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Blackout énergétique : les Français se tournent vers d’autres sources d’énergie

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Alors que l’hiver s’annonce difficile en termes d’énergie, de nombreux consommateurs anticipent déjà l’éventualité d’un black-out. Par conséquent, certains Français cherchent des alternatives au gaz et à l’électricité pour se chauffer. Quitte à en payer le prix fort.

S’affranchir du gaz et de l’électricité

En plein cœur de l’été, de nombreux consommateurs pensent déjà à l’hiver à venir et à la meilleure façon de le passer au chaud. La crise du gaz et de l'électricité mondiale, les menaces de rupture d’approvisionnement du gaz russe et les appels de l’État à économiser, ont créé de nombreuses craintes chez les Français. Dans la presse quotidienne régionale française, les témoignages de consommateurs en quête de solutions - afin d’éviter de subir une pénurie d’énergie - se multiplient.

Dans l’Hexagone, les consommateurs se chauffent majoritairement au gaz de ville et à l’électricité. À elles seules, ces deux sources représentent plus de la moitié des chauffages en France. Le gaz reste majoritaire, mais le chauffage électrique était en constante croissance jusqu’à cette année. En 2020, les données de l’Insee et de l’Ademe révélaient que parmi les modes de chauffage en France, 39% étaient représentés par le gaz et 31% par l’électricité.

La menace de pénurie de ces deux énergies pour cet hiver, appelle donc à la précaution. Il y a quelques jours encore, Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition Énergétique appelait à réduire “collectivement”, la “consommation de gaz et d'électricité”.

À défaut d’économies d’énergie, plusieurs foyers ont opté pour des alternatives énergétiques en vue de se chauffer cet hiver. À vrai dire, ils n’ont pas attendu la crise actuelle pour convertir leur chauffage ou conserver d’anciennes méthodes de chauffage. Mais ils ont été rejoints par les consommateurs inquiets de la période hivernale.

On distingue nettement une tendance se dessiner : cheminées et chaudière bois buche, granulés de bois et poêles, ou encore fioul, sont des options de plus en plus privilégiées par les consommateurs, en vue d’équilibrer leur consommation de gaz et d’électricité.

Les granulés de bois ont la cote

Cette année a été marquée par un engouement pour les granulés de bois qui permettent de se chauffer via un poêle, une chaudière ou une cheminée. Également appelés pellets de bois, ils viennent compléter le bois traditionnel également plébiscité depuis l’hiver dernier.

“La demande en chauffage au granulé a connu une croissance fulgurante” avec la crise énergétique, explique Propellet, l’association nationale des professionnels du chauffage au granulé de bois sur son site web.

Or, même cette source d’énergie est une solution limitée puisque le prix des granulés de bois a explosé depuis le printemps 2022. Le prix d’un sac de pellets est passé de 6,5 euros à 8 euros en quelques mois. Une hausse qui devrait se poursuivre. L’association ajoute par ailleurs que :

“L’augmentation du coût des matières premières, de l’électricité, du transport et de l’emballage ont pour conséquence directe une hausse du prix du granulé de bois.”

En outre, le prix des granulés de bois est corrélé à l’augmentation de vente de poêles. Depuis l’an dernier, on observe un attrait constant pour ce type d’appareil de chauffage. D’après l'étude Observ'er menée avec le soutien de l'Ademe, les confinements successifs et le fait de demeurer chez eux plus souvent, avaient déjà poussé les Français à s’équiper.

En 2021, cet appareil a vu ses ventes augmenter de 43 %. De même pour les chaudières à bois et cheminées. L’ensemble des équipements destinés au chauffage à bois ne cessent de convaincre les foyers français. Cette année, la vente des appareils permettant de se chauffer aux granulés de bois a augmenté de 25%.

Il faut donc aussi craindre un risque de stocks insuffisants. Si la France produit 85% des stocks de pellets de bois, 15% des stocks restants étaient jusqu’à présent exportés par la Russie, l’Ukraine et la Biélorussie. Suite au conflit récent, les difficultés d'approvisionnement sont à l'origine d'une importante carence, qu’il faut donc pouvoir substituer.

La crise énergétique a logiquement entraîné une course au stock de pellets de bois, pour éviter un manque hivernal. Or la surconsommation entraîne elle aussi une tension sur la demande de granulés, au risque de créer une pénurie. C’est pourquoi les distributeurs de granulés appellent leurs clients à ne pas acheter trop de stocks.

