Monophasé : caractéristiques électriques, tarif et puissance

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Le courant monophasé est le type d’alimentation classique dans une habitation. Il désigne à la fois un raccordement au réseau électrique sur une seule phase et une répartition des circuits dans votre tableau électrique (ampérage, section de fils des circuits). Il correspond aussi nécessairement à un type d’abonnement pour votre contrat d’électricité, avec un niveau de puissance compris entre 3 kVA et 12 kVA. Le monophasé présente ainsi des différences par rapport au triphasé ; et selon les situations, il peut être envisageable de passer du monophasé au triphasé, et inversement.

Les spécificités d’une installation électrique monophasée d’un logement

Le cheminement du courant alternatif monophasé emprunte différents points clés d’une installation électrique. L’ensemble de ces éléments répondent à la réglementation NF C 15-100.

Le compteur

Le compteur Linky est le point d’entrée de l’électricité dans le logement. Placé à la tête de votre installation électrique, le compteur communicant affiche sur sa face avant un logo pour le raccordement en monophasé représentant un pictogramme d’un cercle muni d’une branche verticale. Pour un triphasé, le logo est à trois branches.

Logos compteur Linky triphase ou monophase

D’autre part, le raccordement des circuits en monophasé en amont et en aval de Linky se décompose en 2 fils pour la phase et le neutre.

trois fils phases triphasé

En monophasé, le calibrage en ampères (A) du compteur électrique indique la valeur de l’intensité électrique maximale au-delà de laquelle le disjoncteur de branchement saute. Il peut être augmenté sur demande du particulier auprès de son fournisseur d’énergie.

Ce calibre est aussi corrélé à la puissance en kilovoltampères (kVA) d’abonnement de votre contrat d’électricité. En général, les puissances en monophasé pour un compteur électrique sont comprises entre 3 kVA et 12 kVA.

Un raccordement en monophasé convient parfaitement pour un usage domestique de l’électricité avec des besoins énergétiques « normaux », notamment pour alimenter : des appareils électroménagers ou informatiques, le système d’éclairage, les radiateurs, le chauffe-eau, le four électrique, le réfrigérateur, etc.

Pour des besoins énergétiques supérieurs à une puissance de 12 kVA, soit à partir de 15 kVA jusqu’à 36 kVA, il convient d’avoir un branchement en triphasé.

L’ampérage du disjoncteur

À côté de Linky, sur la même ligne du circuit électrique monophasé, se trouve le disjoncteur de branchement. Un disjoncteur est un dispositif de protection pour les biens et les personnes contre les risques de surintensité ou de court-circuit se produisant sur l’installation électrique.

Placé avant le tableau électrique et accolé à Linky, le disjoncteur de branchement ou disjoncteur général comporte un niveau d’ampérage étroitement lié à celui du compteur communicant et aux appareils électriques présents dans le logement. Le dispositif doit être en capacité de protéger l’installation en cas d’anomalie détectée.

En général, le calibrage du disjoncteur général en monophasé se situe entre 30 et 60 ampères. Lors d’un dépassement de puissance, le disjoncteur joue le rôle de barrière de protection de toute l’installation électrique domestique. Il protège ainsi le tableau et les circuits reliés.

Notez que le réglage du disjoncteur de branchement doit être effectué de manière obligatoire par un technicien Enedis. En effet, il est « plombé » en fonction de la puissance de Linky. L’intervention est facturée :

  • 4,21€ pour un simple changement de puissance à distance ;
  • à 63,72€ pour un changement de puissance + de disjoncteur.
Réglage du calibre du disjoncteur de branchement et du compteur monophasés
Puissance du compteurPlages de calibres disponiblesRéglage choisi
3 kVA15/45 A15 A
6 kVA15/45 ou 30/60 A30 A
9 kVA45 A
12 kVA30/60 ou 60/90 A60 A
15 kVA60/90 A75 A
18 kVA90 A

Le tableau électrique et les disjoncteurs

Élément central d’une installation électrique, le tableau regroupe l’ensemble des circuits électriques du logement. Chaque circuit électrique représente un équipement ou groupe d’appareils du logement (radiateur, prises de courant, éclairage, plaque de cuisson, etc.). Pour les protéger individuellement, la norme impose l’installation d’un disjoncteur divisionnaire pour chaque circuit électrique. Ils sont placés en rangée dans le coffret électrique.

En monophasé, les disjoncteurs sont de type unipolaire, soit un dispositif qui détecte une anomalie électrique sur une phase. Ce type de divisionnaire monophasé suffit largement pour la plupart des installations électriques domestiques. Ils se caractérisent par leur tension nominale d’utilisation (230V) et leur calibre en ampères (A) de 2A, 10A, 16A, 20A et 32A.

Par rapport au monophasé, les disjoncteurs d’un tableau électrique triphasé sont de type tripolaires (mesure sur 3 phases) ou tétrapolaires (mesure sur 3 phases et 1 neutre).

Notez qu’un disjoncteur bipolaire monophasé existe aussi, mais réservé à une utilisation en milieu hospitalier.

