Nucléaire

Nucléaire en France : production, parc, technologies, avantages

Mis à jour le
min de lecture

L'énergie nucléaire est un pilier du mix énergétique français car elle couvre environ 70% des besoins en électricité et plus du tiers de la consommation d'énergie primaire totale, grâce à 57 réacteurs répartis sur 18 sites. Héritage d'une stratégie des années 1970, elle assure l'indépendance énergétique et limite les émissions de CO2, le tout avec des coûts de production faibles. Cependant, le vieillissement des centrales pose des défis de maintenance et de sécurité, en plus de la gestion des déchets. Des projets comme le grand carénage, les EPR et les SMR visent à moderniser cette filière stratégique. Ces initiatives alimentent un débat sur l'avenir du nucléaire face aux impératifs de décarbonation, d'indépendance et de sécurité.

Production du parc nucléaire en France

La veille

Hier 19 avril 2025, la production d'électricité en France était de
-, soit - de la production d'électricité du pays.

Production d'électricité en France par source

Réacteurs nucléaires disponibles et à l'arrêt en ce moment

À l'heure actuelle, on compte 42 réacteurs fonctionnant parfaitement en France. 12 réacteurs sont à l'arrêt et 3 sont partiellement disponibles.

Etat des réacteurs nucléaires français au 20/04/2025.

Disponibilité des réacteurs nucléaires en France
Réacteurs nucléaires disponibles
Disponibles à 100 %
Réacteurs nucléaires partiellement disponibles
Partiellement disponibles
Réacteurs nucléaires à l'arrêt
A l'arrêt
42312

Dernière mise à jour : 20 avril 2025 - Source RTE

État des réacteurs nucléaires français et planning de redémarrage des centrales nucléaires

Les arrêts de tranches de réacteurs ne sont pas toujours prévus.

  • Maintenance programmée : le réacteur est en partie ou complètement mis à l'arrêt tous les 12 ou 18 mois pour être rechargé en combustible. De plus, il y a une obligation d'inspection technique tous les 10 ans, durant laquelle l'ensemble du réacteur est entièrement à l'arrêt. Enfin, des inspections courantes peuvent donner lieu à des mises à l'arrêt pour travaux.
  • Maintenance forcée : ce type d'arrêt survient lors d'événements internes et/ou externes imprévus. Par exemple, la cause d'une maintenance forcée peut être liée à une panne, à des mouvements sociaux ou aux conditions météorologiques.

