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Cet hiver les Français sont invités à réduire leur consommation pour soulager le réseau électrique et éviter les risques de black-out.

Réseau d'électricité : un risque de black-out à l'hiver 2021 ?

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Les effets du coronavirus sur le marché de l'électricité se poursuivent dans le temps. En effet, le confinement a retardé la maintenance de certaines centrales nucléaires. Première source de production d'électricité en France, l'atome sera donc moins disponible. Mais alors, risque-t-on le black-out ? Quelles sont les solutions envisagées par le gouvernement français ?

Baisse de la production nucléaire et pointe hivernale

Réseau électricité

En France, l'hiver se traduit souvent par une hausse de la consommation d'électricité. Ces pointes de consommation sont notamment dues au chauffage à l'électricité, particulièrement répandu dans l'Hexagone. En effet, beaucoup de particuliers sont équipés de radiateurs électriques, bien plus que dans les autres pays européens.

Or, le mix énergétique français reste dominé par le nucléaire à plus de 70%. Pour préparer les pics, la maintenance des centrales a généralement lieu au printemps et en été. Mais ces opérations ont dû être décalées du fait du Covid-19.

Cela étant, le coronavirus apparaît surtout comme une difficulté supplémentaire. Avant la crise sanitaire, RTE avait, d'ores et déjà prévu une situation exceptionnelle à venir pour la période hivernale. En effet, entre la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim et les retards du calendrier de Flamanville, la France devra moins compter sur l'atome.

A cela s'ajoutent les fermetures de centrales au fioul et au charbon et le problème de l'intermittence des énergies renouvelables. Ces dernières assurent une production d'électricité verte plus respectueuse de l'environnement.

Mais malheureusement, le stockage de l'électricité n'étant pas assez développé, on ne peut compter sur elles tout le temps. Les énergies vertes sont fluctuantes. Par exemple, la nuit, un panneau solaire ne produit pas d'électricité. De la même manière, lorsque le vent souffle peu, la production des éoliennes est diminuée.

"Pour l’hiver 2020-2021, nous serons dans une situation inédite, et cela va nécessiter une très très grande vigilance."
François Brottes, Président de RTE

Va-t-on décaler la fermeture des réacteurs nucléaires de Fessenheim ?

Fessenheim

Pour éviter le black-out, certains ont proposé le prolongement de l'activité du second réacteur de la centrale de Fessenheim après le mois de juin. Cette solution n'a pas été retenue par Elisabeth Borne, Ministre de la Transition Ecologique et Solidaire.

Il faut dire que la centrale ne témoigne pas des réserves nécessaires en combustible pour pouvoir fonctionner convenablement cet hiver. Le second réacteur de Fessenheim s'arrêtera donc de tourner fin juin, comme prévu.

"Il faut avoir un mix électrique diversifié. Tout en saluant l’extrême professionnalisme des agents d’EDF, force est de constater que dépendre d’une source d’électricité à 70% n’est pas la façon d’être le plus résilient.".
Elisabeth Borne

Malgré une "situation inédite", un approvisionnement en électricité sécurisé

Les Français peuvent se rassurer. A priori, ils ne feront pas face à une coupure de courant massive l'hiver prochain. En effet, des solutions seront mises en place pour garantir aux consommateurs la sécurité de l'alimentation en électricité.

"Il n’y aura pas de black-out."
François Brottes

Effacement et décalage de consommation

décalage consommation

En cas de forte tension sur le réseau, RTE "effacera" les consommations de grandes industries françaises avec lesquelles il est engagé contractuellement. En échange d'une rétribution financière, celles-ci ralentiront leur activité ou passeront sur des groupes électrogènes pour soulager le réseau.

Les particuliers peuvent eux aussi s'adonner à l'effacement. Celui-ci existe déjà, via EcoWatt en Bretagne, en Région PACA et en Ile-de-France, des zones très sensibles aux pointes de consommation. Ce système a été mis en place conjointement par les Régions et RTE. Lors des pics, des citoyens volontaires reçoivent un sms les incitant à repousser de quelques minutes leur consommation d'énergie (départ du lave-linge, mise en route du lave-vaisselle, etc.).

L'effacement pour les particuliers est aussi proposé par Voltalis et Ekwateur. Un boitier connecté appelé "Narco" pilote, chez eux, le chauffe-eau et les radiateurs électriques. En cas de pointe, il coupe ces appareils pendant quelques minutes. Cela n'impacte pas le confort des ménages et leur permet de diminuer jusqu'à 10% leur facture d'électricité. Et comme il s'agit d'un éco-geste, le service est totalement gratuit.

Une subvention de 150 euros pour les thermostats connectés

D'autre part, Elisabeth Borne souhaite proposer une aide "coup de pouce" pour l'achat d'un "thermomètre intelligent". A ce titre, une subvention de 150 € sera fournie aux particuliers souhaitant s'équiper d'un thermostat connecté. En programmant leurs radiateurs électriques uniquement lorsqu'ils sont chez eux, les Français pourront réaliser 10% d'économies d'énergie sur le chauffage. Fort de cet argument, le Ministère espère convaincre 20 000 à 40 000 foyers par mois.

CEE

A l'instar des offres "coup de pouce isolation" et "coup de pouce chauffage", cette nouvelle aide devrait entrer dans le cadre des certificats d’économie énergie (CEE). Toutefois, pour l'instant, les conditions de l'octroi de l'aide ne sont pas connues.

Le délestage en dernier recours

Enfin, si ces solutions n'étaient pas suffisantes, en cas de grand froid, RTE se verrait contraint de mettre en place le délestage, à savoir des "coupures temporaires ciblées et maîtrisées". Cela resterait bien évidemment très exceptionnel.

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