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Qualité de l’air : pollution et circulation différenciée en France

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La qualité de l'air en France est autant un sujet environnemental de premier plan, que sujet à polémique. Contribuant efficacement au réchauffement climatique mondial, la dégradation de l’air est au centre de l'attention dans l'Hexagone. En 2023, d'après le rapport mondial sur la qualité de l'air (IQAir), la France se situe en 99ᵉ position sur 134 pays. Son niveau de particules fines est de l'ordre de 9,5 μg/m³, contre 32.5 μg/m³ pour la Chine par exemple.

Pollution : comment connaître la qualité de l’air en France ?

Le suivi de la qualité de l'air est fait par différents acteurs, tous ayant à cœur la mission de prévenir, réduire, voire éviter les effets néfastes de la pollution de l’air ambiant. En effet, la pollution atmosphérique ne cesse de causer des problèmes environnementaux et sanitaires depuis de nombreuses années. Le ministère de la Transition Écologique et Solidaire qui a mis en place un dispositif national de surveillance de l’air ambiant.

plusieurs reacteurs nucleaires

Dans ce dispositif, on distingue ainsi plusieurs acteurs majeurs :

  • Le LCSQA, le Laboratoire Centrale de Surveillance de la Qualité de l’Air, seul organisme officiel à coordonner les différentes associations sur le suivi de la pollution atmosphérique en France. Celui-ci assure un suivi scientifique et technique sur le dispositif ;
  • Les différentes associations agréées chargées de la mesure de la qualité de l’air au quotidien ;
  • Le ministère de la Transition Écologique.

Suivi en direct de la pollution de l’air

En France, différentes associations réunies au sein de la fédération Atmo France se partagent la mission de surveillance de la pollution de l'air ambiant. Ces associations se servent d’appareils de mesure de la qualité de l’air et jugent ainsi de la santé de l’air… et des humains.

Par exemple, en Ile-de-France, c’est l'association Airparif qui assure cette mission.

Airparif répond ainsi au quotidien aux multiples interrogations des français :

La couleur du ciel me paraît bien grise, quelle est la qualité de l’air aujourd’hui ?
Dois-je prendre mes précautions pour ne pas déclencher une crise d’asthme, une affection respiratoire etc. ?
Y-aura-t-il aujourd’hui la mise en place de circulation différenciée à Paris ?

Airparif peut ainsi calculer au plus juste le niveau de taux de pollution de l’air ambiant et ses conséquences grâce à une soixantaine d’appareils répartis sur l’ensemble du département d’Ile-de-France.

  • Grâce à des campagnes mobiles et capteurs chimiques, Airparif permet d’évaluer l’impact environnemental d’un bâtiment industriel et le taux de concentration des polluants nocifs (dioxyde de soufre, ozone, dioxyde d’azote, particules fines) en un point géographique donné ;
  • Des outils de projection et de modélisation permettent d’établir des cartes de pollution de l’Ile-de-France, et de suivre l'évolution de la pollution, et ceci, heure par heure, à l’image des cartes de météo.

Quel est le rôle d’Airparif en Ile-de-France ?

L’association Airparif - Association Interdépartementale pour la gestion du Réseau automatique de surveillance de la Pollution Atmosphérique et d’Alerte en Région d’Île-de-France - est née en 1979 de la volonté du ministère en charge de l'Environnement de faire de la surveillance de la qualité de l’air une affaire de santé publique.

Pour rappel, le dispositif de surveillance de la pollution de l'air est réalisé dans le cadre réglementaire défini par la Loi sur l'Air et l'Utilisation Rationnelle de l'Énergie du 30 décembre 1996 (LAURE).

La LAURE fixe comme objectif « le droit à chacun de respirer un air qui ne nuise pas à sa santé ».

Jusqu’alors, les appareils de mesure étaient exploités par différents organismes n’ayant aucun lien direct entre eux (le laboratoire d’hygiène de la ville de Paris, celui de la préfecture de police, EDF). Airparif tient un rôle de coordination et de centralisation essentiel pour une exploitation efficace des données.

Ainsi, l’Airparif est constitué de membres issus de différents horizons – gouvernement, collectivités territoriales et acteurs économiques, membres associatifs – garantissant l’indépendance de ses missions.

