panneaux solaires sur toit de maison
Le nombre de logements raccordés au solaire a été multiplié par 15 depuis 2015.

Avec la hausse des prix de l’énergie, les Français se ruent sur le photovoltaïque : +64% d'installations en 1 an !

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Les panneaux solaires connaissent un essor sans précédent : + 64 % d’installations en un an, selon RTL. Cela représente une hausse de 11 % de la production d’électricité d’origine solaire photovoltaïque en 2021, par rapport à 20201. Cette nette augmentation survient dans un contexte géopolitique tendu lié à la guerre en Ukraine et à la hausse des prix de l’énergie. Volonté de réduire les factures, prise de conscience écologique : qu’est-ce qui explique l’intérêt grandissant des Français pour l’électricité solaire ? Chiffres, tendances, prévisions pour l’avenir : voilà pourquoi l’énergie photovoltaïque apparaît aujourd’hui comme un pari gagnant.

Boom du solaire : de 3 000 à 150 000 clients raccordés

Depuis plusieurs années, les Français sont de plus en plus nombreux à sauter le pas vers l'autoconsommation électrique photovoltaïque. Les chiffres en attestent : en mai 2021, on comptait plus de 100 000 clients raccordés en autoconsommation individuelle, alors qu'ils n'étaient que 3 000 en 20152. Par la suite, les augmentations des tarifs de l'électricité dès septembre 2021 et l'éclatement de la guerre en Ukraine ont précipité cette tendance. Selon un récent article du Figaro, on dénombrerait aujourd'hui 150 000 autoconsommateurs solaires en France.

Définition : qu'est-ce que l'autoconsommation solaire ? Pour rappel, l'autoconsommation solaire consiste à consommer sa propre production d'électricité solaire. La production d'électricité est assurée par des panneaux photovoltaïques posés sur la toiture ou ailleurs dans le jardin. Plusieurs types d'autoconsommation sont possibles : l'autoconsommation totale (l'intégralité de la production est consommée, ce qui ne requiert pas un raccordement au réseau public d'électricité) ou la plus populaire autoconsommation avec vente du surplus (la partie non consommée est vendue par le biais d'EDF OA, ce qui nécessite d'être raccordé au réseau Enedis).

Effy, opérateur de rénovation énergétique en France, a constaté une hausse de 70 % des demandes de travaux liés à l'autoconsommation solaire sur 1 an. L'étude souligne que si la majorité des autoconsommateurs solaires ont plus de 60 ans, des profils plus jeunes montrent un intérêt grandissant pour cette alternative écologique.

Cette hausse exponentielle est un signe fort d'évolution du rapport à la consommation d'énergie, due à plusieurs facteurs. Elle vient renforcer la dynamique de transition énergétique encouragée par le gouvernement.

L'accès à l'autoconsommation solaire a notamment été favorisé par le déploiement du compteur communicant Linky. Ce nouveau dispositif facilite en effet le comptage de l'énergie produite et consommée. Il n'est donc plus nécessaire de faire raccorder un deuxième compteur, ce qui permet d'économiser environ 600 € par rapport à une installation avec un ancien compteur électrique3.

Un contexte de crise propice au développement de l’autoconsommation solaire

L'installation photovoltaïque, bouclier face aux augmentations inédites des prix de l'électricité

l'installation de panneaux solaires pour contrer la hausse des prix de l'énergie

Les études sont claires : si les Français se tournent en masse vers l'autoconsommation photovoltaïque, c'est principalement pour éviter de subir la flambée des tarifs de l'électricité. "78 % des intentionnistes mentionnent les hausses successives des prix de l'énergie", rapporte l'étude d'Effy.

Il faut dire que les factures d'électricité des particuliers ont subi une forte augmentation. Cela s'explique notamment par la reprise économique soudaine suite à la crise du Covid, l'augmentation des tarifs de l'électricité par les fournisseurs et enfin par la guerre en Ukraine, les prix de l'électricité étant directement liés à ceux du gaz.

