaz sont en constante évolution : seules les offres à prix fixe permettent pendant un certain temps de ne pas subir ces évolutions (sur le prix HT), mais tout le monde est impacté.
Il existe aussi de plus en plus d’offres d’électricité verte. Le gaz n’est pas concerné puisqu’il ne peut pas provenir d’une source renouvelable par définition (excepté le biométhane). L’électricité verte proposée aujourd’hui est quant à elle certifiée par des garanties d’origine.
Le mix énergétique français
Le mix énergétique consiste en la répartition de la provenance des différentes énergies que l’on consomme. C’est de quoi est composée l’énergie que nous consommons. Le mix énergétique français a une place particulière dans le monde en raison de sa grande domination par le nucléaire.
Les énergies fossiles
Dans le monde, c’est le type d’énergie la plus consommée, et c’est aussi la plus polluante. Les énergies fossiles sont une énergie issue de la transformations de matières géologiques et organiques.
L’extraction et la production de gaz, de charbon, de pétrole sont ce qui permet l’utilisation de ces énergies fossiles. Elles sont dites “non renouvelables” car elles ne peuvent pas être produites : on se contente de les exploiter.
Ce sont des énergies souvent moins chères, et qui ont un très bon rendement énergétique, d’autant qu’elles peuvent être facilement stockées. Toutefois, leur stock est épuisable et elles ont un impact majeur sur l’environnement, si bien que de nombreuses directives tentent de réduire leur utilisation.
Les énergies fossiles sont utilisées à plus de 80% dans le monde.
Le nucléaire
Le mix énergétique français a une grande particularité : c’est l’immense importance de l’énergie nucléaire française. Elle produit les ¾ de l’électricité de France grâce aux 58 réacteurs répartis dans le pays. Objet de nombreuses controverses, le nucléaire français n’en demeure pas moins une anomalie dans le paysage énergétique mondial.
Le nucléaire représente 62,7 % de la production d’électricité en France en 2022, alors qu'il en représentait plus de 0% avant 2020. Si sa place est importante, c’est parce qu’à la suite du premier choc pétrolier dans les années 1970, une série de mesures a été prise par les gouvernements afin de rendre la France autosuffisante en termes de production d’électricité.
Aujourd’hui, la France est le pays le plus nucléarisé du monde, ce qui fait débat puisque le nucléaire est une énergie décarbonée mais aussi une énergie non-renouvelable.
Les énergies renouvelables
Enfin, les énergies renouvelables en France représente environ 20% du mix énergétique. Ce sont des énergies qui peuvent être réutilisées potentiellement à l’infini, pour notre consommation.
Il existe différentes sortes énergies renouvelables, et la plus commune en France est l’énergie hydraulique, qui représentait 11% du mix énergétique en 2022. Présente depuis des dizaines d’années, elle est largement exploitée puisque le prix des barrages a été amorti depuis longtemps.
En parallèle, on retrouve l’énergie solaire, éolienne, et la biomasse. Ces dernières ont connu une forte évolution ces dernières années, évolution encouragée en raison de l’urgence climatique.
Aujourd’hui, on peut produire cette électricité pour la consommer soi-même (principe de l’autoconsommation), et même la revendre avec une obligation d’achat.
Face à cette situation, de plus en plus d’entreprises exposent leurs actions en faveur de l’environnement, mais pour certaines cela ne reflète pas réellement leurs actions : c’est le greenwashing qui touche particulièrement le secteur de l’énergie.
Comment est organisé le marché de l’énergie en France ?
Notre fournisseur d’énergie n’est que la face émergée du marché de l’énergie. En réalité, il est séparé en 4 différentes étapes :
- La production de l’énergie, détaillée ci-dessus et qui représente le mix énergétique français. Énergie qui est produite mais aussi stockée pour le gaz ;
- Le transport de cette énergie : il peut se faire par des méthaniers ou des gazoducs de GRT-Gaz et Terega pour le gaz, et par RTE pour l’électricité avec les lignes à haute tension ;
- Puis, le relai est pris par les gestionnaires de réseau Enedis et GRDF qui distribuent l’électricité. Ce sont eux qui sont responsables de l’acheminement de l’énergie dans les logements, et qui collectent les Tarifs d’acheminement ;
- Enfin, la fourniture d’énergie est assurée par les différents fournisseurs : ils achètent l’énergie au producteur, puis payent Enedis et GRDF pour acheminer cette énergie jusque dans les foyers.
Les autres acteurs du marché
Il existe de nombreux autres acteurs du marché de l’énergie, mais certains ont une place plus importante, et relèvent de l’État. Par exemple, l’ADEME (Agence De l'Environnement et de Maîtrise de l’Énergie) est en charge de la mise en oeuvre des politiques de développement durable sur le territoire.
Si son champ d’action est vaste, la thématique de l’environnement en vient naturellement à la faire intervenir dans le domaine de l’énergie. Elle va notamment promouvoir les énergies renouvelables auprès des particuliers et des entreprises.
L’autre organe crucial dans le marché de l’énergie est la CRE (Commission de Régulation de l’Énergie). Ses rôles sont multiples : elle a été créée pour encadrer l’ouverture du marché, et c’est elle qui fixe l’évolution des tarifs de l’électricité et du gaz.
Enfin, le médiateur national de l’énergie est un agent public censé être un recours en cas de litige entre un fournisseur et un client dans le domaine de l’énergie. Il est souvent la dernière solution utilisée par l’une des parties lorsque le dialogue n’a pas pu aboutir à résoudre le litige.