Assurances et transition énergétique

Assurances et transition énergétique : les choses changent-elles assez vite ?

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Dans son nouveau rapport sur le secteur des assurances et leur lien à l’industrie du charbon, le réseau d’ONG Unfriend Coal établit le classement des grands acteurs du marché. Le but ? Mettre en lumière le décalage entre un discours concerné par le changement climatique et la mise en œuvre de mesures concrètes, laborieuse et lente. Et évidemment, à terme, de faire pression sur les derniers du classement pour qu’ils changent de politique.

Transition énergétique : pourquoi le rôle des assureurs est-il si important ?

Alors que les questions écologiques sont au centre des discussions, faisant de la transition énergétique l’enjeu le plus important du XXIe siècle, les grandes entreprises sont surveillées de près. Les compagnies d’assurances n’échappent pas à cet examen, puisque leur pouvoir économique est important et au centre de tels enjeux.

Comment changer notre rapport aux énergies renouvelables et permettre leur popularisation ?

Début décembre 2018, seulement un jour après le lancement de la COP24, le collectif Unfriend Coal regroupant un réseau d’ONG et de mouvements écologiques, publiait un rapport très négatif au sujet du soutien apporté par les assureurs à l’industrie du charbon. Pour la deuxième année, Unfriend Coal frappe fort. Toute son activité est en effet dédiée à faire pression sur les compagnies d’assurances, afin que celles-ci en finissent avec l’industrie du charbon et soutiennent l’énergie propre. Avec cette étude, Unfriend Coal analyse principalement deux choses : l’investissement des assureurs dans les énergies fossiles et les politiques mises en place (ou non) pour améliorer la situation.

Dans ce rapport 2018, l’on peut découvrir une liste classant de grandes entreprises d’assurance et de réassurance à l’international, 24 au total. Et certaines s’en sortent mieux que d’autres. Pour Unfriend Coal, il faut que les assureurs et les réassureurs arrêtent de participer au financement de l’industrie du charbon, et donc arrêtent de souscrire à de nouveaux contrats d’assurance auprès de ses acteurs. À terme, l’utilisation du charbon est tant une menace pour la planète que pour la santé économique des compagnies d’assurances.

Écologie et transition énergétique : les banques sont au rougeFin novembre 2018, les banques étaient elles aussi au cœur de l’actualité, et ce pour de mauvaises raisons. L’association à but non lucratif Oxfam mettait en effet en lumière le financement des énergies fossiles par les banques françaises dans un rapport accablant.

Transition énergétique et assurances : l'Europe est-elle sur la bonne voie ?

En 2018, il est essentiel pour les grands acteurs économiques de participer à la transition écologique.

Le premier constat que l’on fait en découvrant le rapport 2018 est la mauvaise place des États-Unis, dont les compagnies d’assurances semblent les moins concernées par l’enjeu écologique. L’évolution positive des neuf entreprises américaines présentes dans le classement est minime, si ce n’est inexistante. La France se distingue un petit peu, puisqu’Axa et Scor obtiennent des places correctes. Pourtant, elles ont tout de même été déclassés par d’autres compagnies européennes. Au vu du bilan, tout semble encore à faire.

Les résultats les moins catastrophiques s’expliquent par certains dispositifs mis en place sur les douze derniers mois. Par exemple, depuis décembre 2017, Axa a de son côté désinvesti des entreprises dépendant à 50 % du charbon pour leurs activités.

Désormais, elle ne couvre que celles dépendant du charbon à 30 % maximum. Pour autant, la situation est bien loin d’être idéale. Sur les 24 assureurs du classement, seuls sept ont adopté des politiques similaires :

 

Premiers gestionnaires du risque dans nos sociétés, les assureurs nous alertent depuis les années 1970 sur les risques climatiques. Et pourtant, il aura fallu attendre le discours de Mark Carney prononcé en septembre 2015 devant des assureurs sur la tragédie de l’horizon et la pression des ONG à partir de 2017 pour que l’industrie de l’assurance commence cette même année à restreindre ses couvertures au secteur du charbon. Un an après les premiers engagements, le bilan est en demi-teinte : certes, le nombre d’assureurs à restreindre leurs couvertures au charbon a augmenté de manière régulière. Mais les assureurs nord-américains, asiatiques et australiens manquent cruellement à l’appel et on voit déjà une tendance des leaders Scor et AXA à se reposer sur leurs acquis de 2017 alors qu’ils se sont fait largement dépasser par leurs pairs européens, explique Lucie Pinson, coordinatrice européenne de la campagne Unfriend coal dans le communiqué de presse officiel

 

Les observateurs et spécialistes s’accordent à dire que le changement doit être plus concret, plus important et surtout plus rapide. Alors que l’actualité et les multiples alertes de la communauté scientifique au sujet d'une catastrophe environnementale imminente continuent d’envahir les journaux, l’enjeu de la transition énergétique n’est plus un but à atteindre, mais une urgence économique et sociale. Et pour le monde de l’assurance, cela a un impact. D’un point de vue purement économique, la succession de catastrophes naturelles leur coûte très cher, et ce prix devrait significativement augmenter avec le temps si les prévisions des chercheurs sont exactes. Rien que ces dernières années, le réchauffement climatique a coûré en moyenne 3 milliards d'euros par an aux assurances.

Écologie : pourquoi la transition énergétique est-elle cruciale ?Tout simplement car l’avenir de la planète en dépend. Il y a trois ans de cela, l’accord de Paris était signé. Tout le monde se félicitait alors de cet effort collectif. Mais le bilan en 2018 est loin d’être satisfaisant. Pour limiter le réchauffement climatique et ne pas dépasser les 1,5°C, des mesures radicales auraient dû être mises en place à travers le monde, et cela implique de réduire la production énergétique dépendant du charbon significativement, avec pour but, à terme, de s’en débarrasser complètement. Autant dire que nous en sommes loin.

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