Sécurité sociale : le déficit dépasse les 5 milliards d’euros en 2019 et 2021

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Le déficit de la Sécurité sociale n’est pas près de baisser en 2019 et 2020, avec des chiffres dépassant respectivement les 5 milliards d’euros. En cause, selon le gouvernement, deux raisons centrales : la crise des « gilets jaunes » et une mauvaise conjoncture économique. Le retour à l’équilibre promis depuis dix-huit ans n’arrivera donc pas de sitôt.

  • En bref : bilan 2019 et budget santé pour 2020
  • Le déficit de la Sécurité sociale prévu pour 2019 est de 5,4 milliards d’euros ;
  • Le déficit de la Sécurité sociale anticipé pour 2020 est de 5,1 milliards d’euros ;
  • La conjoncture économique et la crise des « gilets jaunes » auraient un rôle majeur dans le déficit de la Sécurité sociale ;
  • Le " retour à l’équilibre " est reporté à 2023.

Déficit de la Sécurité sociale : une histoire qui se répète

Chaque année, à la même période, un sujet revient au cœur des discussions : le déficit de la Sécurité sociale. Depuis 2002, celui-ci est dans le rouge, et les gouvernements successifs mettent en place des stratégies pour pallier cette dette lors de l’établissement annuel des budgets. Le projet de loi de financement de la sécurité sociale 2020 – ou PLFSS – dévoilé le 30 septembre 2019 vient apporter quelques éclaircissements sur la situation, rapporte l’Agence France Presse – ou AFP.

La question du déficit de la Sécurité sociale en France est récurrente : comment changer la situation sans opter pour de fortes restrictions budgétaires ?

Ainsi, le déficit de l’année 2019 ne devrait pas modifier la tendance mais presque l’aggraver, puisqu’il pourrait atteindre les 5,4 milliards d’euros, avec une prévision de 5,1 milliards d’euros pour 2020. En juin 2019, la commission des comptes de la Sécurité sociale spéculait sur un déficit de 1,7 milliard d’euros minimum, contre 1,2 milliard en 2018, susceptible d’être empiré par les « mesures d’urgence » de l’État en réaction aux « gilets jaunes », à hauteur de 4,4 milliards d’euros.

La Sécurité sociale est composée de quatre branches distinctes : la retraite, la famille, la maladie et les accidents du travail. Parmi celles-ci, la branche retraite est celle qui subit le déficit le plus important cette année. Face à ces résultats, le gouvernement a décidé de repousser le « retour à l’équilibre » en 2023, alors que celui-ci avait été promis pour cette année.

PLFSS 2020 : les grandes lignesParmi les mesures du PLFSS 2020, on retrouve la mise en place d’un dispositif pour lutter contre les pensions alimentaires impayées, l’accompagnement des salariés en arrêt de travail, l’indemnisation des victimes de pesticides, la reconduction de la « Prime Macron », l’exonération des fonctionnaires partants, la prévention des futurs retraités, la réindexation des petites retraites, ou encore la rénovation des Ehpad.

Budget santé 2020 : coups de rabot et restrictions en perspective

Le plus gros coup dur concerne donc les comptes du régime général et du fonds de solidarité vieillesse – ou FSV –, qui auraient largement été impactés par trois facteurs, selon le gouvernement :

Différents facteurs ont impacté le déficit de la Sécurité sociale en 2019.
  • La conjoncture économique : le gouvernement avait anticipé des résultats trop élevés pour la croissance, la masse salariale et l’inflation ;
  • Les « mesures d’urgence » : celles-ci, misent en place suite à la crise des « gilets jaunes », auraient lourdement impactées la branche retraite de la Sécurité sociale, puisque cette dernière « supporte pour l’essentiel le coût de l’exonération de cotisations », précisent le ministère de la Santé et celui des Comptes publics à l’AFP ;
  • Les prestations vieillesses : moins d’économies que prévues ont été réalisées car, selon le gouvernement, le relèvement de l’âge légal de la retraite ainsi que la hausse de la durée de cotisation n’auraient pas eu les effets escomptés.

Ainsi, cette situation va limiter la hausse des dépenses de l’Assurance maladie en 2020, qui sera de 2,3 %, alors que l’augmentation devrait se situer autour des 4,5 % pour diverses raisons : vieillissement de la population, augmentation du nombre de personnes atteintes de maladies chroniques. Concrètement, cela signifie qu’au lieu de mettre en place des mesures pour dynamiser un secteur de la santé en crise – particulièrement en ce qui concerne les Ehpad, la psychiatrie et les urgences –, le gouvernement table sur 4,2 milliards d’euros d’économie pour l’an prochain. « Nous avons pris des décisions qui sont coûteuses […]. Et comme nous ne l’avons pas intégralement compensé, cela se retrouve dans des déficits », a expliqué le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire.

Où vont donc être réalisées ces économies ? Des pistes ont déjà été annoncées, comme un quasi-gel des allocations familiales, mais aussi des aides au logement et pour toutes les pensions de retraite dépassant les 2 000 euros mensuels avec une revalorisation minime par rapport au taux de l’inflation. Selon Bercy, ces « revalorisations maîtrisées » devraient permettre de réduire les dépenses de 500 millions d’euros.

Santé : des économies qui risquent de déplaireMalgré tout, les spécialistes s’accordent à dire que ces mesures ne suffiront pas pour régler la situation. Il reste donc à voir quelles solutions seront proposées ces prochains mois, mais tout porte à croire qu’elles ne seront pas nombreuses à trouver grâce aux yeux des Français.

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