Est-il urgent de remplacer sa chaudière gaz en 2023 ?

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Alors que depuis le 1er juillet 2022, il est désormais interdit de procéder à l'installation de chaudières au fioul au sein de logements neufs, leurs homologues “au gaz” pourraient bien subir le même sport d’ici les semaines à venir. Dans ce contexte, est-il temps pour les consommateurs d’envisager de nouvelles alternatives ? Remplacer sa chaudière gaz en 2023, bonne ou mauvaise idée ?

Un recul considérable des chaudières au gaz

Les chaudières au gaz et au fioul n’ont plus le vent en poupe, c’est le moins que l’on puisse dire. Les prestataires de vente et d’entretien de chaudières à gaz et à fioul font état d’un net recul d’intérêt pour ce type d’installations. Le syndicat professionnel Uniclima a en effet publié en février dernier de nouvelles données concernant les ventes de chaudières au gaz et au fioul. À ce propos, les constatations du syndicat sont sans appel : elles ont chuté de près de 30% en 2022 par rapport à l’année précédente. Ces chiffres s’expliquent en partie par l’interdiction - depuis le 1er juillet 2022 - d’installer de nouvelles chaudières au fioul. D’ici 2030, la France prévoit l’interdiction de leur commercialisation. Autre élément crucial : le montant de la prime de conversion de chauffage au fioul a été augmenté en mars 2023, afin de favoriser leur disparition.

Plus étonnant toutefois, la chute libre des ventes de chaudières à gaz. Si en 2021, de nombreux foyers ont abandonné la chaudière à fioul pour celle à gaz, l'année 2022, souligne une toute autre tendance.

Le gestionnaire de réseau de distribution de gaz (GRDF), qui compte encore 11 millions d’usagers sur tout le territoire, observe en parallèle une baisse progressive de sa clientèle. Fin mars, dans un communiqué de presse, GRDF précisait avoir perdu 93 000 clients, dont 40 000 pour le chauffage en 2022.

Alors, les Français sont-ils en train d’abandonner le gaz au profit d’autres énergies ? Il semblerait en tout cas qu’une vague de conversion ait déjà débuté. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce détournement des usagers de la chaudière au gaz. La première concerne la crise du gaz, que la France traverse depuis 2021. Les fluctuations de prix liées aux stocks et au contexte international ont pu inquiéter les usagers qui craignent désormais de manquer de combustible et de faire les frais de factures particulièrement élevées. L’été dernier, le prix du gaz a connu des pics exceptionnels, atteignant parfois les 300 euros par mégawattheure. Malgré des prix qui retrouvent peu à peu leur niveau d’antan, le gaz continue de catalyser bon nombre d’inquiétudes.

En parallèle, MaPrimeRenov a vu sa liste des équipements finançables amputée des chaudières à gaz à très haute performance énergétique (THPE). La disparition de cette aide qui pouvait aller jusqu’à 1200 euros pour les foyers modestes représente un frein considérable pour prétendre à ce type d’installation. Une chaudière à condensation à haute performance énergétique représente un coût variant entre 3000 et 7000 euros. Sans soutien financier, les foyers les plus modestes peuvent désormais difficilement prétendre à l’installation d’une chaudière THPE.

Les aides financières de l’État pour convertir les chaudières à gaz

Face au déclin des chaudières au fioul et au gaz, d’autres types d’installations bénéficient de vents favorables. Les chaudières biomasse, les pompes à chaleur ou encore les réseaux de chaleur alimentés par les énergies renouvelables font par exemple l’objet de financements variés. Ces dispositifs présentent notamment l’avantage de faire rimer protection de l’environnement et économies financières. De quoi motiver les ménages français à opérer rapidement une conversion de mode de chauffage.

L’aide la plus importante en la matière n’est autre que le “coup de pouce chauffage”, qui existe depuis 2019. Début mars 2023, le gouvernement a par ailleurs relancé sa communication autour de ce soutien, qui concerne l’ensemble des foyers hexagonaux, propriétaires comme locataires (sous réserve d’approbation du propriétaire).

Le niveau de financement dépend du type de travaux engagés et des revenus fiscaux du foyer du demandeur. Les ménages modestes bénéficient d’aides plus importantes. Leur montant varie en fonction d’un barème de revenus. Les plafonds de ressources sont définis en fonction de la somme des revenus fiscaux de référence déclarés sur les avis d’imposition de toutes les personnes qui composent le foyer. Les plafonds de ressources ne sont pas les mêmes pour les personnes vivant en région parisienne et ceux résidant dans les autres régions de France.

