Oubliez la sobriété énergétique, la France a "trop" d'électricité : RTE prend tout le monde à contre-pied

Oubliez la sobriété énergétique, la France a "trop" d'électricité : RTE prend tout le monde à contre-pied

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C’est un revirement de situation que peu d’entre nous auraient osé imaginer il y a seulement deux ans. Souvenez-vous de la « sobriété énergétique » qui rythmait notre quotidien il n'y a pas si longtemps. C'était alors l'époque où nos rues plongeaient dans le noir dès 22 heures, une mesure radicale adoptée par près de 80 % des communes françaises en 2023 pour préserver chaque kilowattheure. Cette ère de la restriction dictée par l'urgence semble révolue. Selon RTE, la France ne manque plus d’électricité. Au contraire, elle s'apprête à en avoir trop. Plongée dans ce nouveau paradoxe énergétique.

Adieu la pénurie, bonjour l'abondance (et ses nouveaux défis)

Il y a encore quelques mois, le vocabulaire énergétique national tournait autour des termes "délestage", "sobriété subie" et "risque de blackout". La lecture du Bilan prévisionnel 2025-2035 publié par RTE nous fait basculer dans une réalité parallèle. Les voyants sont passés au vert, et même à un vert très vif.

Selon RTE, le système électrique français a retrouvé une vigueur que nous n'avions plus connue depuis longtemps. Le parc nucléaire est revenu à un niveau de disponibilité solide après la crise de la corrosion sous contrainte, et les énergies renouvelables (éolien et solaire) continuent leur montée en puissance. Le résultat ? Une marge de sécurité inédite.

Le risque de coupure, cette épée de Damoclès qui pesait sur nos hivers, est désormais jugé "extrêmement faible". RTE estime l'espérance de défaillance à moins de 0,1 heure par an. Pour le dire simplement : le risque est quasi nul. Nous sommes passés d'une gestion de la pénurie à une gestion de l'abondance.

  • Hier : La crainte de manquer d'électricité lors des pics de froid hivernaux.
  • Aujourd'hui : Des épisodes de "surproduction" où l'offre dépasse largement la demande, surtout au printemps et en été.
  • Conséquence : La France redevient le poumon énergétique de l'Europe, exportant massivement ses électrons.

Le problème que personne n'avait vu venir : nous ne consommons pas assez

C'est ici que la situation devient ironique. Alors que la production repart à la hausse, la consommation d'électricité, elle, ne suit pas. Les Français, marqués par la crise et les hausses tarifaires, ont durablement réduit leur consommation. Les industriels et les ménages ont intégré des gestes d'économie qui perdurent. La consommation nationale stagne, voire baisse par rapport aux niveaux d'avant-crise (environ -6 % par rapport à 2019).

Évolution et prévision de la consommation d'électricité en France (rapport RTE 2025)
Évolution et prévision de la consommation d'électricité en France (Bilan prévisionnel RTE - Édition 2025)

RTE se retrouve donc face à un scénario de "surcapacité". Cela peut sembler être une excellente nouvelle, mais économiquement, c'est un défi complexe. Un système électrique surdimensionné par rapport à ses débouchés coûte cher. Les infrastructures (réseaux, centrales) sont financées par ce que nous consommons. Si nous consommons moins alors que les infrastructures sont là, le coût unitaire pourrait paradoxalement augmenter si nous ne trouvons pas de nouveaux usages.

L'urgence change de camp : il faut électrifier nos vies

Selon RTE, pour rentabiliser ce "trésor de guerre" électrique et réussir la décarbonation, la France doit impérativement accélérer l'électrification de ses usages. L'électricité est là, disponible et bas-carbone (à 95 %). Il devient urgent de s'en servir pour remplacer les énergies fossiles.

Ce n'est plus seulement une question d'écologie, c'est une question de logique économique nationale. Remplacer une chaudière au fioul par une pompe à chaleur ou passer au véhicule électrique n'est plus un risque pour le réseau, c'est au contraire une nécessité pour absorber cette production abondante. 

RTE souligne qu'il n'y a plus de "conflit d'usage" : nous avons assez de courant pour les voitures, les usines et les data centers en même temps.

Des prix parfois négatifs : le monde à l'envers

Cette abondance a une conséquence directe sur les marchés : l'effondrement des prix de gros. Nous assistons de plus en plus souvent à des épisodes de prix négatifs, notamment lors des après-midis ensoleillés ou venteux où la production renouvelable sature le réseau alors que la demande est faible. C'est une excellente nouvelle pour la facture globale de la France, qui voit son solde exportateur battre des records (environ 4 milliards d'euros de bénéfices liés aux exports).

Changeons nos habitudes : consommer au "bon" moment

Avec cette nouvelle donne, l'enjeu pour les consommateurs va évoluer. Il ne s'agira plus seulement de "moins consommer", mais de "mieux consommer". L'objectif sera de déplacer nos consommations (recharge de voiture, chauffe-eau) vers les heures où l'électricité abonde et coûte le moins cher, souvent en milieu de journée ou le week-end, plutôt que de tout concentrer en soirée. La modification des horaires des heures creuses va d'ailleurs dans ce sens.

La France se trouve donc à un tournant historique. Nous avons réussi le pari de la production, reste maintenant à réussir celui de l'utilisation intelligente de cette ressource. L'époque où l'on nous demandait de tout éteindre laisse place à une ère où l'on nous invite à remplacer le pétrole et le gaz par cet excédent d'électrons tricolores.

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