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Hausse des prix de l'énergie : combien pouvez-vous économiser en vous chauffant au bois cet hiver ?

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À la fin de l’année 2021, près de 7 millions de foyers se chauffaient au bois1. Un chiffre qui augmente fortement depuis le début de la crise de l’énergie. En effet, de nombreux consommateurs se tournent vers le chauffage au bois afin d'éviter de subir l’envolée des prix de l'électricité et du gaz. Mais cette soudaine ruée sur le bois fait grimper les prix des combustibles et des équipements. Alors la question se pose, le chauffage au bois est-il toujours aussi économique en 2022 ?

1Source : ADEME, 2021.

Le grand retour du chauffage au bois en 2022

Des consommateurs paniqués face au risque de blackout

« Les craintes de pénurie énergétique inquiètent les consommateurs qui font des réserves et se ruent sur les granulés de bois avant l’hiver », annonçait récemment la Fédération française des combustibles, carburants et chauffage (FF3C).

La situation actuelle inquiète les consommateurs qui se retrouvent confrontés à plusieurs facteurs défavorables :

  • La menace d’interruption des importations de gaz russe vers la France ;
  • La baisse de production d’électricité nucléaire due à la mise à l’arrêt de plus de la moitié des réacteurs français.

Le scénario d’une pénurie de gaz et d’électricité durant l'hiver fait la une des actualités. Face à ce contexte exceptionnel, le gouvernement multiplie les appels pour réduire les consommations d’énergie de 10 % afin d’éviter tout risque de blackout durant l’hiver 2022-2023. L’interruption soudaine et incontrôlable de la fourniture d’énergie et l'augmentation des prix de l'énergie : voilà ce inquiète les foyers français.

Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, lançait dernièrement un appel à réduire la « consommation de gaz et d’électricité ». Un message que tous les responsables politiques relaient depuis le début de l’été 2022.

Et c’est bien le chauffage qui cristallise toutes les appréhensions, puisqu’il représente une large partie de la consommation énergétique des foyers, particulièrement au cours de la période froide.

La solution serait-elle le bois ? C’est ce que pensent de nombreux ménages qui se tournent actuellement vers le chauffage au bois. Afin de s’affranchir en partie de l’électricité et du gaz, ils choisissent ainsi d'opter pour ce mode de chauffage d’origine renouvelable et espèrent passer l’hiver au chaud.

Le chauffage à bois, une solution efficace et flexible qui séduit de plus en plus

Si les consommateurs se ruent vers le chauffage au bois, c’est notamment parce qu’il propose un rendement optimal. En particulier le chauffage à granulés ou à pellets. Il garantit ainsi un fonctionnement constant, quelles que soient les températures extérieures.

S’il est principalement adapté aux milieux ruraux et périurbains, le chauffage au bois peut s’adapter aux préférences et aux contraintes des différents profils de consommateurs : il peut s’agir aussi bien d’un chauffage d’appoint (poêle à bois, insert, cheminée) que d’un chauffage central (chaudière à bois, poêle). Et les ménages ont aussi le choix entre plusieurs types de combustibles : bûches ou pellets (également appelés « granulés »).

Le chauffage à bois, une alternative économique et renouvelable

Il faut savoir qu’en France, encore une majorité de foyers se chauffent à l’électricité (31 %) et au gaz de ville (39 %)2. Alors que le chauffage électrique était en pleine ascension, l’éclatement de la crise énergétique a complètement changé la donne.

Si le chauffage au bois attire tant les consommateurs, c’est avant tout parce qu’il représente une alternative plus économique que le chauffage électrique ou à gaz.

En effet, le coût des combustibles s’avérait plus attractif que l’électricité et le gaz avant la crise : Selon une étude de l’ADEME, un particulier qui se chauffait au bois en 2017 payait entre 48 et 78 €/MWh pour un appareil à bûches (poêle, chaudière, insert) et entre 73 et 103 €/MWh pour un appareil à granulés. En revanche, il fallait alors compter entre 84 et 154 €/MWh pour un chauffage au gaz ou à l’électricité3.