CentraleRéacteurPuissanceEtatDébut de la maintenanceFin de la maintenance
BELLEVILLE 1 1310 MW disponible - -
BELLEVILLE 2 1310 MW disponible - -
BLAYAIS 1 910 MW disponible - -
BLAYAIS 2 910 MW disponible à 810 MW 01/02/2025 07/02/2025
BLAYAIS 3 910 MW disponible - -
BLAYAIS 4 910 MW disponible - -
BUGEY 2 910 MW disponible à 806 MW 28/01/2025 21/02/2025
BUGEY 3 910 MW disponible - -
BUGEY 4 880 MW disponible - -
BUGEY 5 880 MW disponible - -
CATTENOM 1 1300 MW disponible - -
CATTENOM 2 1300 MW disponible - -
CATTENOM 3 1300 MW indisponible 30/01/2025 16/02/2025
CATTENOM 4 1300 MW disponible - -
CHINON 1 905 MW indisponible 01/02/2025 27/04/2025
CHINON 2 905 MW disponible - -
CHINON 3 905 MW disponible - -
CHINON 4 905 MW disponible - -
CHOOZ 1 1500 MW disponible à 1380 MW 23/01/2025 05/02/2025
CHOOZ 2 1500 MW disponible - -
CIVAUX 1 1495 MW indisponible 04/01/2025 24/02/2025
CIVAUX 2 1495 MW disponible - -
CRUAS 1 915 MW disponible - -
CRUAS 2 915 MW indisponible 01/02/2025 29/04/2025
CRUAS 3 915 MW indisponible 04/08/2024 24/03/2025
CRUAS 4 915 MW disponible - -
DAMPIERRE 1 890 MW disponible - -
DAMPIERRE 2 890 MW disponible - -
DAMPIERRE 3 890 MW disponible - -
DAMPIERRE 4 890 MW disponible - -
FLAMANVILLE 1 1330 MW indisponible 06/12/2024 17/04/2025
FLAMANVILLE 2 1330 MW disponible - -
GOLFECH 1 1310 MW disponible - -
GOLFECH 2 1310 MW disponible - -
GRAVELINES 1 910 MW disponible - -
GRAVELINES 2 910 MW indisponible 01/02/2025 05/05/2025
GRAVELINES 3 910 MW disponible - -
GRAVELINES 4 910 MW disponible - -
GRAVELINES 5 910 MW disponible - -
GRAVELINES 6 910 MW disponible - -
NOGENT 1 1310 MW disponible - -
NOGENT 2 1310 MW disponible - -
PALUEL 1 1330 MW disponible - -
PALUEL 2 1330 MW disponible - -
PALUEL 3 1330 MW indisponible 01/11/2024 13/02/2025
PALUEL 4 1330 MW disponible - -
PENLY 1 1330 MW disponible - -
PENLY 2 1330 MW indisponible 03/10/2024 25/04/2025
ST ALBAN 1 1335 MW disponible - -
ST ALBAN 2 1335 MW disponible - -
ST LAURENT 1 915 MW indisponible 31/01/2025 28/07/2025
ST LAURENT 2 915 MW disponible - -
TRICASTIN 1 915 MW indisponible 25/01/2025 24/04/2025
TRICASTIN 2 915 MW disponible - -
TRICASTIN 3 915 MW disponible - -
TRICASTIN 4 915 MW disponible - -
FLAMANVILLE 3 1620 MW indisponible 24/01/2025 03/02/2025

Données chiffrées sur le nucléaire civil en France

Depuis plus d'un demi-siècle, l'énergie nucléaire s'impose comme un pilier incontournable du paysage énergétique français, façonnant l'économie, la politique et l'environnement du pays. La France se distingue par une production nucléaire couvrant environ 70 % de ses besoins en électricité (elle peut varier d'une année à l'autre), positionnant la nation à l'avant-garde mondiale en la matière. 

Cette prédominance résulte d'une stratégie énergétique ambitieuse, initiée dans les années 1970, visant à assurer l'indépendance énergétique. Elle fait aujourd'hui la fierté du pays pour sa capacité à produire beaucoup d'énergie en émettant peu de gaz à effet de serre. Cependant, le parc nucléaire français est vieillissant et fait face à des défis majeurs, notamment en matière de maintenance, et avec des coûts de production qui augmentent.

Composition du parc nucléaire

Le parc nucléaire français est composé de 57 réacteurs répartis sur 18 centrales, ce qui représente une capacité installée de 63 GW. Les réacteurs disposent de différents niveaux de puissance.

L'histoire de l'électronucléaire en France débute en 1945 avec la création du Commissariat à l'énergie atomique (CEA), visant à développer l'énergie nucléaire à des fins civiles et militaires.  En 1956, le réacteur G1 de Marcoule produit les premiers kilowatts nucléaires français, marquant une étape clé dans l'utilisation industrielle de cette énergie. Cette période pionnière est caractérisée par des expérimentations technologiques et une volonté d'affirmer la grandeur de la France sur la scène internationale. C'est la centrale de Chinon A1, mise en service en 1963, qui est considérée comme la première centrale nucléaire dédiée à la production d'électricité civile en France.

Cette orientation stratégique a pour but de se prémunir de toute dépendance énergétique pour la production électrique, même si de fait l'uranium doit être importé. Les événements géopolitiques internationaux donnent raison au Gouvernement, et les différents chocs pétroliers des années 1970 accélèrent la construction de nouvelles centrales nucléaires partout sur le territoire.

