Budget de l'ADEME amputé de 500 millions : ce que le vote du Sénat va changer pour vous

Par Lucas Villiard

Rédacteur énergie

Le contraste est saisissant ce 10 décembre 2025. Alors que la France encaisse un pic de consommation violent et que le coût des batteries s'effondre, offrant une lueur d'espoir pour le stockage, la transition écologique vacille sur ses bases financières. Le Sénat vient en effet de valider des coupes budgétaires sévères touchant directement l'ADEME et le Fonds chaleur pour 2026. Entre cette austérité nationale, la sécurité d'approvisionnement garantie par RTE jusqu'en 2028 et le report de la "taxe carbone" européenne pour les ménages, la journée est marquée par des signaux contradictoires. Selectra décrypte...

France : Le grand écart entre froid polaire et coupes budgétaires

• Budget 2026 : le Sénat taille dans le vif de la transition. Les sénateurs ont adopté les crédits de la mission Écologie avec des modifications lourdes de conséquences. L'Ademe, l'Office français de la biodiversité (OFB) et le Fonds chaleur subissent des coupes budgétaires pour financer de nouveaux dispositifs, une manœuvre qui inquiète les opérateurs historiques de la transition écologique. Plus d'infos
• Consommation et prix : le coup de froid de novembre se paie cash. Le retour brutal de l'hiver fin novembre a agi comme un crash-test pour le système électrique. Selon l'observatoire de Storio Energy, la consommation française a bondi de 40 %, entraînant un doublement des prix spot de l'électricité. Cette volatilité remet en lumière l'intérêt crucial du stockage : des batteries bien pilotées auraient permis de générer jusqu'à 28 % de revenus supplémentaires par rapport à un arbitrage classique. Plus d'infos
• RTE rassure : pas de pénurie avant l'hiver 2028. Dans son actualisation du bilan prévisionnel, le gestionnaire de réseau se montre optimiste. Grâce à une consommation qui reste modérée et à une "surcapacité transitoire" (mélange de nucléaire et de renouvelables), la France devrait traverser les trois prochains hivers sans encombre. RTE publie d'ailleurs aujourd'hui même des données techniques inédites sur la modulation nucléaire, clé de voûte de cette flexibilité. Plus d'infos
• Biomasse : un état des lieux inédit. Pour la première fois, le GIS Biomasse chiffre précisément l'usage de cette ressource en France. En 2025, 16 % de la biomasse est dédiée à la production d'énergie, ce qui en fait le deuxième usage derrière le retour au sol, confirmant son rôle de pilier discret mais essentiel du mix énergétique. Plus d'infos

Marchés & Technologies : La révolution des batteries est là

• Batteries : la chute des prix s'accélère. C'est la nouvelle économique majeure du jour. Selon BloombergNEF, le prix moyen des packs lithium-ion est tombé à 108 $/kWh, et même à 70 $/kWh pour le stockage stationnaire. Cette baisse, portée par la technologie LFP et la surproduction chinoise, rend le stockage de l'électricité renouvelable plus compétitif que jamais, malgré la hausse du coût des matières premières. Plus d'infos
• Solaire : le seuil de déconnexion abaissé à 1 MW. Le Sénat durcit les règles pour les producteurs d'énergie renouvelable. Un amendement adopté abaisse de 10 MW à 1 MW la puissance à partir de laquelle les installations devront se déconnecter en cas de prix négatifs. Une mesure qui va impacter de nombreux parcs solaires et éoliens de taille moyenne, les forçant à plus de flexibilité. Plus d'infos
• Garanties d'Origine : explosion des volumes sur EEX. Le marché des certificats verts s'emballe. En novembre, les échanges ont triplé pour atteindre 3,7 TWh. La bourse EEX vise désormais 40 TWh d'ici fin 2025, misant sur de nouveaux contrats à terme pour standardiser ce marché en pleine croissance. Plus d'infos
• Cogénération et biométhane : retour au budget de l'État. Soulagement pour la filière : le gouvernement accepte de "rebudgétiser" le soutien à la cogénération et à l'injection de biométhane. Le financement via les recettes d'accises sur les carburants, jugé incertain, est abandonné au profit d'une ligne budgétaire claire. Plus d'infos

Europe : Cap sur 2040 et fin du gaz russe

• Climat : l'UE vise -90 % d'émissions en 2040. L'accord est scellé : l'Union Européenne s'engage à réduire ses émissions nettes de 90 % d'ici 2040. Le texte introduit une flexibilité notable avec l'autorisation de recourir jusqu'à 5 % de crédits carbone internationaux. Autre point crucial pour les ménages : l'extension du marché carbone au chauffage et au carburant (ETS2) est officiellement reportée à 2028. Plus d'infos
• GNL : l'après-gaz russe se jouera sur le marché spot. Avec l'interdiction des importations de gaz russe prévue pour 2027, l'Europe change de stratégie. Plutôt que de se lier par des contrats à long terme, les acheteurs européens devraient privilégier le marché spot (achat immédiat), pariant sur une offre mondiale abondante mais acceptant en contrepartie une plus grande volatilité des prix. Plus d'infos