Assemblée générale d'EDF 2018
L'assemblée générale d'EDF s'est tenue le 15 mai 2018.

Assemblée générale 2018 d’EDF : que retenir des annonces ?

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Mardi 15 mai, EDF a tenu son annuelle assemblée générale des actionnaires à Paris afin de présenter ses résultats de l’année 2017 ainsi que ses perspectives stratégiques. Que retenir de cette assemblée générale ? Retour sur les principales annonces du premier électricien mondial.

Après des résultats plutôt décevants annoncés en avril dernier, cette assemblée générale 2018 était très attendue de la part des actionnaires du groupe. En effet, le chiffre d’affaire de l’électricien reculait encore en 2017 de 2,2% quand son résultat opérationnel chutait lui de 16%. Mais Jean-Bernard Levy, le PDG d’EDF, affirmait alors sans ciller que 2018 serait “l’année du rebond” pour le groupe ; affirmation qu’il a reformulée hier avec confiance devant l’assemblée des actionnaires présents.

Pour justement rétablir cette confiance et rassurer, le groupe a alors affiché des objectifs ambitieux : premièrement envers ses clients, mais aussi et surtout en confirmant son engagement dans la transition vers une production d’électricité décarbonée et dans de nombreux projets internationaux qui se concrétisent.

Multiplier les innovations pour satisfaire ses clients

C’est le premier pilier de la stratégie du groupe : continuer à satisfaire ses clients sur le marché français. L’ancien fournisseur historique d’électricité détient en effet encore 82% du marché des consommateurs particuliers.

Mais face à une concurrence toujours plus accrue, l’électricien perd environ 100 000 clients par mois au profit de fournisseurs alternatifs. Et la concurrence ne devrait pas se tarir, en atteste le rachat récent de Direct Energie, 3ème fournisseur français, pas le groupe Total. D’autres nouveaux venus ne cessent d’ailleurs de pénétrer le marché de l’électricité, comme Butagaz ou CDiscount.

Face à cette concurrence toujours plus féroce, Jean-Bernard Levy affirme pourtant que chaque mois, de nombreux clients reviennent vers EDF pour sa qualité de service, synonyme de la confiance qu’ont les usagers français dans l’entreprise et son “sens permanent du service public”, y compris pour leurs données personnelles, pointant non explicitement du doigt son concurrent Direct Energie, récemment épinglé par la CNIL à propos des données des compteurs Linky collectées.

A ce titre, le PDG du groupe a d’ailleurs souligné que les 5000 conseillers sont encore aujourd’hui tous basés en France, faisant écho à la situation de son concurrent Engie (ex-GDF) dont les syndicats dénoncent la délocalisation de ses centres d’appel au Portugal, à l’Ile Maurice ou au Maroc.

Par ailleurs, EDF a réaffirmé son engagement à proposer de nouvelles innovations concrètes pour les usagers : 

  • élargissement progressif des offres associées à Sowee et outils numériques gratuits afin de suivre sa consommation (application Équilibre, application EDF et Moi, fil d’actu connecté au compteur Linky, etc.) ;
  • lancement de deux nouvelles offres d’électricité verte pour répondre aux exigences d’énergie renouvelable des consommateurs ;
  • démarrage de l’offre Notre Soleil et Nous pour l’autoconsommation des collectivités, à l’image de l’offre Mon Soleil et Moi qui fait d’EDF le fournisseur numéro un des offres d’autoconsommation auprès des particuliers.

EDF compte réduire ses émissions de CO2 de 40 % d’ici 2030

Le deuxième pilier stratégique annoncé par EDF concerne son engagement dans la transition vers la production d’électricité décarbonée et les énergies renouvelables, tout en augmentant cette même production d’électricité.

Il n’y aura pas de réduction des gaz à effets de serres sans plus d’électricité.

A ce titre, le groupe a annoncé viser un maximum de 30 millions de tonnes de CO2 par an d’ici 2030, contre 51 millions aujourd’hui. EDF émet pour l’instant 82g de CO2 par kWh d’électricité produite (c’est déjà 6 fois moins que la moyenne mondiale du secteur). L’objectif est alors d’atteindre 40g de CO2 par kWh d’électricité produit en 2030, soit 2 fois moins qu’aujourd’hui.

Par ailleurs, le PDG du premier électricien mondial a réaffirmé son ambition d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050, tout en rappelant que depuis 2013, le groupe a réduit de 35% ses émissions de CO2. EDF souhaite ainsi se positionner comme pionnier d’une production d’énergie plus durable, en précisant que ce niveau d’émission n’a encore jamais été atteint par aucun grand électricien.