Le circuit électrique

Une installation électrique en monophasé utilise un circuit électrique doté de 3 fils : 1 phase, 1 neutre et 1 fil de raccordement à la terre. Concrètement, l’intensité électrique circule sur une seule phase et un neutre. À la différence du courant triphasé qui utilise 3 phases et un neutre.

Dans la majorité des logements, le courant monophasé utilise les deux fils du neutre (fil bleu) et de la phase (fil noir ou rouge) pour former un seul circuit électrique, et raccorder ainsi toute l’installation : de la prise de courant monophasé jusqu’au compteur Linky et au tableau électrique. La différence de tension entre les deux est de 230V.

Sur ce point, les appareils électriques se branchent via des prises en monophasé à 2 trous ronds et 1 tige pour la terre.

installations mono triphase
Prise électrique en monophasé vs en triphasé

Les sections de câblage et de fils doivent suivre la réglementation afin d’offrir une protection optimale lors de l’usage d’un appareil électrique. En effet, les matériaux conducteurs et isolants utilisés dans les sections de câbles ne présentent pas la même capacité de résistance à la surchauffe en fonction de l’appareil raccordé.

Voici quelques exemples de choix de section de fils pour les circuits en monophasé (230V) :

Dimension du câble du circuit électrique par rapport au type d'appareils et à l'ampérage du disjoncteur
Type de circuit électriqueCalibre du disjoncteur en ampères ADiamètre section de fils
Eclairage16A1,5 mm²
Contacteur jour / nuit2A1,5 mm²
Chauffe-eau20A2,5 mm²
VMCEntre 2A et 16A1,5 mm²
Prises de courantEntre 16A et 20A2,5 mm²
Radiateurs électriques20A2,5 mm²
Lave-vaisselle20A2,5 mm²
Four électrique20A2,5 mm²
Lave-linge20A2,5 mm²
Réfrigérateur20A2,5 mm²
Congélateur20A2,5 mm²
Plaque de cuisson32A6 mm²
Borne de recharge20A à 40Aentre 2,5 et 10 mm²
Pompe à chaleur
  • jusqu’à 2200W : disjoncteur 10A
  • de 2200 à 3500W : disjoncteur 16A
  • de 3500W à 4500W : disjoncteur 20A
  • de 4500W à 7200W : disjoncteur 32A
6 mm²

Quel prix de l’électricité en monophasé ?

Le tarif de l’abonnement en monophasé est directement lié à la puissance souscrite pour son compteur électrique. En effet, une offre d’électricité, quel que soit le fournisseur, se décompose entre :

  • le tarif du kWh servant à calculer vos consommations. Le tarif du kWh dépend du fournisseur (prix libres en dehors du tarif réglementé d’EDF) mais également de l’option tarifaire choisie (base, heures creuses, EJP, Tempo) ;
  • le prix de l’abonnement qui varie en fonction de la puissance souscrite et du fournisseur. Avec un principe de base : plus la puissance est élevée, plus le coût de l’abonnement est cher.

Les fournisseurs d’énergie ne proposent pas d'offres d’électricité distinctes entre le monophasé et le triphasé. En effet, bien que dans la pratique, les grilles tarifaires sont indifférenciées entre les deux types d’alimentation, retenez simplement qu’un abonnement monophasé se situe en moyenne entre 3 et 12 kVA et que l’abonnement triphasé est souscrit à partir d’une puissance de 15 kVA. Un abonnement en triphasé est plus cher (puissance plus élevée) qu’un abonnement en monophasé. Mais l’abonnement représente souvent une part mineure d’une facture. Une fois ce point éclairci, nous vous recommandons de comparer les prix de l’électricité en fonction du prix du kWh et du prix de l’abonnement.

Quand choisir le monophasé pour son logement neuf ?

En France, le raccordement du compteur et de l’installation électrique en monophasé est le standard dans les logements. En neuf, la question de choisir entre le monophasé ou le triphasé se pose à l’étape de l’évaluation des besoins de la future construction :

  • Nombre de personnes ;
  • Type d’appareil de chauffage (pompe à chaleur, chaudière, radiateur, plancher chauffant, etc.) ;
  • Type et nombre d’appareils électroménagers.

Le monophasé couvre la majorité des besoins en énergie d’une maison individuelle. Avec une tension de 230 Volts et une puissance de compteur maximale à 12 kVA, un particulier peut facilement utiliser son four électrique, faire tourner une machine ou lancer le lave-vaisselle, se chauffer et prendre une douche.

Pour faire le meilleur choix, il est recommandé de se faire accompagner par le professionnel électricien en charge de la création de votre installation électrique domestique. Jusqu’à 12 kVA, il est possible de rester au monophasé avec une pompe à chaleur (en fonction de sa puissance) et une installation électrique classique. Les choses peuvent se compliquer si vous souhaitez aussi installer une borne de recharge ou une pompe de piscine, maintenant ou dans les prochaines années. Dans ce cas, le triphasé est indispensable pour profiter de l’électricité sans disjoncter l’installation.

Quand passer au monophasé dans son logement ?

