Covid-19 : quelles mesures ont été mises en place par le secteur de l’assurance ?
Quelles mesures ont été mises en place par le secteur de l’assurance ?

Covid-19 : quelles mesures ont été mises en place par le secteur de l’assurance ?

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Alors que le confinement a pris fin, les discussions autour du rôle des assureurs en temps de crise sanitaire semblent toujours d’actualité. L’occasion de faire un point sur quelques-unes des mesures concrètes mises en place par les acteurs assurantiels, et sur les réflexions provoquées par la pandémie de Covid-19 quant à leur participation à l’effort national, ainsi que celle qu’ils pourraient avoir dans le futur en cas de nouvelle(s) crise(s).

  • En bref
  • Depuis le début de la pandémie de Covid-19, les débats font rage au sujet de la place des assureurs dans la gestion de crise.
  • Pour beaucoup, les mesures concrètes sont arrivées trop tard et cet état de fait demande de lancer une réflexion plus vaste sur leur rôle dans de telles situations.
  • Au total, la Fédération française de l’assurance a déclaré un investissement de 3,2 milliards d’euros déployés dans différentes mesures exceptionnelles.
  • L’idée de créer un nouveau régime assurantiel prenant en compte les risques liés aux pandémies, et donc les pertes d’exploitation pour les entreprises, semble faire son chemin.

Covid-19 : le secteur de l’assurance est-il suffisamment mobilisé ?

La question de l’engagement des assureurs dans la gestion de crise sanitaire et économique liée au Covid-19 revient sans cesse. Elle est présente dans les débats publics depuis le début et source de nombreux débats. Bien que certains la considèrent trop tardive ou insuffisante, l’implication des assureurs existe. Au mois d’avril 2020, deux dirigeants du secteur français annonçaient à Reuteurs leur volonté d’investir 1 milliard d’euros dans divers fonds de soutien aux petites et moyennes entreprises – ou PME – particulièrement touchées par la crise, ainsi que dans le domaine de la santé. Antoine Lissowski, le directeur général de CNP Assurances, a ainsi expliqué à l’agence de presse qu’« au fil des discussions avec la Caisse des Dépôts d’un côté et avec les assureurs de l’autre, [ils ont] eu l’idée de mettre en place un programme d’investissement en commun. » Ce programme piloté par la Caisse des Dépôts devrait permettre la réouverture de fonds clés lancés par cette dernière et d’autres acteurs de l’assurance il y a quelques années et destiné aux PME. Outre l’investissement dans le secteur de l’entreprise, Antoine Lissowski précise que « l’investissement privé en matière de santé avait besoin d’être réalimenté » et a donc exprimé leur volonté d’agir en ce sens.

Covid-19 : le secteur de l’assurance est-il suffisamment mobilisé ?
Les assureurs ont appuyé leur participation à l’effort national.

Au-delà de cet engagement pris par CNP Assurances et la Caisse des Dépôts, la Fédération française de l’Assurance – ou FFA – a aussi fait diverses annonces concernant les actions et l’investissement du secteur de l‘assurance dans son ensemble au mois d’avril. En tout, cela représente 3,2 milliards d’euros, répartis entre différentes actions. Entre autres : une série de mesures extracontractuelles et solidaires pour les particuliers et professionnels les plus fragilisés par la crise ; des mesures à destination des personnes les plus exposées au virus, comme le personnel médical, avec notamment des aménagements de contrats en période de confinement ou encore un programme d’investissements global en fonds propres se concentrant en priorité sur l’aide apportée aux publics les plus vulnérables, aux personnels soignants, mais aussi aux petites entreprises et aux indépendants.

De manière générale, après que le gouvernement est à nouveau rappelé l’importance de la participation de chaque acteur, public ou privé, dans l’effort national, les assureurs ont officialisé leur engagement en vue de la reprise économique du pays. Lors de son discours du lundi 13 avril, le président Macron n’avait pas tourné autour du pot : « [Les assureurs] doivent être au rendez-vous de cette mobilisation économique. J’y serai attentif. » Cela s’est illustré dans la prise de mesures plus ambitieuses mais aussi, par le lancement d’une réflexion généralisée autour d'un éventuel nouveau régime assurantiel prenant en compte les risques liés à une crise sanitaire comme celle du Covid-19. « Il faut encore définir les règles du jeu, les modalités d’accumulation de réserves, la manière dont elles se déclenchent et à qui elles profiteront », a déclaré Thierry Martel, président de Groupama et vice-président de la FFA, sur ce sujet.

Covid-19 : le secteur de l’assurance est-il suffisamment mobilisé ?
Quelles responsabilités portent les assureurs dans la gestion d’une crise comme celle du Covid-19 ?