La France exploite principalement des réacteurs nucléaires à eau sous pression (REP), une technologie standardisée sur l'ensemble des 56 réacteurs répartis sur 18 sites. Le réacteur de type EPR de Flamanville a commencé à produire ses premiers électrons fin 2024. Cela faisait plus de vingt ans que l'on n'avait pas mis en service de réacteur en France, ceux les plus récents étaient Chooz (Nord-Est), entré en service en 2000, et Civaux (Centre), actif depuis 2002.

La place du nucléaire dans le mix énergétique français

Le nucléaire représente trois quarts de la production d’électricité française, soit la part observée dans les mix énergétiques nationaux la plus haute au monde.

une centrale nucléaire dans les champs

En 1974, suite au premier choc pétrolier et à la montée des tensions au Moyen-Orient, le Gouvernement français fait le choix d'accélérer le développement électronucléaire, l'idée étant de faire de la France une puissance énergétique indépendante. Le plan Messmer, annoncé en 1974 par le Premier ministre Pierre Messmer, prévoyait la construction de treize réacteurs de 900 mégawatts en deux ans, avec pour objectif de produire 70 % de l'électricité française grâce au nucléaire. Cette initiative a permis à la France de devenir l'un des pays les plus nucléarisés au monde, assurant ainsi son indépendance électrique. Seuls les Etats-Unis ont plus de réacteurs en activité : on en dénombre 93.

Aujourd’hui, l’énergie nucléaire est la première source de production d’électricité en France (entre 65 et 75% selon les années). Elle couvre ainsi l'essentiel des besoins énergétiques des consommateurs.

Graphique : Selectra - Source : Chiffres clés de l'énergie - Édition 2023 - Ministère de la Transition Énergétique

La production nucléaire française a diminué ces dernières années en raison de plusieurs facteurs combinés, notamment le vieillissement du parc de réacteurs, nécessitant des opérations de maintenance plus fréquentes et prolongées, et des contraintes de sécurité renforcées imposées par l'Autorité de sûreté nucléaire.

De plus, des aléas techniques, tels que des problèmes de corrosion détectés sur certaines centrales, ont conduit à des arrêts prolongés de plusieurs réacteurs. En 2022, cette situation s'est aggravée avec la mise hors service simultanée de nombreux réacteurs pour inspection ou réparation, réduisant drastiquement la capacité de production. En conséquence, la production nucléaire a chuté à 279 TWh, son niveau le plus bas depuis 30 ans, forçant la France à augmenter ses importations d'électricité pour répondre à la demande intérieure.

Production d'électricité nucléaire en France (en GWh) - source RTE

Source : RTE - Graphique : Selectra

Évolution de la production nucléaire française
AnnéeProduction
1995358,8 TWh
1996378,2 TWh
1997375,9 TWh
1998368,5 TWh
1999374,9 TWh
2000395,2 TWh
2001399,6 TWh
2002415,5 TWh
2003419,8 TWh
2004426,9 TWh
2005430 TWh
2006428,7 TWh
2007418,6 TWh
2008418,3 TWh
2009390 TWh
2010407,9 TWh
2011421,1 TWh
2012404,9 TWh
2013403,8 TWh
2014415,8 TWh
2015416,8 TWh
2016384 TWh
2017379,1 TWh
2018393,2 TWh
2019379,5 TWh
2020335,4 TWh
2021360,7 TWh
2022279 TWh
2023320,4 TWh
2024361,7 TWh

Quel mix électrique mondial ? La première source de production d'électricité dans le monde est les énergies fossiles (gaz, pétrole et charbon), qui représentent environ 70 % de la production. Ces énergies, particulièrement polluantes, ne sont que relativement remises en question par la montée en puissance de l'électricité verte. Certains pays s'appuient même sur le charbon pour sortir du nucléaire et passer au tout-renouvelable.

Coût du nucléaire

D'après la CRE, le prix de production de l’électricité nucléaire sera de 60,70 € par mégawattheure pour la période 2026-2030. Pour la période 2031-2035, celui-ci atteindra 59,10 €, et 57,30 € en 2036-2040.

L’énergie nucléaire : comment ça marche ?

