La fermeture de Fessenheim n'engendrera pas de risque de black-out cet hiver.

Fermeture de Fessenheim : quels enjeux pour le marché de l'électricité ?

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Après une mise à l'arrêt du premier réacteur en février 2020, c'est au tour du second réacteur nucléaire de Fessenheim de tirer sa révérence. Il a stoppé ses activités dans la nuit du 29 au 30 juin 2020. Doyenne des centrales nucléaires de l'Hexagone, quelles seront les conséquences de la fermeture de Fessenheim pour les Français ?

Arrêt de Fessenheim : un risque de black out ? 

Comme le fait savoir LCI, en arrêtant la centrale, "la France va perdre 1800 megawatts de puissance électrique". La question du risque de black-out pour l'hiver 2020 se pose donc. Pourtant, RTE est formel, il n'y aura pas de coupures massives d'électricité cet hiver, ni en Alsace, une région fortement productrice d'énergie, ni dans le reste de la France.

"La région Grand Est produit deux fois plus d'électricité qu'elle n'en consomme, avec trois centrales thermiques, trois centrales nucléaires - Cattenom, Chooz et Nogent-sur-Seine - et plusieurs barrages hydroélectriques sur le Rhin."
Hortense Goulard, Journaliste aux Echos 
centrale nucléaire edf

Pour compenser la perte engendrée par la fermeture, l'Hexagone donc peut compter sur d'autres centrales nucléaires et thermiques mais aussi sur les énergies renouvelables, notamment dans l'Est de la France.

En outre, en cas de demande importante sur le réseau, la France pourra importer de l'électricité des pays voisins. Notamment, elle pourra procéder à des échanges avec l'Allemagne. Simplement, cela risque d'avoir un impact environnemental négatif puisque le mix énergétique allemand est constitué à 38% de charbon, une énergie fossile très polluante.

La fermeture engagera-t-elle une hausse des émissions de CO2 ? 

CO2

C'est fort probable ! Le nucléaire est une énergie relativement peu carbonée. Selon la Société Français d'Energie Nucléaire (SFEN), le maintien de Fessenheim "aurait donc permis à l’Europe d’émettre entre 6 et 10 millions de tonnes équivalent CO2 de moins chaque année".

Si la France fait appel à des centrales thermiques à gaz ou à charbon pour compenser la production d'électricité nucléaire mécaniquement, les émissions de gaz à effet de serre augmenteront. D'ailleurs des militants pro-nucléaires ont essayé de faire valoir cet argument sous la forme d'un happening devant les locaux de Greenpeace France, le 29 juin.

Mais les problèmes environnementaux soulevés par le nucléaire sont autres. Au-delà des enjeux de sureté, reste la question de la gestion des déchets nucléaires. Alors que le mix énergétique de la France repose à 70% sur l'atome, d'après la SFEN, 7% des "déchets sont entreposés sur les sites de production ou dans des sites dédiés dans l’attente de solution de stockage pérenne"

A l'inverse, les énergies renouvelables n'émettent aucun déchet liés à la production d'énergie. C'est pourquoi, la France souhaite passer à 32% d'énergies renouvelables dans sa consommation à horizon 2030.

"On souhaite être moins dépendant et ramener cette part à 50 % d'ici 2035 en développant des énergies renouvelables. La fermeture de Fessenheim, c'est la première étape de cette trajectoire."
Elisabeth Borne, Ministre de la Transition Ecologique et Solidaire

Vers une augmentation des tarifs de l'électricité ?

Le démantèlement de Fessenheim aura-t-il un impact sur les factures des Français ? Difficile à dire ! Pour l'instant, à priori, ni EDF, ni les autorités publiques n'ont affirmé que les factures grimperaient suite à la fermeture.

Pour autant l'opération présente un coût important. En effet, EDF évalue le démantèlement de chaque réacteur entre 350 et 500 millions d'euros. Mais, selon l'Assemblée nationale ce coût est largement sous-estimé !

"En Allemagne, E.ON évalue à 1,2 milliard d’euros le démantèlement d’un réacteur de 1 000 mégawatts comparable aux réacteurs français ; le coût du démantèlement des réacteurs 2 et 3 de la centrale de San Onofre, aux États-Unis, est estimé à 1,5 milliard d’euros l’unité. (...) On a du mal à imaginer que le coût du démantèlement d’un réacteur français soit trois à quatre fois inférieur à celui d’un réacteur allemand ou américain."
 Rapport Pompili - 5 juillet 2018

Dès lors, si les prévisions d'EDF s'avéraient trop justes, il est possible qu'à long terme, l'électricité finisse par augmenter. De toutes les manières, à court terme, bien que non reliée à Fessenheim, une hausse de la facture d'électricité est à prévoir en août 2020 du fait de l'augmentation du TURPE.

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