Rénovation énergétique : un pari vraiment gagnant ?
La rénovation énergétique se développe rapidement en France, avec plus d’un million de logements rénovés depuis 2020 d’après l’Agence nationale de l’habitat. Pour soutenir ce secteur aux enjeux importants, le gouvernement a déployé de nombreuses aides. Si la rénovation énergétique promet des avantages très intéressants sur le papier, qu’en est-il dans la réalité ?
Rénovation énergétique : objectifs et avantages
La rénovation énergétique permet de réaliser des économies d’énergie en améliorant l’efficacité énergétique de son logement par des travaux corrigeant ses caractéristiques énergétiques ou par l’installation d’équipements plus performants : isolation thermique, installation d’une pompe à chaleur, etc.
En France, la rénovation énergétique représente un enjeu majeur dans la dynamique de transition énergétique. L'Observatoire national de la rénovation énergétique (ONRE) a en effet estimé en juillet 2022 qu’environ 5,2 millions de logements en France seraient des passoires énergétiques. Ces logements, classés F et G au Diagnostic de Performance Énergétique (DPE), souffrent de mauvaises performances : mal isolés, ils consomment une quantité d’énergie anormalement élevée pour la surface à chauffer. Améliorer l’efficacité énergétique de ces passoires thermiques est donc essentiel dans une optique de réduction des consommations d’énergie.
La rénovation énergétique permet en outre aux consommateurs d’améliorer sensiblement le confort de leur logement et de réaliser des économies. Dans la plupart des cas, les ménages ayant entrepris des travaux de rénovation sont d’ailleurs satisfaits. Les résultats de l’enquête TREMI (Tour de rénovation énergétique dans les maisons individuelles) menée par l’ADEME sur les travaux réalisés entre 2014 et 2016 indiquent en effet que 83 % des ménages estiment avoir amélioré le confort thermique de leur logement grâce aux travaux et 61 % disent avoir observé des dépenses énergétiques plus faibles dès la fin des travaux.
Les enjeux de la rénovation énergétique
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Des économies d'énergie
... et d'argent ! Chacune des transformations apportées au logement permettront de réaliser des économies conséquentes sur le budget énergie du foyer.
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Plus de confort
La rénovation énergétique peut permettre de mettre fin, entre autres, aux courants d'air, sensations de froid ou encore aux problèmes d'humidité améliorant donc le confort au sein d'un logement.
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Respect de l'environnement
Effectuer des rénovations énergétiques dans son logement c'est prendre part à l'effort essentiel pour réduire son empreinte énergétique sur la planète.
Rénovation énergétique : les obligations légales
Au-delà des avantages en termes d’économies d’énergie et de confort, la rénovation énergétique répond à des obligations légales. Cette réglementation sur les dépenses théoriques d’énergie a pour objectif d’encadrer les pratiques locatives et d’améliorer progressivement l’efficacité énergétique de l’ensemble des logements sur le territoire.
Les logements dont le classement DPE est trop important seront ainsi progressivement interdits à la location, selon le calendrier suivant :
- Depuis le 1er janvier 2023 : les logements consommant plus de 450 kWh/m² ne peuvent être loués ;
- En 2025 : aucun logement dont la classe DPE est de G ne pourra être proposé à la location ;
- En 2028 : l’interdiction de location s’étendra aux logements DPE est de F ;
- En 2034 : aucun logement dont la classe DPE est de E ne pourra plus être loué.
Depuis août 2022, il est également interdit d’augmenter le loyer des logements classés F et G lors du renouvellement du bail ou de la remise en location.
Par ailleurs, à partir du 1er avril 2023, un audit énergétique devra obligatoirement être réalisé dans le cadre de la vente d’un bien classé F ou G. Cet audit devra être fourni à tout potentiel acquéreur lors de la première visite, et indiquer les travaux à réaliser pour améliorer le classement de l’habitation. Cette obligation sera étendue aux logements classés E à partir de 2025. Cette nouvelle réglementation a d’ores et déjà un impact sur les prix de vente, en particulier à Paris, où l’immobilier est constitué à 35 % de passoires énergétiques. À en croire une étude menée par Opinionway pour SeLoger, le prix de vente des passoires énergétiques parisiennes a reculé de 3,7 % en moyenne depuis juillet 2021.