Airparif se charge donc d'assurer certaines fonctions :

  1. Surveiller la qualité de l’air ;
  2. Informer le grand public et des autorités – via des bulletins quotidiens - afin que ceux-ci puissent répondre par des mesures adéquates à des épisodes de pics de pollution ;
  3. Comprendre et analyser les pics de pollution : d’où ils viennent, pourquoi et comment y remédier ?
  4. Évaluer les mesures prises pour lutter contre la pollution de l’air.

Niveaux d’alerte pollution

planète carbone

Deux seuils sont déterminés pour définir un épisode de pollution. Ceux-ci sont fixés selon le taux de microgrammes de polluants contenus par mètre cube d’air :

  • Le seuil d’information (à 50 mg par m3) : la préfecture communique auprès du grand public via les médias des recommandations sanitaires de vigilance à l’attention des personnes sensibles (femmes enceintes, personnes âgées et enfants, personnes souffrant de maladies respiratoires, asthmatiques) ;
  • Le seuil d’alerte pollution (à 80 mg par m3) : En plus des recommandations sanitaires auprès des populations à risque, des mesures d’urgence sont mises en place (limitation de la vitesse, circulation alternée).

Les mesures appliquées en cas de pic de pollution

Les risques encourus lors d’un épisode de pollution sont importants aussi bien pour les Hommes que la nature et ses écosystèmes. Les polluants qui dégradent la qualité de l'air peuvent occasionner des problèmes de santé à certains types de population (personnes âgées, femmes enceintes, enfants) ; des mesures restrictives existent donc pour enrayer leurs effets.

Certificat qualité de l'air : qu’est-ce que c’est et comment l’obtenir ?

Le certificat qualité de l’air, également appelé Crit’Air est une vignette apposée sur le pare-brise des véhicules motorisés selon leur niveau de pollution de l’air. Ainsi, les véhicules motorisés sont classés en 6 classes environnementales différentes, en fonction :

  • Du type de véhicule ;
  • De la motorisation ;
  • De la norme européenne d’émissions polluantes, la Norme Euro.

Plus le numéro de la classe d’appartenance est élevé, plus le véhicule pollue. Par exemple, les véhicules électriques ou hydrogènes appartiennent à la catégorie 1, et les voitures dont la première mise en circulation est comprise entre 1997 et 2000 appartiennent à la catégorie 5. Les véhicules antérieurs à 1997 sont complètement exclus et interdits de circulation de fait pendant les épisodes de pollution.

La vignette Crit’Air est obligatoire dans certaines zones concernées par une restriction permanente de circulation ou par la mise en place de la circulation alternée.

La circulation différenciée en France

En cas d’épisode de pollution important, dépassant le niveau 2, certaines préfectures ont la possibilité de mettre en place des mesures temporaires restreignant la circulation des véhicules : la circulation différenciée. Généralement, ce sont les grandes agglomérations qui connaissent cette restriction, du fait de la forte concentration d’habitations, de population et… de véhicules.

co2 voiture

Concrètement, la circulation différenciée autorise ou interdit certains espaces de circulation aux véhicules les plus polluants définis par la vignette qualité de l’air « Crit’Air ». Ces espaces de circulation peuvent concerner une commune ou un ensemble de communes. Par exemple, il n’est pas rare en période estivale que la Ville de Paris mette en place la circulation alternée à Paris intra-muros, mais également pour tout un périmètre autour du périphérique.

Les véhicules motorisés concernés par la restriction sont en priorité :

  • Ceux qui n’ont pas de vignette Crit'Air, dont la première mise en circulation est antérieure à 1996-1997 pour les véhicules à essence et 2006 pour les voitures diesel ;
  • Les véhicules de catégorie 4 et 5.
  • Quelques communes concernées par la circulation alternée / zones à circulation restreintes (ZFE-m) et de protection de l'air (ZPA) :
  • Le Grand Annecy ;
  • Aix-Marseille-Provence ;
  • Grenoble Alpes Métropole ;
  • Lille et sa métropole ;
  • Grand Lyon ;
  • Montpellier-Méditerranée ;
  • Nancy ;
  • Nice-Côte-d’Azur ;
  • Métropole du Grand Paris (MGP) ;
  • Reims ;
  • Métropole Rouen-Normandie ;
  • Saint-Etienne Métropole ;
  • Strasbourg et sa métropole ;
  • Métropole Toulon-Provence-Méditerranée ;
  • Toulouse ;
  • Le Mans, Nantes et Angers.