En effet, les prix de l'électricité sur les marchés de gros et les tarifs pratiqués par les fournisseurs d'énergie ont augmenté de manière inédite depuis la rentrée 2021. En Septembre 2021, les prix des offres de marché ont dépassé le tarif réglementé de vente (TRV) d'EDF pour la première fois depuis la révision de février 2021. Pour compenser la hausse des prix de l'électricité et la faible quantité d'électricité nucléaire disponible (ARENH), le TRV a aussi dû être revu à la hausse en février 2022 : une augmentation de plus de 35 % hors taxe3, limitée par le gouvernement avec le bouclier tarifaire mis en place fin 2021. Toutefois, cette hausse a naturellement entraîné celle des offres indexées sur le TRV.

Le graphe ci-dessous montre l'ampleur de l'augmentation des prix de l'électricité pour les particuliers :

Par conséquent, les factures d'électricité des consommateurs ont été largement impactées :

De nombreux Français ont ainsi cherché une solution pour limiter la hausse de leur facture d'électricité de façon rapide et durable.

Dans ce contexte, l'autoconsommation solaire apparaît comme une alternative idéale au traditionnel contrat d'abonnement électrique avec un fournisseur : elle permettrait de s'affranchir en partie d'un marché instable et d'un système de fixation de prix hors de contrôle. La conclusion est claire : alors que le prix du kWh d'électricité sur le réseau public augmente durablement, le prix du kWh solaire séduit par sa stabilité durable.

Consommer sa propre production d'électricité reviendrait finalement à choisir un mode de consommation d'énergie plus direct et plus stable, dans le double but de se réapproprier les cartes du jeu et de stabiliser ses factures d'électricité.

L'électricité solaire au secours de la planète

Le boom de l'autoconsommation solaire survient également à un moment-clé de notre époque dans laquelle les enjeux climatiques sont devenus incontournables.

Dans son rapport d'avril 2022, le GIEC annonce que l'humanité dispose de 3 ans pour agir contre le réchauffement climatique4 en réduisant drastiquement, notamment, les émissions de gaz à effet de serre et donc le recours aux énergies fossiles.

Toujours selon Effy, "61 % des (personnes intéressées par l'autoconsommation solaire évoquent l'aspect écologique". La prise de conscience écologique et la volonté de prendre ses responsabilités face à la crise climatique sont donc réellement présentes chez les nouveaux et futurs autoconsommateurs solaires.

30 % d’économies sur la facture d’électricité grâce aux panneaux solaires ?

Économiser en consommant sa propre électricité

économiser en produisant et en consommant sa propre énergie

Et si l'autoconsommation solaire était un levier d'amélioration du pouvoir d'achat des Français ? C'est ce qui expliquerait en grande partie l'essor durable du photovoltaïque. Selon l'étude menée par Effy, 88 % des interrogés affirment avoir été "motivés par une volonté de faire baisser leur facture énergétique".

Réduire sa facture de d'électricité de 30 % grâce à l'autoconsommation solaire : cela serait possible. L'autoconsommation solaire permettrait d'économiser en moyenne entre 100 et 500 €/an. Europe 1 a ainsi recueilli le témoignage de Sylvie Folliot, consommatrice francilienne qui vient de se lancer dans la pose d'une installation photovoltaïque : sa facture d'électricité est passée de 900 € à 1 640 € après la crise énergétique et le début de la guerre en Ukraine. "En installant ces panneaux (solaires), je vais donc revenir à une facture comme avant", explique Sylvie Folliot à Cédric Bocquet, directeur des opérations spéciales chez Effy.

Ces 30 % d'économies sur la facture d'électricité engendrent naturellement un gain de pouvoir d'achat : en effet, le prix de l'électricité produite par les panneaux solaires de Sylvie Folliot coûte deux fois moins cher que l'électricité du réseau Enedis, coût de l'installation inclus.

Et pour réaliser encore plus d'économies, les nouveaux autoconsommateurs peuvent continuer à adapter leurs habitudes en consommant un maximum d'électricité produite par l'installation solaire, c'est-à-dire en consommant prioritairement durant la journée, quand le taux d'ensoleillement est optimal. Cette adaptation est facilitée par l'essor des appareils électroménagers programmables.

