Autonomie énergétique : produire sa propre électricité, bon ou mauvais plan ?

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À en croire une récente étude réalisée par Opinionway pour le fournisseur historique EDF, 72% des Français seraient prêts à produire leur propre électricité, afin de réduire radicalement le montant de leurs factures. Alors que les coûts de l’électricité ne cessent d’augmenter, la question de l’autonomie énergétique se présente comme une option alléchante pour une part croissante des consommateurs. Mais qu’en est-il réellement ? L’autonomie énergétique, est-ce que ça vaut le coup ?

Autoconsommation ou autonomie énergétique ?

Si le concept n’a rien de nouveau, depuis plusieurs mois, la question de la production d’énergie “maison” semble plus que jamais d’actualité et les articles traitant du sujet sont légions : “Une maison entièrement autonome sans facture de gaz ou d'électricité”; “Pour faire des économies d’énergie, il construit une maison autonome”; “Il économise près de 4.000 € par an avec sa maison autonome”, etc… Autant de titres aux promesses alléchantes, qui ont donc tôt fait de finir de convaincre bon nombre de Français, jusqu’alors peu enclins à se tourner vers l’autonomie énergétique.

Il faut dire que depuis plus d’un an, le montant des factures d’énergie n’a cessé de grimper en flèche. En septembre 2021, on pouvait compter 1 994 €, pour une facture annuelle moyenne d'électricité, ce prix est aujourd’hui estimé aux alentours de 4462 €. Même son de cloche du côté du gaz, de septembre 2021 à décembre 2022, on peut estimer une augmentation moyenne annuelle de l’ordre de presque 1 700 € : la facture passant de 1498 € à 3173 €*. Dans ces conditions, qui peut encore s’étonner du nouvel enthousiasme des consommateurs à l’égard des moyens de production autonomes ?

Source : Indice Selectra du gaz et Indice Selectra de l’électricité, Evolution de la facture annuelle des offres de marché.

Il convient toutefois de distinguer autonomie et autoconsommation. En effet, produire sa propre énergie ne signifie pas pour autant que l’on bénéficie en contrepartie d’une parfaite autonomie. Les foyers qui prennent la décision de couvrir une partie de leurs besoins en électricité doivent - dans la majorité des cas - faire raccorder leur installation (principalement solaire) au réseau électrique. Ils peuvent ensuite choisir de consommer tout, ou une partie de l’énergie produite.

Dans le cas de l’énergie solaire - mais ce point s’applique à l’essentiel des énergies renouvelables - la quantité d’énergie produite par les panneaux photovoltaïques dépend de différents facteurs tels que les conditions techniques, météorologiques ou encore géographiques. Aussi, il se peut que les panneaux solaires produisent beaucoup, comme très peu. Dans ce deuxième cas de figure, il sera nécessaire pour le consommateur de recourir aux services du réseau électrique traditionnel.

Au contraire, dans le cas d’une maison 100% autonome en électricité, le logement est quant à lui parfaitement indépendant du réseau de distribution électrique. Les membres d’un ménage autonome ne consomment donc que l’énergie produite depuis les équipements installés et ne disposent d’aucun “parachute de sécurité” en cas d’absence de production. Un projet certes intéressant d’un point de vue écologique et qui permet à terme de réaliser de substantielles économies, mais qui n’est pas sans difficultés.

Le casse-tête de l’autonomie énergétique

Contrairement aux installations solaires en autoconsommation par exemple, l'autonomie électrique complète nécessite la mise en place d'équipements plus importants et un dimensionnement des panneaux adapté, afin de couvrir l'ensemble des besoins. Pour ce faire, il est par ailleurs indispensable de connaître avec précision ses besoins électriques. De plus, ce projet a un coût, “entre 50 et 80 000 € de plus, comparé à une habitation traditionnelle”, si l’on en croit les équipes de France 3, qui sont allées à la rencontre de certains de ces Français, affranchis du réseau électrique hexagonal.

