les enjeux de la transition énergétique et ses bienfaits sur l'environnement

La Transition Énergétique : zoom sur l'enjeu majeur du XXIème siècle

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La transition énergétique est un processus visant à remplacer les énergies fossiles par des sources décarbonées pour atténuer le changement climatique d'origine anthropique. Cette transformation implique aussi une réduction significative des consommations énergétiques, notamment par l'amélioration de l'efficacité énergétique et l'adoption de comportements plus sobres. Elle s'opère à travers des engagements internationaux, des investissements massifs dans les énergies renouvelables et le nucléaire, et une réorientation des secteurs économiques vers des technologies vertes. Cependant, cette transition rencontre des freins, notamment en raison des coûts financiers et des disparités entre les pays dans leurs efforts de décarbonation. Malgré une prise de conscience globale, les émissions de CO2 continuent d'augmenter.

Qu'est-ce que la transition énergétique ?

La transition énergétique désigne le passage d'un système énergétique basé sur les combustibles fossiles à un modèle reposant sur des sources d'énergie décarbonées pour ceux qui incluent le nucléaire, renouvelables pour ceux pour qui l'atome demeure problématique. Ce processus vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) pour lutter contre le changement climatique.

Il implique également une transformation profonde des infrastructures énergétiques et des habitudes de consommation.

Rappels sur l’urgence climatique et son origine anthropique

Le changement climatique actuel est principalement dû aux activités humaines, notamment la combustion de combustibles fossiles tels que le charbon, le pétrole et le gaz naturel. Ces activités augmentent la concentration de GES dans l'atmosphère, entraînant une élévation des températures moyennes mondiales.

Les conséquences de ce réchauffement sont multiples : augmentation de la fréquence et de l'intensité des événements météorologiques extrêmes, élévation du niveau des mers menaçant les zones côtières, perturbations des écosystèmes et perte de biodiversité.

Plus l’élévation des températures moyennes à la surface du globe sera élevée, plus leurs conséquences seront dévastatrices.

  • 1,5 °C : risque accru de vagues de chaleur, de sécheresses et de précipitations intenses, affectant l'agriculture et les ressources en eau.
  • 2 °C : augmentation significative du niveau de la mer, menaçant les zones côtières densément peuplées et les petites îles.
  • 3 °C : perturbations majeures des écosystèmes, avec une extinction accrue d'espèces et des impacts sévères sur la sécurité alimentaire mondiale.
  • 4 °C et plus : scénarios catastrophiques rendant certaines régions inhabitables, incluant des migrations massives et générant des conflits pour les ressources.

C’est du fait de l'urgence des impacts potentiels du réchauffement climatique que vient la nécessite d’une action concertée pour réduire les émissions de GES. Au passage, elle implique une refonte des politiques énergétiques et une mobilisation collective pour adopter des modes de consommation plus durables.

Des énergies fossiles aux énergies décarbonées

Historiquement, le développement industriel et économique mondial s'est appuyé sur l'exploitation des énergies fossiles. Cependant, leur combustion libère d'importantes quantités de CO2, principal GES responsable du réchauffement climatique. Face à ce constat, la transition vers des énergies décarbonées est devenue une priorité pour préserver l'environnement et la vie sur Terre telle que nous la connaissons.

Une réduction des consommations

Réduire la consommation énergétique est essentiel pour atteindre les objectifs climatiques. Cela passe par l'amélioration de l'efficacité énergétique des bâtiments, des industries et des transports. Par exemple, l'isolation thermique des habitations permet de diminuer les besoins en chauffage et en climatisation.

Parallèlement, la promotion de comportements sobres en énergie, comme l'utilisation des transports en commun, le télétravail ou la consommation de produits locaux et de saison, contribue aussi à diminuer l'empreinte carbone individuelle et collective.

Comment s’opère-t-elle ?

La transition énergétique s'opère à travers des engagements internationaux, des investissements dans les énergies propres et des politiques visant à réduire l'utilisation des combustibles fossiles. Elle implique également une transformation industrielle vers des technologies vertes et une sensibilisation accrue du public aux enjeux énergétiques.