Dans les vieilles habitations (avant 1975), le triphasé est souvent présent en raison des anciennes normes et des installations de l’époque plus gourmandes en énergie.

Désormais, le triphasé peut n’être plus vraiment nécessaire en raison des appareils électroménagers économiques présents dans les habitations. Sans compter les travaux de rénovation énergétique qui font baisser la consommation d’électricité et la facture d’énergie.

Pour toutes ces raisons, certains particuliers envisagent de passer du triphasé au monophasé et ainsi faire baisser le coût de leur abonnement.

Pourquoi ça vaut rarement la peine ?

Le triphasé fonctionne sous 3 phases, ce qui veut dire 3 circuits distincts dans lesquels est distribuée l’électricité. Les appareils électriques branchés sur chacune des phases peuvent avoir parfois un déséquilibre. Résultat, le problème est double :

  • il y a une mauvaise répartition des phases (ex. : 8 circuits sur 1 phase, 4 circuits sur la 2e phase et seulement 1 circuit sur la 3e phase) ;
  • le soutirage de l’électricité est inférieur à la puissance souscrite en triphasé puisque les appareils sont moins gourmands en énergie.
installation triphasée avec phases non-optimisées

En théorie, le passage du triphasé au monophasé est possible : vous disposez d’une puissance de 15 kVA en triphasé, vous pouvez demander à Enedis de réduire la puissance à 12 kVA en monophasé. Toutefois, vous devez prévoir des frais divers :

  • la réduction de puissance de compteur (gratuite) ainsi que le changement du compteur triphasé pour un monophasé (132,66€) ;
  • des travaux sur le tableau électrique (1300 € pour le remplacement) ainsi que sur l’installation domestique pouvant inclure la mise aux normes, le changement des disjoncteurs divisionnaires et différentiels, la modification des circuits électriques surtout si le compteur est installé en extérieur. Dans ce cas, le coût des travaux varie entre 1 300 € et 2 000 € en moyenne.
 

Vous pouvez aussi ne rien changer et rester au triphasé tout en payant un abonnement certes plus élevé.

Les solutions et travaux

En pratique, il est possible de conserver son raccordement en triphasé tout en baissant sa puissance du compteur (réglage de l’ampérage nécessaire) jusqu’à 9 kVA. Cette opération consiste à demander un rééquilibrage des phases à un électricien professionnel.

Cette solution peut s’avérer judicieuse, surtout si vous disposez d’appareils électriques avec un branchement en triphasé et que le disjoncteur saute fréquemment.

solution à une installation triphasée avec phases non-optimisées

Le coût moyen du rééquilibrage des phases d'une installation en triphasé coûte entre 180 et 400 € selon la complexité du projet. Comptez en 180 et 210 € si le tableau électrique comprend une répartition des phases bien définie. L’électricien a juste à ajuster la répartition dans le tableau.

Pour les plus bricoleurs, il est possible de faire ce travail de rééquilibrage soi-même. Pour vous aider, consultez l’affichage du compteur Linky en cliquant sur "+" jusqu'à PUISSANCE APP 1, 2 et 3 pour chaque phase. D’un simple coup d'œil, il est possible de repérer la phase la plus chargée et rééquilibrer la répartition du tableau.

Quand délaisser le monophasé au profit du triphasé ?

Les raisons

À l’inverse, le passage du monophasé au triphasé est une question qui peut se poser pour de multiples raisons :

  • vous envisagez d’installer des appareils électriques nécessitant une puissance importante (pompe à chaleur, pompe de piscine, borne de recharge, four professionnel). Ces appareils gourmands en énergie (surtout cumulés) sont presque toujours associés à un branchement en 400 volts et au compteur triphasé avec une puissance minimale à 15 kVA ;
  • la distance entre le compteur et le logement est importante, ce qui entraîne une chute de tension entre le point de distribution et le point de consommation. Dans ce cas, un raccordement plus puissant est nécessaire ;
  • le disjoncteur saute fréquemment en raison d’un appel de puissance élevé. En cause, un besoin énergétique important auquel la puissance souscrite ne peut pas répondre.

Les démarches

L’intervention d’Enedis pour le remplacement du compteur, ainsi que celle d’un électricien professionnel sont obligatoires.

Toutefois, le coût total de la transformation du monophasé au triphasé peut atteindre plusieurs milliers d’euros. Plusieurs travaux sont en effet nécessaire :

  • Le remplacement du compteur et du disjoncteur d’abonné (132,66€) ;
  • Le changement de la section de câbles entre le compteur, le disjoncteur d’abonné et le tableau ;
  • La modification voire le remplacement complet du tableau électrique (entre 1 300 € et 2000 €). Le triphasé nécessite en effet des disjoncteurs divisionnaires et différentiels spécifiques ;
  • Une adaptation au triphasé de la répartition du tableau électrique (entre 180 et 400 €). Chacune des 3 phases doit être équilibrée à puissance égale pour éviter les disjonctions. La modification du câblage et des branchements de l’installation électrique est aussi nécessaire ;
  • Le coût de l’abonnement qui sera plus élevé qu’en monophasé.