Pour les consommateurs les plus convaincus, qui souhaiteraient, légitimement, pousser plus loin leur quête d’indépendance, on peut imaginer une série de besoins additionnels à couvrir. Parmi les installations presque incontournables de la maison autonome, on peut notamment citer les éléments listés par Effy, le spécialiste de la rénovation énergétique :

  • Une isolation renforcée au niveau des combles, des murs et du sol ;
  • Des fenêtres à isolation renforcée ;
  • Un chauffage au bois ;
  • La récupération de l'eau de pluie ;
  • Un moteur fonctionnant avec des carburants végétaux ;
  • Une éolienne ;
  • Du solaire photovoltaïque ;
  • Une exposition favorable aux apports solaires ;
  • Des parois végétalisées ;
  • Un puits canadien.

Du côté de la production d’électricité, l’une des options les plus intéressantes consiste à combiner les types d’installations. En effet, qu’il s’agisse de l’énergie solaire ou même de l’énergie éolienne, celles-ci s’avèrent malheureusement intermittentes. La combinaison de plusieurs sources renouvelables de production d'électricité peut donc s’avérer particulièrement utile pour s’assurer une autonomie permanente.

Du côté des besoins en eau, il faut compter en moyenne 4 000 € pour une cuve de récupération d’une capacité de 5000l, qui pourra donc permettre de récupérer les eaux de pluie. Une dépense de départ parmi d’autres, pour s’assurer une indépendance énergétique complète mais un investissement rentable à long terme, qui garantira à coup sûr des frais de fonctionnements minimes.

Quid de l’autoconsommation

Toujours selon l’étude réalisée par Opinionway pour l’énergéticien français EDF, 60% des personnes interrogées considèrent que le fait de produire et consommer sa propre électricité pourrait bien devenir la norme en matière d’énergie dans un futur proche. Alors qu’il s’agisse d’une autonomie complète ou d’une solution d’autoconsommation, retour sur les différents moyens de générer sa propre énergie

L’énergie solaire

Incontestablement la solution la plus en vogue au cœur des foyers français, les panneaux solaires se présentent comme la solution la plus accessible en matière de production à domicile.

Ceux-ci fonctionnent dans toutes les régions et s’avèrent de plus en plus performants. Grâce au travail de recherche sans cesse renouvelé et aux nombreuses innovations, les modèles les plus récents assurent un rendement particulièrement intéressant. Pas de miracle toutefois, il y a fort à parier que sur une toiture exposée plein nord, l’investissement sera moins rentable que si elle est exposée plein sud.

De plus, l’énergie solaire ainsi produite présente l’avantage de tomber sous le coup de l’obligation d’achat d’EDF. En effet, EDF OA est une filiale de l’énergéticien français, qui assure aux consommateurs de racheter tout surplus d'électricité renouvelable produite par leurs installations solaires reliées au réseau. Ainsi, l’énergie qui ne serait pas consommée au sein du loyer peut devenir un revenu complémentaire intéressant.

Pour s’assurer d’avoir affaire à un installateur expert, il est possible de se référer à la mention RGE ou “reconnu garant de l'environnement”.

L’énergie éolienne

Après l’énergie solaire, l’énergie éolienne domestique s’avère l’un des moyens de production les plus connus. Toutefois - bien que son installation ne s’avère pas des plus compliquées - elle demeure une solution particulièrement onéreuse. En effet, à ce jour, il faut encore compter entre 10 000 et 90 000 € - installation comprise - pour s’équiper de cette batterie d’hélices à domicile.

De plus, une composante essentielle de sa rentabilité n’est autre que… le vent. Aussi, au contraire du soleil, présent quelle que soit la situation géographique du foyer (en quantité plus ou moins importante), toutes les régions ne se valent pas en matière de bourrasques. Ainsi, si l’on en croit les observations de Météo France, il serait plus intéressant d’être l’heureux propriétaire d’une installation éolienne dans le Languedoc-Roussillon, où les vents soufflent en moyenne à 162 km/h, que dans le Limousin où ceux-ci n'atteignent “que” la modeste vitesse de 90 km/h.

Un dernier point, mais pas des moindres : l’éolienne peut s’avérer une installation bruyante. À privilégier donc au cœur de zones isolées, sur un large terrain.

Pour le moment, l’éolienne offre un rendement moins important que le panneau solaire. De la même façon que pour le surplus d’énergie solaire, il est possible de se tourner vers EDF afin de procéder à la revente. Toutefois, ce dernier peut refuser si le logement concerné n’est pas situé en Zone de développement éolien (ZDE).

