Assurance emprunteur : pourquoi coûte-t-elle plus cher que les intérêts du crédit immobilier ?

Assurance emprunteur : pourquoi coûte-t-elle plus cher que les intérêts du crédit immobilier ?

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Comment choisir la meilleure offre de crédit immobilier ? Désormais, pour beaucoup de consommateurs, le coût de l’assurance emprunteur, indispensable pour se protéger contre les imprévus, dépasse celui des taux d'intérêt. Quelles sont les raisons de ce phénomène ? Et pourquoi est-il plus que jamais essentiel de faire jouer la concurrence ?

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  • En bref : Comment bien choisir l’assurance de son prêt immobilier en 2021 ?
  • Ces derniers mois, les crédits immobiliers ont atteint des taux historiquement bas ;
  • Cela a permis de faciliter l’accès aux prêts à davantage de personnes ;
  • Néanmoins, aujourd’hui, malgré la libéralisation du marché de l’assurance emprunteur, celui-ci reste dominé par les banques ;
  • Les banques, en raison des taux d’emprunt bas, se rattrapent sur le coût de l’assurance des crédits immobiliers ;
  • Désormais, la part de l’assurance emprunteur sur le coût total du crédit dépasser les 50 % ;
  • Plus encore qu'avant, les consommateurs doivent donc évidemment toujours faire attention au taux d’intérêt de leur prêt immobilier, mais également prendre en compte le prix de l’assurance emprunteur ;
  • Au moment de la souscription au crédit, ils peuvent ainsi opter pour la délégation d’assurance ou, si cela n’a pas déjà été fait à la signature du contrat, en changer librement la première année ou par la suite, sous conditions.

Crédit immobilier : le nombre d’emprunteurs augmente, les taux baissent

Chaque année, sur Selectra, nous évoquons de manière détaillée la hausse tarifaire des assurances, les raisons à l’origine de ce phénomène et ses conséquences pour les consommateurs. En 2020, afin de comprendre cette tendance, il a fallu prendre en compte la crise sanitaire liée au Covid-19, laquelle a profondément bouleversé le secteur assurantiel.

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En 2021 encore, la hausse des tarifs assurantiels pèse lourd sur le porte-monnaie des consommateurs et leur pouvoir d'achat.

En période d’incertitude économique, il est d’autant plus intéressant de se pencher sur les conditions participant à l'évolution des entreprises qui nous proposent des services essentiels au quotidien. Le cas du marché de l’assurance emprunteur est particulièrement important, puisqu’il a un rôle central dans la vie des consommateurs.

Depuis dix ans, grâce à son ouverture à la concurrence en 2010 avec la loi Lagarde, ce marché connaît une lente métamorphose. De plus, avec la loi Hamon de 2014, la résiliation de l’assurance emprunteur a largement été facilitée. Bien que les banques dominent ce secteur encore aujourd’hui, les consommateurs ont la possibilité d’opter pour la délégation d’assurance afin de protéger leur crédit, c’est-à-dire de le couvrir auprès d’une assurance qui n’est pas celle proposée par l’établissement prêteur.

À toutes fins utiles, rappelons que l’assurance emprunteur garantit le remboursement du crédit en cas de décès de l’assuré, ou si ce dernier n’a plus la capacité de travailler. Le taux de l’assurance du prêt, ou taux annuel effectif de l’assurance – dit TAEA –, s’ajoute à celui du crédit et permet de calculer plus efficacement son coût réel. Cela facilite le comparatif d'offres pour les particuliers. Le TAEA est inclus dans le taux annuel effectif global – dit TAEG.

Globalement, même si les résultats ne sont pas forcément à la hauteur des attentes de certains, le dernier bilan du Comité consultatif du secteur financier – ou CCSF –, publié en 2020, montrait que l’ouverture à la concurrence de l’assurance emprunteur profite aux consommateurs, notamment grâce à une baisse tarifaire des contrats allant de 10 % à 40 % sur dix ans. Cette baisse n’a par ailleurs pas impacté négativement le niveau de garanties proposé aux assurés.