Plus de 13 TWh d'électricité solaire revendue à EDF OA en 2020

La plupart des Français convertis à l'autoconsommation solaire choisissent de revendre le surplus de leur production d'électricité par le biais d'EDF Obligation d'Achat (EDF OA) pour gagner en pouvoir d'achat.

Ainsi, la production nette d'électricité solaire photovoltaïque sous obligation d'achat atteignait 13,09 TWh en 2020 (sur une production solaire photovoltaïque totale de 15,1 TWh), alors qu'elle n'était qu'à 9,59 TWh en 20175.

Ces chiffres nous enseignent deux choses :

  • L'autoconsommation solaire avec revente du surplus de l'électricité produite est la solution qui séduit le plus de consommateurs français ;
  • La quantité d'électricité solaire photovoltaïque produite augmente, ce qui confirme l'intérêt grandissant des Français pour ce mode de consommation alternatif.

Rappelons le principe de la revente du surplus d'électricité : grâce au dispositif d'obligation d'achat (EDF OA), les consommateurs particuliers peuvent "injecter de l'électricité sur le réseau et la vendre à un acheteur à un prix fixé par la loi. Ce mécanisme permet d'aboutir à une rentabilité normale des capitaux investis sur la durée de vie des installations", précise le Ministère de l'Économie6.

Des aides de l’État qui favorisent l’autoconsommation solaire avec revente du surplus

Que les consommateurs qui réfléchissent encore à sauter le pas se rassurent : l'État va continuer à encourager le développement du solaire en France.

Prime à l'autoconsommation, TVA réduite à 10 %, plan Solaire 2021, éco-prêt à taux zéro, dispositif des CEE, aides de l'Anah, subventions locales et régionales, etc : les autoconsommateurs solaires peuvent bénéficier de plusieurs aides d'État pour financer totalement ou partiellement leur installation photovoltaïque.

Si le gouvernement a annoncé la baisse des Certificats d'Économies d'énergie (CEE) dès le 1er mai 2022 pour la 5e période d'application, les aides pour les installations solaires demeurent préservées. Il faut dire qu'elles sont encore peu nombreuses par rapport aux subventions liées aux autres types de travaux énergétiques.

De plus en plus de voix s'élèvent pour demander l'augmentation des aides à destination de l'autoconsommation solaire. Par exemple, le taux de TVA réduit à 10 % ne concerne que les installations d'une puissance inférieure ou égale à 3 kWc, ce qui équivaut à un dispositif classique d'environ 8 panneaux solaires pour 15 à 20 m2 de toiture. Au-dessus de 3 kWc, la subvention ne s'applique plus. Il faut savoir qu'au Royaume-Uni, les particuliers bénéficient d'un taux de TVA nul sur les panneaux solaires, ce qui facilite la rentabilisation de l'installation.

Mais la situation pourrait évoluer. En 2021, la Commission européenne a autorisé un régime d'aide français de 5,7 milliards d'euros pour "soutenir la production d'électricité renouvelable par de petites installations solaires" posées sur les toitures des bâtiments. Un plan financier visant à aider "la France dans sa transition vers un approvisionnement énergétique durable sur le plan environnemental", selon Mme Margrethe Vestager, vice-présidente exécutive de la Commission européenne chargée de la politique de concurrence7.

Cette mesure doit permettre à la France d'augmenter sa capacité d'électricité solaire de 3 700 MW et d'atteindre ses objectifs en matière d'énergies renouvelables et d'environnement.

L’autoconsommation solaire, outil indispensable pour atteindre l’objectif de neutralité carbone en 2050 ?

Si l'autoconsommation solaire représente une façon de réduire ses factures d'électricité, elle est aussi un levier d'action majeur pour atteindre la neutralité carbone prévue par le Pacte Vert européen (Green Deal) d'ici à 2050. Plusieurs rapports tels que ceux du GIEC et de RTE (Réseau de Transport d'Électricité) intègrent cette solution dans les scénarios préconisés.

