Des risques de coupures d'électricité à prévoir en janvier 2023

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Emmanuelle Wargon, la présidente de la Commission de régulation de l'énergie (CRE) et Thomas Veyrenc, le directeur exécutif en charge du pôle stratégie du réseau de transport RTE l’ont assuré : il n’y aura pas de blackout généralisé cet hiver. Toutefois, l’un comme l’autre n’écartent pas la possibilité de “coupures ciblées, temporaires et programmées” sur le territoire. En clair, qu’est-ce que cela signifie ?

“Le système qui saute, ça ne se produira pas”

Invitée sur le plateau de Franceinfo ce samedi 19 novembre, la présidente de la Commission de régulation de l’énergie s’est voulue rassurante, sans toutefois écarter le scénario mettant en scène de possibles coupures d’électricité, mais précisant tout de même que “le système qui saute, ça ne se produira pas”.

La veille, toujours sur le plateau de Franceinfo, Thomas Veyrenc, directeur exécutif en charge du pôle stratégie, prospective et évaluation de RTE évoquait lui aussi - en cas de tensions sur le réseau électrique - la possible menace de coupures “ciblées”, “temporaires” et “programmées”. Sans toutefois être alarmiste :

“Si la température reste normale pour la saison, les Français n'entendront pas parler de nous [RTE]. Il ne se passera rien par rapport à un jour normal.”

La crainte se tourne donc du côté de la météo, mais pas seulement. En effet, alors que le calendrier de remise en service du parc nucléaire d’EDF ne cesse de prendre du retard, la production d’électricité hexagonale continue d’inquiéter.

À en croire les prévisions publiées vendredi dernier par le gestionnaire de réseau, en janvier, EDF devrait être en mesure de fournir 40 gigawatts (GW), soit 65% seulement de la capacité nucléaire installée.

“La disponibilité du parc nucléaire est aujourd'hui légèrement inférieure à la prévision centrale de RTE de début septembre” souligne le gestionnaire du réseau de transport d'électricité français. En cause notamment, les récents mouvements sociaux qui ont imposé une mise à l’arrêt des travaux de rechargement durant le mois d'octobre.

"Pas beaucoup de marge de manœuvre"

EDF accuse le coup, d’autant que, comme le rappelle Emmanuelle Wargon, “à cette époque de l'année, d'ordinaire on est plutôt autour de 50, voire au maximum autour de 60 GW. Or, on sera plutôt autour de 40, et avec 40 GW, on n'a pas beaucoup de marge de manœuvre”.

Mais le parc nucléaire n’est pas seul responsable de ces inquiétudes liées aux éventuelles tensions à venir sur le réseau. Si on ne parle plus des problèmes de gaz à l’échelle européenne, liés à la guerre survenue entre l’Ukraine et la Russie, la France a également fait les frais de gros problèmes de sécheresse estivaux.

Bien qu’après un été particulièrement sec, le niveau des lacs soit revenu à un niveau proche de la moyenne 2015-2021, au 31 octobre dernier, les lacs des centrales hydrauliques demeuraient en moyenne 2,5% moins remplis que les années précédentes. Pour rappel, l’hydroélectricité est aujourd’hui la deuxième source de production électrique derrière le nucléaire et la première source d’électricité renouvelable en France.

Une baisse de la consommation de 5 à 7%

Il reste à noter que lors de la précédente projection de RTE, en septembre dernier, les mois de novembre et décembre présentaient un risque particulièrement élevé en matière de saturation du réseau électrique. Un risque en baisse depuis, du fait d’une météo particulièrement clémente, mais également grâce à une baisse structurelle de la consommation d'électricité, dans l'industrie mais également chez les particuliers.

“On regarde et on compare la consommation à température normale. Dans ce cas, la consommation a baissé de l'ordre de 5 à 7% sur cette période.”

Sur le mois d’octobre dernier, on constatait une baisse de 6,8% de la consommation électrique par rapport à la moyenne des années précédentes (2014-2019) en France. Une diminution liée à la météo certes, mais pas uniquement. En plus des efforts réalisés par les Français dans le cadre des nombreuses incitations à la sobriété énergétique, l’industrie a, de son côté, fait les frais de la hausse radicale des prix de l’énergie. En effet, en 2014, la consommation électrique (consommation sur les 30 derniers jours comparé à la même période pour les années précédentes) du secteur industriel était de 5020 Ghw, 4564 Ghw en 2021 contre 3985 Ghw aujourd'hui, en 2022. Face aux factures exorbitantes, bon nombre d’entreprises se sont vues contraintes de baisser radicalement leur production, voire - comme ce fut le cas de Duralex - de suspendre leurs activités.

Pas plus de deux heures de coupures

Une baisse des consommations indispensable toutefois, pour s’assurer un hiver serein en matière de fourniture d’énergie si l’on en croit RTE et la CRE.

Compte-tenu du faible rendement du parc nucléaire, c’est en effet du côté des consommateurs que l’attention est portée. En cas de baisse drastique des températures l’outil Ecowatt de RTE devrait alors entrer en jeu en invitant professionnels et particuliers à veiller de près à leurs usages en matière d’électricité, sous peine de coupures.

Pour rappel, l’outil développé par RTE, en collaboration avec l’Ademe, a vocation à tenir informés et alerter les consommateurs sur l’état du réseau électrique hexagonal en temps réel, grâce notamment au code couleur suivant :

🟢 Vert : Consommation normale ;
🟠 Orange : Système électrique tendu. Les écogestes sont les bienvenus ;
🔴 Rouge : Système électrique très tendu. Coupures inévitables si nous ne baissons pas nos consommations.

Ces pictogrammes sont également partagés sur les chaînes du groupe France Télévision durant la pause météo. Dans le cas de la mise en place d’une alerte rouge, les particuliers ainsi que les entreprises sont donc appelés à appliquer certains écogestes - notamment dictés sur la plateforme Ecowatt - afin de faire baisser le niveau de tension du réseau.

“S'il n'y a pas d'actions alors il y a un risque de coupures qui seraient ciblées [...] Ce seront donc des coupures qui ne toucheraient pas toute la France, pas tout le monde, qui seraient tournantes, temporaires, ne dureraient pas plus de deux heures et systématiquement programmées avec une alerte trois jours avant, confirmées la veille au soir.”

Thomas Veyrenc, pour Franceinfo

Un risque accru donc au mois de janvier, au cours duquel les températures sont traditionnellement les plus basses, mais qui devrait diminuer à partir des mois de février et mars.

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