Certains types de véhicules sont toutefois autorisés à se déplacer malgré l’interdiction :

  • Les véhicules transportant les personnes handicapées ;
  • Les véhicules assurant le transport public et transport scolaire ;
  • Les véhicules des pompiers, de la police et du SAMU ;
  • Les camions frigorifiques et camions citernes ;
  • Les véhicules s’occupant de déménagement.

Les véhicules dérogeant à cette interdiction de circulation sont passibles d’amendes de 3ème classe (véhicules légers) ou 4ᵉ classe (poids lourds).

Ne pas confondre circulation différenciée et circulation restreinte

Si ces deux mesures visent à réduire l'impact de la pollution des véhicules sur l’environnement et la population, elles n’ont toutefois pas la même temporalité. La circulation restreinte définit des zones à circulation restreinte (ZCR) où seules certaines catégories de véhicules (selon la vignette Crit’Air) sont autorisées à circuler. Cette restriction visant à réduire les émanations de dioxyde de carbone dans l’atmosphère est permanente, contrairement à la circulation différenciée qui est ponctuelle.

Pollution de l’air : les villes les plus polluées

Comment se positionne la France au niveau mondial ?

D'après le rapport annuel IQAir 2023, la France se classe en 99ème position dans le classement mondial des pays les plus pollués autour du globe.

Si la pollution de l’air est un problème environnemental national, plusieurs villes sont particulièrement concernées par les mesures restrictives de circulation ou d'alerte pollution.

En cause tout au long de l’année, la conjonction de conditions climatiques comme un fort ensoleillement et une élévation de la température, couplés avec une forte émission de gaz à effet de serre (circulation et rejets industriels). Ainsi que les émanations dues à l’utilisation du chauffage. Ce cocktail explosif pour l’environnement et la santé est responsable d'émissions nuisibles de particules fines dans l'air. Ces particules fines sont très dangereuses et peuvent provoquer des maladies respiratoires et cardio-vasculaires, voire la mort.

L’Organisation Mondiale pour la Santé (OMS) fixe le seuil d’émission de particules fines à respecter à 10 microgrammes par mètre cube (μg/m3) en moyenne annuelle pour les particules dites "PM10" (PM pour Particulate Matter, particules en suspension). Ce seuil est largement dépassé dans beaucoup de villes de France.

Ainsi, plusieurs agglomérations en France sont loin d'être épargnées par les pics de pollution et présentent une qualité de l’air dégradée, pour ne pas dire irrespirable.

Voici le top 10 des villes françaises les plus polluées en 2022, d'après le rapport de l’Agence européenne de l’environnement (AEE) :

  1. Lille : 12,9 μg/m3 ;
  2. Avignon : 11,5 μg/m3 ;
  3. Reims : 11,5 μg/m3 ;
  4. Rouen : 11,4 μg/m3 ;
  5. Amiens : 11,3 μg/m3 ;
  6. Mulhouse : 11,3 μg/m3 ;
  7. Creil : 11,3 μg/m3 ;
  8. Paris : 11,2 μg/m3 ;
  9. Douai : 11,2 μg/m3 ;
  10. Grenoble : 11,1 μg/m3.

À l'inverse, les 10 villes de France où la qualité de l'air est la meilleure sont : Saint Denis, Brest, Saint-Brieuc, Dijon, Perpignan, Bayonne, Montpellier, les Abymes, Toulon et Troyes.

Pourquoi l’air est-il pollué ?

La pollution de l'air est un drame écologique et sanitaire pour plusieurs raisons :

  • Elle participe de manière importante au réchauffement climatique mondial ;
  • Elle favorise et accentue les maladies respiratoires : la pollution de l'air est responsable de plusieurs milliers de morts en France chaque année.

