Dépassements d’honoraires : 4,3 milliards d’euros en 2024… évitables ?
En 2024, les Français ont payé plus cher leurs soins chez les spécialistes. Selon un rapport du Haut conseil pour l’avenir de l’assurance maladie, les dépassements d’honoraires ont explosé pour atteindre 4,3 milliards d’euros. Un chiffre vertigineux qui illustre une tendance lourde : de plus en plus de médecins pratiquent des tarifs au-delà du conventionné, laissant les patients avec des restes à charge parfois très salés. Mais qui peut pratiquer un dépassement d’honoraires exactement, et surtout… comment les éviter ?
📈 Les dépassements d’honoraires atteignent un niveau record en France
Le Haut conseil pour l’avenir de l’assurance maladie (HCAAM) vient de publier ce jeudi 2 octobre un rapport qui fait grincer des dents : en 2024, les dépassements d’honoraires des médecins spécialistes ont atteint 4,3 milliards d’euros. Une somme colossale, en forte accélération depuis 2019 (+5 % par an en valeur réelle, hors inflation).
Ces pratiques, qui consistent à facturer des honoraires supérieurs aux tarifs de base fixés par l’Assurance maladie, concernent de plus en plus de patients et menacent d’alourdir leur reste à charge. Selon le Haut conseil, 56 % des spécialistes exercent désormais en secteur 2 (contre 37 % en 2000). Et la tendance est encore plus marquée chez les jeunes médecins : aujourd’hui, trois quarts des nouveaux installés choisissent ce secteur, alors qu’ils n’étaient “que” deux tiers en 2017.
Le problème, c’est que cette dynamique n’est pas prête de s’arrêter. Le HCAAM observe une hausse continue des taux de dépassement pratiqués, mais aussi une baisse des actes facturés aux tarifs opposables. Résultat : les patients paient plus souvent, et plus cher.
💸 Des restes à charge qui pèsent lourd sur les patients
Concrètement, ces dépassements « peuvent induire un reste à charge élevé », souligne le rapport. Exemple marquant : pour une prothèse totale de la hanche, près de la moitié des patients paient des dépassements, 630 € en moyenne, et plus de 1 000 € pour 10 % d’entre eux.
Même avec une complémentaire santé, la facture n’est pas toujours absorbée. Les mutuelles couvrent en moyenne 40 % des dépassements, mais avec des disparités énormes selon les contrats. En pratique, les restes à charge finaux touchent autant les plus modestes (souvent mal protégés par leur mutuelle) que les plus riches (qui consultent dans les zones où les tarifs explosent).
Le Haut conseil estime ainsi que les dépassements représentent environ 20 % du reste à charge total, aussi bien pour les 10 % de patients les plus pauvres que pour les 10 % les plus riches.
📌 Dépassements d’honoraires : c’est quoi, au juste ?
Pour comprendre le sujet, il faut rappeler une notion clé : le tarif conventionné. C’est le prix de référence fixé par la Sécurité sociale (par exemple 30 € pour une consultation chez un généraliste). L’Assurance maladie rembourse un pourcentage de ce tarif, jamais au-delà. Tout ce qui dépasse ce prix de référence s’appelle… un dépassement d’honoraires.
👉 Exemple simple : si un généraliste facture 40 € la consultation au lieu de 30 €, l’Assurance maladie rembourse toujours sur la base de 30 €. Le patient doit donc payer 10 € de dépassement de sa poche… sauf si sa mutuelle prend tout en charge, ou bien une partie.
Ces dépassements concernent surtout :
- Les médecins de secteur 2 : conventionnés, mais autorisés à fixer librement leurs honoraires, avec « tact et mesure ». Certains ont signé l’OPTAM (Option de Pratique Tarifaire Maîtrisée), qui limite leurs tarifs.
- Les médecins de secteur 3 : non conventionnés, ils fixent leurs prix librement. La Sécu rembourse alors des montants symboliques (0,61 € pour un généraliste !).
- Les médecins de secteur 1 (dans une moindre mesure) : en principe, ils respectent les tarifs conventionnés. Mais ils peuvent pratiquer des dépassements dans certains cas (visites à domicile, consultations en dehors des horaires).
💡 Selon la DREES, les dépassements d'honoraires représenteraient en moyenne 292 € par an et par patient.
🔎 Peut-on éviter les dépassements d’honoraires ?
La mauvaise nouvelle, c’est qu’il est impossible de les supprimer totalement. Mais il existe des solutions pour limiter la casse.
- Privilégier les médecins de secteur 1
Ces praticiens respectent les tarifs fixés par la Sécurité sociale, sans surprises. Le remboursement est donc plus prévisible, avec une prise en charge complémentaire simple (la mutuelle prend le ticket modérateur restant).
- Choisir un praticien secteur 2 OPTAM
Si aucun médecin de secteur 1 n’est disponible (fréquent pour certaines spécialités), mieux vaut consulter un secteur 2 ayant signé l’OPTAM. Les tarifs restent supérieurs, mais bien moins élevés que ceux des praticiens non-OPTAM. Pour connaître le secteur d’activité d’un médecin, rendez-vous sur Doctolib ou Ameli.
Souscrire une mutuelle adaptée
C’est la clé pour amortir le choc. Les contrats « classiques » couvrent rarement plus de 200 % de la base de remboursement (BRSS). Pour les spécialités chères, mieux vaut viser une formule à 300 % voire 400 % de la BRSS, notamment en chirurgie.
👉 Exemple : pour un acte remboursé à 30 € par la Sécu, une mutuelle à 300 % couvre jusqu’à 90 €, soit largement de quoi absorber un dépassement courant.Sélection non-exhaustive d'assureurs partenaires classés en fonction des taux de remboursement proposés en 2025.
Les garanties affichées correspondent aux formules avec les plus hauts niveaux de remboursement.
Le signe indique que l'assureur est partenaire de Selectra.- Tester son éligibilité à la CSS (Complémentaire Santé Solidaire)
Pour les revenus modestes, la Complémentaire Santé Solidaire permet d’accéder à une mutuelle gratuite (ou quasi). Bonus non négligeable : avec la CSS, les médecins OPTAM ne peuvent pas facturer de dépassements d’honoraires.
- Respecter le parcours de soins coordonnés
Un détail qui change tout : en dehors du parcours (sans médecin traitant déclaré), le remboursement de la Sécurité sociale est moindre (en général, environ 30 % du tarif de base au lieu de 70 %). Cela majore automatiquement le reste à charge.