La consommation d'énergie française poursuit sa baisse
La Commission de Régulation de l'Energie (CRE) vient de publier son observatoire des marchés de l'énergie du 3ème trimestre 2024. Cet état des lieux très attendu met en lumière une poursuite de la baisse de la consommation de gaz, que ne vient pas compenser une consommation d'électricité stable, tant sur les segments résidentiel que non-résidentiel.
Électricité : consommation stable et hausse du nombre de compteurs
La consommation annualisée d'électricité au 30 septembre 2024 s'établit à 142,12 TWh contre 142,24 TWh un an auparavant pour les sites résidentiels. Légère reprise, en revanche, de la consommation non résidentielle qui passe de 259,71 TWh au 30 septembre 2023 à 262,14 TWh au 30 septembre 2024. Sur un an, la consommation nationale d'électricité augmente de 0,5%.
Consommation annualisée issue des chiffres de l'Observatoire trimestriel des marchés de l'énergie de la Commission de Régulation de l'Energie.
Cette stabilité est surtout intéressante à mettre en regard de la hausse du nombre de compteurs. Le nombre de compteurs résidentiels augmente de 1% sur un an à 34 696 000 au 30 septembre dernier.
Consommation annualisée issue des chiffres de l'Observatoire trimestriel des marchés de l'énergie de la Commission de Régulation de l'Energie.
La consommation annuelle d'électricité par compteur résidentiel est donc en légère baisse, à 4096 kWh. À titre de comparaison, elle s'établissait à 4590 kWh en 2019. Cette baisse, progressive, s'explique par la sobriété et l'amélioration de l'efficacité énergétique de l'habitat. Elle est surprenante alors que l'électricité remplace progressivement le fioul, le propane et le gaz naturel comme mode de chauffage, et que près d'un million de véhicules électriques ont été immatriculés entre temps.
Gaz : la baisse se poursuit
La consommation de gaz est orientée à la baisse, et a subi un fort décrochage dans le cadre de la crise des marchés de l'énergie de l'été 2022. Sur un an, elle baisse de 8,3% avec 354,7 TWh au 30 septembre 2024.
Consommation annualisée issue des chiffres de l'Observatoire trimestriel des marchés de l'énergie de la Commission de Régulation de l'Energie.
Cette baisse de la consommation s'explique par une baisse du nombre de compteurs de l'ordre de -1% sur un an, tant sur le segment résidentiel que non résidentiel. La baisse de la consommation annuelle de gaz par compteur résidentiel est donc marquée à 9276 kWh au 30 septembre 2024, contre 10131 kWh un an plus tôt. Sur 5 ans, la baisse est encore plus flagrante à -18% puisque la consommation s'établissait, en 2019, à 11293 kWh par compteur résidentiel.
Consommation annualisée issue des chiffres de l'Observatoire trimestriel des marchés de l'énergie de la Commission de Régulation de l'Energie.
Quelles conséquences pour les consommateurs ?
On peut se réjouir de la baisse de la consommation de gaz en France, d'autant que l'injection de biogaz a progressé d'environ 10 TWh par an sur les 5 dernières années. La consommation nationale de gaz fossile a donc baissé de plus de 20% depuis 2019.
Au niveau tarifaire, le prix unitaire a fortement augmenté, ce que ne compense pas la baisse de la consommation. La facture a donc augmenté alors même que la consommation baissait, tant pour l'électricité que pour le gaz.
Les perspectives sont mauvaises pour les consommateurs de gaz, qui vont supporter un coût de réseau croissant, et de probables hausses des taxes, liées à la nature fossile et importée de leur énergie. Pour l'électricité, une baisse inédite aura lieu au 1ᵉʳ février, soulageant les ménages après les hausses liées à la crise de l'énergie. Le sujet des années à venir ne sera pas tant le prix du kWh que le moment de consommation. L'électricité sera très chère en hiver et en heures pleines, et bon marché le reste du temps.
Au niveau stratégique, EDF a besoin d'une électrification des usages pour justifier la construction de nouveaux EPR et substituer progressivement l'électricité au gaz. Cette électrification se fait attendre.
Source : Observatoire des marchés des détail de l'électricité et du gaz naturel, 3ème trimestre 2024