Charbon : CNP Assurances annonce une sortie définitive d’ici 2040
Un an après l’engagement collectif de la place financière de Paris vers une sortie définitive du charbon, où en est-on ? En ce début d’été, le groupe CNP Assurances a annoncé son plan d’action, détaillant les différentes mesures mises en place pour parvenir à mettre fin à l’investissement de son portefeuille dans cette industrie d’ici 2040 au niveau mondial.
- En bref : CNP Assurances renouvelle son engagement pour un avenir vert
- En juillet 2019, la place financière de Paris s’engageait collectivement à stopper son engagement financier dans l’industrie du charbon thermique dans les prochaines années ;
- CNP Assurances avait annoncé fin 2019 vouloir doubler ses investissements vers d’ici 2023 ;
- En ce début d’été 2020, le groupe a fait part de son plan de sortie définitive du charbon, d’ici 2030 pour les pays de l’Union européenne et de l’OCDE, et d’ici 2040 pour le reste du monde ;
- Dans son communiqué de presse, CNP Assurances détaille son plan d’action pour mettre en œuvre sa transition vers une politique d’entreprise plus verte, déterminé à œuvrer dans le sens des engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat.
Écologie : quand les assureurs joignent la parole aux actes
On le sait, la transition écologique est aussi un enjeu du secteur assurantiel. Celui-ci est en lien étroit avec l’industrie du charbon, et fin 2018, le réseau d’ONG Unfriend Coal publiait un rapport établissant le classement des grands acteurs du marché soutenant cette industrie. Le but était très simple : mettre en avant le décalage entre un discours toujours plus important d’engagement écologique venant de certaines entreprises, et la réalité de la situation. Ce type de documents permet de mettre la pression sur les sociétés, afin qu’elles joignent les mots à l’action – notamment en les poussant à rompre leur lien direct à l’industrie du charbon pour qu’elle stoppe la souscription à de nouveaux contrats d’assurance auprès de ses acteurs.
Le document n’avait pas pour but de dénoncer, mais bel et bien de partager en toute transparence l’investissement financier des assureurs dans l’énergie fossile, tout en indiquant les différentes mesures concrètes mises en place par ceux-ci en vue d’un changement de politique. Sans surprise, si les États-Unis étaient en tête de liste, aucun pays ne parvenait franchement à se distinguer par son comportement exemplaire.
L’engagement écologique de CNP Assurances n’est pas nouveau, et l’entreprise se distingue depuis plusieurs années en agissant en ce sens. Fin 2019, CNP Assurances s’engageait à doubler ses investissements verts d’ici 2023, mais aussi à déployer de véritables mesures pour accélérer son désengagement auprès de l’industrie du charbon. Début juillet 2020, l’assureur communiquait à nouveau sur le sujet, annonçant l’adoption d’un plan de sortie définitive du charbon thermique. « Avec plus de 300 Md€ investis dans tous les secteurs économiques, CNP Assurances considère qu’il est de sa responsabilité de tenir compte des impacts environnementaux de ses décisions d’investissement, explique ainsi Antoine Lissowski, directeur général de CNP Assurances. L’adoption d’un plan de sortie définitive du charbon thermique constitue une nouvelle étape de notre stratégie en faveur de la transition énergétique. »
Axa est l’un des acteurs dont les actions en faveur de l’écologie ont le plus fait de bruit ces dernières années, puisque depuis 2017, l’assureur a progressivement désinvesti des entreprises dépendant à 50 % du charbon pour leurs activités.
Industrie du charbon : quel plan de sortie pour CNP Assurances ?
C’est un geste fort auquel s’engage CNP Assurances, dont le rapprochement avec La Banque Postale est désormais officialisé : se désengager à 100 % du secteur du charbon. Dans son communiqué, l’assureur annonce l’adoption d’un plan qui lui permettra une sortie définitive « d’ici 2030 dans les pays de l’Union européenne et de l’OCDE, et d’ici 2040 dans le reste du monde ». Cela passera donc par un désinvestissement progressif « des entreprises dont plus de 20 % du chiffre d’affaires est lié au charbon thermique », mais aussi l’exclusion de certaines entreprises (dont les critères sont listés plus bas) de leur portefeuille. Enfin, CNP Assurances demandera à ses entreprises partenaires de publier « un plan de désengagement du charbon thermique aligné sur une sortie d’ici 2030 dans les pays de l’Union européenne et de l’OCDE, et d’ici 2040, dans le reste du monde, reposant sur la fermeture et non la vente des actifs ».
Alors que la communauté scientifique alerte sur l’urgence climatique, mais aussi sur le non-respect des engagements pris en vertu de l’Accord de Paris pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, l’annonce de CNP Assurances semble s’imposer comme l’exemple à suivre. Comme le rappelle l’assureur, « le 2 juillet 2019, la place financière de Paris s’était collectivement engagée à mettre fin à terme au financement du charbon thermique avec un calendrier global de désengagement ». Cependant, l’on peine encore à constater de mesures radicales allant en ce sens, même si, sur le papier, les gros acteurs respecteraient leurs engagements. Selon Finance For Tomorrow – ou FFT –, malgré un léger retard de calendrier, « d’ici à fin 2020, tous les grands acteurs de la place de Paris auront défini leur stratégie de sortie du charbon. »
Plus qu’un effet d’annonce, CNP Assurances veut ainsi préciser son champ d’action pour exclure l’industrie du charbon de son portefeuille d’investissement. D’après le document publié par le groupe, les entreprises qui seront exclues seront donc celles qui :
- Développent de nouvelles infrastructures contribuant à l’exploitation du charbon thermique – centrales à charbon, mines de charbon ou infrastructures diverses ;
- Disposent d’une capacité de production d’électricité à partir de charbon thermique supérieure à 5 GW ;
- Possèdent plus de 10 % du chiffre d’affaires est lié au charbon thermique ;
- Produisent plus de 10 millions de tonnes de charbon thermique par an.
Le groupe veut continuer son travail vers l’adoption d’une politique écoresponsable et transparente. Une démarche incitative, concernant à la fois ses propres structures, mais aussi tous les acteurs avec lesquels CNP Assurances travaille.
Le réchauffement climatique est un problème de société global. Il concerne tous les aspects de nos vies. Et, d’un point de vue économique, il a évidemment un coût, et celui-ci aurait été d’en moyenne 3 milliards d’euros annuels pour les assureurs ces dernières années.