"Il y a une inquiétude légitime, mais il faut garder son calme. Tant que tout le monde n’achète pas plus que besoin, tout se passera bien. C'est vrai qu'il y a un petit manque, il faut l'avoir en tête, mais il est largement compensable par l’import, et par la sobriété énergétique"

Eric Vial, délégué général de Propellet, au micro de BFM TV.

Le traditionnel chauffage au fioul

Si les nouvelles chaudières à fioul ne sont plus autorisées à l’installation depuis le 1er juillet 2022, elles concernent encore 3 millions de foyers en France. Avant cette interdiction, les utilisateurs de ce type de chaudière ont été invités à plusieurs reprises à changer de modèle de chauffage. Des aides ont d’ailleurs été attribuées entre 2017 et 2020 afin de faire un pas vers cette transition énergétique. Des crédits d’impôts ont également été accordés aux foyers qui délaisseraient le fioul domestique au profit d’énergies moins polluantes.

Pourtant aujourd’hui encore, ce combustible demeure la troisième énergie de chauffage en France. Et la crise énergétique pousse de nombreux foyers à persister à solliciter ce type d’équipement.

En effet, le fioul domestique a connu une demande croissante ces derniers mois. Les consommateurs concernés tentent de remplir au plus vite leur cuve avant l’hiver, d’autant plus que son prix au litre ne cesse d’augmenter. Il n’échappe pas à l’explosion des coûts liée à la guerre en Ukraine. Pour remplir une cuve de 1000 litres aujourd’hui, il faut compter 1500 euros. C’est deux fois plus que le coût de remplissage moyen de 2021.

L’option du fioul n’est donc pas écartée voire sollicitée. Le Sénat a adopté un amendement du gouvernement afin de débloquer 230 millions d'euros de crédits et aider les foyers qui se chauffent encore grâce à ce combustible. Ces crédits - limités dans le temps - permettront de “financer des mesures ciblées de soutien aux ménages modestes encore chauffés au fioul, dans un contexte de hausse des prix de l'énergie”, explique l’amendement. La mesure d’aide sera bientôt accompagnée du ciblage des consommateurs concernés par cette mesure et des modalités d’application.

Les autres sources de chauffage

Outre le bois et le fioul, il existe d’autres modes de chauffage. Bien que leur part soit moindre dans l’énergie utilisée par les consommateurs chaque hiver, ils demeurent néanmoins utilisés par bon nombre de Français.

Si l’on regarde à nouveau les études menées sur les modes de consommation des Français par l’Insee et l’Ademe en 2020, on découvre qu’une minorité se tourne depuis plusieurs années vers le propane et le butane. Les foyers isolés et non reliés au réseau GRDF sont les premiers consommateurs de gaz liquide, qui leur garantissent une certaine indépendance énergétique.

Stocké dans des citernes aériennes ou souterraines, le gaz liquide permet de fournir l’énergie nécessaire pour chauffer l’eau, les pièces, mais aussi offrir une option de cuisson aux foyers dans les zones rurales isolées.

Ce sont 11 millions de consommateurs qui utilisent le propane et le butane pour se chauffer, rappelle France Gaz Liquides. Ces gaz proviennent d’une production mixte. 30% proviennent directement de France et 70% sont des importations d'Algérie et de Norvège. Le propane et le butane ne sont donc pas impactés par la crise entre la Russie et l’Ukraine.

“L’approvisionnement [est] sûr et sécurisé en propane butane et GPL des consommateurs, grâce à une multitude de producteurs opérant dans le monde entier, à des chaînes d’approvisionnement mondiales solides et à une distribution fiable aux consommateurs finaux”

promettait France Gaz Liquide dans un communiqué publié en mars 2022.

Aussi, étant moins cher que l’électricité et le gaz naturel, le gaz liquide se présente comme une solution intéressante. Il pourrait séduire davantage de foyers ayant la capacité de recevoir ce type de gaz et de citerne de stockage.

Les données concernant les modes de chauffage en France comme en Europe, devraient énormément évoluer cette année. En effet, la crise énergétique de 2022 a déclenché une prise de conscience concernant la manière de consommer. Il ne serait pas étonnant de voir d’autres modes de consommation énergétique émerger dans les mois à venir.

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