De plus, pour le remplacement de l’ancien mode de chauffage peu performant par un système à bois, il est possible de bénéficier de diverses aides de l’État pour la rénovation énergétique (MaPrimeRénov’, Certificats d’Économies d’Énergie, TVA réduite à 5,5 %, aides de l'ANAH, etc). À cette période, l’installation était donc rapidement rentabilisée par les économies réalisées. Au vu de l'inflation actuelle, on peut se demander ce qu'il en est réellement aujourd'hui, en 2022 ?

Certains consommateurs sont également séduits par l’aspect écologique du chauffage à bois. C’est d’ailleurs cette caractéristique qui lui permet d’être éligible à des aides d’État. L’ADEME le décrit comme la « première source d’énergie renouvelable utilisée en France (qui) doit fortement contribuer aux objectifs climatiques et énergétiques du pays ». L’ambition du gouvernement est d’atteindre un total de 9,5 millions de foyers chauffés au bois d’ici à 2023, pour arriver à 11,3 millions en 2028.

L’augmentation du nombre de ménages chauffés au bois était donc voulue et encouragée par l’État dans le cadre de la transition énergétique. Ce qui pose problème aujourd’hui, c’est la vitesse à laquelle se développe cette évolution.

2Source : ADEME, 2021.

3Source : ADEME, 2017.

Le marché du chauffage au bois sous tension

Les ventes de systèmes de chauffage au bois s’envolent

En toute logique, les installations de chauffage au bois connaissent actuellement un essor sans précédent : « Entre 2020 et 2021, les ventes de poêles à granulés ont augmenté de 41 % et les ventes de chaudière à granulés de 120 %, avec respectivement 180 000 et 32 000 pièces », annonce l’association Propellet sur son site internet.

Ces augmentations importantes ont commencé dès le début de la crise de l’énergie, fin 2021. Elles tranchent avec la faible popularité du chauffage au bois avant cette période.

Selon une étude menée par Observ’er avec l’ADEME, les Français ont commencé à s’intéresser aux poêles à bois lors des périodes de confinements successifs. Mais c’est en 2022 que la tendance s’est vraiment confirmée.

Le risque de pénurie sur le bois

Et si la crainte d’une pénurie de gaz et d’électricité entraînait une pénurie de bois ? Cela semble déjà être le cas en ce mois de septembre 2022.

Les ventes de bois de chauffage ont débuté bien plus tôt que d'habitude cette année : alors que les commandes de pellets ne débutent généralement qu’en automne, les consommateurs ont cette année commencé à constituer leurs stocks dès le printemps 2022.

En 2020-2021, la demande en bois s’élevait à 1,8 million de tonnes, pour passer à 2 millions de tonnes à l’hiver 2021-2022. Pour l’hiver 2022-2023, ce chiffre est estimé à pas moins de 2,4 millions de tonnes, selon les informations de la Fédération française des combustibles, carburants et chauffage (FF3C). Il s’agirait d’un chiffre record pour le secteur.

« Depuis mars, selon les mois, la demande a été deux à dix fois supérieure à d’habitude », explique Eric Vial, le délégué général de Propellet, sur BFM TV. « Avec les tensions sur les énergies, les gens ont pris peur et ont voulu sécuriser leurs approvisionnements », ajoute-t-il.

La crainte de la pénurie d’énergie pendant l’hiver a suscité un sentiment de panique générale chez les consommateurs. Aujourd’hui, les fournisseurs de combustibles ne peuvent plus suivre le mouvement. La FF3C annonçait récemment dans un communiqué un possible « déficit d’offre de 5 à 15 % » pour les granulés de bois. Les entreprises locales qui distribuent le bois sont prises d’assaut et doivent reporter les demandes de leurs clients, voire prioriser les consommateurs les plus anciens.

Pour les professionnels du secteur, c’est une évidence : il n’y aura jamais assez de bois pour remplacer totalement le gaz, l’électricité et le fioul. C’est pourquoi la FFC3 recommande aux consommateurs de « différer les projets d’installation neuve qui n’ont pas encore été concrétisés » pour limiter l’envolée de la demande.

