Clap de fin pour les risques de coupures d'électricité ?

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Alors que les autorités n’ont eu de cesse d’agiter le risque d’éventuelles coupures d’électricité sur le réseau électrique français tout au long de l’hiver, il semblerait que l’Hexagone soit enfin tiré d'affaires. C’est en tout cas ce que laisse entendre l’indicateur de tension d’RTE, passé de “moyen” à “faible” au cours de ces derniers jours. Le point sur la situation…

Un risque de coupures “en grande partie écarté”

Depuis le mois de novembre dernier, une ombre plane sur le quotidien de milliers de Français. Il s’agit du fameux risque de coupures d’électricité. Dès l’automne dernier, la présidente de la Commission de régulation de l'énergie (CRE), Emmanuelle Wargon, évoquait la possibilité d’un tel scénario. “Il y a effectivement des risques” de délestages, uniquement pour le mois de janvier, admettait-elle le samedi 19 novembre sur Franceinfo, et d’ajouter “on a une forme d'inquiétude et de vigilance pour janvier”, tout en expliquant que la survenue d’un tel cas de figure dépendrait de la météo, de la consommation électrique des Français ou encore de la disponibilité des réacteurs nucléaires.

Plusieurs mois après cette prise de parole, force est de constater que l’ensemble de ces indicateurs se sont maintenus au beau fixe, éloignant le spectre d’éventuels incidents sur le réseau français. “L'actualisation de mi-février pour la fin de l'hiver confirme le diagnostic des derniers mois: le risque portant sur la sécurité d'approvisionnement en électricité est désormais en grande partie écarté”, estimait RTE en évoquant les perspectives hivernales au cours de la semaine précédente.

Météo clémente, baisse des consommation et relance du nucléaire

Malgré la survenue de quelques véritables épisodes hivernaux, les mois de décembre, janvier et février ont tous bénéficié de températures moyennes supérieures aux normales de saison, allant de +0.3°C à +0.9°C (au mois de janvier). Avec un indicateur thermique* proche de 6,6°C, cet hiver serait le moins doux depuis 5 ans (hiver 2018-2019) mais demeure néanmoins le 10ème hiver consécutif où la température moyenne en France est supérieure à la normale, selon le bilan dressé par La Chaîne Météo.

*Indicateur thermique : moyenne des températures minimales et maximales sur 30 villes de référence

Du côté des consommations d’électricité, les quatre dernières semaines écoulées ont pu compter sur un recul de 9% en moyenne, par rapport à la moyenne de référence avant crise sanitaire (2014-2019). Une baisse de la consommation qui concerne l’ensemble des secteurs, particuliers et professionnels (industries et même secteur tertiaire). En cause, des appels à la sobriété énergétique gouvernementaux largement relayés, mais aussi des prix de l’énergie en hausse comparé à la moyenne des années précédentes. Le mois de février a par ailleurs vu les tarifs de l’électricité grimper à hauteur de 15%, malgré la présence du bouclier tarifaire en place depuis le mois de septembre 2021. Une raison supplémentaire pour les consommateurs de veiller à la maîtrise de leur consommation d’énergie, sous peine de voir leurs factures flamber.

Enfin, dernier facteur favorable - après des mois difficiles - la puissance du parc nucléaire français a atteint 45 GW en février, soit les trois quarts de la puissance maximale du parc, à en croire les précisions de RTE. Une variable à prendre toutefois à avec des pincettes. En effet, en ce début de semaine, 17 réacteurs sur 56 sont à l'arrêt, soit trois de plus que la semaine dernière. Et la tendance ne devrait pas s’améliorer, selon BFM, puisqu’EDF “prévoit de procéder à des maintenances de longue durée à partir du printemps, entraînant la mise à l’arrêt de nouveaux réacteurs”.

Ces éléments auront toutefois suffi à garder le réseau sous contrôle et éviter aux Français les affres d’un “signal rougeEcowatt, l’outil développé par RTE.

Le risque zéro n'existe pas

Les risques d’un blackout généralisé ou même de coupures ciblées sur le réseau électrique français s’éloignent donc de plus en plus, à mesure que l’hiver avance, avec un niveau d’alerte passé d'“élevé” au début de la saison, à “moyen” le 20 décembre dernier et enfin “faible” en cette fin février.

Toutefois, “l’éloignement du risque pour cet hiver ne signifie pas pour autant la fin de la crise énergétique” prévient RTE dans un communiqué. Les répercussions sur les finances des consommateurs mais également sur le budget de l’État “persisteront dans les mois à venir” alerte le gestionnaire de réseau. “Les perspectives pour les années à venir ne laissent pas présager d’un retour rapide à la situation d’avant crise, que ce soit pour la production du parc nucléaire ou pour le prix du gaz” ajoute-t-il, appelant à la “poursuite des efforts engagés pour les économies d’énergie et de décarbonation des secteurs utilisant des énergies fossiles”.

Reste aussi la possibilité, minime, d’un événement climatique de grande envergure, comme une vague de froid tardive et intense, qui pourrait justifier le recours au dispositif d'alerte Ecowatt. Un cas de figure qui apparaît toutefois “peu probable”, d'après RTE, même si, comme le rappelait son président, Xavier Piechaczyk sur le plateau de France Inter, “le risque zéro n'existe pas”.

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