« Face à cette crise inédite qui se prolonge, le secteur s’est mis en ordre de marche et fait des efforts exceptionnels afin d’aider les entreprises et les personnes les plus fragiles à surmonter cette crise, a ainsi déclaré Florence Lustman, présidente de la Fédération française de l’Assurance. Nous réaffirmons notre volonté de participer à la solidarité nationale et d’anticiper la sortie de crise dans la limite de nos moyens. Notre première responsabilité vis-à-vis de nos assurés, c’est de préserver la solidité de nos entreprises, comme l’ont rappelé récemment les autorités de contrôle françaises et européennes de la profession. » La contribution des assureurs au fonds de solidarité mis en place par le Gouvernement a ainsi doublé, passant de 200 à 400 millions d’euros.

Assurances et Covid-19 : Les raisons de la colèreDepuis le début de la crise, l’objet de toutes les tensions peut se résumer en deux mots : pertes d’exploitation. Celles-ci ne faisant pas partie des risques couverts par une grande majorité des contrats d’assurance des entreprises, ces dernières se retrouvent dans une situation particulièrement compliquée. Le gouvernement, lui, a très rapidement exprimé sa position puisqu'il ne prendra pas les pertes d’exploitation à sa charge, c’est aux assureurs d’agir. Une forte pression a ainsi été mise sur ceux-ci ces dernières semaines afin qu’ils prennent des mesures concrètes.

Covid-19 : les diverses mesures du secteur de l’assurance face à la crise

En fin de compte, l’action des assureurs pour participer à l’effort national se présente donc aussi bien en tant que collectif, avec des mesures impulsées par le secteur tout entier, que par des prises de décisions spécifiques à chacun d’entre eux. Par exemple :

  • AG2R La Mondiale a annoncé des mesures chiffrées à 500 millions d’euros, avec notamment « une aide exceptionnelle » destinée aux personnes les plus fragiles qui ont dû se mettre en arrêt de travail durant le confinement ;
  • AXA a annoncé l’investissement de 5 millions d’euros dans la recherche sur les maladies infectieuses et a facilité l’accès à ses services de téléconsultations en Belgique, les rendant gratuits ;
  • Groupama a déclaré avoir investi plus de 20 millions d’euros pour aider les personnes les plus fragilisées par la crise ;
  • La Maif a annoncé le remboursement de 2,8 millions d’assurés auto ;
  • La Matmut a décidé de geler ses tarifs d’assurance auto jusqu’à la fin de 2021 ;
  • Le CIC a annoncé sa volonté de verser 200 millions d’euros à ses clients professionnels assurés en cas de pertes d’exploitation.

La pandémie de Covid-19 a provoqué un bouleversement dans le secteur de l’assurance, le poussant à réfléchir à sa fonction même au cœur de la société. Les discussions et débats de ces derniers mois auront semble-t-il de nombreuses conséquences sur le modèle assurantiel de demain, à l’échelle de la France, mais aussi au niveau européen. Sur la question d’un nouveau régime d’assurance, Cyrille Chartier-Kastler du cabinet Facts & Figures estimait ainsi qu’« un tel régime ne pourrait avoir de sens que s’il était européen. Plus ces risques seront appréhendés à l’échelle européenne et non pas à l’échelle nationale, mieux ce sera. »

Covid-19 : les diverses mesures du secteur de l’assurance face à la crise
La crise actuelle pourrait amener le monde de l’assurance à se questionner sur lui-même.

Pour Dominique Mahé, président du groupe Maif, il est ainsi nécessaire de revenir à des fondamentaux. Comme il l’expliquait dans La Tribune : « Les assureurs ont foncièrement une activité d’utilité sociale. […] Pour les assureurs et les entreprises en général, cette crise fait la démonstration que le temps est venu de considérer que la responsabilité d’une entreprise n’est pas seulement la production de biens et de services. À l’objet social doit s’ajouter un objet sociétal et les entreprises doivent s’interroger sur leur participation au bien commun. » Le débat sur le rôle des assureurs au sein de la société ne fait donc que commencer.

Covid-19 : les assureurs mis à mal par la crise sanitaire ?Selon Florence Lustman, les pertes d’exploitation liées à la crise sanitaire se chiffreraient à près de 60 milliards d’euros. La présidente de la FFA estimait par ailleurs qu’ « indemniser les pertes d’exploitation liées à la pandémie reviendrait à mettre le secteur de l’assurance à terre. Personne n’a intérêt à ce que cela se produise. Nous ne pouvons pas mettre en péril l’argent que les Français nous ont confié, il s’agit en grande partie de leur épargne. »

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