CNP Assurances s'engage dans la transition énergétique

CNP Assurances vise les 20 milliards d’euros d’investissements verts d’ici 2023

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La pression se fait de plus en plus forte sur les acteurs de l’assurance afin que ceux-ci œuvrent en faveur de la transition énergétique. Alors que la crise climatique gagne en ampleur, il semble urgent d’agir et de ne plus se limiter aux déclarations engagées. Encore et toujours, les organisations écologistes veillent à ce que chacun fasse sa part. CNP Assurances a annoncé des mesures concrètes et des objectifs pour aller en ce sens.

  • En bref : CNP Assurances, des mesures en faveur de la transition énergétique
  • CNP Assurances veut doubler ses investissements verts d’ici 2023, soit 20 milliards d’euros, contre 10,4 milliards d’euros fin 2018 ;
  • Des mesures devraient être déployées pour accélérer le désengagement de CNP Assurances du charbon ;
  • Face au risque de greenwashing, les ONG restent prudentes et savent qu’il faudra demander à certains acteurs réticents de rendre des comptes régulièrement, pour qu’aux mots se joignent enfin les actes.

Désengagement du charbon : l’un des grands défis des acteurs assurantiels à travers le monde

Comment les acteurs de l’assurance peuvent-ils travailler en faveur de la transition énergétique pour protéger la planète ?

La question de la mise en œuvre de changements de fond au cœur du secteur assurantiel pour l’écologie prend de plus en plus de place dans la discussion publique. Il n’y a pas si longtemps d’ailleurs, Selectra se questionnait à ce sujet : les choses changent-elles assez vite en matière de transition énergique chez les assureurs ? Le rapport pour l’année 2018 du réseau d’ONG Unfriend Coal faisait ainsi le classement des grands acteurs du marché concernant leur lien à l’industrie du charbon. Le but était alors de rendre public le décalage entre un discours qui se veut souvent concerné par les dangers de la crise climatique, et le manque de mesures concrètes pour véritablement transformer la société. Les États-Unis arrivaient en tête des mauvais joueurs, mais en fin de compte, aucun pays ne se distinguait réellement par ses actes. Axa tirait cela dit légèrement son épingle du jeu, puisque depuis décembre 2017, l’assureur a désinvesti des entreprises dépendant à 50 % du charbon pour leurs activités.

Ces dernières années, le réchauffement climatique a coûté en moyenne 3 milliards d’euros par an aux assurances. L’enjeu est donc évidemment économique, mais il dépasse à bien des égards la question financière. C’est de l’avenir de nos sociétés dont il s’agit ici. Peu à peu, notamment grâce à la pression d’organisations de lutte pour l’environnement, mais aussi la sensibilisation croissante du grand public à la cause climatique, les acteurs de l’assurance accélèrent le mouvement. En juin 2019, par exemple, le Crédit Agricole Assurances décidait de déployer une stratégie pour aider à la reforestation.

Il y a peu, un nouveau rapport de BankTrack et Unfriend Coal interpellait à nouveau les acteurs financiers afin que ceux-ci tiennent parole et respectent les engagements qu’ils avaient pris en juillet dernier pour sortir du charbon : « Au plus tard à la mi-2020, les acteurs de la place financière de Paris se doteront d’une stratégie charbon [et] définiront un calendrier de sortie globale du financement des activités charbon », avait-il été alors indiqué. Il est temps de créer un changement plus fort, plus grand. Et certains assureurs l’ont bien compris. En novembre 2019, CNP Assurances a ainsi annoncé de nouveaux objectifs pour travailler en faveur de la transition écologique et énergétique dans un communiqué.

CNP Assurances : les résultats à la hauteur des ambitions ?Fin 2017, CNP Assurances s’était engagée à dédier 5 milliards d’euros entre 2018 et 2021 pour de nouveaux investissements allant dans le sens de la transition énergétique. L’été dernier, l’entreprise annonçait avoir dépassé ses objectifs, chiffrant ses investissements verts à 5,2 milliards d’euros depuis 2018.

CNP Assurances : une série de mesures concrètes pour l’écologie et sortir du charbon

Joindre l’acte à la parole. Voilà ce qu’attendent les organisations écologistes de la part de CNP Assurances après son annonce. Sur ses quatre principaux objectifs précédemment annoncés en faveur de la transition énergétique et écologique, CNP Assurances se félicite d’en avoir atteint trois, voire dépassé certains. Ces objectifs étaient : la réduction de 20 % la consommation d’énergie du patrimoine immobilier entre 2006 et 2020, la réduction de 47 % de son empreinte sur les actions cotées détenues en direct en 2021 par rapport à 2014, l’exclusion de ses portefeuilles des entreprises fortement engagées dans le charbon et, enfin, arriver à 3 milliards d’euros d’investissements verts fin 2018.

Et aujourd’hui, l’entreprise veut passer la vitesse supérieure en affirmant son « intention de doubler ses encours en investissements verts à horizon 2023 », mais aussi d’accélérer « sa politique de sortie du charbon ». Par investissements verts, CNP Assurances désigne les forêts, green bonds, et immeubles à haute performance énergétique, explique le communiqué, mais aussi des infrastructures vertes. Le but ? 20 milliards d’euros d’ici fin 2023 – contre 10,4 milliards fin 2018.

Pour sortir du charbon thermique, CNP Assurances liste ses méthodes. Entre autres, on retrouve :

  • Abaissement du seuil d’exclusion : les entreprises dont 20 % du chiffre d’affaires est lié au charbon thermique – contre 25 % auparavant ;
  • Exclusion des mauvais joueurs : CNP Assurances promet d’exclure l’ensemble des entreprises travaillant au développement de nouvelles centrales à charbon de ses nouveaux investissements ;
  • Publication d’un plan : d’ici 2021, les entreprises auxquelles l’assureur est exposé en direct doivent publier un plan pour le désengagement du charbon thermique, un plan qui repose sur la fermeture et non la vente des actifs ;
  • Incitation au renoncement : l’incitation des entreprises du secteur à abandonner leurs projets liés au charbon et à la fermeture graduelle de leurs infrastructures.

Le but, avec de tels objectifs, est de sortir totalement du secteur du charbon sur le long terme. « CNP Assurances se dote aujourd’hui d’une politique qui s’inscrit dans la continuité de ce que Banque Postale Asset Management et Crédit Agricole ont annoncé en juin dernier, explique Lucie Pinson, coordinatrice de la campagne Unfriend Coal. Malgré quelques limites, cette politique devrait lui permettre de soutenir les efforts contre l’expansion du charbon et pour la fermeture des infrastructures charbon existantes d’ici 2030 au niveau européen et de l’OCDE. Nous attendons la bonne exigence des autres acteurs financiers, à commencer par BNP Paribas et AXA. »

Si l’obtention d’« un calendrier de sortie globale du financement des activités charbon » est une bonne chose, tout comme l’apparition de mesures concrètes de la part des acteurs du secteur pour le respecter, les ONG restent vigilantes et savent que le risque de greenwashing n’est jamais loin – soit des stratégies marketing affichant l’écoresponsabilité d’une entreprise, alors que ses pratiques sont en réalité questionnables. Les organisations sont conscientes qu’il faudra forcer certaines entreprises vers ce changement nécessaire, et faire des rappels à l’ordre réguliers.

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