Covid-19 : va-t-on vers une baisse des cotisations de l’assurance habitation ?

Covid-19 : va-t-on vers une baisse des cotisations de l’assurance habitation ?

Mis à jour le
min de lecture

Le rôle des assureurs face à une crise d’ampleur comme celle du Covid-19 a été largement discuté ces derniers mois. Aujourd’hui, alors que certains experts tentent d’analyser les tendances du secteur, de nombreuses questions se posent : quelles économies ont été réalisées ? Et si celles-ci sont réelles, les assureurs vont-ils faire un geste auprès de leurs assurés ? Selectra fait un point général sur la situation, en s’intéressant particulièrement au cas de l’assurance habitation.

Temps estimé : 2 min
  • En bref : Covid-19 : l’impact de la crise sanitaire sur les tarifs assurantiels
  • Une récente étude de Réassurez-moi estime qu’en assurance habitation, les assureurs auraient obtenu un gain de 226 millions d’euros durant la période de confinement ;
  • Pour Assurland, le coût des sinistres aurait baissé de 25 % pour les assureurs à cette occasion ;
  • Ces différentes études mettent en avant une chose centrale : la sinistralité liée à l’assurance habitation a connu une forte baisse en raison de la mise en quarantaine de la population française ;
  • En raison de ces économies réalisées par les assureurs, beaucoup attendent un geste de leur part. Pourtant, cela semble peu probable, même dans le futur ;
  • Malgré tout, globalement, les tarifs de l’assurance continuent d’augmenter.

Confinement : a-t-on constaté d’une baisse de la sinistralité liée à l’assurance habitation ?

L’un des sujets qui animent le monde assurantiel post-confinement concerne les tarifs des cotisations dans le futur. En raison des économies réalisées par les assureurs lors de cette période de quarantaine, durant laquelle l’activité économique du pays était au ralenti, beaucoup attendaient des baisses des tarifs, notamment pour l’assurance habitation.

D’ailleurs, durant le confinement, la baisse de sinistralité auto a été bien plus visible que celle de l’habitation, laquelle est pourtant très concrète. La Maif avait par exemple décidé de rembourser 2,8 millions d’assurés auto, et des gestes ont été faits par d’autres assureurs, à l’instar de la GMF et de la MACIF.

En restant chez eux, les particuliers ont bel et bien réduit le nombre d’accidents. Néanmoins, aujourd’hui, les choses ne semblent pas se diriger vers une baisse globalisée des tarifs de l’assurance habitation, où vers un remboursement des cotisations payées durant la période de confinement due à la pandémie de Covid-19. Une récente étude de Réassurez-moi, publiée par Le Monde, révèle pourtant que les sinistres couverts par l’assurance multirisque habitation étaient à la baisse de manière générale. Pour Antoine Fruchard, fondateur Réassurez-moi, cela s’explique facilement « par la présence accrue au domicile des habitants et des voisins, et la possibilité de déceler rapidement les problèmes, comme des fuites d’eau ou des départs de feu, avant qu’ils ne provoquent des dégâts. »

Confinement : baisse de la sinistralité relative à l’assurance habitation

Garanties couvertes

Baisse sinistralité

Économies réalisées par les assureurs

Dégâts des eaux

30,5 %

77,1 millions d’euros

Incendies

26,8 %

62,5 millions d’euros

Cambriolages

75,1 %

68,2 millions d’euros

Responsabilité civile (sinistres causés par un tiers)

69,7 %

18,5 millions d’euros

*Données provenant de l’étude de Réassurez-moi, partagée par Le Monde le 15 juin 2020.

Le résultat est impressionnant, puisque selon l’étude, le chiffre s’élèverait en tout à 226 millions d’euros d’économies réalisés par l’ensemble des assureurs durant le confinement pour l’assurance habitation. Globalement, côté habitation, Assurland estime de son côté que le coût des sinistres aurait baissé de 25 % pour les assureurs durant le confinement, un chiffre non négligeable, mais bien moins significatif que la baisse enregistrée dans le secteur de l’assurance auto. Selon Assurland, les assureurs auraient fait 2 milliards d’euros d’économies avec la baisse de la sinistralité sur la route, soit 70 % d’économie sur le coût moyen que représentent en principe les accidents. « Un facteur qui, s’il a contribué à la stabilité des prix, pourrait être prochainement à l’origine d’une hausse des prix, avertit le comparateur en ligne. Quelques jours après le déconfinement, la Sécurité routière a publié un communiqué alarmant. En mai 2020, les grands excès de vitesse ont augmenté de 15 % par rapport la même période l’an passé. »

Assurance habitation : la difficile estimation des conséquences du confinementUne hausse de la sinistralité de l’assurance habitation post-confinement, suffisante pour justifier que les assureurs privent leurs clients d’un geste, semble peu probable pour certains experts. Ceux-ci évoquent notamment les conséquences de la pandémie sur nos quotidiens, comme la réduction des départs en vacances ou le prolongement du télétravail.

