Réacteurs nucléaires à l'arrêt : le risque de pénurie d'électricité se profile

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Les chiffres publiés ce mardi par RTE, la filiale d'EDF en charge du réseau de transport français, laissent anticiper des coupures d'électricité en cas de températures inférieures de 3 degrés aux normales saisonnières. Pour éviter la pénurie, les Français pourraient être appelés à baisser leur chauffage.

Une capacité de production en baisse de 11,5% par rapport à l'hiver dernier

En bon gestionnaire de son parc de centrales nucléaires, EDF a coutume de faire la maintenance de ses centrales durant les mois d'été, quand la consommation est faible. Cependant les moyens de production vieillissants et des falsifications chez le constructeur Areva, relevées par l'Autorité de sûreté nucléaire, ont conduit à l'arrêt d'un nombre inédit de réacteurs. Près d'un tiers des centrales nucléaires sont aujourd'hui à l'arrêt, un nombre record depuis les débuts de la construction du parc dans les années 1970.

Malgré les prévisions initiales d'EDF, treize réacteurs seront encore à l'arrêt début décembre, quand interviendra le risque des premiers grands froids et la hausse de la consommation des chauffages électriques, qui équipent la majorité des ménages français. Le réseau traversera alors une période de tension, qui se prolongera au mois de janvier.

Pour combler le déficit de production nucléaire, EDF s'appuie traditionnellement sur ses centrales thermiques et ses barrages hydrauliques. Manque de chance, la marge de manoeuvre est là aussi réduite, de nombreuses centrales ayant été déconnectées du réseau, et les barrages hydrauliques se trouvant à un niveau de remplissage historiquement bas suite à de faibles précipitations cet été.

Des mesures "exceptionnelles" pour prévenir la pénurie

Pour prévenir le scénario d'une coupure de courant généralisée cet hiver, les gestionnaires de réseau s'organisent. Les nouvelles lignes transfrontalières devraient permettre d'importer jusqu'à 12 200 mégawatts par jour... dans les limites de ce que nos voisins accepteront de nous vendre. Dans tous les cas, la note sera salée pour EDF. Le prix de l'électricité sur les marchés a enregistré de fortes hausses sur ces derniers mois, alors même que le seul arrêt des réacteurs nucléaires devrait engendrer des pertes de 1 milliard d'euros pour l'énergéticien national. La hausse des coûts d'EDF ne devrait pas se répercuter sur ses clients finaux cet hiver, mais il est possible que les déboires actuels du fournisseur historique aient un impact sur les factures à moyen terme.

Les importations depuis nos voisins européens suffiront en théorie à combler le déficit de production, à condition que la température ne descende pas plus de 3 degrés en-deçà des normales saisonnières. Pour prévoir l'éventualité d'un hiver particulièrement rude, RTE se réserve déjà les options suivantes :

  • faire appel au civisme des Français, en leur demandant de réduire leur consommation de chauffage électrique, et de ne mettre en marche les appareils électroménagers qu'en-dehors des heures de pointes
  • interrompre l'approvisionnement en électricité d'une liste de 21 sites industriels électro-intensifs
  • enfin, abaisser la tension électrique sur le réseau de jusqu'à 5%

En cas de pénurie, RTE activera la solution de dernier recours : appliquer des coupures (délestages) tournantes localisées dans certaines zones, qui ne pourront pas dépasser deux heures d'affilée à un même endroit. Certains clients prioritaires, tels que les hôpitaux, conserveront leur approvisionnement.

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