Les nations se fixent des objectifs ensemble

Depuis plusieurs décennies, les nations se réunissent pour définir des objectifs communs en matière de lutte contre le changement climatique. Ces sommets internationaux, tels que les Conférences des Parties (COP), permettent d'établir des accords contraignants pour réduire les émissions de GES. Ces conférences annuelles où les parties prenantes évaluent les progrès réalisés et renforcent leurs engagements climatiques servent de plateforme pour négocier des mesures concrètes, partager des technologies innovantes et mobiliser des financements pour soutenir les pays en développement dans leur transition énergétique.

cop 21

Par exemple, l'Accord de Paris de 2015, adopté lors de la COP21, vise à limiter le réchauffement climatique en dessous de 2 °C, de préférence à 1,5 °C, par rapport aux niveaux préindustriels. Malgré les efforts, les engagements actuels restent insuffisants pour atteindre les objectifs fixés. Les discussions se poursuivent pour encourager des actions plus ambitieuses, notamment en augmentant les contributions déterminées au niveau national (CDN) et en mettant en place des mécanismes de suivi et de transparence renforcés.

Investissements dans les renouvelables et le nucléaire

Investir dans les énergies renouvelables et le nucléaire est nécessaire pour décarboner le secteur énergétique. Ces sources ont une intensité carbone faible et génèrent donc peu de CO2, même quand on prend l'ensemble de leur cycle de vie : moins de 20 g de CO2 par kilowattheure produit.

La transition nécessite des investissements massifs dans les infrastructures renouvelables, la modernisation des réseaux électriques et le développement de technologies de stockage de l'électricité.

Se passer au plus vite des énergies fossiles

Les énergies fossiles sont les principales responsables des émissions de GES, avec des émissions moyennes de plusieurs centaines de gramme de CO2 et autres GES par kilowttheure produit. Réduire leur utilisation est donc une priorité pour limiter le réchauffement climatique et ses impacts dévastateurs sur l'environnement et les sociétés humaines.

La mise en place de la 3ᵉ révolution industrielle

La troisième révolution industrielle, concept popularisé par l'économiste Jeremy Rifkin, repose sur la convergence des technologies de l'information et de la communication (TIC) avec les énergies renouvelables.

Les entreprises modernisent leurs processus en intégrant des solutions numériques avancées pour optimiser l'efficacité énergétique (voir plus bas). De plus, l'amélioration de la performancé énergétique contribue à la compétitivité économique, en réduisant les coûts opérationnels, en répondant aux exigences réglementaires croissantes en matière d'environnement, et en commercialisant des produits moins gourmands en énergie pour un même rendement, ce qui garantit un avantage comparatif.

Plus généralement, c'est toute une industrie verte qui émerge pour réduire les consommations : pompes à chaleur, moteurs économes et hybrides, matériaux éco-responsables, etc.

Le secteur des transports est également en pleine mutation. L'essor des véhicules électriques contribue chaque jour un peu plus à la réduction de la dépendance aux combustibles fossiles. Il va de pair avec le développement de réseaux de recharge et l'intégration de sources d'énergie renouvelable pour les alimenter. Les transports en commun se modernisent également, avec l'introduction de bus électriques ou au GNV.

Le secteur de la construction a aussi son rôle à jouer. L'utilisation de matériaux écologiques, l'installation de panneaux solaires intégrés et la mise en place de systèmes de gestion énergétique intelligents transforment les bâtiments en acteurs actifs du réseau énergétique. La conception de bâtiments à énergie positive, capables de produire plus d'énergie qu'ils n'en consomment, devient une norme émergente.

Dans le secteur résidentiel, cette transformation vise à créer un système énergétique décentralisé où chaque bâtiment devient une microcentrale capable de produire, consommer et partager de l'électricité verte, de par l'intégration des technologies de l'information et de la communication (TIC) qui permettent une gestion intelligente. En France, plus d'un million de foyers disposent déjà de panneaux solaires.

Amélioration de l’efficacité énergétique

L'efficacité énergétique vise à optimiser l'utilisation de l'énergie afin de réduire les consommations et donc les émissions de gaz à effet de serre.

