Les augmentations tarifaires annuelles de l’assurance poussent-elles à la fraude ?
Assurer les personnes et les biens n’est pas une étape facultative. Aujourd’hui, 97 % des Français ont au minimum un contrat d’assurance pour se couvrir. C’est ce qu’avance la récente étude de YouGov et de lecomparateurassurance.com, qui analyse la relation des particuliers à leur assurance, et les éventuelles raisons leur faisant envisager la fraude.
Assurances : les augmentations tarifaires sont-elles inévitables ?
Le début de l’année est souvent l’occasion pour les Françaises et les Français de faire les comptes. Combien vont coûter leurs assurances pour les douze mois à venir ? Quelles augmentations vont donc impacter leur budget mensuel ? L’année 2019 n’a pas échappé à la hausse des tarifs, laquelle serait en partie à l’origine de la fraude à l’assurance. Pour une gestion de budget domestique optimale, les particuliers doivent ainsi anticiper les augmentations tarifaires de leurs différentes couvertures assurantielles.
Par exemple, le coût de l’assurance multirisque habitation a augmenté de 34 % en dix ans. Un chiffre qui nous vient directement de la Fédération française de l’assurance – ou FFA. Le constat est donc sans appel. Quel que soit le domaine couvert, les cabinets d’experts ont vu l’année 2019 à la hausse, comme Actuaris qui prévoyait entre 1,5 % et 2 % de hausse pour l’assurance auto, et entre 2,5 % et 3 % pour l’assurance habitation.
Dans le cas de l’assurance santé, la situation est plus nuancée puisque pour 2019, le gouvernement avait demandé aux assureurs et mutuelles de geler leurs tarifs. De plus, avec les changements législatifs en cours et l’arrivée du reste à charge 0, il est difficile d’anticiper comment les acteurs du marché vont intégrer cette nouvelle réforme 100 % santé à leurs offres futures. Malgré l’appel du gouvernement à un « effort de solidarité exceptionnel », rien n’est encore certain.
Une récente étude menée par YouGov pour lecomparateurassurance.com s’est donc intéressée aux conséquences de ces fluctuations tarifaires. Pour cela, il était essentiel d’analyser la perception qu’ont les particuliers vis-à-vis de leurs assurances. Pourquoi ceux qui fraudent en viennent-ils à le faire ? L’on trouve ici quelques éléments de réponse.
Fraude à l’assurance : des conséquences économiquesSelon l’Agence pour la lutte contre la fraude à l’assurance – ou ALFA, laquelle est citée dans l’étude, la hausse des prix de l’assurance pourrait être un facteur d’augmentation de la fraude chez les particuliers. En 2017, les fraudes et erreurs déclaratives représentaient 9,7 millions d’euros de perte dans la santé et 21 millions d’euros dans la prévoyance.
Fraude à l’assurance : des tarifs qui grimpent et beaucoup d’incompréhension
L’étude YouGov se présente en réalité en deux études distinctes, l’une réalisée auprès de 1 007 personnes, et l’autre auprès de 1 027 personnes. Les échantillons représentatifs ont pu participer directement en ligne, en répondant à deux sondages disponibles entre le 8 et le 9 avril, puis le 11 et le 12 avril 2019.
De manière générale, en France, on couvre ses biens et les personnes. Les assurances habitation arrivent en tête avec 85 % des sondés déclarant y souscrire, puis les assurances automobiles avec 75 %, et enfin les assurances santé avec 59 %. En quatrième place, les assurances décès n’obtiennent que 26 %, puis les assurances scolaires avec 20 %, les assurances destinées aux appareils nomades ensuite avec 8 %, les assurances voyage avec 6 % à égalité avec celles pour les animaux de compagnies, et enfin, en dernière position, les assurances dédiées à l’usurpation d’identité avec seulement 1 %.
Selon l’étude, il reste encore un vrai travail de pédagogie à faire pour que les Français comprennent exactement en quoi consistent les contrats d’assurance, puisque seulement 12 % expliquent être très à l’aise avec le sujet. De plus, 7 % déclarent ne rien y comprendre et 55 % en comprendre l’essentiel. La complexité des contrats est aujourd’hui un énorme problème, lequel est connu des acteurs de l’assurance comme le prouve la signature récente d’un accord entre différentes institutions représentant le secteur de l’assurance et de la santé visant à rendre les contrats plus lisibles pour les consommateurs.
Parmi les sondés du sondage YouGov, 44 % considèrent qu’ils ne sont pas suffisamment informés sur leurs contrats d’assurance. Un chiffre très important, qui met en lumière l’opacité des contrats et la difficulté importante pour beaucoup de signer en saisissant exactement à quoi ils s’engagent. Si 34 % expliquent que cette incompréhension vient surtout d’un manque d’intérêt personnel, le constat reste le même : il est du ressort des acteurs de l’assurance de communiquer plus clairement pour pousser les personnes à s’y intéresser. De cette incompréhension découle une méfiance, et un sondé sur deux avoue dans l’étude être méfiant vis-à-vis des compagnies d’assurance.
Et cela nous ramène directement au sujet de la fraude à l’assurance. Le panel de l’étude semble représenter un échantillon somme toute honnête, puisque seule une personne sur dix se déclare prête à commettre une fraude à l’assurance, soit 8 %. Les raisons pour cela sont diverses :
- Pour la prise en charge du sinistre (39 %),
- Pour payer moins cher son assurance (36%),
- Pour obtenir une indemnité plus importante (35%),
- Pour ne pas devoir résilier le contrat suite à une erreur et/ou un oubli (18 %).
Dans le cas de la santé, qui est mise en valeur dans l’étude, les trois facteurs favorisant la fraude sont :
- La non-communication concernant un changement de situation (7,64 %),
- L'omission d’un risque afin de payer moins cher les cotisations (6,42%),
- La volonté d’assurer un risque sur lequel un sinistre existe déjà (5,56%).
En France, les personnes seraient donc « majoritairement honnêtes » selon l’étude de YouGov, mais il reste difficile d’anticiper à quel point cette honnêteté persévéra au fil des hausses de tarif chaque année.
Incompréhension des contrats d’assurance : un problème majeurLe flou qui demeure quant aux contrats d’assurance à de vraies conséquences. Une personne sur deux dans l’étude explique avoir eu de « mauvaises surprises » suite à un sinistre. Cette situation semble toucher particulièrement les jeunes de 25-34 ans, qui sont 42 % à expliquer avoir déjà eu une mauvaise expérience.