Réchauffement climatique : le pire ennemi des assurés ?

Réchauffement climatique : le pire ennemi des assurés ?

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Alors que la Journée mondiale du climat est célébrée en ce 8 décembre, les catastrophes naturelles se multiplient et la planète est au plus mal. Face au fléau climatique, les assureurs ne pourront bientôt plus prendre en charge tous les sinistres.

Changement climatique : le point de non-retour ?

En 2015, les pays signataires de l’accord de Paris s’engageaient à ne pas dépasser une hausse de température équivalente à 1,5° d’ici 2100. Un objectif qui apparaît comme un lointain souvenir au vu du contexte actuel… Selon l’OMM (Organisation météorologique mondiale), la moyenne des températures de 2023 est supérieure de 1,4° par rapport à la moyenne de la période pré-industrielle (période de référence).

Les gaz à effet de serre sont plus élevés que jamais, de même pour le niveau de la mer, et la banquise antarctique fond à vue d'œil (un million de km2 perdu par rapport à la moyenne enregistrée entre 1981 et 2010 !). Les chiffres alarment, et bien loin de rester des données purement théoriques, les peuples en pâtissent. Le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, a d’ailleurs déclaré : «Cette année, des populations du monde entier ont été victimes d’incendies, d’inondations et de températures caniculaires. Les records de chaleur à l’échelle mondiale devraient donner des sueurs froides aux grands de ce monde ».

À présent, l’objectif n’est plus de retourner à la norme d’avant ou de récupérer ce qui a été perdu… mais plus simplement de limiter les dégâts. En principe, c’est là qu’interviennent les assurances, filets de sécurité financière en cas de dommages causés par les catastrophes naturelles.

Les assurances sous pression face à la débâcle climatique

Et pourtant, au moment où elles se révèlent le plus nécessaires, les assurances habitation connaissent une crise sans précédent.

Le risque de catastrophes naturelles augmente inexorablement, en fréquence et en intensité, ce qui représente un plus grand nombre de sinistres à couvrir pour les assureurs. Rien qu’en 2022, les sinistres climatiques représentaient une perte financière de 313 milliards de dollars à l'échelle mondiale. Et selon une étude du réassureur CCR d’octobre 2023, la sinistralité (inondations, tempêtes, canicules, sécheresses, incendies) devrait augmenter d’environ 40% à l’horizon 2050, soit 811 millions d’euros de dépenses par an.

Assurer les aléas du climat demande donc de gros fonds aux assureurs, mais, en parallèle, leur marge de manœuvre reste bien souvent réduite. Par exemple, en France, ces derniers doivent respecter des règles de solvabilité bien précises, contrôlées à la fois par l’Etat et par l’ACPR (Autorité de contrôle prudentiel et de résolution).

Résultat : le prix des assurances augmente drastiquement. Dans les régions du globe où les phénomènes météorologiques sont les plus extrêmes, les propriétaires ont vu leurs primes grimper jusqu’à 57% depuis 2015, et les populations ont du mal à s’offrir une protection adéquate.

En effet, la conjoncture actuelle pousse certains assureurs à limiter le montant ou le type de dommages pris en charge, à supprimer certaines garanties, voire même à se retirer du marché ou de zones considérées comme trop risquées.

Un futur sans assurance : des conséquences désastreuses sur les peuples

En octobre 2023, un rapport de l’Université des Nations Unies (UNU) alertait déjà sur les points de bascule des risques qui menacent l’humanité. Parmi eux figurait l’avenir sans assurance, ou, tel que nommé par les Nations Unies, le Futur Inassurable (Uninsurable Future). Le meilleur exemple reste l’Australie où, selon les prévisions, environ 520 940 habitations ne seront plus assurables d'ici 2030, principalement en raison de l'augmentation des risques d'inondation.

Si certains en rêvent (pas d’assurance égale des frais en moins, non ?), la réalité se rapproche plutôt du cauchemar. L’inassurabilité entraînerait des réactions en chaîne, toutes plus chaotiques les unes que les autres. Non seulement les particuliers subiraient des pertes financières considérables en cas de dommages, mais le marché de l’immobilier pourrait aussi s’en retrouver fragilisé. La raison ? Les biens non assurables (par exemple, une maison située dans une zone à risque) pourraient devenir particulièrement difficiles à vendre ou à acheter.

Dans un scénario alternatif, ce type de biens pourrait aussi renforcer encore plus les inégalités déjà existantes. Les personnes avec de gros moyens financiers s’éloigneraient peu à peu des zones risquées, les abandonnant ainsi aux individus plus démunis. Certains seraient alors contraints de rester ou de déménager dans certaines régions à risques, en grande partie par manque de moyens et par pression socio-économique.

Pour éviter d’en arriver jusqu’ici, les solutions envisagées sont majoritairement économiques (subventions gouvernementales, augmentation des taxes comme la Catnat, système d’indemnisation paramétrique, etc). Toutefois, peu d’acteurs se penchent sur les facteurs environnementaux et sociaux qui menacent le secteur de l’assurance. Peut-être le problème devrait-il être pris à la source et traité à son origine, qui n’est autre que le réchauffement climatique. Un problème qui, en tout cas, se fait de plus en plus pressant : selon le rapport de l’UNU, une hausse du mercure de 3 à 4 degrés supplémentaires conduirait inévitablement au Futur Inassurable dont il met en garde.

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