Cela passe par l'adoption de technologies innovantes, telles que les systèmes de gestion énergétique intelligents, l'éclairage LED ou les équipements industriels à faible consommation. Par exemple, les entreprises peuvent mettre en place des solutions de surveillance de l'énergie pour analyser en temps réel leurs usages et identifier les opportunités d'économies.

En outre, en France comme dans beaucoup de pays européens, les entreprises d'une certaine taille sont tenues de réaliser un bilan carbone afin de les aider à déterminer là où les économies d'énergie peuvent et doivent être faites.

Éducation et communication accrues

Sensibiliser le grand public, les entreprises et les décideurs aux enjeux environnementaux et aux solutions disponibles est essentiel pour encourager l'adoption de comportements responsables et durables. Les campagnes d'information, les programmes éducatifs et les formations professionnelles permettent de diffuser les connaissances nécessaires pour comprendre les défis énergétiques et les moyens d'y répondre. Ils favorisent également l'acceptation sociale des projets énergétiques et stimulent l'innovation en créant un environnement propice.

Les freins et résistances

La transition énergétique rencontre divers obstacles, notamment liés aux avantages persistants des énergies fossiles, aux coûts économiques et financiers, au scepticisme climatique et aux défis d'acceptation sociale.

Les gros points forts des énergies fossiles

  • Abondance et accessibilité : les infrastructures existantes pour l'extraction, le transport et la distribution des énergies fossiles sont bien établies, rendant ces sources d'énergie facilement disponibles partout dans le monde, et pour des décennies encore.
  • Coût compétitif : historiquement, les énergies fossiles ont été moins coûteuses à produire et à consommer, offrant un avantage économique immédiat pour les industries et les consommateurs.
  • Densité énergétique élevée : ils fournissent une quantité significative d'énergie par unité de volume, ce qui est avantageux pour des applications nécessitant une énergie concentrée.
  • Stabilité et fiabilité : contrairement à certaines sources renouvelables intermittentes, les énergies fossiles offrent une production énergétique constante, assurant une stabilité pour les réseaux électriques.
  • Infrastructure développée : les réseaux de distribution et les technologies associées aux énergies fossiles sont déjà en place, réduisant les besoins d'investissements initiaux pour leur utilisation.
  • Impact économique : de nombreux emplois et secteurs économiques dépendent directement ou indirectement de l'industrie des énergies fossiles, contribuant de manière significative à l'économie de nombreux pays.

La difficile décorrélation entre croissance de la consommation et de l’économie

La croissance économique a historiquement été étroitement liée à une augmentation de la consommation énergétique. Cette relation symbiotique suggère que toute expansion économique nécessite une utilisation accrue des ressources énergétiques. Cependant, dans un contexte de transition énergétique et de lutte contre le changement climatique, il devient impératif de repenser ce modèle. L'objectif est de parvenir à un découplage, c'est-à-dire à une croissance économique qui ne soit pas proportionnelle à l'augmentation de la consommation d'énergie.

Ce défi est au cœur des débats économiques contemporains, car il implique une transformation profonde des structures productives et des modes de consommation. Les économistes s'interrogent sur la faisabilité d'une telle transition sans compromettre le développement économique et le bien-être des populations. D'autant que des études récentes soulignent que, malgré les gains d'efficacité énergétique, la consommation globale d'énergie continue d'augmenter, posant la question de la viabilité d'un découplage absolu.

Plusieurs théories économiques abordent cette problématique. La notion de décroissance, par exemple, propose une réduction planifiée et démocratique de la production et de la consommation, notamment dans les pays riches, afin de diminuer les pressions environnementales et les inégalités, tout en améliorant le bien-être. Cette approche suggère que la poursuite d'une croissance infinie dans un monde aux ressources finies est insoutenable. D'autres économistes plaident pour une croissance verte, misant sur l'innovation technologique et l'efficacité énergétique pour dissocier croissance économique et impact environnemental. Cependant, les preuves empiriques d'un découplage absolu à grande échelle restent limitées, et le débat se poursuit quant à la meilleure voie à suivre pour concilier développement économique et durabilité écologique.