La tension sur les approvisionnements en bois s’explique aussi par un problème de ressources : elles sont, elles aussi, mises à mal. Si près de 85 % des granulés distribués aux consommateurs français sont produits en sur le territoire hexagonal, les 15 % restants proviennent habituellement d’Ukraine, de Russie et de Biélorussie. Le conflit actuel entraîne ainsi un manque à gagner non négligeable en cette période tendue pour le secteur.

Les bûches de bois se trouvent aussi dans la tourmente. Alors que la demande explose, les revendeurs ont du mal à s’approvisionner. Cela s’explique notamment par une modification de la réglementation qui oblige les fournisseurs à vendre du bois sec uniquement afin de pallier toute pollution excessive. La quantité de bûches de bois à la vente s’en trouve ainsi réduite.

Certains revendeurs expliquent être en rupture depuis le mois de mai. Ils doivent alors mettre leurs clients sur liste d’attente et augmenter leurs prix : « Je viens de recevoir des palettes, mais elles sont toutes réservées. Ça part à 700 € la tonne », confie l'employée d'une entreprise de vente de bois de chauffage au quotidien 20 Minutes.

Une ruée vers le bois qui fait flamber les prix du bois de chauffage

Le prix du bois s’envole depuis le printemps 2022 : « C’est simple, j’avais acheté ma palette 265 € la tonne en septembre 2021 et là, le même fournisseur me la vend 850 € », expliquait récemment un consommateur de Metz au micro de 20 Minutes.

Entre les difficultés d’approvisionnement, la hausse soudaine et massive de la demande, l’augmentation des exportations et l’inflation généralisée subie par tous les acteurs du circuit du bois : tout concourt à la flambée des prix du bois de chauffage en cet automne 2022.

Jusqu’à la crise énergétique de 2022, le chauffage au bois s’imposait sans conteste comme une alternative économique au gaz et à l’électricité. Or, la forte augmentation de la demande en bois a entraîné à la fois un risque de pénurie et l’augmentation des prix des combustibles.

Les chiffres parlent pour eux-mêmes : depuis le printemps 2022, le prix d’un sac de pellets est passé de 6,5 € à 8 €. Et cette hausse n’est pas près de s’arrêter au vu de l’évolution de l’inflation générale : « L’augmentation du coût des matières premières, de l’électricité, du transport et de l’emballage ont pour conséquence directe une hausse du prix du granulé de bois », explique Propellet, l'association nationale des professionnels du chauffage à granulés de bois.

« Le prix moyen est environ à 550 € la tonne, alors que c’était plutôt 350 € il y a un an », précise Eric Vial, délégué général de Propellet. « Nos coûts de production ont très fortement augmenté », ajoute Eric Vial.

Quel prix pour se chauffer au bois en 2022 ?

Combien coûte un chauffage à bois sur le marché ?

Il existe différents types d’installations dans la catégorie des chauffages à bois, du plus abordable au plus coûteux :

  • Un prix moyen de 3 804,15 € (parmi tous les modèles) ;
  • Le prix le plus bas est de 326 € ;
  • Le prix le plus élevé atteint 31 030 €.
Le coût d’un chauffage à bois
 Prix moyenPrix le plus basPrix le plus haut
Cheminée1 767,31 €355 €4 281 €
Chaudière biomasse à bûche6 353,89 €1 507,12 €12 061 €
Chaudière biomasse à granulés10 332,87 €1 045,89 €31 030 €
Poêle à granulés2 739,11 €639 €7 128 €
Poêles à bûche1 736,75 €326 €9 091 €

Tarifs TTC hors promotion, coût hors installation pour un équipement neuf, chauffage mixte ou seul. Analyse de 671 fiches produits. Prix constatés le 19 août 2022.

Combien coûte le bois de chauffage en 2022 ?

Une chose est sûre : le prix du bois de chauffage a explosé au cours des dernières années et particulièrement en 2022.

Le prix du stère, c’est-à-dire d’un mètre cube de bois, a augmenté de plus de 20 % en un an : alors qu’il était de 116 € en 2021, il a bondi jusqu’à 143 € en moyenne en 2022.

