Intelligence artificielle et big data : les assureurs protègent-ils correctement vos données ?

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Depuis toujours, les données font partie intégrante du monde de l’assurance. Elles fournissent des informations permettant le développement de l’activité et la compétitivité. Pourtant, avec l’arrivée de nouvelles technologies sur lesquelles se reposent nombre d’assureurs, et une collecte de données sauvage et souvent mal encadrée, il semblerait que l’innovation soit plus rapide que l’adaptation des acteurs du marché, créant un risque important pour les clients.

Intelligence artificielle et big data dans l’assurance : la guerre des données

Grâce aux conclusions du rapport d’Accenture 2018 sur le secteur de l’assurance, il est possible d’en savoir plus quant à la situation actuelle des assureurs et la gestion de leurs données, ainsi que leur protection.

Un rapport récent de l’entreprise de conseil Accenture, intitulé « Vision Technologique pour le secteur de l’assurance », confirme ce que beaucoup supposaient : le monde de l’assurance a besoin de passer à la vitesse supérieure en matière de protection et gérance des données. Et cela est essentiel, car les données sont au cœur des mécanismes de l’intelligence artificielle, aujourd’hui présente partout.

Cette étude annuelle conduite à travers 25 pays – dont la France – et auprès de 600 assureurs, mais aussi auprès de nombreux professionnels du secteur de l’assurance permet d’y voir un peu plus clair. Il y a quelque temps, Selectra s’interrogeait : les compagnies d’assurance françaises sont-elles à la traîne en matière de digitalisation ? Alors que désormais 29 % des Françaises et des Français assurés gèrent leur contrat depuis une application mobile, il semblerait que le secteur ait du mal à s’adapter aux changements qui le secouent.

Aujourd’hui, l’intelligence artificielle et les données font partie prégnante de la réalité des compagnies d’assurance. Mais sont-elles protégées et gérées comme il le faudrait ?

 Les assureurs doivent examiner attentivement leur manière de vérifier, protéger et utiliser les données. Ils doivent non seulement garantir la sécurité et l’éthique de celles-ci, mais également disposer de capacités d’évaluation pour s’assurer de l’exactitude des données qu’ils utilisent pour prendre leurs décisions. Les assureurs peuvent améliorer la confiance des consommateurs, les inciter à partager leurs données et montrer que celles-ci seront utilisées de manière responsable, a précisé Marc Monpeurt, le directeur exécutif d’Accenture.

Selon le rapport d’Accenture, la situation est pour le moins paradoxale. Alors que 82 % des participants disent qu’afin d’être plus compétitifs et de garder un avantage sur les concurrents il est nécessaire d’innover plus rapidement, le pourcentage d’assureurs qui valident et approuvent leurs données tombe à 26 %, et à 19 % pour ceux ne sont pas sûr de la qualité desdites données. Ces chiffres conduisent à une conclusion : la fiabilité des données des assureurs est incertaine. Un constat inquiétant lorsque l’on sait que 77 % des assureurs interrogés par Accenture déclarent qu’à leurs yeux, « l’IA évolue plus rapidement que ne progresse l’adoption de cette technologie par leur entreprise ».

Données et sécurité : les assureurs sont-ils vulnérables ?Dans son rapport, Accenture précise que 34 % des assureurs mondiaux déclarent avoir subi des falsifications de données ou des fraudes engendrées par des bots. Enfin 32 % déclarent qu’ils ont possiblement été victimes de semblables attaques, sans pour autant avoir été à même de le vérifier.

Big data, intelligence artificielle et assurances : quelles solutions ?

Afin que les assureurs puissent totalement se fier à l’intelligence artificielle, il est nécessaire que « les données utilisées soient vérifiées », précise Accenture. L’omniprésence des datas et de l’intelligence artificielle semble en réalité très mal exploitée par les entreprises, et ce de manière générale. Une étude conjointe de PwC et de L’Usine Digitale, « Intelligence artificielle & Big Data 2018 », révèle que « la moitié des entreprises exploite moins de 25% de la donnée collectée et analysée ». Ce n’est donc pas une situation spécifique au milieu de l’assurance.

Des résultats du rapport d’Accenture se dégagent cinq tendances technologiques pour les trois années à venir :

Comment les assureurs peuvent-ils pallier le manque actuel de protection des données ? Quelles solutions sont à leur disposition pour en améliorer la gérance ?
  • L’« IA citoyenne » : afin que l’utilisation l’intelligence artificielle apporte autant aux citoyens qu’aux entreprises, Accenture précise qu’il est nécessaire de responsabiliser l’utilisation de l’IA, et ce de manière « éthique ».
  • La « réalité étendue » : les technologies de réalité augmentée et réalité virtuelle commencent à se démocratiser. Pour l’entreprise de conseil, il serait avisé de les utiliser de manière à réduire la distance entre « les gens, l’information et les expériences».
  • La « véracité des données fournies » : nous vous le disions, grâce à la transparence, les compagnies d’assurance veulent retrouver la confiance de leurs clients. Pour Accenture, il s’agit là encore de valoriser la confiance et son importance alors que les données sont au cœur de l’activité des assurances. Pour la société, des données biaisées, manipulées et inexactes « peuvent conduire à des connaissances du marché corrompues ».
  • Le « frictionless business » : alors que les compagnies d’assurance doivent de plus se reposer sur des partenariats externalisés, il est important qu’elles aillent au-delà de leurs anciens systèmes internes et se reconstruisent, explique Accenture.
  • L’« Internet de la pensée » : enfin, parmi ses cinq tendances, Accenture conclut sur le besoin d’intégrer ces nouvelles technologies intelligentes à l’extension des infrastructures des assureurs.

Pour conclusion, Marc Monpeurt avance que « les avantages de données précises et en temps réel pour les consommateurs peuvent être considérables. Ils doivent être incités à réduire leur exposition aux risques et aux pertes de données. Quelles que soient les opportunités qu’offrent les données, les assureurs courent de réels risques s’ils ne les valident pas. Heureusement, il existe des mesures que les assureurs peuvent mettre en œuvre dès maintenant, comme la création d’un département dédié aux données dans le but de les vérifier et de réduire les risques liés à la manipulation de ces données. »

Utilisation des données et IA : le gouvernement s’en mêleLe 18 septembre 2018, Mounir Mahjoubi, secrétaire d’État au numérique, a appelé dans un communiqué de presse les entreprises françaises à mutualiser leurs données, mais aussi à les partager et les valoriser davantage, et ce afin de donner un coup de pouce au secteur de l’intelligence artificielle. « Dans le cadre du déploiement de la stratégie française en matière d’IA, nous soutiendrons les initiatives privées d’ouverture et d’échange de données pour que naisse en France, dans tous les secteurs, une économie ouverte de la data compétitive », a-t-il précisé.

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