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Le nucléaire devrait conserver une position importante dans la production d'électricité en France.

Future Programmation Pluriannuelle de l’Energie : une place (trop) importante pour le nucléaire ?

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La présentation de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) devrait avoir lieu fin octobre selon François de Rugy, nouveau ministre de la transition écologique et solidaire. Si l’on en croit les sources de l’agence de presse Reuters, elle s’attachera à lutter contre les émissions de CO2. De ce fait, elle impliquera probablement la production d’électricité par des centrales nucléaires, un enjeu sensible depuis plusieurs années.

Protéger l'entreprise EDF

La décision de la fermeture de la centrale de Fessenheim ne devrait pas faire jurisprudence. La Programmation Plurieannuelle de l'Energie (PPE) pour les périodes 2019-2023 et 2024-2028 s’inscrit dans la ligne de la "stratégie bas carbone" de la France d’ici 2050, élaborée par la direction générale de l'énergie et du climat (DGEC). Cette dernière est convaincue que pour éviter une explosion des émissions en gaz carbonique de l’Hexagone, il est obligatoire de recourir à l’atome.

Cette stratégie vise à "protèger EDF dans la décennie qui vient", fait savoir une source de l'entreprise. "Reste à savoir si la PPE inclura une liste de réacteurs à fermer." ajoute-t-elle peu convaincue. Puis de poursuivre : "je doute qu'il y ait d'autres décisions de fermetures de centrales (que celle de Fessenheim ndlr) avant la fin du quinquennat, sauf si l'Autorité de sûreté nucléaire l'impose". En effet, EDF est encore la propriété de l'Etat français à hauteur de 83,7%.

Des hypothèses partagées par d'autres acteurs du secteur. "Ce scénario a été fait pour maintenir un niveau élevé d'énergie nucléaire dans le pays et satisfaire les intérêts patrimoniaux de l'Etat en tant qu'actionnaire d'EDF", met en avant un cadre important d'une autre entreprise énergétique. 

Vers un maintien des centrales ? 

Toutefois, la question du nucléaire est de plus en plus sensible et apparait comme une priorité pour de nombreux Français soucieux de l'écologie et de la transition énergétique. A l'approche des élections européennes, qui donnent souvent de bons résultats aux Verts, le président Emmanuel Macron, fragilisé par la démission récente de Nicolas Hulot, devra prendre position sur l'épineuse question de l'énergie nucléaire et son rôle dans la transition énergétique. Les proches de la direction d'EDF en sont conscients : "Le gouvernement a besoin de totems (...) Serait-il tenable politiquement de ne rien annoncer sur le nucléaire alors que le président est affaibli sur les questions environnementales ?"

Alors que l'échéance de 2025 de porter à 50% la part de l'atome dans la production d'électricité ne devrait pas être tenue, d'autres scénarios sont envisagés. Il apparait que le gouvernement souhaite réviser cet objectif en le portant à 55% d'ici 2035. Dès lors, il s'agirait uniquement de fermer 9 réacteurs et non 24 comme dans le projet initialement prévu par Ségolène Royal.

EDF a donc le temps de voir venir, puisque dans ce cas, "le gros des réacteurs aurait vraisemblablement plutôt vocation à être fermé entre 2025 et 2035", d'après Pierre Antoine Chazal, analyste dans la banque d'investissement Bryan Garnier qui complète en expliquant : "Il ne s'agit pas de dire qu'il faut fermer tel ou tel réacteur mais de fixer des étapes-clés pour que le secteur dans son ensemble ait de la visibilité, et la trajectoire de consommation sera un premier élément clé de la PPE."

Ce texte, point de départ pour de nouveaux EPR ? 

Si la problématique de la fermeture des centrales est cruciale, il en va de même pour celle de la construction de réacteurs de nouvelle génération dits "EPR" à l'instar de celui de Flammanville, en Normandie. "Cette réflexion doit être menée sans délai avant 2020 pour tenir l'objectif de mise en service d'une première paire de réacteurs à l'horizon 2030", déclare la Société française d'énergie nucléaire. 

Toutefois, François de Rugy reste très prudent sur ce thème, compte tenu des retards de construction de l'EPR de Flamanville"Aujourd’hui, nous avons un projet d’EPR qui n’est même pas encore réalisé en France dont le budget a fortement augmenté" avait-il affirmé lors d'une récente interview sur BFM. "Aujourd’hui, EDF ne peut pas nous dire quelle va être la date de mise en service."  C'est pourquoi, "avant d’envisager d’en construire d’autres ou même d’en commander d’autres, il faut quand même apporter la preuve que ça fonctionne" avait-il conclu. 

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