Mais l’augmentation du prix ne décourage pas les clients, qui continuent à commander leurs combustibles. On peut donc en conclure que les prix du bois ne baisseront pas de si tôt.

Granulés de bois à bas prix : attention aux arnaques ! Avec la hausse des prix du bois, les escroqueries se multiplient. Des entreprises mal intentionnées proposent sur internet des palettes de granulés et pellets de bois à bas prix. Les clients sont invités à payer en ligne pour une commande qu’ils ne recevront finalement jamais. La FFC3 met en garde les consommateurs et leur recommande ainsi de « n’effectuer aucun règlement de commande en ligne avant livraison s’ils ne connaissent pas leur fournisseur ».

Le chauffage au bois est-il toujours moins cher que le chauffage à gaz ou à électricité en 2022 ?

Alors concrètement, est-il toujours financièrement avantageux de se chauffer au bois en 2022 ?

Le bois, toujours moins cher que l’électricité et le gaz en 2022

De nombreux professionnels du secteur s’accordent à dire que le chauffage au bois demeure une alternative intéressante, surtout si elle est envisagée sur le long-terme.

Malgré les augmentations de prix conséquentes, le bois demeure moins cher que l’électricité et le gaz en 2022. Le granulé subit en effet une hausse moins forte que les autres énergies, comme le montre le graphique ci-dessous :

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Source : SOES et Selectra

Le bois reste donc plus abordable que l’électricité (qui a atteint 1 000 €/MWh fin août, contre 85 €/MWh au cours du premier semestre 2021), et que le gaz (qui est monté à 320 €/MWh, contre 15 €/MWh avant la crise de l’énergie).

Mais en cas de pénurie de bois ou de délais de livraison longs, l’avantage financier s’annulerait. Pire : les consommateurs lésés se trouveraient dans l’incapacité d’utiliser leur chauffage.

Si l’on s’en tient à l’aspect financier, l’ADEME confirme l’intérêt du chauffage au bois : l’agence explique que le fait de remplacer une chaudière au fioul par une chaudière à granulés permettrait de faire économiser 1 300 € par an sur la facture de combustible4.

L’équipement de chauffage au bois : un investissement rentable à moyen et long terme

Côté équipement, les systèmes de chauffage au bois représentent un investissement conséquent. Toutefois, si on compare les prix moyens, on remarque que les systèmes de chauffage au bois sont moins chers que le prix d'une pompes à chaleur (chaudières et poêles confondus). Sans compter que ces travaux d’amélioration de l’efficacité énergétique peuvent en partie être financés par les aides d’État.

Au vu des économies qu’il permet de réaliser, le chauffage au bois apparaît donc comme une solution avantageuse sur le moyen et long-terme, mais moins dans une situation d’urgence exceptionnelle comme celle que nous vivons actuellement.

La tension sur le marché du bois pourrait être en partie limitée si les consommateurs veillaient à maîtriser leur consommation : « Je demande aux consommateurs d’être calmes, patients et de faire dans la sobriété. Deux degrés de moins à la maison, c’est 14 % d’économies », conclut ainsi Eric Vial, de l’association Propellet. La sobriété énergétique ne s'adressera donc pas seulement aux consommateurs de gaz et d'électricité cet hiver.

Bien choisir son appareil de chauffage au bois pour mieux économiser Tous les systèmes de chauffage au bois ne se valent pas, surtout s’ils sont anciens. Les équipements antérieurs à 2002 présentent un rendement nettement inférieur à celui d’un insert ou d’un poêle bénéficiant du label Flamme Verte, attribué par l'ADEME. Alors pour optimiser le rendement de votre chauffage au bois et réduire votre facture de combustibles, il est recommandé de changer de chaudière par un modèle plus performant. Ce type de travaux peut être éligible à des aides d’État pour l’amélioration énergétique des logements.

4Source : ADEME, « Comment se chauffer mieux ». Chiffre estimé pour une maison de 120 m2 située en Île-de-France, datant de la fin des années 1970 et comptant 4 habitants.

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