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COP21 : engagements et bilan 10 ans après l'Accord de Paris

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La 21ᵉ Conférence des Parties (COP) de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), plus communément appelée « COP 21 », s’est tenue du 29 novembre au 11 décembre 2015 à Paris. Ce sommet international a rassemblé près de 20 000 délégués issus de 195 pays signataires, donnant ainsi naissance à l’Accord de Paris, un engagement mondial historique pour limiter le réchauffement climatique et accélérer la transition énergétique.

Qu'est-ce que la COP21 et quel est son bilan ?

La COP21 est considérée comme une pierre angulaire de la politique climatique internationale car elle a établi le cadre de l’Accord de Paris.

Cet accord, fruit de négociations intensives, fixe l’objectif de limiter l’augmentation de la température mondiale à moins de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels, avec l’ambition d’atteindre un objectif renforcé de 1,5°C pour protéger les écosystèmes et les populations vulnérables.

Combien de pays ont participé ?

La COP21 a réuni 196 parties – 195 pays signataires de la CCNUCC et l'Union européenne – ainsi que 2 pays observateurs au Parc des expositions de Paris-Le Bourget. Près de 147 dirigeants mondiaux ont assisté aux négociations, soutenus par plus de 1 100 ONG et 1 366 médias couvrant l’événement, illustrant l’importance et la portée mondiale de ce sommet.

Seule la Syrie, alors en pleine guerre civile, n’a pas pu ratifier l’accord.

Quels étaient les enjeux ?

Les principaux enjeux de la COP21 consistaient à obtenir un accord commun dans lequel chaque pays proposerait des actions concrètes et adaptées pour réduire ses émissions de GES, tout en assurant que ces engagements soient transparents et vérifiables.

CO₂ en fumée dans le ciel

Les négociateurs devaient s’accorder sur un cadre qui soit acceptable pour l’ensemble des nations, en intégrant les spécificités économiques et sociales de chaque région. Par ailleurs, il était essentiel de définir des mécanismes de suivi et de contrôle des progrès réalisés, afin de garantir que les mesures adoptées aboutissent réellement à une diminution significative des émissions mondiales.

D’autres points cruciaux abordés incluaient le transfert de fonds des pays développés vers les nations en développement pour soutenir leur transition énergétique et la création d’un cadre incitant chaque pays à faire évoluer ses politiques climatiques.

En cela, la COP 21 a été une réussite, alors que mettre d'accord 195 pays sur un tel sujet n'était pas gagné d'avance.

Une réussite diplomatique

Logo COP 21

La COP21 reste avant tout une réussite diplomatique majeure qui a permis de rassembler près de 196 parties autour d’un objectif commun inédit : limiter le réchauffement planétaire en dessous de 2 °C (voire idéalement à 1,5 °C) par rapport aux niveaux préindustriels. En signant l’Accord de Paris, les nations ont posé les fondations d’une gouvernance climatique mondiale en établissant des contributions nationales révisables tous les cinq ans et en amorçant la mise en place de mécanismes de financement pour accompagner les pays en développement dans leur transition énergétique et leur adaptation aux impacts du dérèglement climatique.

La dynamique dite de « bottom-up » (« du bas vers le haut ») instaurée par la COP21 a été cruciale parce qu’elle a favorisé l’inclusion de tous les pays, permettant une adaptation progressive aux défis complexes du changement climatique. Plutôt que d’imposer des moyens de réduction des émissions à l’échelle globale (comme dans une approche « top-down »), chaque pays élabore et présente ses propres engagements nationaux adaptés à ses réalités économiques, sociales et environnementales. Autrement dit, chaque État décide de la part de réduction qu’il peut raisonnablement atteindre et s’engage à la réviser régulièrement (tous les cinq ans, par exemple) en fonction de ses progrès et des avancées scientifiques. En laissant chaque nation décider de ses propres objectifs, on favorise un sentiment de responsabilité et d’appropriation des mesures de lutte contre le changement climatique, ce qui augmente l’engagement politique et public.

Des engagements probablement insuffisants

Cependant, l’accord présente aussi des échecs notables : son caractère non contraignant et le manque de mesures juridiquement impératives limitent son efficacité réelle. Les contributions volontaires, souvent jugées insuffisantes, n’imposent pas de véritables obligations quant à la réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre, et le texte néglige des aspects cruciaux tels que la réduction des subventions aux énergies fossiles et la promotion concrète des énergies renouvelables.

Ces compromis laissent planer le risque que les engagements pris ne se traduisent pas par des actions assez efficaces pour freiner le réchauffement planétaire. La condition que l’accord ne soit appliqué que si au moins 55 parties, représentant 55 % des émissions mondiales de GES, ratifient le texte, a été remplie dès octobre 2016, alors qu'elle avait mis huit ans à être atteinte pour le protocole de Kyoto.

Que prévoit l'Accord de Paris ?