Afin d’atteindre son objectif, EDF souhaite premièrement fermer ou adapter des centrales à charbon et au fioul, qui représentait encore 4% de la production mondiale du groupe en 2016. Selon les indicateurs de développement durable d’EDF, les émissions directes de centrales à charbon représente aujourd’hui 22 millions de tonnes de CO2 émis. Rien que l’arrêt de ces centrales à charbon lui permettrait d’atteindre son objectif de réduction d’émissions de CO2.

En 2016, la production mondiale d’EDF était assurée à 78% par le nucléaire, 8% par l'hydraulique, 8% par le gaz, 4% par le charbon-fioul et 2% par les énergies renouvelables.

Pour remplacer ses capacités de production au charbon ou au fioul, le groupe entend accélérer le développement de moyens de production renouvelables en complément du nucléaire et de l’hydraulique.

A ce titre, dévoilait en décembre dernier un ambitieux plan pour développer massivement l’énergie solaire photovoltaïque en France métropolitaine avec le déploiement de capacités de production solaire de 30 GW entre 2020 et 2035.

Le deuxième grand plan, annoncé par EDF en mars dernier, concerne le stockage de l’électricité. 8 milliards d’euros devraient être investis (à l’aide de partenaires) d’ici 2035 pour développer des capacités de stockage de 10 GW à travers le monde.

Si l'électricien s’engage davantage sur voie du renouvelable et de la production décarbonée, c’est en partie pour suivre les injonctions de l'État français qui reste actionnaire majoritaire d'EDF à 83,5%. Le gouvernement affirme en effet son orientation vers le développement des énergies renouvelables en France et vers une moindre dépendance au nucléaire à moyen terme.

Soutenir un développement fort à l’international

Le troisième pilier stratégique de groupe concerne ses activités à l’international. Comme le rappelle son PDG, EDF multiplie les projets à l’international dans une logique de développement et surtout pour aller chercher la croissance là où elle se trouve.

La volonté du groupe est alors d’accompagner les pays dans leur transition énergétique pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. A ce titre, Jean-Bernard Levy est revenu sur plusieurs projets en cours :

  • le développement de parcs éolien dans une quinzaine de pays, notamment en Inde ou un parc devrait fournir 600 000 foyers ;
  • le développement solaire, notamment en amérique du sud avec la plus puissante centrale solaire d’amérique latine au Brésil (Pirapora, 450 000 foyers concernés) ou au Chili avec le projet Santiago Solar ;
  • le développement nucléaire, fer de lance de l’expertise du groupe français, avec la mise en service prochaine du premier EPR au monde à Taishan (Chine),qui a reçu en avril dernier l’autorisation de chargement du combustible, ou encore la perspective de construction de 6 EPR en Inde avec un accord cadre signé en en mars dernier.

EDF souhaite la suppression de l’accès à l’énergie nucléaire accordé aux fournisseurs concurrents

En clôture de son discours, Jean-Bernard Levy a de nouveau formulé son souhait de revenir sur l’Arenh (Accès régulé au nucléaire historique). Ce dispositif permet en effet aux fournisseurs d’électricité alternatifs, concurrents d’EDF, de lui acheter l’énergie nucléaire qu’il produit à un prix contrôlé et fixé à 42 € par MWh afin de fournir leurs clients respectifs.

Ce mécanisme, mis en place en 2011 afin de développer la concurrence sur le marché français, doit normalement être maintenu jusqu’en 2025. Mais selon le PDG du groupe, ce dispositif n’a plus raison d’être aujourd’hui. EDF critique d’ailleurs régulièrement l’impact négatif de ce dispositif sur ses résultats. Le groupe souligne notamment un prix de vente trop bas et surtout les possibilités d’arbitrage laissés aux fournisseurs alternatifs, rendant le dispositif inflexible aux évolutions du marché de l’électricité.

Les concurrents de l'opérateur historique avaient en effet délaissé ce système de fin 2015 à mi-2016 en préférant s'approvisionner sur les marchés de gros où les prix avaient chutés, avant de revenir vers l’Arenh fin 2016 avec la remontée des prix. Les fournisseurs alternatifs n’ont en effet aucune obligation d’acheter de l’électricité à EDF au moyen de l’Arenh, alors que les prix y sont fixés.

Mi-mars, la cour des comptes s’est d’ailleurs exprimée dans ce sens en proposant de rehausser les tarifs de ce dispositif afin de l’adapter aux coûts croissants de la production d’électricité nucléaire.

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