7 questions sur la hausse des prix de l’électricité
Depuis le 1er février 2023, malgré la reconduction du bouclier tarifaire, les tarifs réglementés de l’électricité (TRV) ont connu une nouvelle hausse de 15%. Cette hausse représente en moyenne un surplus équivalent à une vingtaine d’euros sur la facture mensuelle des particuliers ayant souscrit à des abonnements dont le prix de l’électricité est lié au tarif réglementé d’EDF.
Cette nouvelle situation a laissé quelques questions en suspens sur la consommation d’électricité et son coût financier. Faut-il s’attendre à une hausse mensuelle récurrente du montant de la facture d’électricité ? Peut-on contourner cette inflation ? Être sobre énergétiquement, suffit-il à faire baisser sa facture d’électricité ? Voici les réponses à sept questions récurrentes sur cette nouvelle augmentation des prix de l’électricité.
Est-il possible d'échapper à la hausse des prix de l'électricité ?
La hausse des prix de l’électricité devrait toucher cette année 20,54 millions de ménages et environ 1,5 million de petits professionnels. Elle concerne la métropole, la Corse et les départements d'outre-mer. Seuls les ménages vivant en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie sont épargnés, puisqu’ils disposent de leurs propres tarifs.
Si l’ensemble des foyers ne sera donc pas impacté, cette hausse concerne tout de même une grande majorité des consommateurs. Parmi les profils touchés par cette inflation, on compte les consommateurs ayant souscrit un contrat EDF au Tarif bleu ou une offre indexée sur le tarif réglementé.
Il est possible d’échapper à la hausse des prix, dans plusieurs cas :
- Si le contrat d’électricité n’est pas indexé sur les tarifs réglementés de l’électricité. Dans ce cas, tout dépendra du fournisseur d’énergie et de la source d’énergie pour répondre à ses besoins d’électricité.
- Pour les consommateurs disposant d’un contrat à prix fixe qui n’est pas encore arrivé à échéance, la hausse des prix ne se ressentira pas immédiatement, mais à l’issue du contrat. Au moment du recalcul des mensualités, une hausse pourrait se faire sentir.
- Dans le cas des offres EJP, Tempo, ou de l’option heures creuses / heures pleines, l’augmentation variera en fonction des heures et des jours d’utilisation et ne sera pas systématiquement de l’ordre de 15%. Il est même possible dans certains cas d’échapper à la hausse des prix, à condition de procéder à une surveillance accrue de sa consommation d’électricité.
Pour se protéger contre la hausse des prix, il convient également de s’astreindre à une batterie d’écogestes quotidiens. L’outil Ecowatt, qui se présente comme un suivi de la consommation nationale d'électricité, offre une série de conseils pour diminuer ses besoins en électricité. Parmi les plus efficaces, on compte notamment :
- Contrôler la température des chauffages électriques, en montant la température au maximum à 19°C ;
- Décaler l’utilisation d’appareils électriques aux heures creuses ou jours bleu et blanc pour les offres tempo. Notamment l’utilisation de la machine à laver, du sèche-linge ou du lave-vaisselle ;
- Éteindre les lumières en sortant des pièces ;
- Modérer l’utilisation d’objets électriques (console de jeux vidéo, assistants personnels virtuels, télévision) ou des appareils de cuisson ;
- Globalement, éviter de consommer trop d’électricité durant les périodes de tension sur le réseau électrique. Elles sont d’ailleurs indiquées par Ecowatt.
Ma facture d’électricité va-t-elle nécessairement augmenter de 15% ?
On parle d’une hausse de 15%, mais celle-ci représente une moyenne. En réalité, il s’agit d’une augmentation contrôlée par le bouclier tarifaire. Ce chiffre permet de définir le plafond maximal de la hausse des prix de l’électricité. Sans bouclier tarifaire, la hausse effective sur les factures d’électricité serait de plus de près de 100% à en croire la Commission de régulation de l’énergie (CRE) et le gouvernement. Soit une augmentation moyenne de 180 euros au lieu de la vingtaine d’euros supplémentaire annoncée.
