TURPE 7 : ce qui va changer dès le 1er février 2025

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Tous les quatre ans, la CRE établit le Tarif d'Utilisation des Réseaux Publics d'Électricité (TURPE). Ce tarif, inclus dans la facture d'électricité des ménages, représente une contribution destinée aux gestionnaires des réseaux pour financer l'entretien, la maintenance et le développement des infrastructures électriques. Actuellement, le TURPE 6 est en vigueur. Le prochain TURPE, qui couvrira la période de 2025 à 2028, entrera en application dès le 1ᵉʳ février 2025, soit six mois plus tôt que la date initialement prévue du 1ᵉʳ août 2025 et augmentera de 7,7 %.

TURPE 7 : son entrée en vigueur anticipée dès février 2025 !

Le 12 décembre 2024, la Commission de régulation de l’énergie a annoncé que le TURPE pour 2025 sera exceptionnellement révisé au 1ᵉʳ février, au lieu du traditionnel 1ᵉʳ août. 

La hausse du TURPE prévue à +7,7 % (légèrement inférieure aux 10 % évoqués pour août 2025) sera donc appliquée dès le 1ᵉʳ février 2025. Cette augmentation a été prise en compte dans le calcul des tarifs réglementés de vente d’électricité qui a abouti à une baisse moyenne de 15 % du tarif réglementé pour le 1ᵉʳ février.

Selon la CRE, cette décision a été prise en réponse à la forte baisse attendue des prix de gros de l’électricité en 2025 par rapport à 2024. Les consommateurs bénéficiant des tarifs réglementés de vente (environ 20,6 millions de clients résidentiels) ou des offres de marché indexées sur ces tarifs (environ 4 millions de clients résidentiels) verront leur facture d’électricité diminuer dès février. En anticipant l’ajustement du TURPE à cette date plutôt qu’en août, la CRE évite des hausses et baisses de prix contradictoires à six mois d’intervalle, assurant ainsi aux consommateurs une réduction nette et significative dès février. Ce calendrier exceptionnel marque également la fin de la crise énergétique qui a débuté en 2022.

Le TURPE 7, qui couvrira la période 2025-2028, sera délibéré et détaillé début 2025, avec un retour aux mises à jour annuelles à partir du 1ᵉʳ août 2026.

Une hausse modérée mais stratégique : le TURPE 7 face aux défis énergétiques

Le TURPE 7 se traduit par une augmentation tarifaire de 7,7 % par rapport au TURPE 6, portant le coût annuel à environ 842 € pour une famille de quatre personnes, contre 782 € précédemment. Bien que cette hausse soit notable, elle reste inférieure aux demandes des gestionnaires de réseaux : RTE réclamait une augmentation de 12,2 %, et Enedis visait même 18,99 %, en incluant un changement de méthode comptable non retenu par la CRE.

Cette revalorisation permettra de financer des investissements colossaux nécessaires pour transformer le réseau électrique. Avec la montée en puissance de l’électrification des transports, du chauffage et de l’industrie, ainsi que le développement rapide des énergies renouvelables (croissance de 40 % des capacités éoliennes et solaires entre 2019 et 2022), le réseau doit s’adapter. Les dépenses prévues reflètent cette nécessité : les investissements d’Enedis passeront de 4,9 milliards d’euros en 2023 à 7 milliards en 2028, et ceux de RTE atteindront 6,4 milliards d’euros à la même échéance, contre 2,1 milliards en 2023. Ces montants financent non seulement le raccordement des nouvelles installations, mais aussi le renforcement de la résilience des infrastructures face au vieillissement et au changement climatique.

Heures creuses, compteurs et incitations : des mesures pour un réseau plus intelligent

Le TURPE 7 ne se limite pas à une simple hausse tarifaire : il redéfinit également les modalités d’usage du réseau pour mieux s’adapter aux contraintes actuelles. Une refonte des heures creuses est ainsi prévue. En hiver, la suppression des heures creuses entre 11h et 14h permettra de mieux équilibrer l’offre et la demande dans une période critique. En été, en revanche, de nouvelles heures creuses seront introduites entre 11h et 17h pour tirer parti des pics de production solaire. Ces ajustements profiteront à 85 % des foyers concernés, avec une augmentation moyenne de deux heures creuses supplémentaires par jour en été.