Découverte

La découverte du nucléaire remonte à la fin du XIXe siècle, lorsque Henri Becquerel met en évidence la radioactivité naturelle en 1896, suivi par les travaux pionniers de Marie et Pierre Curie sur les éléments radioactifs comme le radium et le polonium. Au début du XXe siècle, Ernest Rutherford explore la structure de l'atome et identifie le noyau atomique, ouvrant la voie à une compréhension plus approfondie de l'énergie contenue dans la matière. Dans les années 1930, les physiciens Lise Meitner, Otto Hahn, et Fritz Strassmann découvrent le phénomène de fission nucléaire, où le noyau d’un atome lourd, comme l’uranium, se divise en libérant une grande quantité d'énergie. Cette avancée scientifique pose les bases de l'exploitation contrôlée de l'énergie nucléaire, à la fois pour des applications militaires et civiles.

L'application du nucléaire à la production électrique débute dans les années 1950, lorsque les premières centrales nucléaires expérimentales sont construites pour convertir l'énergie dégagée par la fission en électricité. La chaleur produite par la réaction de fission est utilisée pour chauffer de l'eau, générant de la vapeur qui entraîne des turbines reliées à des alternateurs. Le Royaume-Uni met en service la première centrale nucléaire civile, Calder Hall, en 1956, suivie par d'autres pays comme les États-Unis et la France. Cette technologie se généralise rapidement en raison de son potentiel à fournir une électricité abondante et stable, marquant un véritable tournant dans l'histoire de l'énergie mondiale.

Fission et fusion

La fission nucléaire est un processus dans lequel le noyau d’un atome lourd, comme l'uranium-235 ou le plutonium-239, se divise en deux noyaux plus légers sous l'impact d’un neutron. Cette division s'accompagne de la libération d’une immense quantité d’énergie, principalement sous forme de chaleur, et de plusieurs neutrons. Ces neutrons peuvent à leur tour provoquer la fission d'autres noyaux, déclenchant une réaction en chaîne contrôlée dans les réacteurs nucléaires pour produire de l'électricité.

Ce principe est utilisé dans les centrales nucléaires actuelles, où la chaleur dégagée sert à produire de la vapeur pour actionner des turbines génératrices d’électricité. La fission est également à la base des armes nucléaires, mais de manière non contrôlée et explosive.

L'uranium est un métal radioactif qui doit être extrait et transformé pour être utilisé en tant que combustible. Celui-ci est fissile et doit être enrichi en uranium 235 afin de pouvoir ensuite être transformé en poudre noire, puis en pastille. Celle-ci libère autant d'énergie qu'une tonne de charbon et permet ensuite de faire fonctionner le réacteur.

Les gisements d'uranium 235 se situent majoritairement en Australie, USA, Canada et Afrique du Nord. Il existe quelques gisements en France (dans le Limousin), toutefois ceux-ci sont bientôt épuisés. Par ailleurs, 96% du combustible peut par la suite être réutilisé, après passage dans une usine de retraitement.

La fusion nucléaire consiste quant à elle à combiner deux noyaux légers, généralement des isotopes d’hydrogène comme le deutérium et le tritium, pour former un noyau plus lourd, comme celui de l'hélium. Ce processus, qui nécessite des conditions extrêmes de température et de pression similaires à celles du cœur des étoiles, libère une énergie considérable, bien supérieure à celle de la fission.

Contrairement à la fission, la fusion produit très peu de déchets radioactifs à longue durée de vie et utilise des combustibles abondants dans la nature. Bien que prometteuse, la fusion reste pour l'instant expérimentale, avec des projets comme ITER qui cherchent à démontrer la faisabilité de cette technologie pour une production d’électricité propre et durable dans un avenir lointain.