Le solaire, acteur central des scénarios préconisés pour enrayer la crise climatique

"Tous les scénarios européens prévoit un fort développement du solaire photovoltaïque et ceux envisageables pour la France n'y font pas exception : d'ici 30 ans, il faudra avoir porté le parc au minimum à 70 GW (plus de 200 GW dans la trajectoire la plus haute)", affirmait le rapport de RTE sur les futurs énergétiques à l'horizon 2050, paru en 20218.

Il faut savoir que pour atteindre la neutralité carbone d'ici à 2050, il convient d'agir sur 3 axes :

  • Une démarche de sobriété avec la diminution de la consommation d'énergie ;
  • L'électrification des usages pour éviter de recourir aux énergies fossiles émettrices de CO2 ;
  • Le développement des énergies renouvelables dans la production d'électricité pour parvenir à un mix électrique plus vert.

RTE reconnaît la difficulté d'assurer un scénario 100 % énergies renouvelables, mais réaffirme la nécessité de "transformer le mix (électrique)". Et pour cause : "atteindre la neutralité carbone en 2050 est impossible sans un développement significatif des énergies renouvelables", dont le solaire.

Différents niveaux de scénarios sont présentés par RTE et tous incluent le recours à l'énergie solaire. Ainsi, le scénario M1 (scénario médian) prévoit s'atteindre un total de 35 GW de capacité d'électricité photovoltaïque raccordée dans le secteur résidentiel. Cela équivaut à une maison sur deux équipée de panneaux solaires photovoltaïques fonctionnant en autoconsommation partielle.

Le solaire pour soutenir l’électrification des usages

Selon les différents rapports de RTE et du GIEC, la consommation d'énergie globale doit être radicalement réduite pour parvenir à la neutralité carbone d'ici à 2050. Toutefois, les besoins en électricité sont amenés à augmenter pour soutenir l'électrification massive des usages tels que le transport, par exemple. Il s'agit là de ce que l'on appelle "l'effet de transfert", comme l'explique RTE.

Comme nous l'avons noté précédemment, le mix électrique doit donc être transformé pour limiter autant que possible le recours aux énergies fossiles et mettre fin aux émissions de CO2. C'est dans ce contexte que le développement de l'autoconsommation solaire est présentée comme une alternative incontournable par les rapports de RTE et du GIEC.

Rappelons que l'électricité solaire autoproduite permet d'assurer des usages variés :

  • Recharger une batterie de voiture électrique ;
  • Faire fonctionner un lave-linge ou tout autre appareil électroménager ;
  • Chauffer une piscine, etc.

Le solaire, la solution pour consolider la sécurité d'approvisionnement énergétique ? Alors que l'Europe cherche à s'affranchir de la dépendance au gaz russe depuis le début de la guerre en Ukraine, l'électricité photovoltaïque s'impose comme une alternative pertinente aux centrales thermiques à flamme. Le recours au solaire et aux énergies renouvelables apparaît ainsi comme une solution pertinente pour construire l'indépendance énergétique de l'Europe et de la France.

Sources et notes explicatives :

1Source : Tableau de bord : solaire photovoltaïque – Quatrième trimestre 2021, Ministère de la Transition écologique, février 2022.
2Source : Plus de 100 000 opérations d'autoconsommation en France métropolitaine, Enedis, mai 2022.
3Source : Evolution des tarifs réglementés de vente d’électricité, CRE, février 2022.
4Source : Rapports du GIEC, IPCC.ch, 2022.
5Source : Bilan énergétique de la France en 2021 - Données provisoires, Ministère de la Transition Écologique, avril 2022.
6Source : Installation de panneaux solaires : vous avez droit à des aides !, Ministère de l'Économie, des Finances et de la Relance, février 2022.
7Source : Aides d'État : la Commission autorise un régime français de 5,7 milliards d'euros destiné à soutenir la production d'électricité par de petites installations solaires sur les bâtiments, Site de l'Union Européenne, août 2021.
8Source : Futurs énergétiques 2050, RTE France, octobre 2021.

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