Jean-Bernard Lévy
Jean-Bernard Lévy (au micro sur la photo) est reconduit dans ses fonctions de PDG d'EDF.

Assemblée générale d'EDF : quel avenir pour l'électricien ?

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Du fait des élections européennes, la nouvelle est presque passée inaperçue. Pourtant, il y a quelques jours, l'assemblée générale d'EDF a eu lieu. Lors de cet événement, Jean-Bernard Lévy, PDG du groupe a annoncé de nouveaux caps pour l'électricien. Quels sont-ils ? Qu'impliquent-ils pour le groupe ? Selectra fait le point sur le futur d'EDF.

Un nouveau mandat de PDG pour Jean-Bernard Lévy

Ce n'est pas une surprise, Jean-Bernard Lévy repart pour un nouveau mandat de 4 ans. En effet, lors de l'assemblée, les actionnaires ont plébiscité à 97,94% sa reconduction en tant qu'administrateur du groupe. Il devrait être approuvé sans autre forme de procès par l'Etat. En février 2019, Emmanuel Macron avait fait savoir qu'il était favorable à la reconduction de l'ancien PDG. Son mandat sera placé sous le signe de "chantiers majeurs" déterminants pour l'avenir de l'électricien. 

Vers une réorganisation du groupe

Les raisons de la nouvelle organisation

Le nucléaire étant de moins en moins rentable et la concurrence s'étant ouverte en 2007 sur le marché de l'énergie, EDF doit changer de modèle s'il veut se maintenir. En novembre 2018, Emmanuel Macron avait demandé à l'électricien de changer sa stratégie de long terme. Un changement qui s'impose puisque l'Etat reste actionnaire à 83,66% d'EDF. Le plan Hercule qui décidera du futur du groupe doit être présenté à horizon 2022.

Un groupe scindé en deux ? 

L'assemblée générale a donc permis de présenter les possibles grandes lignes de la future stratégie. A priori, le groupe EDF s'apprête à être divisé en deux : une partie consacrée aux activités nucléaires et hydrauliques et l'autre comprenant les énergies renouvelables, les services énergétiques, les réseaux, etc. Une division qui ne sera "en aucun cas un démantèlement" d'après le PDG de l'entreprise. "Il s'agit le cas échéant de permettre aux différentes activités d'EDF, qui se développent à des rythmes et selon des modalités de financement diversifiés, de trouver les moyens d'assurer croissance et performance", a-t-il ajouté.

Dès lors, dans ce nouveau schéma, la partie liée au nucléaire pourrait être renationalisée. En effet, "les grands projets nucléaires ne peuvent plus se financer sans le soutien de l’Etat", comme le met en exergue Nicolas Goldberg, senior manager chez Colombus Consulting. Pour ce faire, le groupe a besoin de 8 milliards d'euros afin de pouvoir donner une indemnité aux actionnaires privés. L'autre partie serait, pour sa part, introduite en bourse. Pour en discuter davantage, le comité de la stratégie du conseil d’administration d’EDF se réunira le 28 mai. Ensuite, en juin, le projet sera dévoilé aux syndicats.

Une opposition syndicale

Mais d'ores et déjà, les syndicats se méfient de l'organisation à venir. En théorie, le statut particulier des agents EDF devrait être maintenu. Toutefois, les syndicats ont peur que cette nouvelle vision puisse lui porter préjudice. "Nous défendons l’entreprise intégrée, il est inconcevable de voir EDF démontée", a mis en avant Sébastien Menesplier, secrétaire général de la FNME-CGT.

La question du nucléaire

Un nouveau système pour l'Arenh ?

L'Arenh (Accès régulé à l'électricité nucléaire historique) est le dispositif qui impose à EDF, de revendre 25% de l'énergie d'origine nucléaire produite par le groupe à la concurrence à un prix bloqué à 42 euros le mégawattheure. Un système qui n'avantage pas EDF. "La régulation asymétrique de la vente de l'électricité nucléaire, et le prix qui a été fixé en 2011, qui n'a pas bougé depuis, sont des périls majeurs pour l'entreprise", comme le fait savoir Jean-Bernard Lévy. Ce dernier souhaite travailler avec l'Etat afin de mettre en oeuvre une "régulation équitable et durable" sur ce sujet. La modification du système de l'Arenh pourrait intervenir dès l'année prochaine. En effet, ce mécanisme influe beaucoup sur le calcul des tarifs réglementés de vente (TRV) de l'électricité. Or, François de Rugy, Ministre de la Transition Ecologique et Solidaire a fait savoir qu'il souhaitait que la méthode de calcul des TRV soit revue, en théorie, pour peser en moindre mesure sur la facture d'électricité des ménages français. 

Quid de l'EPR de Flamanville ? 

De lui-même, le PDG ne s'est pas engagé sur le sujet de l'EPR de Flamanville en Normandie, dont la construction et la mise en service ont pris un retard de plus de 10 ans. Certains actionnaires ont donc voulu savoir ce qu'il en était. En effet, le chantier a rencontré de nouveaux problèmes, notamment au niveau de certaines soudures. Pour y remédier, il faudrait alors encore une fois, décaler de plusieurs mois la mise en service et demander des rallonges au niveau budget. A l'heure actuelle, le dossier est entre les mains de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). A priori, il faudra bel et bien ré-entamer un chantier pour des raisons de sécurité. Un ennui de taille pour EDF, puisqu'un actionnaire a évoqué "un surcoût de 2 milliards" pour deux années de retard.

Or, l'EPR de Flamanville était censé ouvrir la voie à la construction d'autres centrales nucléaires. Les retards portent donc préjudice à toute la filière de l'atome en France. La construction de nouveaux réacteurs est donc remise en question. « Aujourd’hui, EDF ne peut pas nous dire quelle va être la date de mise en service. (…) Donc avant d’envisager d’en construire d’autres ou même d’en commander d’autres, il faut quand même apporter la preuve que ça fonctionne » avait expliqué le Ministre de la Transition Ecologique et Solidaire en octobre dernier.

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