Avantages

  • Une énergie décarbonée : l’énergie nucléaire se distingue par son faible impact sur les émissions de gaz à effet de serre (GES). Contrairement aux centrales thermiques au charbon ou au gaz, les réacteurs nucléaires ne rejettent quasiment pas de CO2 pendant leur fonctionnement, faisant du nucléaire une solution clé pour lutter contre le changement climatique. En 2023, environ 65 % de l’électricité française était produite par des centrales nucléaires, contribuant à maintenir un des mix électriques les moins carbonés au monde.
  • Une production continue et peu coûteuse : les centrales nucléaires offrent une production d’électricité stable et constante, indépendamment des conditions météorologiques. Contrairement aux énergies renouvelables comme l’éolien ou le solaire, elles fonctionnent 24h/24 tout au long de l’année, avec un facteur de charge souvent supérieur à 80 %, témoignant de leur efficacité. Le coût de production d’un mégawattheure nucléaire reste compétitif face aux énergies fossiles et renouvelables. 
  • Adaptabilité et indépendance énergétique : les réacteurs nucléaires peuvent ajuster leur production en fonction des besoins de la population grâce à leur flexibilité. Cela garantit un approvisionnement en électricité adapté, notamment lors des périodes de forte demande hivernale. Par ailleurs, le parc nucléaire français joue un rôle stratégique dans l'indépendance énergétique du pays. En limitant les importations d’électricité, la France réduit sa dépendance vis-à-vis des fluctuations des marchés internationaux des énergies fossiles.
  • Sécurité (quoi qu'on en dise) : Le nucléaire est considéré comme une énergie sûre en raison des normes strictes de sécurité appliquées à chaque étape de son exploitation, de la conception des réacteurs à la gestion des déchets. Les centrales nucléaires modernes sont dotées de multiples systèmes de protection redondants, tels que les enceintes de confinement en béton et les systèmes de refroidissement de secours, conçus pour prévenir les accidents graves même en cas de défaillance majeure. Par ailleurs, les réacteurs sont soumis à des inspections régulières par des organismes indépendants, qui veille au respect des standards internationaux les plus exigeants. Statistiquement, les centrales nucléaires présentent un faible taux d'incidents comparé à d'autres sources d'énergie, et leur impact sur la santé publique est minime.

Inconvénients

  • Ressources limitées et non-renouvelables : l’uranium, principal combustible utilisé dans les réacteurs actuels, est une ressource limitée. Bien que les réserves mondiales d'uranium soient suffisantes pour plus d'un siècle, leur épuisement pourrait remettre en question la viabilité du nucléaire à long terme.
  • Gestion des déchets radioactifs : bien qu’ils représentent de faibles volumes comparés aux déchets industriels, leur toxicité et leur durée de vie extrêmement longue (jusqu’à des milliers d’années) nécessitent un stockage sécurisé. Des projets comme le site d’enfouissement géologique Cigéo cherchent à répondre à ce problème, mais des solutions de recyclage à grande échelle restent inexistantes.
  • Problèmes de sécurité : les accidents nucléaires, bien que rares, ont des conséquences marquantes, comme l'ont montré Tchernobyl en 1986 et Fukushima en 2011. Ces événements ont renforcé les exigences de sécurité et accru la méfiance du public. Par ailleurs, la menace du terrorisme ou de cyberattaques sur les centrales constitue un risque croissant pour la sûreté de cette énergie.
  • Contraintes climatiques et techniques : lors de fortes chaleurs, l’eau utilisée pour refroidir les réacteurs peut réchauffer les cours d’eau, perturbant les écosystèmes. Dans ces cas, les centrales doivent réduire ou stopper leur production. En outre, lors de maintenances ou d'incidents techniques, la disponibilité des réacteurs est limitée, ce qui peut impacter l’approvisionnement électrique.
  • Coûts élevés des rénovations et adaptations : le vieillissement des centrales nucléaires françaises nécessite un investissement massif, notamment à travers le grand carénage, un programme de maintenance visant à prolonger leur durée de vie. Ce projet, estimé à environ 50 milliards d'euros, représente un défi financier pour garantir la sûreté et la performance du parc nucléaire. Ces coûts s’ajoutent aux investissements nécessaires pour développer les nouvelles générations de réacteurs, comme les EPR et les SMR.