Pour les foyers sans compteurs Linky, le TURPE 7 introduit une facturation des coûts supplémentaires liés aux compteurs non évolués : 6,93 € tous les deux mois, avec une majoration de 4,18 € en cas d’absence de communication des relevés ou de rendez-vous pour leur relève.

Enfin, la régulation incitative instaurée par la CRE continue de pousser les gestionnaires de réseaux à améliorer leur efficacité. Ils sont encouragés à réduire les délais de raccordement, à maîtriser les coûts opérationnels et à garantir une meilleure qualité de l’électricité distribuée.

Le TURPE 6, c'est 20 à 30 % de votre facture !

Combien vous coûte le TURPE ?

Votre consommation annuelle

kWh/an

Votre puissance de compteur

kVA

Part de consommation en hiver

%

Part de consommation en Heures Pleines

%

Votre TURPE vous coûte

343 € par an

Formule tarifaire (FTA) moins chère : MU4

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Détails pour MU4 :

Composante annuelle de gestion :

16,2 €

Composante de comptage :

20,88 €

Composante annuelle de soutirage :

306,19 €

Total TURPE :

343,27 €/an

Détails pour CU4 :

Composante annuelle de gestion :

16,2 €

Composante de comptage :

20,88 €

Composante annuelle de soutirage :

314,45 €

Total TURPE :

351,53 €/an

Comment est calculé le TURPE ?

Le montant du TURPE dépend de plusieurs facteurs qui sont la puissance d'abonnement souscrite, la consommation annuelle d'électricité, la saisonnalité et les heures de consommation. Pour faire simple, nous parlerons ici des consommateurs dont la puissance de compteur n'excède pas 36 kVA (résidentiels et petits professionnels) qui ne sont pas en autoproduction. Le montant du TURPE est ainsi l'addition de 3 composantes :

La composante annuelle de gestion

La composante annuelle de gestion englobe les dépenses engagées par les gestionnaires des réseaux publics de distribution pour traiter les dossiers des utilisateurs, assurer l'accueil physique et téléphonique des clients, gérer la facturation et le recouvrement.

Montant de la composante annuelle de gestion en € / an - TURPE 6
Type d'utilisateurMontant en vigueur
Utilisateur en CARD16,56 € / an
Utilisateur en contrat unique15,48 € / an
Autoproducteurs collectifs en CARD20,64 € / an
Autoproducteurs collectifs en contrat unique19,44 € / an
Autoproducteurs individuels avec injection24,36 € / an

Grille tarifaire TURPE 6 par Enedis pour les clients raccordés en BT ≤ 36 kVA. Montants applicables jusqu'en février 2025.

La composante annuelle de comptage

Elle couvre les frais liés à la fourniture, la pose et l'entretien des appareils de comptage, ainsi que les coûts liés aux contrôles, relevés, etc. Avec les opérations téléopérables grâce au Linky, on suppose que cette composante tendrait à diminuer dans les années à venir.

Montant de la composante annuelle de comptage en € / an - TURPE 6
Type de compteurMontant en vigueur
Compteurs Linky et classique19,92 € / an
Sans dispositif de comptage1,56 € / an

Grille tarifaire TURPE 6 par Enedis pour les clients raccordés en BT ≤ 36 kVA. Montants applicables jusqu'en février 2025.

La composante annuelle de soutirage (elle-même subdivisée en une partie fixe, et une partie variable)

Cet élément reflète au mieux le coût que chaque client génère sur le réseau. Il est composé d'une part fixe liée à la puissance électrique du compteur, et d'une part variable liée aux flux horosaisonnalisés de la consommation annuelle d'électricité.

Montant de la composante annuelle de soutirage - coefficient pondérateur de la puissance - TURPE 6
Option tarifaireCoefficient pondérateur de la puissance
Courte utilisation avec 4 classes temporelles (CU 4)9 €/kVA/an
Moyenne utilisation avec 4 classes temporelles (MU 4)10,56 €/kVA/an
Longue utilisation (LU)81,24 €/kVA/an

Grille tarifaire TURPE 6 par Enedis pour les clients raccordés en BT ≤ 36 kVA. Montants applicables jusqu'en février 2025.