Les coûts engendrés

L'Agence internationale de l'énergie (AIE) estime que pour atteindre les objectifs climatiques, les investissements annuels mondiaux dans le secteur énergétique devront atteindre 4 000 milliards de dollars d'ici 2030. Cette somme englobe le développement des énergies renouvelables, l'amélioration de l'efficacité énergétique et la mise en place de systèmes de capture et de stockage du carbone.

Les investissements dans les infrastructures renouvelables, la modernisation des réseaux électriques et la recherche en technologies propres nécessitent des budgets conséquents. Pour financer ces initiatives, les États doivent souvent réorienter leurs dépenses publiques, instaurer des taxes carbone ou encourager les partenariats public-privé, ce qui peut d'ailleurs susciter des débats politiques et des résistances au sein de la population.

Pour le secteur privé, la transition vers des modes de production plus durables implique la modernisation des équipements, l'adoption de nouvelles technologies et la formation du personnel ; synonymes d'investissements substantiels, particulièrement lourds pour les petites et moyennes entreprises. Cependant, ne pas s'adapter aux nouvelles normes environnementales peut entraîner des coûts encore plus élevés à long terme, notamment en raison de réglementations plus strictes, de taxes environnementales accrues et d'une demande croissante des consommateurs pour des produits écologiques. Ainsi, bien que les coûts initiaux soient élevés, la transition énergétique peut offrir des opportunités économiques et renforcer la compétitivité des entreprises sur le marché mondial.

Pour les ménages aussi, l'adoption de solutions énergétiques plus propres, comme l'installation de panneaux solaires, l'achat de véhicules électriques, la rénovation énergétique des logements et le changement de mode de chauffage nécessitent des investissements initiaux importants qui sont un obstacle pour de nombreux foyers. Et cela même si ces dépenses peuvent être amorties sur le long terme grâce aux économies réalisées sur les factures énergétiques.

Pour pallier cette difficulté et encourager les ménages et les entreprises à adopter des pratiques plus durables, plusieurs États ont mis en place des aides financières, des subventions ou des crédits d'impôt. Néanmoins, l'efficacité de ces mesures dépend de leur accessibilité, de leur simplicité et de la sensibilisation du public aux avantages de la transition énergétique.

Une transition à durée et intensité inégales d’un pays à l’autre

La transition énergétique progresse de manière contrastée à travers le monde, reflétant des différences économiques, politiques et sociales entre les nations. Les disparités dans les engagements et les actions climatiques se retrouvent également dans les données récentes sur les émissions de gaz à effet de serre.

Les pays développés, qui disposent de ressources financières et technologiques plus importantes, ont généralement avancé plus rapidement dans la mise en œuvre de politiques énergétiques durables. Par exemple, des nations comme la Suède ou l'Allemagne ont investi massivement dans les énergies renouvelables et affichent une réduction notable de leurs émissions de gaz à effet de serre. En revanche, de nombreux pays en développement, confrontés à des priorités telles que la réduction de la pauvreté et le développement économique, continuent de dépendre largement des énergies fossiles.

Selon le rapport de l'Agence internationale de l'énergie publié en octobre 2024, la demande mondiale en énergies fossiles devrait atteindre un pic avant 2030, principalement en raison des efforts accrus des pays développés pour réduire leur consommation.

La dynamique actuelle souligne l'importance cruciale d'une coopération internationale renforcée pour soutenir une transition énergétique équitable et efficace à l'échelle mondiale. Cette collaboration est essentielle pour partager les ressources, les technologies et les connaissances nécessaires à une transformation énergétique globale. Des initiatives telles que le Partenariat pour une Transition Énergétique Juste (JETP) illustrent cet engagement collectif. Par exemple, en 2021, l'Afrique du Sud a lancé un JETP avec des financements de 8,5 milliards de dollars provenant de pays occidentaux et de l'Union européenne, visant à réduire sa dépendance au charbon et à développer les énergies renouvelables. Citons également la Global Clean Power Alliance, lancée en 2024 par le Royaume-Uni et le Brésil, qui vise à tripler la capacité mondiale en énergies renouvelables et à doubler l'efficacité énergétique d'ici 2030, mobilisant des investissements importants pour soutenir les projets d'énergie propre à travers le monde.

