Quand le secteur assurantiel veut palier à la crise climatique

Crise climatique et assurance : 3 fonds d'investissement créés pour l'écologie

Mis à jour le
min de lecture

La problématique écologique est désormais au cœur du secteur de l’assurance. Plus le temps passe et plus les démarches écoresponsables se multiplient. Fin 2019, cela s’intensifie, avec notamment la création de trois fonds d’investissement européens par dix investisseurs institutionnels français pour œuvrer en faveur de l’écoresponsabilité au cœur de la gestion financière.

  • En bref : « Ambition climat » : trois fonds d’investissement pour l’écologie
  • Dix investisseurs institutionnels français, dont une majorité d’assureurs, ont créé trois fonds d’investissement pour lutter contre le réchauffement climatique ;
  • Le but est de répondre aux objectifs de l’Accord de Paris ;
  • Le groupe d’investisseurs est coordonné par la Caisse des Dépôts ;
  • Il s’agira de deux fonds d’action de 200 millions d’euros et d’un fonds obligataire de 100 millions d’euros ;
  • La durée d’engagement des investisseurs sera d’un minimum de trois ans.

Crise climatique : comment impacte-t-elle le secteur assurantiel ?

La crise climatique est aujourd’hui l’un des enjeux les plus importants de notre société moderne. Alors que la conscience du public s’éveille à ces problématiques, les entreprises sont confrontées à leurs agissements et une demande croissante d’écoresponsabilité de leur part fait, lentement mais sûrement, bouger les choses.

Ainsi, depuis maintenant quelques années, la lutte contre le réchauffement climatique s’est également invitée dans le secteur de l’assurance. Chaque année, la crise climatique coûte 3 milliards d’euros aux assurances. Non seulement la mise en place de mesures concrètes en faveur de l’écologie en va de la responsabilité morale des structures assurantielles, mais aussi, plus concrètement, de leur santé économique. Et à ce jour, il est légitime de se questionner sur la rapidité de prise de décision de certaines entreprises lorsque l’on parle par exemple de transition énergétique. Comment accélérer le changement ? Comment agir efficacement ?

Le réchauffement climatique bouleverse indéniablement le modèle assurantiel, qu’il s’agisse de celui entrepreneurial des acteurs du marché ou de celui des produits d’assurance eux-mêmes. Fin novembre 2019, dix investisseurs institutionnels ont ainsi annoncé la création de trois fonds d’investissement d’un total de 500 millions d’euros pour lutter contre la crise climatique. Un moyen d’action concret qui manifeste le besoin d’une réelle implication financière afin de créer un bouleversement significatif.

Accord de Paris sur le climat : des objectifs atteignables ?La stratégie mise en place pour ces trois fonds d’investissement devra être alignée avec les objectifs fixés par l’Accord de Paris sur le climat en 2015 : contenir le réchauffement climatique en dessous de 2°C d’ici à 2100 par rapport aux niveaux préindustriels, limiter la hausse des températures à 1,5°C, aller vers le désinvestissement progressif des énergies fossiles ou enfin respecter l’objectif neutralité carbone.

Trois fonds d’investissement pour des pratiques écoresponsables dans la gestion financière

La création de ces trois fonds d’investissement pour lutter contre le réchauffement climatique baptisés « Ambition Climat » est chapeautée la Caisse des Dépôts avec pour investisseurs initiaux une majorité d’assureurs, dont les structures françaises d’Allianz, Aviva et Axa, mais aussi BNP Paribas Cardif, CNP Assurances, EDF, la Macif, la Maif et Société Générale Assurances. L’annonce a été faite via un communiqué officiel et collectif.

Avec la création de ces trois fonds d’investissement, la gestion financière veut intégrer des pratiques écoresponsables à son secteur.

À ce jour, les efforts se concentrent sur la recherche de sociétés de gestion pour piloter les trois fonds : deux d’entre eux à hauteur de 200 millions d’euros chacun seront investis en actions européennes, alors que le troisième, de 100 millions d’euros, sera investi en obligations européennes investment grade. Chaque potentiel candidat est invité à « mettre en œuvre dans les fonds une stratégie très ambitieuse d’alignement climatique avec les objectifs de l’Accord de Paris, avec un haut niveau de reporting et de transparence sur les méthodes utilisées à cette fin. La gestion des fonds devra viser un couple rendement/risque cohérent avec celui de la classe d’actif, et une bonne diversification, notamment sectorielle, des portefeuilles. » À noter que seules sont éligibles les sociétés de gestion disposant d’au moins 2 milliards d’euros d’actifs gérés, et que ces dernières « peuvent candidater sur une classe d’actif ou les deux. »

Au minimum, les sociétés de gestion lauréates devront s’engager sur une durée de trois ans. Il leur faudra mettre en place un véritable plan de progression concernant les différentes méthodes mises en œuvre sur cette durée. La sélection sera rude, puisque le comité constitué pour l’occasion se décidera suite à un scrutin à deux tours. Après l’examen des dossiers – à envoyer avant le 31 décembre 2019 –, six finalistes seront sélectionnés. Ensuite, un entretien oral déterminera les trois sociétés de gestion récipiendaires.

L’intégration de pratiques responsables et éthiques en faveur de l’environnement dans la gestion financière est certainement une démarche honorable. Il reste encore à voir comment ces fonds vont être utilisés, et jusqu’à quel point ceux-ci peuvent répondre à l’urgence de la situation écologique.

La démarche est soutenue par l’Association française des investisseurs institutionnels – ou Af2i –, Finance For Tomorrow ainsi que la Fédération française de l’assurance – ou FFA.

Partager cet article !