CNP Assurances et La Poste : mariage confirmé pour 2021
L’opération d’envergure visant à rapprocher CNP Assurances et le groupe La Poste est en cours depuis 2018. Et désormais, une nouvelle étape clé vient d’être passée, confirmant la concrétisation du projet du gouvernement dans un futur proche. Le « grand pôle financier public » rêvé par l’actuel ministre de l’Économie et des Finances devrait voir le jour en 2020.
Rapprochement de CNP Assurances et La Poste : une opération (très) compliquée
En août 2018, un grand projet voyait le jour : réunir La Poste et CNP Assurances afin de créer un assureur public en France de grande ampleur. Il était alors officiellement lancé par le gouvernement. Dans les faits, l’opération de longue haleine s’est donc déroulée dans le cadre de la loi PACTE, adoptée le 11 avril 2019 par le Parlement, et définitivement promulguée le 22 mai.
Dans les faits, la Caisse des Dépôts et consignations – ou CDC –, institution financière publique française d’importance, doit céder ses parts dans CNP Assurances (40,87 %) à La Poste. De son côté, cette dernière prendra part à La Banque Postale afin qu’à terme celle-ci détienne la majorité du capital de l’assureur (62,13 %). Pour éviter une offre publique d’achat – ou OPA – de La Poste sur CNP Assurances, l’État veut transférer une partie du capital de La Poste en sa possession à la CDC. De fait, l’institution financière devient ainsi l’actionnaire principale de La Poste. Ainsi, la CDC détiendra 66 % du capital du groupe La Poste, et l’État 34 %.
La dernière étape avant de concrétiser le rapprochement entre La Poste et CNP Assurances était donc l’obtention d’une dérogation d’OPA par La Banque postale auprès de l’Autorité des marchés financiers – ou AMF. C’est seulement à cette dernière condition que la concrétisation d’un grand assureur public pouvait être envisagée.
Dernière étape cruciale à la réalisation de ce projet, la dérogation a finalement été obtenue fin juin 2019.
En 2018, le chiffre d’affaires de CNP Assurances était en hausse, avec une augmentation de 6,4 % du bénéfice net sur l’année, à 1,36 milliard d’euros.
La Poste : éternel service public ?
Plusieurs raisons motivent ce projet, dont celle de réinventer l’activité de La Poste, qui subit de plein fouet les changements technologiques dans son secteur dédié au courrier. L’entreprise enregistre des pertes sur son chiffre d’affaires à hauteur d’environ 500 millions d’euros par an. Mais l’enjeu va bien au-delà. Portée par le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, la loi PACTE ambitionne avec ce rapprochement de créer un pôle public de banque-assurance d’envergure, et à l’échelle européenne. « Je souhaite que cet outil financier public avec 1 000 milliards d’euros d’actifs puisse être opérationnel en janvier 2020 », a déclaré l’homme politique durant une conférence de presse. Il a aussi prôné les bénéfices « d’un outil financier public au service de l’intérêt général » comme « l’un des plus importants au monde ».
Avec le feu vert de l’AMF, le gouvernement va pouvoir réaliser ses ambitions. Mais si le plus gros du travail est fait, quelques questions restent encore en suspens. Au cœur du dossier, certains des principaux acteurs redoutent un manque de financement, et attendent donc de l’État qu’il s’engage totalement.
Cela passe notamment par le fait de continuer à verser la « compensation de la charge de service public » chaque année, afin que La Poste puisse continuer son activité dédiée au courrier. Si celle-ci souffre indéniablement, elle n’est pas pour autant obsolète. Il est important que La Poste n’oublie pas sa mission de service public dans le procédé.
Pour M. Lemaire, cela dit, il n’y a pas de doute : le temps est à la fin des divergences et à celui de l’efficacité : « L’ensemble des financeurs publics, pour la première fois dans l’histoire de la nation française, seront réunis au sein d’un seul et même pôle », a-t-il affirmé.
La Poste : quel avenir pour le service public ? Pour beaucoup, cette opération pose question. Face à la concurrence et au poids de la privatisation, comment sauver La Poste – et de fait, La Banque postale – en tant qu’institution publique ? Malgré l’insistance du ministre de l’Économie et des Finances, lequel déclarait que dans ce contexte « La Poste reste à 100% publique », les pourcentages du montage attestent du contraire. Si dans les faits la création de ce groupe de banque-assurance est public, il est difficile d’en ignorer la réalité hybride, avec un secteur privé de plus en plus influent.