Déduire les heures de coupures d’électricité de sa facture d'énergie, est-ce possible ?

Depuis plusieurs jours, un message d’un genre particulier fait le buzz sur Facebook. Face aux craintes de coupures d’électricité tournantes - d’une durée de 2 heures maximum - partagées par le gouvernement et le gestionnaire RTE, ce post sur les réseaux sociaux invite donc les consommateurs à prendre une résolution radicale : déduire eux-mêmes le nombre d’heures de coupure d’électricité de leurs factures. Mais ce conseil est-il applicable et surtout, est-il utile ?

100 000 partages pour des économies d’énergie

Avec près de 55 000 partages sur Facebook, ce message incitant les internautes à déduire par eux-mêmes de leur facture d’électricité le nombre d’heures d’éventuelles coupures d’électricité a fait des émules, depuis le 2 décembre dernier. Sans compter sa multitude de duplicatas, tout aussi commentés et partagés. En tout, ce sont donc environ 100 000 partages - au minimum - que compte cette incitation au “recalcul de ses factures d’électricité”.

“On nous annonce des coupures d’électricité. Ok, mais pensez à vérifier le nombre d’heures de coupure par mois et déduisez-le de votre abonnement. Ils veulent faire des économies, bah nous aussi ! Faites tourner !”

Le principe est simple donc, il s’agirait pour les consommateurs victimes de ces coupures tournantes annoncées, de déduire les deux heures concernées de leur facture de fin de mois. Il est à noter toutefois que - pour l’heure - aucune de ces dites coupure ne s’est produite sur le territoire hexagonal. Malgré les températures négatives et le pic de consommation consécutif de ces derniers jours, l'alerte orange d'Ecowatt n'a en effet pas été déclenchée en ce début de semaine, pas plus que les semaines précédentes.

Pas de dédommagement pour les clients

Le conseil a de quoi surprendre, dans la mesure où - si une telle coupure venait à survenir - les foyers concernés ne pourraient pas bénéficier d’électricité et donc… Consommer. La recommandation formulée par la publication Facebook invite donc les particuliers et professionnels à déduire de leurs factures des heures de consommations inexistantes. Comme le souligne EDF :

“Par définition, une électricité non consommée n’est pas facturée.”

Pour rappel, lorsqu’un client souscrit un contrat d’énergie - quel que soit le fournisseur d’énergie auprès duquel la souscription est établie (TotalEnergies, Engie, Eni…) - paye :

• Un abonnement à l’année. Le coût de cet abonnement dépend de la puissance du compteur électrique concerné (en kVA) et de l’option tarifaire choisie (base ou heures creuses). Le tarif de cet abonnement est ensuite invariable, quelle que soit la consommation d’énergie ;
• Le prix des kWh. Là encore, il peut dépendre de la puissance de compteur ainsi que de l’option tarifaire, mais son prix affiché sur la facture d’électricité à la fin du mois résulte uniquement de la quantité d’énergie consommée par le client.

Pour résumer, que survienne ou non une coupure d’électricité sur le réseau, la facture mensuelle sera la conséquence des consommations des clients et l’abonnement demeurera quant à lui invariable. Puisqu’il ne peut y avoir de consommations d’électricité au cours des heures de coupure et que le coût de l’abonnement demeure le même, indépendamment des consommations il n’y a, pour ainsi dire, rien à déduire.

De plus, il est à noter que les fournisseurs d’énergie ne sont pas à l’origine de ces coupures d’électricité. Qu’il s’agisse d’EDF ou de tout autre fournisseur alternatif concurrent de l’énergéticien français. Comme leur nom l’indique, les fournisseurs d’énergie… Fournissent l’énergie et ne sont aucunement impliqués dans la gestion du réseau électrique. Concernant le réseau, on peut citer les deux acteurs majeurs du territoire français qui sont :

• RTE, en charge de la gestion du réseau de transport d’électricité (GRT), c'est-à-dire l'acheminement de l’électricité haute et très haute tension du producteur au distributeur.
• Enedis, qui assure la distribution de l'électricité sur 95% du territoire français.

C’est donc légitimement qu’EDF a précisé au média 20 Minutes qu’il n'envisageait pas “de déduire un montant de la facture des abonnés”, puisqu’il n’endosse aucune responsabilité en cas de panne de courant.

Des coupures d'électricité évitables

Pour les consommateurs les plus inquiets, pas de panique toutefois. Si les coupures évoquées massivement tout au long de ces dernières semaines ont eu de quoi soulever bon nombre d’interrogations et autres craintes, il est à rappeler que celles-ci demeurent hypothétiques et non inévitables.

En effet, en cas de tensions sur le réseau, le gouvernement et RTE ont mis en place un arsenal bien huilé afin de se protéger de tout scénario alarmant. Avant tout, une alerte sera donnée via l’outil Ecowatt, elle-même relayée sur les principales chaînes de télévision françaises par la voie de pictogrammes :

🟢 Vert : Consommation normale ;
🟠 Orange : Système électrique tendu. Les écogestes sont les bienvenus ;
🔴 Rouge : Système électrique très tendu. Coupures inévitables si nous ne baissons pas nos consommations.

Il conviendra alors pour les citoyens de baisser leur niveau de consommation électrique. Si toutefois cette baisse ne s’avérait pas suffisante, pas question pour autant de blackout total sur l’ensemble du territoire. La France ne sera en effet pas plongée dans le noir. Ce sont des zones de 2 000 clients en moyenne qui seront ciblées, selon le site du gouvernement. Les Français raccordés à une ligne prioritaire ou sur une ligne qui dessert des sites prioritaires tels que les hôpitaux ou les centres de secours devraient également échapper aux éventuelles coupures.

“S'il n'y a pas d'actions alors il y a un risque de coupures qui seraient ciblées [...] Ce seront donc des coupures qui ne toucheraient pas toute la France, pas tout le monde, qui seraient tournantes, temporaires, ne dureraient pas plus de deux heures et systématiquement programmées avec une alerte trois jours avant, confirmées la veille au soir.”

Malgré un pic de consommation survenu dans la journée du lundi 12 décembre, le signal Ecowatt est demeuré au vert, signe que ces coupures demeurent une option qui pour l’heure ne semble pas en voie de concrétisation.