Fonctionnement d’une centrale nucléaire

Le principe de l’énergie nucléaire repose sur la fission d’atome d’uranium. Elle entraîne une production de chaleur qui transforme l’eau en vapeur et entraîne une turbine qui génère de l'électricité. Il s'agit du même principe de fonctionnement que toute centrale thermique à flamme au charbon, au gaz ou au pétrole, les émissions de CO2 en moins.

Le fonctionnement d’une centrale peut se décomposer en plusieurs circuits :

  • le circuit primaire ou circuit fermé où la fission des atomes d’uranium se produit au cœur du réacteur. Cette fission libère de la chaleur qui va chauffer de l’eau circulant dans le circuit primaire à une température de 320° ;
  • le circuit secondaire communique directement avec le circuit primaire via un générateur de vapeur. Ce dernier contient également de l’eau qui va être chauffée par celle contenue dans le circuit primaire. La vapeur d’eau va exercer une pression sur une turbine, la faire tourner et entrainer à sa suite un alternateur. Ce processus produit un courant électrique alternatif ;
  • Entre alors en action un transformateur qui va élever la tension du courant alternatif et lui permettre ainsi d’être transporté via les lignes hautes tensions. Au cours de l’acheminement, le courant alternatif transite par d’autres transformateurs pour au final être distribué dans chaque logement ;
  • le circuit de refroidissement achève le processus de la fission nucléaire, en inversant le mécanisme : la vapeur d’eau générée est de nouveau transformée en liquide grâce à de l’eau froide circulant dans un condenseur.

En dehors de ces trois circuits, il existe d’autres infrastructures essentielles au bon fonctionnement de la centrale, comme les piscines de stockage de l’uranium usagé. Elles sont régulièrement pointées du doigt comme le point faible des centrales en termes de sécurité.

Les déchets

Deux types de déchets nucléaires existent :

centrales nucléaires
  • les déchets à vie courte qui représentent 90% du volume total des déchets et ne sont que très peu chargés en radioactivité (0,1%) ;
  • les déchets à vie longue où 95% sont recyclés puis réutilisés dans les centrales. 5% sont transformés en déchets ultimes en vue d’être conditionnés et entreposés. Ces déchets représentent 99% de la radioactivité totale, et cette radioactivité peut avoir une durée de vie sur plusieurs milliers d’années.

La question du traitement des déchets nucléaires est régulièrement débattue. Radioactifs et non recyclables, ils sont stockés, en sous-sol ou en sub-sol, mais aucune solution ne fait consensus. Et surtout, personne n'en veut près de chez soi à cause des risques éventuels encourus en cas d’accident.

L’arme nucléaire

Les armes nucléaires tirent leur puissance de la libération massive d'énergie issue de réactions nucléaires, principalement la fission et, dans les cas les plus destructeurs, la combinaison de la fission et de la fusion. La première arme nucléaire, une bombe à fission, fut développée dans le cadre du projet Manhattan pendant la Seconde Guerre mondiale, culminant avec les bombardements d'Hiroshima et Nagasaki en 1945. Ces bombes utilisaient de l'uranium-235 et du plutonium-239 pour provoquer une réaction en chaîne incontrôlée.

Plus tard, les armes thermonucléaires, ou bombes H, combinant la fission pour initier la fusion des isotopes d'hydrogène (deutérium et tritium), ont amplifié leur pouvoir destructeur. Ces armes, capables de dégager des énergies équivalentes à plusieurs millions de tonnes de TNT, incarnent la technologie la plus destructrice jamais créée par l'humanité.

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les armes nucléaires ont remodelé les relations internationales, instaurant une dissuasion mutuelle connue sous le nom d'équilibre de la terreur. Seules neuf nations possèdent officiellement l'arme nucléaire : les États-Unis, la Russie, la Chine, la France, le Royaume-Uni, l'Inde, le Pakistan, Israël (non déclaré) et la Corée du Nord. Les traités internationaux, comme le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) signé en 1968, visent à limiter leur prolifération et à encourager le désarmement. Malgré ces efforts, les défis liés au désarmement, aux risques de prolifération et à l'accès potentiel de groupes non étatiques à ces technologies demeurent une préoccupation majeure. Les armes nucléaires posent également des questions éthiques et humanitaires, en raison de leur capacité à provoquer des destructions massives, des radiations à long terme et des catastrophes environnementales, même en cas d'usage limité.