Montant de la composante annuelle de soutirage -  coefficient pondérateur de l’énergie (ci) - TURPE 6
Option tarifaireCoefficient pondérateur de l’énergie (ci)
Heures Pleines Saison Haute (HPH)Heures Creuses Saison Haute (HCH)Heures Pleines Saison Basse (HPB)Heures Creuses Saison Basse (HCB)
CU 46,67 c€ / kWh4,56 c€ / kWh1,43 c€ / kWh0,88 c€ / kWh
MU 46,12 c€ / kWh4,24 c€ / kWh1,39 c€ / kWh0,87 c€ / kWh
LU1,10 c€ / kWh

Grille tarifaire TURPE 6 par Enedis pour les clients raccordés en BT ≤ 36 kVA. Montants applicables jusqu'en février 2025.

Exemple de calcul du TURPE

Supposons que vous ayez un compteur en 9 kVA HPHC, avec une consommation annuelle de 15 697 kWh, dont :

  • 8 022 kWh en HPH, soit 8022×0,0612 = 490,94 €
  • 4 011 kWh en HCH, soit 4011×0,0424 = 170,06 €
  • 2 443 kWh en HPB, soit 2443×0,0139 = 33,95 €
  • 1 221 kWh en HCB, soit 1221×0,0087 = 10,62 €

15,48 (composante de gestion) + 19,92 (composante de comptage) + (10,56×9) + (490,94 + 170,06 + 33,95 + 10,62) (composante de soutirage) = 836 €

Au tarif réglementé en octobre 2024, la facture annuelle d'électricité revient à 4107,93 €, dont 836 € alloués au TURPE. Ainsi, 20 % du montant de la facture annuelle sont destinés aux tarifs d'acheminement de l'électricité.

Calcul turpe

Qu'est-ce que le TURPE ?

infographie turpe

Pas une taxe, mais une contribution à destination des gestionnaires de réseaux

Le TURPE, bien qu'il puisse en donner l'impression, n'est pas une taxe sur l'électricité. Il s'agit d'une contribution intégrée à chaque facture d'électricité servant à financer le transport et la distribution de l'énergie à travers la France. En savoir plus sur les taxes appliquées à l'énergie.

Le TURPE est directement intégré à la facture d'électricité, il représente d'ailleurs en moyenne 22 % de celle-ci en janvier 2025. Il est donc payé par tous les usagers qui ont souscrit un contrat de fourniture d'électricité, vous, moi, votre pharmacien ou encore, votre patron.

Part turpe

Le fournisseur d'électricité reverse ensuite le montant perçu - au bénéfice du TURPE - aux gestionnaires des réseaux de distribution et de transport. En réalité, il existe deux tarifs d'acheminement (donc 2 TURPE distincts) selon le réseau sur lequel est raccordé le site.

  1. Le tarif pour les sites raccordés aux réseaux de distribution (le TURPE HTA-BT) rémunère les gestionnaires des réseaux de distribution (comme Enedis, la Réséda, ou Strasbourg Électricité Réseau) ;
  2. Le tarif pour les sites raccordés au réseau de transport (le TURPE HTB) rémunère les gestionnaires des réseaux de transport (comme RTE).

C'est pourquoi les conditions générales de vente du contrat d'électricité incluent aussi celles relatives à l'accès et à l'utilisation du réseau public de distribution. Notons que la plupart des usagers sont facturés sur la base d'un TURPE moyen établi par leur fournisseur : Engie est aujourd'hui l'un des seuls prestataires à facturer le TURPE réel à ses clients.

Le TURPE pour les professionnels

Les professionnels peuvent dissocier le contrat de fourniture (souscrit auprès du fournisseur), et le contrat d'acheminement (souscrit auprès du gestionnaire de réseau). Pour ce dernier contrat, selon s'il est raccordé au réseau de distribution ou de transport, on parle respectivement de :

  1. CARD (Contrat d’Accès aux Réseaux Publics de Distribution) ;
  2. CART (Contrat d’Accès aux Réseaux Publics de Transport) si le client se raccorde directement au réseau de transport d'électricité (pour les très gros consommateurs d'électricité, tels que les industriels).
Deux contrats turpe

Pour financer l'acheminement de l'électricité jusqu'aux points de consommation

Un petit rappel s'impose pour bien comprendre l'intérêt de ce tarif. On compte en France deux réseaux électriques pour acheminer l'électricité du lieu de production, au lieu de consommation : le réseau de transport et le réseau de distribution.