Il est essentiel de comprendre pour agir : quelles sont les causes de la pollution de l’air et comment se manifeste-t-elle ? Tout d’abord, il faut savoir que la qualité de l’air peut être dégradée par deux types de polluants :

  • Les polluants primaires comme le dioxyde de soufre, le monoxyde de carbone (CO) précurseur du fameux dioxyde de carbone (CO2), particules et composés organiques volatils (COV), métaux lourds. Les sources d’émissions sont principalement d’origine anthropique, dues aux activités humaines (rejets industriels, transport routier, chauffage) ;
  • Les polluants secondaires comme l’ozone et le dioxyde d’azote.

La forte émission de GES sur une zone géographique avec une densité de population élevée crée des pics de pollution réguliers un peu partout en France. Les conséquences, nocives, touchent autant les hommes, que l’environnement et la biodiversité :

  • Les cultures voient leurs rendements se réduire de 20 à 40 % à cause de la pollution à l’ozone ;
  • Les bâtiments se détériorent à cause de la corrosion apportée par certains polluants ;
  • Les écosystèmes sont fragilisés par le déséquilibre du climat.

Pic de pollution : les bons gestes à adopter

Face à une alerte pollution, il est déjà trop tard, on ne peut qu’appliquer les mesures restrictives du gouvernement. Mais que peut-on faire concrètement à son niveau pour réduire ces pics de pollution et garder une qualité de l’air acceptable ?

Réduire et lutter contre la pollution de l'air

Il existe tout un ensemble d’actions que toute personne peut faire pour réduire ses émissions de CO2 dans l’air. Les deux postes des ménages français qui génèrent le plus d’émissions de GES sont le transport routier et le chauffage. La consommation d'énergie fossile – qu’elle soit pour se déplacer ou se chauffer - est une grande source de pollution. Il est cependant possible d’agir pour réduire sa consommation d’énergie, et donc ses émissions de GES.

pouce vert

Pour cela, des éco-gestes peuvent être mis en place sans forcément chambouler toutes nos habitudes de vie. Alors pourquoi ne pas franchir le pas de la transition énergétique ?

On peut ainsi :

  • Rénover l’isolation de son logement ;
  • Remplacer son chauffage comme une chaudière énergivore pour une chaudière à haute performance énergétique ;
  • Adopter le covoiturage ;
  • Utiliser les transports en commun ou marcher ;
  • Réduire sa consommation de viande ;
  • Privilégier une alimentation locavore pour une bonne empreinte carbone ;
  • Choisir des ampoules basse consommation LED ;
  • Acheter des appareils électroménagers avec une étiquette énergétique A+++ ;
  • Etc.

Choisir une offre d'électricité verte

Une solution à la portée de tout particulier est d’opter pour un changement de fournisseur d'énergie. Plusieurs offres d'électricité verte existent en France, toutes certifiées via les Garanties d'Origine – c’est-à-dire que le fournisseur d’énergie certifie que pour 1 kWh consommé, l’équivalent produit par une source d'énergie renouvelable (solaire, hydraulique, éolienne) est réinjecté dans le réseau électrique.
 

Je compare les offres d'électricité verte

Comment compenser mes émissions de CO2 ?

Une autre démarche existe pour arriver à limiter nos émissions de GES : la compensation carbone volontaire. Cette action indirecte en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique consiste à acheter des crédits carbones et de les investir dans des programmes de compensation carbone.

Ces programmes permettent d’agir concrètement dans des pays en développement n’ayant pas les ressources ou l’ingénierie nécessaire pour monter des projets de développement durable. Le but final de la compensation carbone est d'atteindre la neutralité carbone, autrement dit que les hommes arrivent à l'état d'équilibre où nos émissions de GES soient compensées par les actions de réduction mises en place. Les particuliers, mais plus encore certaines entreprises ou les États - sous le coup d'une obligation légale - doivent ou peuvent réduire leurs émissions de GES et mettre en place des actions de compensation carbone.

L'objectif, ambitieux, du gouvernement français est de réduire par 4 les émissions globales de GES d'ici à 2050 (Loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte) et atteindre la neutralité carbone. Cet objectif est-il atteignable ? La mise en place des programmes de compensation carbone s'avère efficace si ceux-ci s'accompagnent d'une réduction effective des émissions de GES.