Émissions de CO2 dues à la combustion du carbone fossile entre 1750 et 2021. Sources : SDES - Données : The Global Carbon Project's fossil CO2 emissions dataset, Andrew, Robbie M. & Peters, Glen P., 2022 - Graphique : Selectra

Les climato-sceptiques

Les climato-sceptiques, ou négationnistes du changement climatique, remettent en question l'existence, l'ampleur ou l'origine anthropique du réchauffement climatique. Leurs arguments, souvent basés sur des interprétations erronées ou sélectives des données scientifiques, contribuent à semer le doute dans l'opinion publique. Cette désinformation peut freiner la mise en œuvre de politiques climatiques ambitieuses et retarder les actions nécessaires pour atténuer les effets du changement climatique.

Une acceptation sociale parfois difficile

La transition énergétique implique des changements significatifs dans les modes de vie, les habitudes de consommation et les structures économiques. Pour certains individus et communautés, ces transformations peuvent être perçues comme contraignantes, notamment en raison de nouvelles normes environnementales, de coûts supplémentaires liés à l'adoption de technologies propres ou de limitations dans l'utilisation de ressources traditionnelles.

Par exemple, la mise en place de zones à faibles émissions dans les centres urbains peut restreindre l'accès des véhicules anciens, obligeant les propriétaires à investir dans des modèles plus récents et moins polluants. De même, la rénovation énergétique des bâtiments, bien que bénéfique à long terme, nécessite des investissements initiaux que tous les ménages ne sont pas en mesure de supporter. Ces contraintes peuvent engendrer une perception négative de la transition énergétique, surtout si les bénéfices ne sont pas immédiatement visibles ou équitablement répartis.

Par ailleurs, les disparités dans les efforts de réduction des émissions entre les pays peuvent susciter un sentiment d'injustice. Les nations qui mettent en œuvre des politiques climatiques strictes peuvent constater des impacts économiques négatifs, tels que des coûts de production plus élevés ou des pertes d'emplois dans certains secteurs. Pendant ce temps, d'autres pays continuent d'exploiter intensivement les énergies fossiles, bénéficiant ainsi d'avantages économiques à court terme. Cette situation peut conduire certains à remettre en question l'utilité de leurs propres sacrifices, surtout si les émissions globales continuent d'augmenter malgré leurs efforts.

Pour surmonter ces défis, il est là encore essentiel de promouvoir une coopération internationale renforcée, d'assurer une répartition équitable des responsabilités et des bénéfices, et de mettre en place des mécanismes de compensation pour les communautés et les secteurs les plus affectés.

Où en est-on ?

La transition énergétique mondiale progresse, mais de manière inégale selon les régions et les secteurs. Malgré un essor notable des énergies renouvelables et des technologies vertes, la consommation énergétique globale continue d'augmenter, alimentée par la croissance économique et démographique. Parallèlement, les investissements dans les énergies fossiles restent élevés, et les émissions de CO2 poursuivent leur ascension, mettant en péril les objectifs climatiques internationaux.

L’essor des renouvelables

Les énergies renouvelables connaissent une croissance rapide à travers le monde. En 2023, la capacité installée en énergie solaire photovoltaïque a été multipliée par dix par rapport à 2010, grâce notamment à une réduction de 85 % des coûts unitaires entre 2010 et 2019. De même, l'énergie éolienne a bénéficié d'une baisse de 55 % de ses coûts sur la même période, favorisant son déploiement massif.

Ces progrès sont le résultat de politiques publiques encourageant l'innovation technologique, le financement de la recherche et développement, ainsi que des subventions visant à atteindre des économies d'échelle. Cependant, le déploiement des technologies bas-carbone progresse plus lentement dans les pays en développement, en raison de financements et de transferts de technologies insuffisants, et surtout des avantages cités précédemment qu'ont les énergies fossiles. Par ailleurs, l'énergie nucléaire et les technologies de captage et stockage du carbone se sont développées à un rythme moindre qu'anticipé.