Des projets coûteux mais soutenus par de nombreuses aides
À l’heure actuelle, l’un des freins au développement de la rénovation énergétique est le coût très élevé des investissements. Les professionnels estiment en effet qu’en moyenne, des travaux de rénovation énergétique représenteraient un coût de 200 à 450 euros par mètre carré environ. Pour un appartement de 25 mètres carrés, cela représente un coût allant de 5 000 à plus de 11 000 euros. Le coût total des projets de rénovation varie selons plusieurs éléments, entre autres :
- Le tarif du professionnel qui réalise les travaux ;
- L’état du logement à rénover ;
- Les contraintes éventuelles provoquées par le lieu ou la nature du logement ;
- Le niveau d’amélioration énergétique souhaité.
Pour faire face à ce problème et inciter les consommateurs même les plus modestes à lancer des projets de rénovation, le Gouvernement a déployé de nombreuses aides financières et subventions, qui permettent de couvrir en partie voire totalement les dépenses liées aux travaux :
- Aides à la rénovation énergétiques - 2025
- MaPrimeRénov’ ;
- Le aides de l'Anah, comme le programme «Habiter Mieux » ;
- Le dispositif des certificats d’économies d’énergie via les fournisseurs d'énergie ;
- La TVA à taux réduit ;
- L'éco-prêt à taux zéro ;
- Les aides des collectivités locales ;
- Le chèque énergie ;
- Le crédit d’impôt pour installer une borne de recharge pour voitures électriques ;
- L'exonération de la taxe foncière ;
- Le dispositif Denormandie ;
- Des prêts pour améliorer l'habitat ;
- L'aide de la caisse de retraite pour les ménages concernés.
Rénovation énergétique : les ombres au tableau
La rénovation énergétique promet en théorie de nombreux avantages, mais présente également certaines limites. Entre autres, un retour sur investissement assez long et des risques liés à la qualité des travaux.
Un retour sur investissement relativement modéré
D’après un rapport publié dans le cadre de la Chaire Économie du Climat de 2020, les économies réalisées grâce à la rénovation énergétique resteraient en effet relativement modestes. D’après cette étude, un millier d’euros dépensés correspondrait en effet à une économie annuelle de 10 euros environ. Il faudrait donc en moyenne près d’un siècle pour rentabiliser son investissement. Un rendement peu élevé en comparaison des dépenses. D’après un sondage Ipsos pour Nexity dévoilé le 23 février dernier, 46 % des Français interrogés jugent ainsi les sommes à investir trop importantes.
Il faut toutefois conserver une certaine prudence face à ces résultats, car ce rapport est établi à partir de données observées entre 2000 et 2013. Si les types de logements et de ménages concernés n’ont pas sensiblement évolué depuis, le type de travaux de rénovation s’est en revanche fortement métamorphosé d’après le rapport. Le développement de matériaux à haut rendement et de nouvelles techniques permet de gagner en efficacité, ce qui pourrait se traduire par une rentabilité plus élevée des projets. De plus, les aides publiques permettent de réduire les dépenses personnelles engagées et donc d’atteindre un seuil de rentabilité bien plus rapidement.
Les craintes d’une rénovation énergétique de mauvaise qualité
Autre problème soulevé : l’effet potentiellement pervers des subventions sur les résultats des travaux. Les aides de l’État portent en effet sur les travaux réalisés et non sur les résultats observés ensuite, ce qui pourrait avoir tendance à inciter les consommateurs à se tourner vers des artisans moins chers mais potentiellement moins efficaces pour limiter le reste à charge pour leurs travaux.
Un risque d’aléa moral existe également du côté des professionnels. Certains artisans peu scrupuleux peuvent en effet être tentés de profiter de la méconnaissance des particuliers et de l’absence de contrôle a posteriori des résultats pour réaliser des travaux de qualité inférieure pour des prix équivalents. Le sondage Ipsos dévoile ainsi que 31% des Français interrogés affirment ne pas savoir comment identifier les entreprises sérieuses et avoir peur des arnaques.
Pour faire face à ces problématiques, certains dispositifs ont heureusement été mis en place par le Gouvernement dans le but de garantir le sérieux des professionnels et la qualité des travaux. C’est le cas notamment pour les travaux éligibles à Ma Prime Rénov’, qui doivent être nécessairement effectués par un professionnel RGE (reconnu garant de l’environnement). De même, depuis le 1er janvier 2023, les particuliers souhaitant bénéficier de la prime de transition énergétique et des aides apportées par l’Anah doivent également souscrire une forme de contrat avec Mon Accompagnateur Rénov’, un expert qui veille au bon déroulement des travaux dans les domiciles éligibles.
Bon à savoir En cas de doute sur un artisan ou sur la légitimité de certains travaux, il est possible de s’adresser directement à France Rénov’ sur le site francerenov.gouv.fr ou d’appeler un conseiller 0 808 800 700, du lundi au vendredi et 9h à 18h.