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Le coût massif de la fermeture des centrales nucléaires dans l’Union européenne

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Dans un rapport publié la semaine dernière, la Commission européenne a estimé que la fermeture des centrales nucléaires dans toute l’Union européenne d’ici 2050 représenterait un budget de plus de... 250 milliards d’euros. Mais c’est sans compter que l’expérience du démantèlement des réacteurs est assez faible et que tous les États membres ne sont pas logés à la même enseigne. Zoom sur l’avenir des centrales nucléaires dans l’Union européenne.

L’ère post-Fukushima : 250 milliards d’euros pour fermer les centrales en fin de vie

Premier du genre depuis la catastrophe nucléaire de Fukushima en 2011, le rapport de la Commission européenne sert de base au lancement d’un nouveau "programme indicatif nucléaire"(PINC). Celui-ci insiste notamment sur les besoins de financement estimés liés au déclassement de centrales nucléaires et à la gestion des déchets radioactifs et du combustible usé.

Commission européenne

La Commission européenne a publié un nouveau "programme indicatif nucléaire".

Mais la facture est salée : Bruxelles juge en effet nécessaire un budget de 250 milliards d'euros pour fermer les centrales nucléaires en fin de vie dans toute l’Union européenne d’ici 2050. La Commission européenne estime, en particulier, à 123 milliards d’euros le coût du démantèlement des centrales et à 130 milliards d’euros la gestion des déchets nucléaires. La construction de nouveaux réacteurs européens représenterait quant à elle 350 à 450 milliards d’euros. Une annonce qui fait mouche quelques mois seulement après la COP21.

Selon une source proche de la Commission, les montants annoncés lundi ont progressé de 47% depuis la publication du précédent PINC en 2008. Un coût d’autant plus grand que la fermeture des centrales nucléaires en fin de vie n’est pas une mince affaire : les opérateurs européens concernés auraient déjà mis de côté un peu plus de la moitié des fonds nécessaires aux investissements. Une bonne nouvelle cependant relativisée par Bruxelles qui observe que cette part devrait plutôt atteindre 64%, en tenant compte de la durée de vie restante des centrales européennes.

Le programme indicatif nucléaire (PINC) répond à une obligation imposée par l’article 40 du traité Euratom. Selon le vice-président responsable de l’Union de l’énergie, Maroš Šefčovič, "le PINC (...) est fondé sur les contributions des États membres, présente un tableau utile de l’ensemble du cycle de vie de l’énergie nucléaire en Europe et (...) contribue à la mise en œuvre de la stratégie de l’union de l’énergie."

Une Union européenne encore divisée sur l’énergie nucléaire

L’accident survenu en 2011 à Fukushima avait profondément marqué les esprits et avait obligé l’Union européenne à "en tirer des enseignements", comme l’a souligné lundi le commissaire pour l’action pour le climat et l’énergie, Miguel Arias Cañete. Mais dans une Union européenne à 28, tous les États membres ne sont pas du même avis... ce qui complique la tâche de Bruxelles.

Fessenheim

La centrale nucléaire française de Fessenheim fait l'objet de vives controverses de part et d'autre du Rhin.

Seule l’Allemagne, qui a engagé sa transition énergétique dès le début des années 2000, fait figure de bon élève. Selon le quotidien Les Échos qui cite une source proche de la Commission européenne, "il y a 89 réacteurs nucléaires fermés définitivement en Europe à la date d’octobre 2015, mais seulement trois réacteurs ont jusqu’ici été complètement démantelés." Tous outre-Rhin. Un constat inquiétant alors que l’expérience en matière de démantèlement des réacteurs dans le monde est assez maigre.

Compétitivité de l’énergie nucléaire, coûts de production peu élevés ou encore investissements nécessités par la fermeture de réacteurs... De fait, la plupart des États membres sont plutôt réticents à voir leurs centrales nucléaires fermées. Une ambiguïté des gouvernements qui pourra coûter cher au contribuable : les sommes évoquées par la Commission européenne sont susceptibles d’être évaluées à la hausse en cas de prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires. La situation est d’autant plus complexe que l’exécutif européen n’a pas de pouvoir sur la composition du mix énergétique de chaque État membre... Libre à chaque gouvernement national de déterminer son propre bouquet énergétique. L’heure de la fin du nucléaire dans l’Union européenne n’a pas encore sonné....

Le saviez-vous ?

Il existe 129 réacteurs nucléaires actuellement en activité dans l’Union européenne dans 14 centrales nucléaires pour une capacité de production de 120 gigawatts et un âge moyen d’environ 30 ans. La France compte aujourd’hui 58 réacteurs de différentes puissances répartis sur 19 centrales nucléaires. Dans l’Hexagone, l’énergie nucléaire représente 77% de la production électrique totale (données RTE). Les Français seraient majoritairement favorables à l'énergie nucléaire

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