Une croissance de la consommation énergétique au ralenti

Entre 1980 et 2020, la consommation mondiale d'énergie primaire a presque doublé, passant de 83 600 TWh à 162 400 TWh. En 2020, les énergies fossiles dominaient le mix énergétique mondial, représentant 80 % de la consommation totale, répartis en 29 % pour le pétrole, 27 % pour le charbon et 24 % pour le gaz naturel.

Les sources d'énergie renouvelable, bien qu'en croissance, ne représentaient qu'une fraction de la consommation totale, avec l'hydroélectricité à 2,7 % et les autres énergies renouvelables (solaire, éolien, géothermie) passant de 0,2 % à 2,6 % en 40 ans.

Cependant, des signes indiquent un ralentissement de cette croissance, attribuable aux efforts d'efficacité énergétique et à la transition vers des sources d'énergie moins carbonées. Malgré cela, la consommation énergétique mondiale reste sur une trajectoire ascendante, posant des défis majeurs pour la réalisation des objectifs climatiques internationaux.

Le fort développement des technologies vertes

Le développement des technologies vertes est en pleine expansion, soutenu par des investissements massifs et des politiques publiques favorables. Les coûts des technologies renouvelables, tels que le solaire photovoltaïque et l'éolien, ont considérablement diminué, rendant ces solutions plus compétitives par rapport aux énergies fossiles. Parallèlement, des avancées significatives ont été réalisées dans le stockage de l'énergie, avec une réduction de 85 % des coûts des batteries lithium-ion entre 2010 et 2019, facilitant l'intégration des énergies renouvelables intermittentes dans les réseaux électriques.

Une prise de conscience globale

La prise de conscience mondiale concernant les enjeux climatiques et la nécessité d'une transition énergétique s'est intensifiée au cours des dernières années. Des mouvements citoyens, des initiatives locales et des engagements internationaux témoignent d'une mobilisation croissante pour lutter contre le changement climatique, et font souvent la une de l'actualité. En Europe et dans la majeure partie du monde, tous les partis de gouvernement incluent désormais des propositions écologistes.

Par exemple, pour ce citer que deux exemples récents, les États-Unis ont adopté le Climate Commitment Act, une loi ambitieuse visant à réduire les émissions de CO2 de 40 % d'ici 2030 par rapport aux niveaux de 2005. De même, des villes comme Lilongwe, la capitale du Malawi, ont annoncé leur soutien au traité de non-prolifération des énergies fossiles, s'engageant ainsi à devenir des zones exemptes de combustibles fossiles. 

Des investissements dans les fossiles toujours élevés

Malgré les efforts déployés pour promouvoir les énergies renouvelables, les investissements dans les énergies fossiles restent significatifs. En 2024, les dépenses mondiales dans les projets pétroliers, gaziers et charbonniers ont atteint environ 1 100 milliards de dollars. Cette persistance des investissements dans les combustibles fossiles s'explique en partie par la demande énergétique croissante, notamment dans les économies émergentes, et par l'inertie avec des infrastructures existantes fortement dépendantes de ces sources d'énergie. Par ailleurs, certaines régions, comme l'Afrique, cherchent à exploiter leurs ressources fossiles pour stimuler le développement économique, comme en témoigne la création en 2024 d'une nouvelle banque africaine de l'énergie dotée de 5 milliards de dollars pour financer des projets liés aux combustibles fossiles.

La difficulté pour beaucoup de changer ses habitudes

Adopter des modes de vie plus durables représente un défi pour de nombreuses personnes. Des actions telles que consommer des produits locaux et de saison, réduire l'utilisation de la voiture et de l'avion, limiter les achats de vêtements ou encore recycler nécessitent des changements comportementaux significatifs. Même parmi ceux qui se considèrent comme « écolos », il peut être difficile de modifier certaines habitudes profondément ancrées, ce qui conduit à une empreinte carbone plus élevée que souhaitée.

C'est pourquoi il faut poursuivre l'éducation environnementale, améliorer l'accessibilité des options de consommations durables et de promouvoir des politiques incitatives encourageant les comportements écoresponsables.

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Des émissions de CO2 toujours en hausse

Entre 2005 et 2021, les émissions mondiales de gaz à effet de serre ont augmenté de 24 %, passant de 39 001 à 48 210 mégatonnes d'équivalent CO2.