La COP21 a conduit à des décisions et engagements majeurs qui définissent la feuille de route pour l’avenir de la lutte contre le réchauffement climatique. Ces décisions se traduisent par des investissements massifs dans les énergies propres et des engagements financiers pour soutenir la transition dans les pays en développement.

Les mesures prises par les signataires

Parmi les grandes décisions prises figurent :

  • L’engagement de mobiliser 1 000 milliards de dollars sur les prochaines décennies pour lutter contre les effets du réchauffement climatique et financer le développement des énergies propres, notamment les renouvelables.
  • La mise en place d’un mécanisme par lequel les pays développés s'engagent à verser 100 milliards de dollars par an à destination des pays en développement à partir de 2020.
  • La liberté laissée aux pays pour définir leurs propres stratégies de réduction des émissions de GES.
  • Un impératif de transparence et d’un suivi régulier des progrès accomplis, chaque pays ayant l'obligation de présenter un bilan de ses progrès tous les 5 ans et de renouveler ses engagements pour la période suivante.
Après la COP21

Les objectifs affichés par les États pour l'environnement

Suite à la COP21, les États ont défini des engagements nationaux (Contributions Déterminées au niveau National, ou « CDN ») adaptés à leurs réalités économiques et environnementales. Ces mesures incluent le renforcement des normes d’efficacité énergétique, l’investissement dans des infrastructures pour les énergies renouvelables, et la mise en œuvre de systèmes de suivi rigoureux pour contrôler les émissions de GES.

  • La Suisse a été pionnière en déposant ses NDC et en visant une réduction de 50 % des émissions de GES d'ici 2030.
  • La Chine, malgré sa position de premier émetteur mondial, ambitionne de réduire ses émissions de de 60 à 65 % par unité de PIB d'ici 2030.
  • Les États-Unis avaient fixé un objectif de réduction de 26 à 28 % avant 2025.
  • L’Union européenne prévoit de diminuer les émissions industrielles de 40 % et celles des transports, de l’agriculture et du bâtiment de 30 % d’ici 2030.
  • L’Inde s’est engagée à réduire ses émissions de 33 à 35 % par rapport aux niveaux de 2005, en insistant sur l’importance d’un soutien financier international.

Où en sont les pays sur l'application de leurs engagements ?

Quelques années après la signature de l'Accord de Paris, un bilan préliminaire montre que la mise en œuvre des engagements varie fortement d’un pays à l’autre. Certains États ont accéléré la transition énergétique, tandis que d'autres peinent à atteindre leurs objectifs en raison de contraintes économiques ou politiques. Les mécanismes de suivi et de bilan quinquennal commencent à fournir des indicateurs clairs sur l’impact des politiques mises en œuvre.

Applications concrètes

Dès 2018, lors de la COP24 à Bonn, les États ont adopté des mesures précises pour traduire leurs engagements en actions concrètes : développement massif de l'énergie solaire et éolienne, réduction progressive de la dépendance aux combustibles fossiles, et mise en place de systèmes de suivi rigoureux pour mesurer la réduction des émissions de GES.

Ces initiatives sont réévaluées tous les 5 ans, afin de garantir leur efficacité et d’ajuster les politiques en fonction des avancées technologiques et économiques. Ce suivi permet également de renforcer la transparence et la responsabilité des gouvernements dans leur lutte contre le réchauffement climatique.

Quels résultats pour l'instant ?

Malgré certains progrès notables – notamment en Europe –, les grandes puissances telles que la Chine, les États-Unis et l’Inde peinent encore à mettre en œuvre des stratégies suffisamment ambitieuses pour atteindre les objectifs climatiques fixés par l’Accord de Paris.

Réduction des émissions pour limiter le réchauffement à 2°C

Selon le dernier « Emissions Gap Report » du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE, octobre 2024), la trajectoire actuelle conduirait à un réchauffement de 3,1°C d’ici la fin du siècle si les politiques ne sont pas renforcées.

D'une zone à l'autre, on observe des niveaux d’efforts très contrastés qui compromettent l’objectif de maintenir l’augmentation en dessous de 2°C. Par exemple, la Chine, premier émetteur mondial, dégage environ 16 gigatonnes de CO2 par an et voit ses émissions croître en moyenne de 5,2 % par an, alors que l’Union européenne, qui affiche une forte dynamique de réduction, émet environ 3,2 gigatonnes et réduit ses émissions de près de 7,5 % par an. Les États-Unis, bien qu’ayant enregistré une baisse modeste – avec environ 6 gigatonnes

Mobilisation de 1 000 milliards de dollars pour financer la transition énergétique

Pour soutenir la transition vers des énergies propres, l’objectif global est de mobiliser environ 1 000 milliards de dollars sur les prochaines décennies. À titre d’exemple, l’Union européenne avait déjà engagé près de 30 milliards d’euros en 2025 dans la transition énergétique. Parallèlement, la Chine avait contribué, entre 2013 et 2022, à hauteur d’environ 4,5 milliards de dollars par an pour soutenir financièrement les pays en développement.

