Prix négatifs de l'électricité : les chiffres

La même électricité, moins chère !
Économisez en changeant d'offre avec Selectra

L'offre du moment à -10,3 % (HT) par rapport au tarif réglementé
Une électricité verte moins chère !
Le marché de l'électricité reflète dans ses prix l'adéquation entre offre et demande. Compte-tenu de la capacité de stockage très limitée de l'électricité, les prix peuvent devenir négatifs si l'offre excède la demande et que les producteurs ne peuvent interrompre leur production.
2024 : une année record pour les périodes de prix négatifs en Europe
L’année 2024 a marqué un tournant historique sur les marchés de l’électricité européens, avec un record absolu de 4838 heures de prix négatifs, soit près du double des 2442 heures enregistrées en 2023 selon Montel. Ce bond spectaculaire reflète l’impact croissant des énergies renouvelables et les limites structurelles des interconnexions entre les pays.
La Finlande s’est imposée en tête des zones à prix négatifs, dépassant la Suède, les Pays-Bas et l’Allemagne. Ce leadership s’explique par une production éolienne exceptionnelle et des connexions limitées avec ses voisins, notamment l’Estonie et la Suède. En Suède, la surproduction reste le facteur clé, tandis qu’aux Pays-Bas, l’essor des installations solaires résidentielles contribue fortement à cette dynamique.
L’augmentation du nombre d’heures de prix nuls ou négatifs s’observe désormais à travers toute l’Europe. Même la péninsule ibérique, historiquement épargnée, a connu ses premières périodes de prix négatifs au deuxième trimestre 2024. La cause principale : l’essor des capacités éoliennes et solaires, combiné à un manque de flexibilité de la demande pour absorber cette énergie abondante.
Ce déséquilibre entre une production renouvelable croissante, notamment lors des pics solaires, et une demande encore rigide a non seulement accru la fréquence des prix du kWh d'électricité négatifs, mais aussi amplifié l’écart entre les prix des pics solaires en journée et ceux des pics de consommation en soirée.
Les chiffres records de 2024 soulignent l’urgence d’améliorer les interconnexions et de développer des mécanismes de réponse à la demande afin de stabiliser les marchés et optimiser l’intégration des énergies renouvelables.
Source : European Electricity Market Summary, Montel - Graphique : Selectra
Des prix négatifs de plus en plus fréquents
Année | Nombre d'heures à prix négatifs |
---|---|
2017 | 4 |
2018 | 11 |
2019 | 27 |
2020 | 102 |
2021 | 64 |
2022 | 4 |
2023 | 147 |
2024 | 352 |
Source : marché spot (NordPool) - pour 2024, les chiffres sont à jour du 25/03
C'est le développement de l'éolien et du solaire photovoltaïque, moyens de production intermittents, qui explique l'augmentation du nombre d'heures à prix négatifs des dernières années. 2022 est une exception dans la mesure où la crise de la corrosion sous contrainte dans les centrales nucléaires françaises a fait augmenter les prix de marché.
Attention, le sujet n'est pas la multiplication du nombre d'heures à prix négatifs. C'est la plus grande proportion d'heures aux prix extrêmes. Mathématiquement, on peut dire que la variance (moyenne des écarts à la moyenne) du prix spot augmente.
Les conséquences sur la demande
Malgré les réserves des pouvoirs publics et des associations de consommateurs, l'augmentation de la variance des prix de marché nécessite une adaptation de la demande à l'offre. Concrètement, les consommateurs doivent être incités par le prix à consommer quand l'électricité est abondante et à limiter leur consommation quand elle est rare.
Il y a déjà depuis longtemps deux instruments pour inciter les consommateurs résidentiels à adapter leur consommation à l'offre :
- Les heures creuses, traditionnellement placées la nuit ou dans l'après-midi
- Les options à effacement du tarif réglementé : EJP et Tempo
Les évolutions à venir
Regardons quand les épisodes de prix négatifs ont lieu sur le marché spot français:
Source : NordPool - Calculs : Selectra - À jour au 25/03/2025
Sans surprise, les épisodes de prix négatifs ont essentiellement lieu entre avril et octobre. Cette période correspond à la période estivale, nommée "saison basse" par Enedis dans le TURPE.
La même tendance se retrouve au sein de la journée avec des prix négatifs concentrés sur les heures "solaires", pendant lesquelles les installations photovoltaïques produisent.
Source : NordPool - Calculs : Selectra - Période considérée : 2017 - 2024. À jour au 25/03/2025
Vers un changement des heures creuses
La Commission de Régulation de l'Energie a annoncé pour 2025 une modification des heures creuses pour les faire mieux coïncider avec les nouvelles réalités de la production d'électricité renouvelable. Ainsi, les heures creuses devraient se déplacer vers la journée, et être différenciées entre l'hiver et l'été. Le graphique ci-dessous montre bien pourquoi :
Source : NordPool - Calculs : Selectra - Période considérée : 2017 - 2024. À jour au 25/03/2025
Les heures négatives sont clairement concentrées en saison basse, mais au delà, on voit aussi qu'en saison haute, les heures négatives ont plutôt lieu dans la seconde partie de la nuit. D'où le raisonnement de la CRE qui envisage des heures creuses différenciées par saison.
Pour Selectra, les heures les plus creuses sont, dans l'ordre :
- En été (saison basse) : 14h, 15h, 13h, 16h, 12h, 11h, 10h et 4h.
- En hiver (saison haute) : 4h, 3h, 5h, 2h, 14h, 6h, 15h et 7h.
Contrairement à une idée reçue, le vent ne souffle pas plus à certaines heures de la journée. Les heures creuses n'ont donc rien à voir avec la production éolienne. Pour mieux intégrer les pics et les creux de production éolienne dans l'année, la solution est l'effacement, et non la discrimination horaire.
Et mon chauffe-eau, va-t-il savoir que mes heures creuses ont changé ?
Dans une installation électrique bien faite, l'allumage du chauffe-eau électrique se fait automatiquement grâce à un contacteur heures creuses commandé par le compteur (donc par Enedis). Il n'y a pas de souci à se faire sur sa capacité à adapter ses horaires entre l'été et l'hiver.
Mais dans certaines installations où le passage en heures creuses fonctionne grâce à une horloge, il y a aura 4 changements de l'horloge à faire par an :
- Au passage à l'heure d'été
- Au passage à l'heure d'hiver
- Au 1er avril (passage en saison basse)
- Au 1er novembre (passage en saison haute)
L'entrée dans une nouvelle ère
Il ne faut pas croire que le changement des heures creuses prévu pour 2025 clôturera la problématique de la flexibilité de la demande. Le développement du solaire photovoltaïque continue sa croissance exponentielle, et les épisodes de prix négatifs vont finir par toucher les mois de mars et de novembre. Au niveau des horaires, le surplus de production solaire en milieu de journée l'été va nécessiter une évolution régulière des règles pour protéger le système électrique. On voit déjà des installations se faire avec une exposition moins favorable que le sud, afin de compléter une production déjà surabondante en milieu de journée et l'été.
Dans la continuité de la logique d'heures creuses "solaires", se profile aussi le retour de la tarification dynamique. Celle-ci propose un prix indexé (partiellement ou totalement) sur le prix spot. Tenté par Barry sur le marché résidentiel jusqu'en 2022, il a été balayé par la crise de l'énergie. Mais la tarification dynamique, comme l'effacement, devrait revenir en grâce, notamment auprès de consommateurs disposant d'un mode de chauffage alternatif à l'électricité, et d'un véhicule électrique.