La géothermie

Méconnue, la géothermie permet néanmoins de bénéficier des avantages de l’énergie inépuisable du sol au sein de son logement. Le chauffage par géothermie notamment est une alternative 100% écologique qui permet d’économiser de l’énergie sur le long terme. En clair, la géothermie permet d’exploiter les calories présentes naturellement dans la terre, produites par le noyau terrestre. Si l’on puise la chaleur dans une nappe phréatique, on parle d’hydrothermie. En moyenne, la température sous terre augmente de 3 °C tous les 100 mètres, partiellement sous l’effet de la radioactivité naturelle de la planète, cette observation varie en fonction des zones géographiques. En France, la région parisienne et l’Aquitaine possèdent d’importantes nappes d’eau chaude, particulièrement propices aux exploitations géothermiques.

Malheureusement, les dispositifs permettant d’exploiter ce type d'énergie se révèlent encore difficiles et coûteux. De plus, une pompe à chaleur géothermique requiert nécessairement un grand terrain et le dispositif ne peut alimenter que le système de chauffage et l’eau chaude.

Le biogaz

Encore en marge également, le biogaz intéresse de plus en plus les particuliers, tout comme les institutions. À l’échelle régionale et nationale, la filière de l’hydrogène vert recèle quantité de perspectives, mises en lumière cette année, notamment du fait de la crise énergétique européenne et la quête d’alternatives aux importations de gaz russe. Selon le Ministère de la transition écologique, “le gisement global mobilisable à l’horizon 2030 pour la méthanisation a été évalué à 56 GWh d'énergie primaire en production de biogaz. Il est composé à 90 % de matières agricoles”. Mais la bonne nouvelle, c’est que l’exploitation de biogaz à domicile est parfaitement envisageable. Si elle n’en est encore qu’à ses balbutiements, il est toutefois possible de procéder à l’installation d’un méthaniseur domestique afin de produire sa propre énergie à partir d’ordures ménagères, de déchets agricoles ou encore d’excréments d’animaux.

Toutefois, du fait de son coût important, celle-ci s’adresse plus particulièrement aux professionnels, notamment les exploitations agricoles, qui disposent de déchets organiques en quantité. À ce jour, les méthaniseurs domestiques ne produisent pas suffisamment d’électricité pour envisager une parfaite autonomie auprès des particuliers et doivent idéalement être associés à d’autres moyens de production.

L’hydroélectricité

Enfin parmi les moyens de production d’énergie domestique on peut compter sur les centrales hydrauliques. En France, l’hydroélectricité est la deuxième source de production électrique, juste derrière le nucléaire et la première source d’électricité renouvelable. “Avec environ 25,7 GW (gigawatts) installés en France métropolitaine, le pays dispose de l’un des plus grands parcs hydroélectriques en Europe. Cette puissance représente environ 20 % de la puissance électrique totale installée” selon le Ministère de la transition écologique.

Un inconvénient de taille toutefois pour les particuliers qui envisageraient de se tourner vers cette source d’énergie abondante : la nécessité d’habiter près d’un cours d’eau ou d’une rivière. De plus, il convient d’obtenir l’autorisation d’en exploiter le courant. En effet, l’article 1 de la loi du 16 octobre 1919 stipule que “nul ne peut disposer de l’énergie des marées, des lacs et des cours d’eau, quel que soit leur classement, sans une concession ou une autorisation de l’Etat”.

Tout producteur peut déposer une demande d’autorisation pour exploiter une chute hydraulique en vue de produire de l’électricité, lorsque la puissance maximale brute de l’installation ne dépasse pas 4,5 MW ou lorsque la production d’électricité est un usage accessoire de l’exploitation de la chute.

Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires

L’installation d’une centrale hydraulique ou “pico centrale hydroélectrique” (pour des installations de moins de 20 kW) s’avère une solution particulièrement intéressante, puisqu'elle assure une production abondante en continu. À elle seule, elle peut suffire à couvrir l’intégralité des besoins électriques d’un foyer. Toutefois, comme ses homologues géothermiques et éoliens, l’installation hydroélectrique s’avère encore coûteuse et n’est évidemment pas accessible à l’ensemble des consommateurs.

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