Cette hausse des prix sera variable selon le profil du consommateur et son mode de consommation. Si l’on regarde en détail, le type d’abonnement souscrit et la quantité d’électricité consommée, on peut estimer que les petits consommateurs se rapprocheront davantage d’une hausse tarifaire de 10% en moyenne. En revanche, les clients qui consomment davantage d’électricité - notamment durant les heures pleines - subiront plutôt une hausse de l’ordre 20% par an sur leur facture d’électricité.
La hausse de 15 % inclut-elle l’augmentation de 4% subie en 2022 ?
La hausse de 15% du tarif réglementé de l’électricité (TRV) est à prendre en compte par rapport au TRV de l’année précédente, qui comprenait déjà une inflation de 4%. La nouvelle augmentation du prix de revente de l’électricité annoncée le 1er février 2023 est l’une des plus hautes depuis 10 ans.
En février 2022, le TRV avait augmenté de 4%, un “taux plafond” instauré grâce au bouclier tarifaire. En août 2022, les prix de l’électricité ont par ailleurs été gelés sur cette base, mais compte-tenu du coût conséquent du dispositif, il a été impossible d’empêcher le nouveau rebondissement du prix de l'électricité, corrélé à celui du gaz, qui a également connu une hausse de 15% en janvier 2023.
Quelle offre tarifaire choisir pour éviter une hausse des prix de l'électricité ?
Pour éviter une inflation trop importante sur les prix de l’électricité, il est possible d’opter pour des offres tarifaires récompensant l’auto-régulation de sa consommation.
Plusieurs abonnements permettent aux clients de gérer leur consommation. Ce type d’abonnement propose des heures ou des jours au cours desquels le prix du kWh s’avère plus avantageux. À l'inverse, les plages horaires correspondant à des heures de tension du réseau électrique proposent quant à elles un prix plus élevé qu'en option base. On compte notamment les abonnements suivants :
- L’option heures creuses / heures pleines, disponible auprès de l’essentiel des fournisseurs d’électricité ;
- L’offre Tempo d’EDF ;
- L’option EJP d’EDF, qui n’est plus souscriptible mais concerne encore une poignée de clients.
Pour les clients bénéficiant de ce type d’offre, il est donc possible de subir une hausse inférieure à 15%. Notamment :
- Avec un abonnement EJP depuis le 1er février 2023
> Les jours de pointe, la hausse des prix est estimée à 56,16%
> Les jours normaux, la hausse des prix est estimée à 1,79% - Avec un abonnement Tempo depuis le 1er février 2023
La hausse moyenne sur une offre Tempo est estimée à environ 4% et non 15%, à condition de respecter scrupuleusement certaines conditions. L’offre Tempo fonctionne selon trois catégories de jours : bleu (prix de l’électricité beaucoup moins cher que le TRV), blanc (électricité légèrement mois coûteuse que le TRV), rouge (prix de l’électricité trois fois plus élevé que le TRV).
Existe-t-il des aides pour faire face à la hausse des prix de l'électricité ?
Oui, il existe une série d’aides pour lutter contre la hausse des prix de l’électricité.
Le Bouclier tarifaire
C’est le bouclier tarifaire qui permet de contenir la hausse des prix à 15% au lieu de 100%. Il est appliqué à tous les particuliers et à l’ensemble de leurs consommations électriques, y compris la recharge d’un éventuel véhicule électrique. Le bouclier tarifaire concerne également les TPE de moins de 10 salariés, dont le chiffre d’affaires est inférieur à deux millions d’euros et qui disposent d’un compteur électrique d’une puissance inférieure à 36 kVA.
Il n’est pas nécessaire de faire une demande pour être protégé par le bouclier tarifaire, il est directement appliqué sur les factures d’électricité.
Le Chèque énergie
Plusieurs versions du chèque énergie ont été mises en place pour aider les ménages en difficulté financière à payer leurs factures d’énergie.
Pour la hausse du prix de l’électricité, les foyers les plus précaires ont reçu un chèque énergie dont le montant est calculé en fonction de leur revenu fiscal de référence. Ce chèque oscille entre 50 euros et 280 euros. Il peut être utilisé jusqu’au 31 mars 2023 pour régler des factures d’énergie (électricité, gaz, fioul, bois) ou dans le cadre d’une rénovation énergétique. Le chèque a été envoyé directement au domicile des personnes.
