Suspension de MaPrimeRénov’ : tous vos travaux en danger d’ici juillet ?

Suspension de MaPrimeRénov’ : tous vos travaux en danger d’ici juillet ?

Publié le
min de lecture

Coup dur pour la rénovation énergétique : MaPrimeRénov’, l’aide incontournable qui a déjà accompagné plus de 2,5 millions de foyers, devrait être suspendue à partir du 1er juillet. L’annonce a été confirmée ce mercredi 4 juin par le ministre de l’Économie, Éric Lombard. Victime de son succès, le dispositif est pointé du doigt pour son encombrement massif et une explosion des fraudes, selon Bercy. De quoi affoler les Français…

Après plusieurs jours de spéculations, c’est désormais officiel : MaPrimeRénov’ sera temporairement suspendue dès cet été. Pour l’instant, les particuliers peuvent encore déposer un dossier, à condition qu’il soit parfaitement complet. Le dépôt seul fait foi, pas la validation – un point crucial à retenir, pour espérer bénéficier des aides actuelles.

Et bonne nouvelle pour ceux qui ont déjà lancé leurs démarches : les dossiers déposés avant la suspension seront traités et indemnisés, promet le ministère. Seuls les projets individuels sont concernés par le gel temporaire ; les rénovations en copropriété, elles, ne sont pas impactées.

Une reprise est envisagée d’ici fin septembre, et Valérie Létard, ministre chargée du Logement, affirme qu’à cette date, « les dossiers de rénovation globale et de travaux individuels sans distinction pourront être de nouveau déposés, dans un cadre ajusté qui garantira visibilité, rapidité et fiabilité pour les ménages et les entreprises ». Reste à savoir si les conditions d’éligibilité ou les montants accordés seront revus à la baisse…

Budget limité et envolée des demandes : un cocktail explosif

Si le budget alloué par l’Etat pour MaPrimeRenov' a baissé, passant de 3,77 milliards d’euros en 2024 à 2,3 milliards d’euros en 2025, la demande d’aide à la rénovation énergétique, elle, s’est envolée. Selon l’Anah (Agence nationale de l'habitat), entre janvier et mars 2025, 33 222 dossiers ont été déposés et 17 178 aides ont été accordées, soit 3 fois plus qu'au premier trimestre 2024. Un déséquilibre inquiétant, qui a grandement participé à la déroute du dispositif.

Il faut dire que ce projet, dont l’objectif initial était d’encourager la rénovation énergétique des logements les plus modestes, est particulièrement généreux. Un particulier éligible à cette aide peut percevoir jusqu'à 70 000 euros pour une rénovation d’ampleur de son logement !

Un projet très coûteux, mais qui en vaut la peine : en France, 20% de l'énergie consommée sert uniquement au chauffage des habitations. En cause ? Les passoires thermiques, encore trop nombreuses sur le territoire français (12% des logements).

Autre point d’inquiétude : la lutte contre la fraude, nécessaire, mais qui complexifie les procédures. Depuis cinq ans, MaPrimeRenov' est en première ligne face à ce fléau : ce n’est pas nouveau, mais de nombreux acteurs du bâtiment tentent de gonfler les factures pour toucher les aides publiques.

Les chiffres sont d’ailleurs alarmants : en 2024, 44 000 dossiers frauduleux ont été rejetés, toujours selon l'Anah. L'année dernière, un dossier sur dix était frauduleux.

Pour y remédier, le gouvernement compte notamment s'appuyer sur la proposition de loi Cazenave, visant à combattre la fraude à toutes les aides publiques. Portée par le député Thomas Cazenave et récemment adoptée par le Parlement, cette loi, en cours d'examen par le Conseil constitutionnel, devrait être promulguée fin juin.

25 000 entreprises menacées

Face à autant d'incertitudes, les filières spécialisées s'inquiètent d’une forte baisse d'activité. Au total, ce sont 25 000 entreprises qui seraient menacées selon la FFB (Fédération française du bâtiment). Olivier Salleron, son président, promet des « actions de rue sur la voie publique », et annonce la couleur : « Quand le BTP sort, c’est compliqué de le faire re-rentrer ».

Pour rappel, MaPrimeRénov’ génère à elle seule 1,8 milliard d’euros de travaux chaque mois. Pas étonnant que 2 propriétaires sur 3 affirment qu’ils n’auraient jamais lancé leurs travaux sans cette aide. Pour les artisans, la menace est sérieuse ; l’arrêt du dispositif, « extrêmement dangereux et inadmissible », alerte Jean-Christophe Repon, président de la CAPEB.

Des annonces sont attendues fin juin, avec, à la clé, de nouvelles exigences de justificatifs… et des délais de traitement possiblement rallongés. Reste à savoir si cette future version sera plus stable : MaPrimeRénov’ a déjà subi 14 réformes depuis sa création… soit une tous les quatre mois.

Avez-vous trouvé cet article utile ? 88% des 8 votes trouvent l'information utile.

Partager cet article !