Baisse des prix de l’assurance habitation en 2021 : un scénario peu probable

Aujourd’hui, il y a deux postures par les assureurs : l’une consiste à faire un geste exceptionnel auprès des assurés dans le cadre de la participation à l’effort national ; l’autre est conditionnée par la prudence, c’est-à-dire que les assureurs anticipent un rebond fort des sinistres à couvrir post-confinement. En effet, certains rappellent que l’on manque de recul pour connaître l’impact réel de la crise sanitaire sur le long terme. Dès lors, il ne serait pas possible d’évaluer clairement les économies réalisées par les assureurs. De manière générale, les assureurs auto semblent plus précautionneux que les assureurs habitations, certainement à raison.

assurance habitation
À ce jour, il est encore difficile d’estimer les réelles économies réalisées par les assureurs en raison de la crise sanitaire.

Pour Cyrille Chartier-Kastler, fondateur du cabinet Facts & Figures, « on ne peut pas comparer les contrats auto et multirisque habitation. D’une part car je n’ai vu aucun de nos clients se prononcer en disant qu’il y a une chute notable de la sinistralité. D’autre part car une présence accrue dans un domicile peut aggraver les risques d’incendies, des sinistres particulièrement coûteux pour les assurances, a-t-il expliqué à Capital. À part la Mutuelle de Poitiers, les assurances n’ont pas pour tradition d’effectuer des ristournes lorsqu’elles constatent que la sinistralité est faible. Certains se permettent cependant de supprimer la franchise pour les assurés victimes de catastrophes naturelles. Un geste élégant qui ne va quasiment jamais plus loin. »

De nombreux spécialistes évoquent également différents indicateurs qui pourraient annoncer une implication plus importante des assureurs à l’avenir : la forte hausse des sinistres en raison du déconfinement, le réchauffement climatique et la multiplication des fortes intempéries ou encore la reprise de la circulation routière. Pour autant, dans le domaine de l’habitation, Antoine Fruchard estime que malgré un potentiel « effet de report, notamment lié à des sinistres déclarés en retard par ceux qui avaient quitté leur domicile », en définitive, « le bilan devrait rester largement positif » pour l’assurance habitation.

Ainsi, la baisse des cotisations des assurances habitation en 2021 semble être davantage de l’ordre du vœu pieux qu’une potentielle réalité. En mai 2020, les tarifs ont même globalement augmenté pour les particuliers. Selon l’indice du prix des assurances de particuliers – ou IPAP – d’Assurland, sur un an, l’assurance auto aurait pris 0,4 %, et l’assurance habitation 0,9 %. Le comparateur en ligne estime que cette « stabilité des prix […] s’explique par l’attentisme des assureurs devant l’impact global encore peu clair de la crise du Covid-19. »

assurance habitation
Si nous sommes bel et bien sortis de la période de confinement, les habitudes de travail ont changé pour beaucoup de gens en raison de la pandémie de Covid-19.

Aujourd’hui, bien que les différentes études et analyses permettent de faire des estimations des tendances, il reste encore difficile d’y voir vraiment clair. Il faudra attendre la fin de l’année 2020 pour faire un état des lieux du secteur assurantiel et des conséquences globales de la crise du Covid-19. Si chaque assureur est impacté différemment, les consommateurs attendent tout de même des explications, car leur relation à leur assureur semble s’être dégradée en raison de la crise. Une situation dont est visiblement très conscient Raphaël Vullierme, cofondateur de Luko  : « L’important est de se montrer transparent, que chacun communique à ses assurés les économies réalisées ou non, la réponse des assureurs en matière d’habitation n’est pour l’heure pas à la hauteur ». Son mantra paraît louable : « ne pas cacher, ne pas profiter, sans mettre le modèle en danger par démagogie ».

La plus forte hausse des tarifs sur un an se constate du côté de l’assurance santé, avec une estimation à 2,7 % par Assurland.

Partager cet article !