L'électricité est d'abord transportée via des lignes à haute tension qui sont supportées par des pylônes métalliques que l'on aperçoit souvent dans les champs, en voiture, jusqu'à des transformateurs. Les plus curieux, sachez que ces pylônes sont d'ailleurs conçus pour supporter plusieurs câbles aériens et résister aux aléas météorologiques et sismiques, aux tremblements des câbles, mais aussi de la terre : bref, c'est du costaud ! 

Les transformateurs réduisent la tension électrique, puis l'envoient sur un réseau de distribution. L'électricité peut ensuite atteindre nos installations électriques, où la tension est habituellement inférieure à 1 kV.

Tout ce processus d'acheminement est coûteux, notamment du :

  • À la maintenance constante des réseaux de transport et de distribution afin d'éviter tout risque de coupure ;
  • Au développement et à l'expansion des réseaux pour que chacun soit desservi en électricité, qu'importe son lieu d'habitation ;
  • À la modernisation des réseaux pour répondre à la demande croissante en énergie des consommateurs.

C'est là qu'interviennent les recettes du TURPE : elles permettent de financer tous ces éléments pour que, vous et moi, bénéficions de l'électricité dans les meilleures conditions.

Par ailleurs, le TURPE finance une partie des interventions chez les clients finaux, dont les poses de compteur Linky, les mises en service et les interventions annexes. Attention, ce ne sont pas uniquement les interventions d'Enedis ou RTE que le TURPE finance, ce sont celles de l'ensemble des gestionnaires des réseaux. Ainsi, les entreprises locales telles que la Réséda à Metz ou Strasbourg Électricité Réseau dans la région Strasbourgeoise bénéficient également des recettes du TURPE. Pour avoir une idée, en 2023, le TURPE a d'ailleurs rapporté 14 752 millions d'euros à Enedis qui couvre 95 % du territoire, pour le compte du réseau basse tension.

Son montant, défini par la CRE, répond à 4 principes fondamentaux

Si la contribution au TURPE est reversée à des gestionnaires différents (Enedis, RTE, etc.), il n'en demeure pas moins que son montant est calculé exactement de la même manière, peu importe le lieu de consommation sur le territoire. Il repose sur les 4 principes suivants :

  1. La péréquation tarifaire : cela signifie que la base de calcul est la même sur l'ensemble du territoire ;
  2. Le timbre-poste : en complément du premier principe, celui-ci signifie que peu importe la distance parcourue entre le point d'injection de l'électricité et le point de soutirage, le tarif appliqué est le même ;
  3. La tarification en fonction de la puissance souscrite et de l’énergie soutirée : le tarif est déterminé par le domaine de tension de raccordement (haute tension, basse ou moyenne tension) ;
  4. L'horosaisonnalité : les prix de la partie variable du TURPE évoluent en fonction des saisons, des jours de la semaine et/ou des heures de consommation.

Le cadre général du TURPE est défini par la CRE, tous les 4 ans, par arrêté ministériel. Ce cadre prend en compte les investissements requis pour les infrastructures, les changements réglementaires, les prévisions de consommation d'électricité, etc. pour la période à venir.

Calendrier turpe

Indépendamment de ce cadre et en temps normal, le montant du TURPE est révisé chaque année le 1ᵉʳ août, afin de s'ajuster à l'inflation et aux coûts de fonctionnement du réseau. Cependant, de manière exceptionnelle, le TURPE 6 restera en vigueur jusqu'au 1ᵉʳ février 2025. Le TURPE 7, qui prendra effet à cette date, ne fera pas l'objet d'une révision en août 2025. 

En résumé, l'évolution du TURPE c'est :

  • Un cadre général défini tous les 4 ans pour répondre aux objectifs de transition énergétique et aux objectifs économiques ;
  • Une révision annuelle pour répondre à l'inflation et aux évolutions ponctuelles du réseau.

Le TURPE évolue-t-il simultanément avec le tarif réglementé de l'électricité ? Le TURPE et le TRV ne dépendent pas l'un de l'autre. Le TURPE représente en moyenne un tiers de la facture d'électricité TTC d'un client particulier. Cependant, quand la CRE propose une évolution des tarifs réglementés EDF, cette augmentation ne s'applique pas au TURPE.