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Voitures électriques : l’assurance auto coûtera-t-elle plus cher dans le futur ?

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Les véhicules électriques impliquent-ils un risque plus important d’accidents ? C’est avec cette question en tête que la branche suisse de l’assureur français AXA a décidé de mener une étude d’accidentologie pour identifier les dangers liés à leur utilisation, ainsi que leurs causes. Des conclusions qui pourraient bien entraîner une hausse de l’offre assurantielle dédiée à ces véhicules.

  • En bref : Les grandes lignes de l’enquête d’accidentologie d’AXA concernant les véhicules électriques
  • Les véhicules électriques type SUV ou de luxe seraient susceptibles de provoquer 40 % d’accidents supplémentaires que les véhicules traditionnels.
  • Les petites voitures et microvoitures électriques causeraient 10 % d’accidents de moins que des voitures similaires fonctionnant à l’essence.
  • La puissance et le silence des véhicules électriques ont un rôle important dans le risque de sinistres.

Véhicules électriques : vers une démocratisation de leur utilisation ?

Le XXIe siècle est sans aucun doute celui de l’innovation technologique. La démocratisation de la domotique a notamment permis l’arrivée de fictions high-tech devenues réalité, et parmi elles les véhicules électriques et autonomes. Si leur popularisation ne semble en être qu’à ses débuts, l’on a pu voir ces voitures modernes se multiplier au fil des ans. Des acteurs centraux comme Tesla – qui s’est lancé dans l’assurance automobile il y a peu – ont eu un rôle clé dans ce phénomène, ainsi que la baisse des prix et donc l’accessibilité de tels véhicules au grand public.

À l’avenir, sera-t-il encore avantageux d’assurer son véhicule électrique ? Si l'on en croit une récente étude d'AXA, cela est fort probable.

La question de l’assurance des véhicules électrique prend de fait de plus en plus d’importance, tant du côté des particuliers que des professionnels. À l’approche de la rentrée 2019, la branche suisse d’AXA publiait ainsi les résultats d’une enquête d’accidentologie et d’un sondage mené auprès de 1 000 Suisses. Parmi eux, un conducteur sur trois envisageait potentiellement d’acheter une voiture électrique dans le futur. Actuellement, le territoire en compte environ 25 000. Ce chiffre confirme que l’utilisation de ces dernières reste encore minoritaire. Cependant, si l’on en croit les estimations de la base de données en ligne EVvolumes.com rendues publiques cette année, il y aurait en tout dans le monde environ 220 modèles de voitures électriques. Le plus grand marché serait la Chine où, en 2018, 1 182 000 voitures électriques auraient été vendues.

Une enquête encore plus récente, datant de cet été et commandée à IHS Markit par la fédération d’ONG bruxelloise Transport & Environment – ou T&E –, s’intéressait elle au marché européen. Selon le document, la fabrication de véhicules hybrides ou 100 % électriques devrait être multipliée par six d’ici 2025. Cela représenterait 22 % de la production entière de l’industrie européenne, contre 4 % aujourd’hui, précise le rapport.

En tout état de cause, ces chiffres et estimations viennent attester d’une démocratisation progressive des voitures électriques ces prochaines années. L’enquête d’accidentologie de la branche suisse d’AXA est particulièrement intéressante puisqu’elle met en perspective l’utilisation croissante des véhicules électriques et la réalité des enjeux assurantiels.

AXA : une enquête d’accidentologie pour créer de nouvelles offres d’assurance auto ?

Pour son étude, AXA Suisse a donc procédé à trois crashs tests effectués sur l’aérodrome de Dübendorf en 2019, et ce afin d’identifier les risques spécifiques liés aux véhicules électriques. En prenant en compte l’augmentation de leur utilisation, l’assureur estime logiquement que le nombre d’accidents impliquant des véhicules électriques devrait augmenter lui aussi.

L’enquête d’AXA a abouti à quatre constats :

La puissance des véhicules électriques est un facteur crucial en ce qui concerne les risques d’accident, plus importants pour les gros véhicules.
  • Puissance : les voitures électriques puissantes type SUV et voitures de luxe participent à une augmentation de la fréquence de sinistre, jusqu’à 40 % plus élevée. En revanche, les petites et microvoitures électriques causeraient 10 % d’accidents de moins que leurs équivalents à essence.
  • Accélération : les voitures électriques accélèrent plus vite que ce que l’on pense a priori, car elles peuvent atteindre l’accélération maximale immédiatement. Cela exige que les conducteurs adaptent leur style de conduite.
  • Instruction : les connaissances spécifiques au véhicule sont plus essentielles qu’avec un véhicule classique. « Pour les voitures électriques, il faut s’habituer au freinage et à l’accélération avant de pouvoir conduire de manière sûre », explique ainsi Bettina Zahnd, responsable Recherche accidentologique et Prévention chez AXA.
  • Démarrage : le démarrage silencieux du moteur des véhicules électrique exige plus de prudence pour les usagers de la route.

Et ces constats ont donné lieu a une recommandation très concrète de la part de l’assureur, à savoir l’installation de générateurs de son sur les véhicules électriques, pour que ceux-ci puissent être identifiés par les usagers de la route. Le document précise ainsi que si depuis le mois de juillet 2019 un règlement européen exige l’équipement d’un signal d’avertissement acoustique – Acoustic Vehicle Alerting System ou AVAS – sur tous les nouveaux véhicules hybrides et électriques, cela n’était pas le cas pour les anciens modèles.

Pour les acteurs de l’assurance automobile, bien identifier les risques est essentiel afin d’élaborer leurs offres à destination des véhicules électriques. C’est précisément dans ce but qu’AXA souhaite poursuivre son travail et explique vouloir prendre des mesures « dès [qu’ils seront] sûrs que les tendances sont significatives ou dès [qu’ils verront] que les coûts des accidents impliquant des véhicules électriques sont nettement plus onéreux que d’autres ».

À ce jour, les offres assurantielles restent encore significativement moins chères que celles pour les véhicules classiques. Mais si les conclusions d’AXA sont confirmées, cela pourrait bien changer à l’avenir.

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