Votre facture ne baisse pas ? C'est normal, vous remboursez les 26 milliards du bouclier tarifaire : voici comment

Votre facture ne baisse pas ? C'est normal, vous remboursez les 26 milliards du bouclier tarifaire : voici comment

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C'est un paradoxe qui irrite des millions de consommateurs : alors que les prix de l'énergie ont chuté sur les marchés, les factures, elles, stagnent à des niveaux élevés. Cette situation n'a rien d'une anomalie. Le dernier rapport de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) en révèle la cause, chiffres à l'appui : le "quoi qu'il en coûte" énergétique a laissé une ardoise de 26,1 milliards d'euros. Une somme colossale que l'État, après avoir protégé 30,4 millions de ménages de l'explosion des tarifs, commence aujourd'hui à recouvrer. Ce n'est plus une hypothèse : si votre facture ne baisse pas, c'est parce que vous avez commencé, via la fiscalité et les tarifs de réseaux, à rembourser ce chèque historique.

Une mesure historique pour éviter le chaos énergétique

Pour bien comprendre l'ampleur de ces 26,1 milliards d'euros, il faut se replonger dans l'atmosphère anxiogène de la fin 2021. La sortie de la pandémie de Covid-19 avait déjà tendu les marchés de l'énergie, mais l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022 a mis le feu aux poudres

Les prix du gaz et de l'électricité sur les marchés de gros se sont envolés vers des sommets jamais atteints, menaçant de rendre les factures tout simplement impayables pour des millions de foyers et d'entreprises. Face à cette tempête, le gouvernement a donc mis en place le bouclier tarifaire

Le rapport de la CRE détaille l'efficacité de cette intervention : le bouclier a permis de réduire en moyenne de 40 % le prix de l'électricité qui aurait dû être facturé, et de 28 % celui du gaz. Au total, 30,4 millions de ménages ont été protégés sur leur facture d'électricité, et 6,2 millions sur celle du gaz. Sans cette mesure, de nombreuses familles et TPE auraient tout simplement mis la clé sous la porte.

Cependant, cette protection a eu un prix : 26,1 milliards d'euros déboursés par l'État entre 2022 et 2024. Pour donner un ordre de grandeur, cette somme représente plus que le budget annuel du ministère de la Justice et celui de la Culture réunis. C'est un effort financier exceptionnel, qui a permis à la France d'afficher des hausses de factures bien plus contenues que chez la plupart de ses voisins européens, mais qui a lourdement pesé sur les finances publiques.

Qui paie réellement ces 26 milliards ?

Pendant des mois, le mécanisme a semblé presque magique. Les prix s'envolaient, mais la facture restait stable. Comment ? Le principe était simple : l'État payait directement aux fournisseurs d'énergie la différence entre le prix de marché et le prix bloqué facturé au consommateur. Mais l'argent de l'État n'est pas infini ; il provient des impôts ou, dans ce cas précis, de l'endettement.

Le financement du "quoi qu'il en coûte" énergétique s'est donc fait en grande partie par un creusement de la dette publique. Autrement dit, l'État a emprunté sur les marchés financiers pour payer les fournisseurs à notre place. C'est une solution efficace à court terme pour amortir un choc, mais elle ne fait que reporter la facture dans le temps. Car une dette publique, tôt ou tard, doit être remboursée.

Et c'est là que se trouve le "vrai coût" du bouclier pour tous les Français. La dette d'aujourd'hui se transforme inévitablement en impôts ou en baisse des dépenses publiques de demain. Chaque citoyen, par sa contribution fiscale future, participera donc au remboursement de cette protection. Le coût n'a pas disparu, il a simplement été étalé dans le temps et mutualisé à l'échelle de toute la société.

Le retour de bâton : les hausses qui soldent la protection d'hier

Si le remboursement de la dette est un processus de long terme, une partie de l'addition a déjà commencé à être présentée aux Français, de manière plus directe et immédiate. La fin progressive des boucliers s'est accompagnée d'un rattrapage sur plusieurs composantes de la facture, qui avaient été artificiellement gelées pendant la crise.

Le réveil brutal de l'accise sur l'électricité

Le premier effet visible a été la remontée de l'accise sur l'électricité (l'ancienne CSPE), l'une des principales taxes sur l'énergie. Pour protéger les consommateurs, elle avait été abaissée à son strict minimum légal européen, soit 1 € par MWh. Mais les bonnes choses ont une fin. En février 2024, cette taxe est brutalement remontée à 21 €/MWh.

Cette hausse, qui n'est qu'un retour à la normale d'avant-crise, a eu un impact direct sur la facture, annulant une partie de la baisse des prix de gros. C'est l'une des premières manières concrètes par lesquelles les consommateurs ont commencé à "rembourser" la période de protection exceptionnelle.

Des tarifs de réseaux qui rattrapent le temps perdu

L'autre levier de rattrapage concerne les tarifs d'utilisation des réseaux publics, le fameux TURPE pour l'électricité et l'ATRD pour le gaz. Ces tarifs, qui rémunèrent Enedis, GRDF ou RTE pour l'entretien et le développement des réseaux, avaient eux aussi été contenus pour ne pas alourdir la facture pendant la crise.

Mais les coûts des gestionnaires de réseaux, eux, ont continué d'augmenter. La CRE a donc validé des hausses très importantes pour compenser les manques à gagner. Ainsi, le tarif des réseaux de gaz (ATRD) a bondi de 27,5 % au 1er juillet 2024. Celui de l'électricité (TURPE) a également connu des augmentations successives pour rattraper le retard. 

Là encore, c'est une part de la facture du bouclier qui est directement transférée sur les factures actuelles. Le bouclier est terminé, mais son héritage, lui, pèse encore lourdement sur notre budget.

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