Union européenne : la biomasse plus polluante que le charbon ?
Des ONG et des citoyens européens, venus de France, d'Estonie, d'Irlande, de Roumanie, de Slovaquie mais aussi des États-Unis ont engagé une action en justice contre l'Union européenne. En cause ? Une définition erronée, selon eux, des énergies vertes, du fait de l'entrée de la biomasse forestière dans cette catégorie dans la dernière directive "énergies renouvelables", datant de juin 2018.
La biomasse forestière, qu'est-ce que c'est ?
La biomasse constitue la totalité des matières organiques d'origine animale et surtout végétale qui peuvent se convertir en énergie. Pour être plus précis et mieux appréhender cette notion, on peut se référer à ce qu'en dit l'Agence de l'Environnement et de Maîtrise de l'Energie (Ademe). Elle définit la biomasse forestière comme comprenant "le bois d’œuvre, le bois de trituration destiné à l’industrie du papier et des panneaux, et le bois énergie". À cela s'ajoutent "les déchets, sous-produits et coproduits provenant de l’industrie du sciage, ainsi que les produits en bois en fin de vie".
Que reproche-t-on à l'Union européenne ?
Si l'utilisation des déchets n'est pas mise en cause, c'est en revanche l'utilisation des ressources forestières qui a déclenché la plainte devant le Tribunal de l’Union européenne, au Luxembourg. En effet, selon eux, avoir trop recours au bois pourrait mener à une surexploitation et une dégradation des forêts, pourtant essentielles à la survie de la planète. Elles constituent des "puits de carbone", et, en cela, jouent un rôle de régulateur en ce qui concerne les émissions de gaz à effet de serre. Malheureusement, comme l'explique, Linde Zuidema, juriste de l’ONG Fern, "les arbres ne poussent pas assez vite pour compenser ces émissions initiales, ce qui veut dire que le bois n’est pas une bonne alternative aux combustibles fossiles." D'autant plus que, les plaignants déplorent que les institutions communautaires ne prennent pas en compte le reboisement alors même qu'elles promeuvent la biomasse forestière. Ainsi, à long terme, faire peser la production d'énergie sur les forêts ne serait pas une solution efficace pour lutter contre le réchauffement climatique. Au contraire, cela pourrait même faire augmenter la dette carbone et engendrer des problématiques de déforestation et de destruction de certains écosystèmes.
Mais, l'Union européenne, pour réussir à respecter les engagements pris lors de l'accord de Paris, s'est fixée des objectifs en matière de transition énergétique. Ainsi, à horizon 2030, elle entend porter à 32% la part de renouvelable dans sa consommation d'énergie et réduire ses émissions de CO2 de 40% par rapport à 1990. Or, la biomasse constitue pour l'UE, une opportunité d'atteindre lesdits objectifs. Il s'agit donc d'un enjeu de taille car, si la justice donnait raison aux plaignants, l'UE se couperait de 65 % de son énergie considérée comme renouvelable.
Quelles solutions pour atteindre les objectifs d'énergies renouvelables ?
"Nous ne pensons certainement pas que l’objectif des 32 % de renouvelables devrait être revu à la baisse", a fait savoir Peter Lockley, le conseiller juridique des plaignants. C'est pourquoi, ces derniers veulent inviter l'Union européenne à se tourner vers des énergies qu'ils jugent plus vertes telles que l'énergie solaire ou encore l'éolien afin d'éviter le déboisement. Des solutions qui pourraient même s'avérer intéressantes pour l'économie puisque, par exemple, le photovoltaïque se convertit chaque jour en une énergie plus rentable.
Citoyen-consommateur : vers quelles offres d'énergies vertes se tourner ?
Si des discussions sont en cours au niveau européen, chacun à son niveau peut agir. Dès lors, à titre individuel, comment les citoyens peuvent-ils s'engager dans la transition énergétique, sans forcément avoir recours à la biomasse forestière ? En effet, il existe bon nombre d'offres vertes et toutes ne présentent pas les mêmes avantages. Loin des clichés, elles sont d'ailleurs souvent plus avantageuses en termes de prix que des offres classiques. Il devient donc possible de réduire ses factures de gaz et d'électricité en consommant plus vert.
Choisir son producteur d'énergie verte
Pour plus de transparence en la matière, il est possible de souscrire des offres d'électricité verte ou de biogaz en choisissant directement son producteur d'énergies renouvelables. C'est ce que propose, par exemple, le fournisseur ilek, qui met en relation via une plateforme, les producteurs en France et les consommateurs. Le client peut donc choisir directement la source d'énergie dont il dépendra, qu'elle soit solaire, éolienne ou encore hydraulique.
S'engager dans "le mois de la forêt"
D'autres initiatives, plus ponctuelles, sont mises en place. Ainsi, afin de proposer aux ménages français, une offre pour réduire leur empreinte carbone, Selectra s'est allié à Mint Energie à l'occasion du Mois de la Forêt. En souscrivant à cette offre, du 1er au 31 mars 2019, les nouveaux clients bénéficient de 12% de réduction sur le prix du kWh HT par rapport au tarif bleu d'EDF. Sur le plan environnemental, Mint Energie s'engage à planter 10 arbres en Haïti à chaque nouvelle souscription avec Reforest'Action.