Mécanisme de 100 milliards de dollars par an pour les pays en développement

L’Accord de Paris prévoyait que les pays développés verseraient 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 pour aider les pays en développement à atténuer et s’adapter aux effets du réchauffement climatique. Les mécanismes de financement mis en place varient toutefois considérablement d’un pays à l’autre. Alors que l’Union européenne et plusieurs États membres ont globalement respecté cet engagement via des fonds dédiés, les États-Unis, après une période de retrait et de réintégration, n’auraient fourni qu’environ 11 milliards de dollars par an.

Retraits des États-Unis de l’accord de la COP21

En juin 2017, le président Donald Trump a annoncé le retrait des États-Unis de l'Accord de Paris, invoquant des préoccupations économiques et l'impact négatif sur l'industrie nationale. Ce désengagement a eu un effet déstabilisateur sur le processus de négociation international, car les États-Unis sont l'un des plus gros émetteurs mondiaux de CO2.

Si Joe Biden avait réintégré son pays dans l'accord, le retour de Donald Trump à la Maison Blanche devrait être synonyme de nouveau retrait pour les USA.

Qu'est-ce qu'une COP ?

La COP, ou Conference of the Parties, désigne la réunion annuelle des pays ayant ratifié la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Ce sommet constitue le principal forum international pour discuter et négocier les actions à entreprendre pour limiter les émissions de gaz à effet de serre et adapter les sociétés aux impacts du changement climatique. Chaque édition de la COP permet de faire le point sur les avancées, de renforcer les engagements et de définir de nouvelles stratégies pour une gouvernance climatique mondiale plus efficace.

La COP21 est souvent mentionnée pour avoir abouti à l'Accord de Paris, le premier accord universel engageant tant de pays dans une démarche commune de lutte contre le réchauffement climatique. Toutefois, toutes les COP depuis 1995 ont joué un rôle clé dans l'évolution de la politique climatique internationale en permettant aux nations d'adapter et d'affiner leurs stratégies environnementales.

Débuts de la coopération internationale pour l'environnement

La première grande conférence internationale sur l’environnement s'est tenue en 1972 à Stockholm, marquant le début de la coopération mondiale pour la protection de la planète. Cette rencontre a conduit à la création du Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE) et à l'adoption de mesures pour lutter contre la pollution.

Le Troisième Sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992 a renforcé cette dynamique en produisant des accords majeurs comme l'Agenda 21, la Convention sur la diversité biologique, et la Convention sur la lutte contre la désertification. Ces événements historiques ont permis de sensibiliser le monde aux enjeux environnementaux et de promouvoir une action collective pour la préservation de l’environnement.

principaux sommets pour le climat

Ces initiatives ont jeté les bases des futures négociations climatiques, notamment la CCNUCC, qui a ouvert la voie à des accords tels que le Protocole de Kyoto et l'Accord de Paris.

Liste des COP de l'histoire et de leurs organisateurs
NomAnnéeEtat organisateur
COP 11995Allemagne
COP 21996Suisse
COP 31997Japon
COP 41998Argentine
COP 51999Allemagne
COP 62000Pays-Bas
COP 6 bis2001Allemagne
COP 72001Maroc
COP 82002Inde
COP 92003Italie
COP 102004Argentine
COP 11 - CMP 12005Canada
COP 12 - CMP 22006Kenya
COP 13 - CMP 32007Indonésie
COP 14 - CMP 42008Pologne
COP 15 - CMP 52009Danemark
COP 16 - CMP 62010Mexique
COP 17 - CMP 72011Afrique du Sud
COP 18 - CMP 82012Qatar
COP 19 - CMP 92013Pologne
COP 20 - CMP 102014Pérou
COP 21 - CMP 112015France
COP 22 - CMP 122016Maroc
COP 232017Allemagne
COP 242018Pologne
COP 252019Espagne
COP 262020Royaume-Uni
COP 272022Égypte
COP 282023Dubaï
COP 292024Azerbaïdjan

Quelles COP ont marqué l'histoire ?

Depuis la première COP en 1995, chaque rencontre annuelle a apporté son lot d’avancées et de défis dans la lutte contre le changement climatique. La COP3, tenue au Japon en 1997, a abouti à la signature du Protocole de Kyoto, établissant pour la première fois des engagements contraignants de réduction des émissions pour les pays industrialisés. La COP15 à Copenhague en 2009, bien que controversée, a marqué une étape importante dans la reconnaissance universelle du besoin urgent d’agir contre le réchauffement climatique.

Par la suite, des COP comme celles de Marrakech (COP22) et de Bonn (COP24) ont permis de traduire les engagements en actions concrètes, préparant ainsi le terrain pour l'Accord de Paris adopté lors de la COP21. Chaque édition représente un moment clé dans l’évolution de la gouvernance climatique internationale, contribuant à renforcer la coopération mondiale pour un avenir plus durable.