Précarité énergétique en été : un phénomène inquiétant
La précarité énergétique toucherait près de 12 % des ménages français selon l’Observatoire national de la précarité énergétique. Pour ces foyers, l’été n’apporte malheureusement pas toujours de répit. En effet, certains ménages sont dans l’impossibilité de se protéger de la chaleur par l’installation de climatiseurs ou la mise en place de travaux de rénovation énergétique, en raison du coût de ces opérations. Retour sur un phénomène préoccupant qui risque de gagner en intensité dans les années à venir.
La précarité énergétique, un phénomène qui prend de l’ampleur l’été
La précarité énergétique est un phénomène préoccupant, qui concernerait près de 12 % des ménages français. L’Observatoire National de la Précarité Énergétique (ONPE), organe de l’ADEME en charge du suivi et de l’analyse du phénomène, en donne la définition suivante :
« Est en situation de précarité énergétique une personne qui éprouve dans son logement des difficultés particulières à disposer de la fourniture d’énergie nécessaire à la satisfaction de ses besoins élémentaires en raison de l’inadaptation de ses ressources ou de ses conditions d’habitat »
Pour définir si un ménage est en situation de précarité énergétique, l’ONPE s’appuie sur plusieurs indicateurs :
- Le Taux d’effort énergétique (TEE), soit le pourcentage du revenu dédié aux dépenses énergétiques. Au-delà de 8%, le ménage est considéré en situation de précarité ;
- Le ressenti au froid ;
- L’indicateur “bas revenus dépenses élevées” (BRDE) ;
Les chiffres de l’ONPE sont sans appel : en 2021, 11,9 % des Français les plus modestes ont dépensé plus de 8 % de leurs revenus pour payer leurs factures d’énergie. Par ailleurs, 22 % des ménages ont déclaré souffrir du froid en 2022, parmi eux, 69 % ont limité le chauffage pour des raisons financières d’après le dernier rapport du médiateur national de l’énergie.
Plusieurs facteurs sont à l’origine de la précarité énergétique :
- La mauvaise qualité thermique du parc de logements français : D’après le Ministère de la Transition écologique, environ 5,2 millions de logements étaient ainsi considérés comme des passoires énergétiques en janvier 2022, ce qui représente 17 % du parc ;
- La flambée des prix de l’énergie en raison de la crise énergétique, mais également l’inflation de manière plus large, qui ont augmenté le coût de la vie pour les ménages et limité leur capacité à faire face à leurs dépenses énergétiques.
Ce phénomène n’épargne malheureusement pas les ménages durant l’été, c’est même le contraire. Selon un rapport publié par la Fondation Abbé Pierre le 26 juin, près de 60 % des ménages auraient ainsi souffert de la chaleur en 2022, soit 8 % de plus qu’en 2020. Le rapport alerte sur les passoires thermiques qui deviennent des “bouilloires énergétiques impossibles à refroidir”, et alerte sur les conséquences de ce phénomène. La Fondation pointe du doigt la réglementation française à ce propos : là où un propriétaire bailleur doit louer un logement avec une température de 19°C au minimum, aucune température maximale n’est imposée par la loi. Certains logements mal isolés deviennent donc de véritables fournaises en été.
Avec des épisodes de sécheresse et des vagues de chaleur plus fréquentes, le phénomène devient d’autant plus critique. D’après le GIEC et Météo-France, deux fois plus de vagues de chaleur sont en effet à prévoir d’ici 2050. La précarité énergétique touche en particulier les populations fragiles comme les personnes âgées, et le bilan humain n’est pas négligeable selon la fondation Abbé Pierre. Depuis la canicule de 2003 qui avait tué 15 000 personnes, l’été 2022 a ainsi été le plus meurtrier, avec plus de 2 800 décès durant les épisodes caniculaires. “Il est urgent d’agir”, déclare ainsi le président de la Fondation.
Les astuces pour rafraîchir son logement à moindre coût
Même avec des moyens limités, il est possible de mettre en place certains gestes simples pour réduire la température de son logement. Il est ainsi recommandé :
- De protéger les fenêtres des rayonnements du soleil : la chaleur du soleil passe en effet par le verre des vitres et réchauffe très rapidement l’intérieur des pièces. L’idéal est d’isoler les fenêtres depuis l’extérieur avec des volets, stores ou pare-soleils. Si c’est impossible, il convient à minima d’opter pour des stores textiles, films anti-chaleurs ou rideaux isolants à disposer à l’intérieur. Pour une quinzaine d’euros au m2, ces dispositifs permettent de gagner en fraîcheur tout en réalisant des économies d’énergie, car l’usage d’un climatiseur ou d’un ventilateur est alors moins nécessaire.
- D’utiliser des végétaux : les pots de fleurs, plantes grimpantes ou pergolas disposés en extérieur permettent de créer de l’ombre naturellement aux endroits où le soleil tape le plus fort. Quelques plantes en intérieur permettent par ailleurs de rafraîchir l’atmosphère des pièces grâce au phénomène d’évapotranspiration.
- D’ouvrir et fermer ses fenêtres au bon moment : il convient de garder les fenêtres et volets fermés la journée, et de les ouvrir seulement le soir, lorsque l’air extérieur est plus frais qu’à l’intérieur. Il est ainsi possible de conserver une température intérieure plus confortable.
- De réduire les émissions de chaleur inutiles : en limitant l’usage de certains appareils électriques (four, ordinateurs, consoles de jeux, chargeurs…), on limite la génération de chaleur et on conserve donc son logement plus frais.
Dans le cas où ces mesures ne seraient pas suffisantes, il reste possible d’utiliser un appareil pour refroidir les pièces. Mais attention aux climatiseurs ! Ceux-ci consomment beaucoup plus qu’un ventilateur (environ 1 260 kWh par an pour un climatiseur Split contre environ 16 kWh pour un ventilateur sur pied d’après les calculs de Selectra). Il est donc préférable d’utiliser ce second dispositif, qui est par ailleurs beaucoup moins cher à l’achat. Pour améliorer son efficacité, une astuce simple consiste à disposer un bol d’eau ou un drap humide devant son ventilateur, ce qui améliore la fraîcheur de la pièce.
Le plus efficace pour améliorer l’efficacité énergétique de son logement reste toutefois de réaliser des travaux de rénovation énergétique. Hélas, le coût de tels travaux est généralement élevé. Il est cependant recommandé de vérifier son éligibilité aux différentes aides à la rénovation énergétique, qui permettent de prendre en charge une partie des frais.
- Aides à la rénovation énergétiques - 2025
- MaPrimeRénov’ ;
- Le aides de l'Anah, comme le programme «Habiter Mieux » ;
- Le dispositif des certificats d’économies d’énergie via les fournisseurs d'énergie ;
- La TVA à taux réduit ;
- L'éco-prêt à taux zéro ;
- Les aides des collectivités locales ;
- Le chèque énergie ;
- Le crédit d’impôt pour installer une borne de recharge pour voitures électriques ;
- L'exonération de la taxe foncière ;
- Le dispositif Denormandie ;
- Des prêts pour améliorer l'habitat ;
- L'aide de la caisse de retraite pour les ménages concernés.
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