Pays classés par ordre alphabétique

Le seul moyen d’éliminer le risque nucléaire est d’éliminer les armes nucléaires. Œuvrons ensemble pour, une fois pour toutes, bannir des livres d’histoire ces engins de destruction.

António Guterres, secrétaire général des Nations Unies

Acteurs du nucléaire français

Il existe un grand nombre d’acteurs qui interviennent dans la filière du nucléaire en France, qui confèrent à notre pays une expertise inégalée.

Acteurs privés de la filière nucléaire

siege edf

EDF est le exploitant principal exploitant nucléaire au monde. Il gère 84 réacteurs :  57 sur le territoire français, 15 au Royaume-Uni et 5 en co-gestion en Belgique, 5 aux USA et 2 en Chine. Au niveau de la production de l’électricité nucléaire, EDF est donc en position monopolistique en France, puisqu’elle gère l’intégralité du parc nucléaire national.

Il est aussi le maître d'oeuvre des chantiers EPR dans le monde (Chine, Finlande, France et Royaume-Uni).

Orano (ex-Areva)

Areva, rebaptisée Orano en 2018, est une multinationale française du nucléaire. Ses activités touchent à de nombreux aspects de la filière nucléaire :

  • Extraction de l’uranium ;
  • Concentration ;
  • Raffinage
  • Conversion et enrichissement de l’uranium ;
  • Fabrication d’assemblage de combustibles nucléaires ;
  • Transport des combustibles nucléaires ;
  • Traitement des combustibles nucléaires usés ;
  • Démantèlement nucléaire ;
  • Gestion des déchets radioactifs.

Acteurs publics de la filière nucléaire

Le nucléaire est aussi une énergie régie par des acteurs publics, qui encadrent la filière ou participent à l’innovation et à la recherche.

L’Autorité de Sûreté et de Radioprotection du Nucléaire (ASRN)

C’est l’entité qui assure les missions qui touchent à la sécurité nucléaire, à la radioprotection et à l’information des citoyens. Ses missions s’articulent autour de trois piliers :

  • Réglementation : elle contribue à l’élaboration de la réglementation du nucléaire en France. Elle émet un avis sur les projets de décrets, de circulaires, de directives et d’arrêtés ministériels ;
  • Contrôle : elle veille au respect des règles de sécurité et des prescriptions ;
  • Information : elle informe les publics, en particulier en situation d’urgence.

Depuis 2006, elle agit indépendamment du Gouvernement, même si elle est rattachée au Ministère de l’Environnement et de la transition énergétique.

Les opérateurs de recherche

Le Commissariat à l’Énergie Atomique (CEA), créé à l’initiative du général de Gaulle, est un organisme public de recherche. Placé sous la tutelle des ministres de l’Énergie, de la recherche, de l’industrie et de la défense, le CEA mène des projets de recherche sur le nucléaire civil et le nucléaire militaire. des activités de recherche, le CEA contribue à la compétitivité de la France et aux transferts des connaissances.

Plus récente, l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA) travaille sur la conception et l’exploitation des centres de stockage. Elle réalise des études et des recherches sur l’entreposage et le stockage en couche géologique profonde, la collecte, le transport et la prise en charge des déchets radioactifs. Elle a également pour mission de recenser l’ensemble des matières et des déchets radioactifs sur l’ensemble du territoire.

Autres acteurs publics du nucléaire

Il existe aussi d’autres organes nationaux concernés par le nucléaire comme :

  • L’Association Nationale des Comités et Commissions Locales d’Information (ANCCLI) ;
  • La Commission nationale d’évaluation (CNE) ;
  • Le Conseil politique nucléaire (CPN) ;
  • Le Conseil stratégique de la filière nucléaire (CSFN) ;
  • Le Haut Comité pour la Transparence et l’Information sur la Sûreté (HCTISN) ;
  • L’Office Parlementaire d’Evaluation des Choix Scientifiques et Technologiques (OPECST).

