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AIE : 10 mesures contre la dépendance au gaz russe

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La dépendance de l'Europe à l'égard du gaz naturel russe a été mise en évidence par l'invasion de l'Ukraine par la Russie le 24 février. En 2021, l'Union européenne a importé pas moins de 155 milliards de mètres cubes de gaz russe. Pour réduire cette dépendance, l'Agence Internationale de l'Energie (AIE) a élaboré un plan en 10 points. Quelles sont ses recommandations ?

1. Ne pas signer de nouveaux contrats de gaz avec la Russie

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Les contrats d'importation de gaz passés avec Gazprom couvrent plus de 15 milliards de m3 par an. Ils doivent expirer d'ici la fin de l'année 2022. Cela équivaut à environ 12 % de la fourniture en gaz de l'UE en 2021.

Sur le long terme, les contrats avec Gazprom représentent près de 40 milliards de m3 par an. Ils prendront fin à horizon 2030. L'AIE engage l'UE à diversifier de manière significative ses approvisionnements en gaz.

Quels sont les autres pays producteurs de gaz ?Si l'AIE suggère de diversifier ses approvisionnements, elle ne propose pas d'alternative concrète. Pour se fournir, l'Europe pourrait choisir de renforcer son alimentation auprès de l'Algérie ou encore travailler davantage avec les Etats-Unis qui produisent du Gaz Naturel Liquéfié (GNL).

2. Augmenter les apports en GNL

En complément du point ci-dessus, l'UE a intérêt à augmenter ses importations de GNL. En effet, les échanges de GNL sont par nature plus flexibles que le transport du gaz par gazoducs. Les bateaux méthaniers peuvent être redirigés à tout moment vers les endroits où la demande en gaz est plus importante ou vers les zones de regazéification plus éloignées.

En théorie, selon l'AIE, l'UE pourrait augmenter les importations de GNL à court terme d'environ 60 milliards de m3, par rapport aux niveaux moyens de 2021.

3. Introduire un niveau minimal de stockage du gaz pour renforcer la résilience du marché

Le stockage du gaz joue un rôle essentiel pour répondre aux fluctuations saisonnières de la demande. Il constitue une protection contre les imprévus, tels que les pics de demande liés au froid l'hiver ou les événements géopolitiques, qui provoquent une flambée des prix.

L'AIE suggère que chaque année, au 1er octobre, les stocks atteignent un niveau de remplissage d'au moins 90 %. Ainsi, la sécurité de l'approvisionnement serait assurée.

4. Accélérer le développement de l'éolien et du photovoltaïque

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Le gaz représente environ 20 % de la production d'électricité européenne. Pour réduire la dépendance à la Russie, l'AIE préconise de développer les énergies renouvelables. Elle recommande de viser 35 TWh de capacités supplémentaires avec l'éolien et le photovoltaïque. Cela permettrait de réduire de 6 milliards de m3 la consommation de gaz russe.

5. Maximiser la production à partir des bioénergies et du nucléaire

D'après les calculs de l'AIE, une production d'électricité supplémentaire de 70 TWh à partir du nucléaire et des bioénergies permettrait de diminuer de 13 milliards de m3 la consommation de gaz utilisé pour la production d'électricité.

Comme elle le rappelle, plusieurs réacteurs nucléaires ont été mis hors service pour des opérations de maintenance et des contrôles de sécurité en 2021. La remise en fonctionnement de ces centrales pourra conduire à une augmentation de la production d'électricité nucléaire de l'UE allant jusqu'à 20 TWh en 2022.

Même constat pour les bioénergies. L'agence précise que le parc de centrales bioénergétiques de l'UE a fonctionné à environ 50 % de sa capacité totale en 2021. Ces centrales pourraient générer jusqu'à 50 TWh d'électricité supplémentaire cette année.

6. Adopter des mesures à court terme pour protéger les consommateurs d'électricité de la hausse des prix

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L'envolée des prix du gaz dans l'UE se répercute sur les prix de gros de l'électricité. Cela génère des bénéfices exceptionnels pour les entreprises. Dans le contexte actuel, l'AIE recommande de taxer les surprofits des fournisseurs d'électricité.

Ces nouvelles recettes fiscales pourraient être utilisées pour compenser la hausse des factures d'énergie des ménages, notamment de ceux touchés par la précarité énergétique. Ces mesures ont déjà été adoptées en Italie et en Roumanie. Côté français, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a annoncé le 22 mars dernier que cette mesure ne devrait pas être appliquée, malgré la recommandation de l'OCDE.

7. Accélérer le remplacement des chaudières à gaz par des pompes à chaleur

Les pompes à chaleur sont un système de chauffage économique et écologique. Elles peuvent remplacer les chaudières à gaz ou à fioul. Accélérer le déploiement prévu en doublant les installations des pompes à chaleur (PAC) dans l'UE permettrait d'économiser 2 milliards de m2 de gaz supplémentaires par an.

Pensez aux aides à la rénovation énergétique ! Pour remplacer une chaudière fioul ou une chaudière gaz par une pompe à chaleur, les ménages peuvent se tourner vers des aides à la rénovation énergétique comme MaPrimeRénov' ou la Prime Energie. Ces subventions peuvent parfois prendre en charge jusqu'à 90 % des travaux.

8. Améliorer de l'efficacité énergétique dans les bâtiments et l'industrie

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La sobriété énergétique fait partie des leviers de la transition énergétique. À ce jour, seul 1 % en moyenne du parc immobilier de l'UE est rénové chaque année.

L'AIE recommande une augmentation de 0,7 % supplémentaire, ciblant les passoires thermiques et les bâtiments non résidentiels les plus énergivores. Ce faisant, il serait possible de réduire la consommation de gaz de chauffage de près de 2 milliards de m3 supplémentaires en un an.

9. Baisser le chauffage

La température moyenne pour le chauffage des bâtiments dans l'UE est actuellement supérieure à 22°C. En baissant le thermostat de seulement 1°C dans les logements et bureaux, l'Europe réduirait la demande de gaz d'environ 10 milliards de m3 par an.

Pour chauffer à la juste température, l'ADEME recommande :

  • 19°C dans les pièces à vivre ;
  • 17°C dans les chambres ;
  • 22°C dans la salle de bain en cours d'utilisation, 17°C hors utilisation.

Pour les ménages, c'est aussi une opportunité de réduire la facture de chauffage. 1°C en moins sur les radiateurs permet de faire jusqu'à 7 % d'économies d'énergie.

10. Intensifier les efforts pour flexibiliser le système électrique

L'électricité ne peut pas se stocker à grande échelle. Il faut la consommer au moment de la production. Bien souvent, le gaz sert de variable d'ajustement pour augmenter la production en dernière minute. L'AIE appelle donc les pays européens à trouver d'autres solutions.

En France, en cas de pic de consommation, RTE, chargé de l'équilibre entre production et consommation d'électricité peut faire appel à l'effacement industriel. Il demande aux industries, moyennant des contreparties financières, de soutirer moins d'électricité au réseau. Pour ce faire, elles peuvent passer sur des groupes électrogènes ou ralentir leur activité.

L'effacement pour les particuliers, est-ce que cela existe ?Oui, certains fournisseurs proposent des offres d'effacement pour les ménages. C'est notamment le cas d'Ekwateur qui travaille main dans la main avec Voltalis. Les deux entreprises proposent ensemble un boîtier appelé Narco. Celui-ci reçoit un signal de RTE et coupe pendant quelques minutes les radiateurs électriques. La pause est trop brève pour impacter le confort des ménages. Sur l'année, ces coupures leur permettent de faire jusqu'à 15 % d'économies de chauffage.

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