Néanmoins, les conclusions du document sont très nuancées et la réalité de ce marché a de quoi interroger. Ces derniers mois, les taux d’intérêt des crédits immobiliers ont atteint des niveaux historiquement bas. Cela a eu pour conséquence de faciliter l’accès au crédit, mais aussi, parallèlement, d’allonger la durée d’emprunt pour les particuliers. Aujourd’hui, pour de nombreux emprunteurs, l’assurance du prêt coûte plus cher que les intérêts, rapporte Le Monde.

En 2019, le marché français de l’assurance emprunteur représentait 9,807 milliards d’euros. Sur cette somme, la part de la délégation d’assurance était de 11,54 % et chiffrée à 1,132 milliards d’euros (source : Fédération française de l’assurance).

Les règles d’or de l’assurance emprunteur : déléguer, comparer, changer, économiser

Réaliser un crédit immobilier, c’est prendre en compte le poids du tarif de l’assurance emprunteur dans son engagement financier. Comme le rappelle Le Monde, celle-ci a toujours été significative, soit « entre 30 % et 50 % du coût total du crédit immobilier ». Mais aujourd’hui, avec la baisse du taux d’emprunt, l’assurance emprunteur peut représenter « plus de 50 % » du prêt. C’est ce qu’explique Astrid Cousin, porte-parole du courtier Magnolia : « Il y a trois ans, seuls les emprunteurs seniors ou à risques, souffrant d’une pathologie ou pratiquant une activité dangereuse, voyaient le coût de leur assurance dépasser celui des intérêts. Maintenant, quasiment tous les emprunteurs de plus de 40 ans sont dans cette situation ».

En cause ? La domination des banques sur le marché de l’assurance emprunteur. En 2019, selon le CCSF, seuls 12,40 % d’emprunteurs ont fait jouer la concurrence. Encore trop souvent aujourd’hui, lorsqu’on s’engage dans un crédit immobilier, on souscrit à l’assurance de la banque prêteuse. Cela peut notamment s’expliquer par le fait que quantité de consommateurs ignorent qu’ils ont une autre option à leur portée, ou que, par la suite, ils ont également la possibilité d’en changer facilement après souscription.

Cette situation est largement favorisée par la mauvaise volonté des banques, lesquelles rechignent à clairement informer leurs clients, voire refuse carrément la délégation d’assurance. Pour Astrid Cousin, « les banques ne gagnent plus suffisamment d’argent avec le crédit et se rattrapent sur l’assurance », ce qui explique son coût croissant. « Une banque réalise une marge moyenne de 50 % à 80  % sur une assurance emprunteur, précise-t-elle. Elle ne va donc pas proposer à son client de faire jouer la concurrence ». En 2019, indique Le Monde, le Crédit Mutuel et le Crédit Agricole représentaient à elles seules 56 % des nouveaux contrats de crédit sur cette année. Et ces deux banques « n’ont accepté que 4 % d’externalisation de l’assurance ».

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Ajoutons que même un particulier renseigné pourrait être aisément découragé par les démarches à effectuer pour une délégation d’assurance. Il n’est donc pas compliqué pour la banque prêteuse de mettre en avant sa proposition.

La procédure liée à une acquisition immobilière est déjà complexe en elle-même, voire démoralisante. Alors, pour l'emprunteur, devoir se lancer dans le comparatif d'offres afin de trouver la meilleure assurance peut rapidement être démotivant.

Cet état de fait pénalise indéniablement les consommateurs. En gardant leurs clients dans l’ignorance ou en les décourageant d’opter pour une offre différente, les banques leur ôtent la possibilité de faire jouer la concurrence et de réaliser de véritables économies. Julien Fillaud, directeur général du comparateur Hyperassur, estime qu’« à l’heure où on cherche à faire gagner du pouvoir d’achat aux Français, trois milliards d’euros pourraient leur être rendus sur ce marché qui représente dix milliards ».

Assurance emprunteur : il n’est jamais trop tard pour faire jouer la concurrence !Un assuré peut changer d’offre à tout moment durant la première année de son crédit. Si la renégociation de l’assurance prêt immobilière n’aboutit pas, il est possible d’aller voir ailleurs. Les démarches sont simples pour résilier son assurance emprunteur, bien qu'il soit important de se renseigner attentivement. Tout refus par la banque devra être justifié.

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