Votre facture de gaz a pris +102% en 9 ans : la spirale des prix expliquée (et ce n'est pas fini !)

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Alors que la Commission de Régulation de l'Énergie (CRE) a récemment démenti l'idée que la facture d'électricité aurait doublé en dix ans, un silence assourdissant entoure le sort de celle du gaz. Et pour cause : les chiffres sont sans appel. Entre janvier 2016 et septembre 2025, les consommateurs français ont bel et bien vu le montant de leur facture de gaz être multiplié par deux. Cette explosion n'est pas le fruit du hasard, mais la conséquence d'une crise en trois actes : flambée des marchés, intervention massive de l'État, puis rattrapage fiscal et structurel. Voici l'anatomie d'une hausse historique.
Article trop long ? Demandez un résumé à l'IA :
+102 % : la flambée de la facture de gaz en chiffres
L'évolution est vertigineuse. Pour un foyer moyen chauffé au gaz, la facture annuelle est passée de 747 € en 2016 à 1511 € aujourd'hui. Un pic historique a même été atteint en avril 2025 à 1668 €, soit une augmentation de 123 % en moins d'une décennie.
Évolution de la facture de gaz pour un client chauffage (en €)
Évolution TRVG (zone 1) / PRG (part variable moyenne) pour une consommation de 11 200 kWh par an - Source : CRE, Calculs Selectra - Graphique : Selectra
€
Vous pouvez également calculer l'augmentation de la facture de gaz subie pour votre logement sur la dernière décennie :
Évolution de votre facture de gaz entre 2015 et aujourd'hui
Votre facture a augmenté de
+102,4 %
entre juin 2016 et septembre 2025, soit une différence de +764,56 € par an sur votre facture de gaz.
Cette hausse s'est déroulée en trois temps : la crise, l'intervention de l'État, puis le rattrapage.
Acte I (2021-2022) : la crise internationale fait exploser le prix de la molécule
La première secousse vient des marchés mondiaux. La reprise post-Covid puis la guerre en Ukraine ont fait flamber le prix du gaz brut. La France, qui importe 99 % de son gaz, a subi ce choc de plein fouet. Entre 2016 et aujourd'hui, le coût de la "molécule" de gaz a bondi de +134 %, passant de 284 € à 665 € dans la facture annuelle d'un foyer type.
Prix du gaz naturel sur le marché de gros PEG à M+1 (Point d'échange Gaz)
Prix relevés en août 2025 - Graphique: Selectra - Source: EEX
en €

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Acte II (2021-2023) : l'État intervient avec le bouclier tarifaire
Pour éviter que la facture ne double instantanément, l'État a mis en place le bouclier tarifaire. Un dispositif massif qui a coûté 8,1 milliards d'euros et a permis de contenir la hausse à 26 % au lieu des 110 % prévus en 2022, selon la Cour des comptes. Une protection efficace, mais temporaire et très coûteuse pour les finances publiques.

Acte III (2024-2025) : le retour à la réalité avec la hausse des taxes et des réseaux
La fin du bouclier a agi comme un barrage qui cède. Le "retour à la normale" s'est traduit par une double hausse structurelle pour compenser le coût des aides.
- Le rattrapage fiscal : l'accise sur le gaz (ancienne TICGN) a quasiment doublé au 1er janvier 2024, passant de 8,37 € à 16,37 €/MWh. Au total, le poids des taxes sur la facture a augmenté de +155 % en 9 ans.
- Le coût du réseau : l'entretien du réseau (l'ATRD) est de plus en plus cher. Avec la baisse de la consommation, ces coûts fixes sont répartis sur moins de clients. Résultat : le tarif de l'acheminement a bondi de +27,5 % en juillet 2024, puis de +6,1 % en juillet 2025.
Vers une hausse infinie du prix du gaz ?
Malheureusement, la tendance est structurelle. Moins il y aura de clients au gaz, plus la part "réseau" de la facture augmentera pour ceux qui restent. Un rapport de la CRE confirme que même avec une consommation divisée par deux d'ici à 2050, 95 % du réseau de transport restera indispensable. Les coûts fixes étant incompressibles, la hausse de la part "acheminement" semble donc inévitable.

Le prix du gaz est donc pris dans un cercle vicieux : la transition énergétique fait baisser la consommation, ce qui fait augmenter le coût du réseau pour les clients restants, ce qui accélère encore leur départ.

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