Cures thermales : l’État veut diviser le remboursement par 4… la pilule passe mal
C’est une petite bombe dans le budget de la Sécurité sociale. Ce mercredi 5 novembre, le gouvernement a confirmé vouloir diviser par plus de quatre le taux de remboursement des cures thermales. Aujourd’hui remboursées à 65% par l’Assurance maladie, elles ne le seraient plus qu’à 15%, selon la ministre déléguée chargée de la Solidarité Charlotte Parmentier-Lecocq. Une mesure intégrée au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS 2026), avec un objectif clair : réduire les dépenses publiques de 200 millions d’euros.
🧾 Pourquoi cette baisse et que prévoit la réforme ?
Derrière cette mesure, l’exécutif veut rééquilibrer les comptes sociaux en ciblant des postes jugés secondaires.
Parmi eux, les cures thermales : aujourd’hui largement financées par la collectivité, elles ne concernent pourtant qu’une minorité de patients. En parallèle, l’État a aussi prévu de supprimer le remboursement à 100% pour les personnes en affection de longue durée (ALD). La prise en charge serait abaissée à 65% pour ces dernières.
Mais pour les acteurs du secteur, c’est une catastrophe qui s'annonce. Selon Thierry Dubois, président du Conseil national des établissements thermaux (CNETh) :
- Plus de 470 000 curistes ont bénéficié d’une cure en 2024, dont un quart en ALD ;
- La dépense moyenne est d’environ 680 € pour une cure ;
- Avec un remboursement ramené à 15%, le patient ne toucherait plus que 130 € environ ;
- Alors qu’en comptant hébergement et transports, une cure coûte près de 1 800 €.
Résultat : la fréquentation pourrait s’effondrer. Le CNETh estime que le secteur perdrait jusqu’à 3,8 milliards d’euros sur les 4,8 milliards générés chaque année, et 20 000 emplois seraient menacés.
⚖️ Bienfaits des cures thermales : le monde médical reste divisé
Les défenseurs du thermalisme rappellent qu’il existe 22 études scientifiques prouvant les bénéfices de ces traitements sur certaines pathologies chroniques (arthrose, stress, troubles métaboliques…).
Mais d’autres voix, plus sceptiques, relativisent ces résultats. Le professeur André Grimaldi, diabétologue, estime que les bienfaits viennent surtout de l’activité physique et des conseils d’hygiène de vie prodigués pendant la cure :
Les eaux thermales en elles-mêmes n’ont pas d’effet démontré. C’est un choix de société : finance-t-on le bien-être ou les maladies graves ?
💸 Comment sont remboursées les cures thermales aujourd’hui ?
Avant toute réforme, la prise en charge actuelle est plutôt généreuse :
- 65% du forfait thermal (soins dispensés) ;
- 70% du forfait de surveillance médicale et des actes complémentaires ;
- 55% des frais de transport, calculés sur un billet SNCF aller/retour en 2ᵉ classe ;
- 65% des frais d’hébergement, sur un forfait de base de 150,01 € (soit 97,50 € remboursés), sous conditions de ressources.
Certaines situations permettent même une prise en charge quasi totale : les patients en ALD, les accidents du travail ou maladies professionnelles, ou encore les cures liées à une hospitalisation, peuvent bénéficier de remboursements allant de 80 à 100% selon les cas.
La réforme viendrait donc bouleverser cet équilibre : le forfait thermal tomberait à 15% remboursés, et la prise en charge à 100% pour les ALD serait supprimée, reléguée à 65%.
🧑⚕️ Qui peut en bénéficier ?
Une cure thermale n’est jamais un séjour de confort : elle doit être prescrite par un médecin pour traiter une pathologie reconnue par la Sécurité sociale.
Elle doit durer 18 jours consécutifs et se dérouler dans un établissement conventionné : il en existe 89 en France.
Les cures concernent 12 orientations thérapeutiques : rhumatologie, dermatologie, voies respiratoires, phlébologie, neurologie, affections digestives, maladies métaboliques (diabète, obésité), gynécologie, troubles psychosomatiques, affections bucco-linguales, infections urinaires et maladies cardio-artérielles.
📩 Quelles démarches pour être remboursé ?
Le parcours administratif est assez simple : il faut remplir le formulaire Cerfa n°11139, signé par le médecin prescripteur, et y joindre une déclaration de ressources.
Une fois la demande validée, la CPAM envoie un formulaire d’accord (Cerfa n°11140) qui sert de justificatif et évite d’avancer certains frais grâce au tiers payant.
Le délai moyen de réponse est d’environ 15 jours ouvrés.
💰 Combien coûte une cure thermale ?
En moyenne, une cure conventionnée de 18 jours revient entre 1 100 € et 1 500 €, hors hébergement.
Le forfait thermal représente la plus grosse part du budget, auquel s’ajoutent la surveillance médicale, les actes complémentaires et les frais annexes (transport, logement, repas).
Avec la réforme, le reste à charge exploserait : pour une cure à 1 500 €, le remboursement de la Sécurité sociale passerait de 975 € à seulement 225 €.
🧮 Ce que changerait la réforme
Si le Parlement valide le texte, le coût réel pour les curistes augmenterait nettement. Les mutuelles santé deviendraient alors un relais indispensable pour compenser cette baisse - mais toutes ne couvrent pas les cures thermales, ou seulement via un forfait annuel limité (souvent entre 100 € et 300 €).
Sélection non-exhaustive d'assureurs partenaires classés en fonction des taux de remboursement proposés en 2025.
Les garanties affichées correspondent aux formules avec les plus hauts niveaux de remboursement.
Le signe indique que l'assureur est partenaire de Selectra.
Les communes thermales redoutent déjà un effet domino : chute de fréquentation, fermetures de stations, perte d’emplois, et un impact direct sur les commerces, hébergements et services de proximité.
Pour l’État, au contraire, c’est une mesure d’équilibre budgétaire jugée nécessaire face à des comptes sociaux sous tension.
En résumé
- Remboursement actuel : 65% du forfait thermal, 70% du suivi médical.
- Réforme envisagée : 15% remboursés et fin du 100% ALD.
- Objectif budgétaire : 200 M€ d’économies.
- Conséquence : reste à charge bien plus lourd pour les curistes et impact économique local majeur.
- Statut : proposition intégrée au PLFSS 2026, encore soumise au vote du Parlement.


