Coupure de courant : la France menacée cet hiver ?
D’après RTE, le gestionnaire de transport d’électricité, l'approvisionnement d'électricité de l'Hexagone demeure « sous vigilance particulière » cet hiver. En cas de grand froid, le réseau pourrait entrer en tension. Cela signifie que la quantité de production pourrait avoir des difficultés à répondre à la demande en électricité. En effet, la Covid-19 a eu des répercussions sur les capacités de production nucléaire en France. Risque-t-on des coupures de courant si les températures baissent ? Selectra fait le point sur le sujet.
Pourquoi une tension du réseau électrique en hiver ?
En hiver, le froid s'installe et les ménages rallument leur système de chauffage. Or, en France, environ un tiers des consommateurs utilisent un chauffage électrique. Cela a pour conséquence de faire augmenter la consommation d'électricité nationale.
Cette situation ne serait pas un problème si l'électricité pouvait se stocker. Malheureusement, c'est encore très difficile à grande échelle. Il faut donc consommer l'électricité au moment de la production. En hiver, si la demande augmente et que la production stagne alors le risque de tension du réseau électrique s'accroit. En cas de trop forte tension, c'est la coupure généralisée (on parle aussi de "black-out").
Le parc nucléaire face à des opérations de maintenance
Aujourd'hui, selon le bilan électrique de 2020 de RTE, le mix énergétique français dépend à 67,1% de l'énergie nucléaire. Pour des questions de sécurité nationale, les centrales font l'objet de maintenance suivant un calendrier précis.
Cependant, la succession de confinements a fait prendre du retard aux opérations de maintenance. Certaines auront finalement lieu pendant la période hivernale.
Ces arrêts s'ajoutent à ceux liés aux visites décennales prévues de longue date. RTE
Combien de centrales nucléaires seront à l'arrêt cet hiver ?Sur les 56 réacteurs que compte le parc français, entre 5 et 15 centrales ne seront pas en mesure de fonctionner durant les mois à venir.
Pourquoi ne pas reporter nos capacités de production sur les énergies renouvelables ?
C'est une solution qui s'avère techniquement compliquée. Tout d'abord parce que les capacités de production des infrastructures renouvelables ne sont pas extensibles en si peu de temps. Elles ne peuvent venir se substituer au nucléaire du jour au lendemain.
D'autre part, parce que les énergies renouvelables sont dites "intermittentes" : elles dépendent des conditions météorologiques. De manière très concrète, sans vent, une éolienne ne tourne pas. Il est donc difficile de pouvoir prévoir leur capacité de production exacte.
Pas de risque de black-out cet hiver
Malgré une situation de tension, RTE a fait savoir que la France ne devrait pas subir de coupures d'électricité cet hiver. Pour équilibrer le réseau électrique, RTE peut :
- importer de l'électricité depuis les pays voisins ;
- jouer sur les capacités d'effacement industriel. Il s'agit de demander aux industries de ralentir leur consommation ou de consommer de l'électricité hors réseau, produite via un groupe électrogène, par exemple.
- procéder à des délestages, des coupures très ponctuelles et prévues. Cette solution n'est jamais privilégiée par RTE.
Et si l'on passait à l'effacement ?L'effacement résidentiel est un moyen de faire des économies et de soutenir le réseau de manière solidaire. En France, il est proposé par Voltalis et Ekwateur via le boîtier Narco. En cas de pic de consommation, ce boîtier connecté coupe les radiateurs électriques pendant quelques minutes, afin de soulager le réseau. Cette petite coupure est imperceptible et est trop brève pour faire baisser la température du logement. Sur la facture d'électricité, en revanche, les gains sont importants : on peut réaliser jusqu'à 15% d'économies d'énergie à l'année.