Malgré les progrès réalisés dans le développement des énergies renouvelables et les initiatives visant à réduire l'empreinte carbone, les émissions mondiales de CO2 continuent encore d'augmenter. Les projections pour 2025 indiquent que les concentrations atmosphériques de CO2 pourraient atteindre 429,6 parties par million (ppm), un niveau sans précédent depuis plus de 2 millions d'années.

Cette tendance s'explique par une demande énergétique mondiale en constante croissance, alimentée par l'industrialisation, l'urbanisation et l'augmentation de la population, notamment dans les pays en développement. De plus, la dépendance persistante aux combustibles fossiles pour répondre à cette demande contribue à maintenir des niveaux élevés d'émissions. Par exemple en Chine, les émissions ont augmenté de 86,9 % entre 2005 et 2021.

Selon les projections de l'Agence internationale de l'énergie, sans une intensification significative des efforts pour décarboner les systèmes énergétiques et améliorer l'efficacité énergétique, il sera difficile d'inverser cette tendance et d'atteindre les objectifs climatiques fixés par l'accord de Paris visant à limiter le réchauffement à 1,5 °C.

Zoom sur la France

La France s'affirme comme un leader de la transition énergétique, tant par ses politiques nationales ambitieuses que par l'engagement proactif de ses entreprises. Le pays est l'une des rares grandes économies à avoir un mix énergétique décarboné à plus de 50%.

Graphique : Selectra - Source : Chiffres clés de l'énergie - Édition 2023 - Ministère de la Transition Énergétique

Source : Ministère de la Transition Écologique, Chiffres clés des énergies renouvelables, Édition 2023 - Graphique : Selectra

Quels sont les objectifs ?

La France a défini des objectifs ambitieux pour sa transition énergétique, inscrits dans divers textes législatifs et engagements internationaux. En voici quelques uns :

  • Réduction des émissions de gaz à effet de serre : conformément à la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) de 2024, la France vise une diminution de 50 % des émissions de GES d'ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990. Cet objectif est en phase avec les engagements pris lors de l'Accord de Paris en 2015.
  • Neutralité carbone d'ici 2050 : la SNBC établit également la feuille de route pour atteindre la neutralité carbone à l'horizon 2050, alignant ainsi la France sur les objectifs climatiques de l'Union européenne.
  • Réduction de la consommation d'énergies fossiles : la Programmation Pluriannuelle de l'Énergie (PPE) de 2024 prévoit une diminution de la part des énergies fossiles dans la consommation finale d'énergie, visant une réduction significative d'ici 2035.
  • Développement des énergies renouvelables : la PPE ambitionne une multiplication par six de la capacité installée du photovoltaïque entre 2022 et 2030, ainsi qu'un doublement de l'éolien terrestre sur la même période.
  • Suppression des passoires thermiques : les habitations ayant un mauvais Diagnostic de Performance Energétique (DPE) sont petit à petit interdits à la location.

Sous la présidence d'Emmanuel Macron, ces objectifs ont été renforcés et précisés. Par exemple, le discours de Belfort en février 2022 a marqué une relance significative du nucléaire avec l'annonce de la construction de nouveaux réacteurs EPR2, alors qu'auparavant sa part dans le mix électrique était censée être ramenée à 50% en 2035.

Naturellement, ces objectifs pourraient évoluer en fonction des orientations politiques du futur Parlement, qui reflètera les priorités énergétiques et climatiques de la future majorité en place.

Où en sommes-nous ?

La France en cours de transition
ObjectifDerniers chiffres
Réduction de 50 % des émissions de GES d'ici 2030 par rapport à 1990En 2023, les émissions étaient de 373 millions de tonnes équivalent CO2, avec une réduction annuelle moyenne de 5,8 %.
Multiplier par six la capacité installée du photovoltaïque entre 2022 et 203020,5 GW de puissance solaire et 19 GW de puissance éoliennes installées en 2024
Atteindre une production nucléaire annuelle de 400 TWh d'ici 2030Production nucléaire de 361,4 TWh en 2024