L'avenir du nucléaire en France

À l'aube de nouvelles orientations énergétiques, la France envisage des projets tels que le grand carénage, visant à prolonger la durée de vie des réacteurs existants, et le développement de réacteurs de nouvelle génération, comme les EPR et les SMR. Ces initiatives soulèvent des débats quant à la place future du nucléaire dans le mix énergétique national, entre ambitions de décarbonation et impératifs de sécurité.

Grand carénage

La majorité des réacteurs nucléaires qui alimentent aujourd'hui la France en électricité sont vieux de plusieurs décennies et certains ont même dépassé les 35 ans. Le programme de grand carénage vise à prolonger la vie des centrales nucléaires actuelles jusqu'à 60 ans, voire davantage. 

La Cour des comptes a jugé que le coût du projet avait été largement sous-estimé par EDF : il faudrait dépenser 100 milliards d'euros pour financer ce projet, contre les 55 milliards avancés par EDF.

EPR : nouvelle génération

Les EPR (European Pressurized Reactors) sont des réacteurs nucléaires de troisième génération conçus par Areva pour améliorer la sécurité, l’efficacité et la durabilité par rapport aux modèles précédents. Ils intègrent des innovations majeures, comme des systèmes de sûreté redondants, un confinement renforcé et une capacité accrue à résister à des incidents graves, tout en offrant une puissance électrique élevée, autour de 1 650 MW par unité.

Si les réacteurs de Taishan ont eu relativement peu de retard, les déboires se sont accumulés en Finlande et en France, mais ont fini par être terminés et les exploitant semblent en être ravis. Un troisième projet d’EPR en Europe a été lancé, à Hinkley Point en Angleterre.

SMR : les petits réacteurs

Les SMR (Small Modular Reactors) sont des réacteurs nucléaires compacts et modulaires de nouvelle génération, conçus pour produire une puissance électrique plus faible, généralement entre 50 et 300 MW.

Leur conception standardisée permet une production en série et une installation rapide, réduisant les coûts et les délais par rapport aux grandes centrales. Les SMR sont particulièrement adaptés aux zones isolées, aux besoins industriels spécifiques ou comme complément aux énergies renouvelables, offrant une solution prometteuse pour un nucléaire plus accessible.

Une sortie du nucléaire est-elle possible - et souhaitable ?

La question n’est pas seulement technique, mais profondément politique et stratégique, et mérite une réflexion de long terme.

La possibilité de sortir du nucléaire repose sur le développement massif d’alternatives énergétiques capables de combler les 70% d’électricité actuellement produits par les centrales nucléaires en France. Les énergies renouvelables, comme l’éolien et le solaire, offrent des solutions décarbonées, mais demandent un foncier énorme et leur intermittence nécessite des infrastructures de stockage d’énergie à grande échelle et un renforcement du réseau électrique.

Les centrales thermiques à gaz pourraient servir de relais pour stabiliser la production, mais au prix d’une augmentation des émissions de CO2. De plus, remplacer le nucléaire impliquerait des investissements colossaux, estimés à des centaines de milliards d’euros, pour construire de nouvelles capacités de production et moderniser les infrastructures. Une sortie rapide du nucléaire pourrait donc fragiliser la sécurité d’approvisionnement énergétique, surtout en hiver, où la demande est élevée.

Sur le plan environnemental, le nucléaire est une énergie faiblement émettrice de gaz à effet de serre, ce qui en fait un atout dans la lutte contre le changement climatique. Cependant, les préoccupations liées à la gestion des déchets radioactifs, aux risques d’accidents et au vieillissement des centrales alimentent le débat sur sa durabilité. Une sortie progressive pourrait être envisagée, mais elle nécessiterait une acceptabilité sociale pour les alternatives proposées, comme les éoliennes.

Enfin, sur le plan géopolitique, réduire la part du nucléaire impliquerait une dépendance accrue aux importations d’énergies fossiles ou de technologies renouvelables, remettant en question l’indépendance énergétique de la France.

Quels pays ont l'arme nucléaire ?