L’amortisseur d’électricité pour les TPE et PME
L’amortisseur électrique est une mesure mise en place cette année. Il concerne les TPE et PME de moins de 250 salariés qui ne peuvent bénéficier du bouclier tarifaire.
Il s’agit d’un plafond appliqué sur les factures d’électricité, qui globalement permet de prendre en charge environ 20 % du coût total de la consommation d’électricité de ces entreprises.
Le guichet d’aide au paiement de factures d’électricité pour les entreprises
Le guichet d’aide au paiement des factures d’électricité et de gaz est un levier mis en place l’an dernier et qui a été reconduit jusqu’à la fin de l’année 2023. Il vient en aide à toutes les entreprises rencontrant des difficultés de paiement de leurs factures d’énergie.
Les entreprises éligibles sont celles dont la facture a augmenté de 50 % par rapport au prix moyen payé en 2021. Les dépenses d’énergie doivent représenter plus de 3 % du chiffre d’affaires effectué en 2021.
Les prix de l'électricité sont-ils plus élevés en France que dans le reste de l'Europe ?
La France affiche des prix d’électricité plus faibles que le reste de l’Europe. Du moins, si l’on se concentre sur l’électricité fournie aux clients résidentiels. Le bouclier tarifaire reconduit pour les six premiers mois de l’année 2023 a permis de proposer des tarifs en dessous de la moyenne européenne.
Initialement la France disposait déjà de tarifs plus faibles que le reste de l’Europe. D’après les données d’Eurostat en 2021, la France proposait un prix moyen du kWh de 0,19 cts/€ TTC. Alors que la moyenne européenne était de 0,22 cts/€ TTC.
En revanche, si l'on se penche sur les consommateurs de type industriel et professionnel, la France est l’un des pays qui propose les tarifs d’électricité les plus élevés d’Europe. Toujours d’après les données d’Eurostat, le kWh était vendu en 2021 à 0,085 € HT aux entreprises, lorsque la moyenne européenne était de 0,086 € HT/kWh.
Le pays a pu contenir la hausse des prix de l’électricité à 15% pour les particuliers. En revanche les entreprises connaîtront plutôt une augmentation tarifaire de 84% d’après les estimations de l’Insee.
Quand est-ce que les prix de l'électricité vont-ils de nouveau baisser ?
Pour l’heure il est impossible de répondre à cette question. Le prix de l’électricité dépend de plusieurs facteurs.
Le prix de l’électricité est corrélé à celui du gaz. En effet, le prix de l’électricité en Europe est défini selon sa source de production et une grande partie de celle-ci est produite à partir de gaz naturel. Ainsi une hausse, tout comme une baisse des tarifs du gaz, influencera systématiquement ceux de l’électricité.
Ce tarif dépend également des stocks d’électricité de la France. La perte de productivité du parc nucléaire hexagonal, en raison de son vieillissement, a poussé le pays à se fournir sur le marché européen au moment de la crise énergétique. Une relance de réacteurs nucléaires à l’arrêt pourrait aider la France à regagner son indépendance en matière d’électricité. Mais cette option demeure aujourd’hui hypothétique.
Concernant la définition des prix de l’électricité, la hausse ou la baisse du TRV est révisée par la Commission de Régulation de l'Énergie (CRE) une à deux fois par an. En fonction du contexte, elle se positionne sur le prix le plus juste à appliquer aux consommateurs, en fonction de critères stricts et définis. Le gouvernement décide de suivre ou non les recommandations de la CRE.
Pour le mois de février 2023, en raison d’une augmentation des coûts d’approvisionnements assumés par les fournisseurs d’électricité, la CRE a suggéré une augmentation du prix de revente de + 44,7% HT. Finalement, l’État a quant à lui décidé de contenir la hausse à 15% en mettant en place un bouclier tarifaire. Ce dispositif est mis en place jusqu’au 30 juin 2023. Après cette date, le prix de l’électricité pourrait changer ou se maintenir à l’actuel niveau, en cas de reconduction du bouclier tarifaire.