À titre d’exemple, une seule personne par ménage est soumise à un plafond de 25 714 euros en région parisienne et de 19 565 euros dans le reste de la France. 2 personnes à 37 739 euros en Ile-de-France et 28 614 euros dans le reste de la France.

Ainsi les aides auxquelles les foyers modestes peuvent prétendre (seulement pour les équipements validés par le dispositif) sont les suivantes :

Chaudière biomasse performante 4000 €
Pompe à chaleur air/eau ou eau/eau 4000 €
Système solaire combiné 4000 €
Système solaire combiné 4000 €
Pompe à chaleur hybride 4000 €
Raccordement d'une maison individuelle à un réseau de chaleur énergies renouvelables ou de récupération 700 €

Pour les autres foyers qui dépasseraient les plafonds de ressources définissant les foyers modestes, les aides sont plus faibles. Elles varient elles aussi en fonction du type d’installation choisie pour remplacer sa chaudière à gaz.

Chaudière biomasse performante 2500 €
Pompe à chaleur air/eau ou eau/eau 2500 €
Système solaire combiné 2500 €
Système solaire combiné 2500 €
Pompe à chaleur hybride 2500 €
Raccordement d'une maison individuelle à un réseau de chaleur énergies renouvelables ou de récupération 450 €

Pour bénéficier de ces aides il convient de faire appel à un professionnel “reconnu garant de l'environnement” (RGE). La Prime “Coup de pouce chauffage peut être cumulée avec MaPrimeRénov et l’éco-prêt à taux zéro.

Le dispositif des certificats d'économie d'énergie (CEE) financés par les fournisseurs d’énergie prennent en compte tous types de chaudières dans leurs plans de financement. Il est nécessaire de se rapprocher de son énergéticien pour estimer son droit à l’aide et son montant. Mais ces primes sont bien plus faibles que le coup de pouce chauffage, notamment pour les foyers modestes.

Quid des pompes à chaleur air/eau

Les solutions de chauffage alternatives sont donc au cœur de la stratégie de réduction d’énergies fossiles de la France. Mais la star des équipements moins énergivores et plus respectueux de l’environnement est sans doute la pompe à chaleur (PAC).

C’est surtout la PAC air/eau qui séduit déjà de nombreux ménages. D’après les chiffres d’Uniclima, les ventes de PAC air/eau ont augmenté de 30% en 2022. Et pour cause, outre les faibles émissions de CO2, les PAC disposent d’un rendement bien supérieur.

La PAC air/eau utilise la thermodynamique pour transférer l’énergie de l’extérieur vers l’intérieur. En récupérant les calories de l’air extérieur, la PAC transmet la chaleur dans les radiateurs et le réseau d’eau courante. Pour mobiliser ce fonctionnement, la PAC consomme 1kWh d’électricité, ce qui permet ensuite de redistribuer 3 à 4 kWh de chaleur. C’est donc son aspect économe qui convainc de plus en plus d’usagers.

Pour favoriser l’installation de ce type de dispositifs, l’État a même publié un arrêté - le 21 décembre 2022 - qui annonce la bonification de l’aide financière concernant les PAC accordée par “le coup de pouce chauffage”.

En outre, l’installation d’une PAC peut faire l’objet de nombreuses aides financières :

  • Le coup de pouce chauffage ;
  • MaPrimeRenov ou MaPrimeRenov Sérénité (pour les foyers modestes) ;
  • Les primes CEE ;
  • Une partie de son coût peut être réglé avec le chèque énergie ;
  • Un taux réduit de TVA à 5,5 % ;
  • Une exonération partielle ou totale de la taxe foncière pour les propriétaires ;
  • Des subventions régionales optionnelles : il se peut que les collectivités locales de votre lieu d’habitation bénéficient de subventions spéciales. Il peut être intéressant de leur transmettre une demande d’informations à ce propos.L’accumulation des aides financières peut parfois couvrir la totalité des frais d’une pompe à chaleur dont le coût oscille entre 9000 et 14 000 euros.

Si pour l’heure aucune disposition officielle n’a encore été adoptée concernant une éventuelle interdiction des chaudières à gaz, les alternatives moins polluantes sont néanmoins nombreuses et aisément finançables. Les récents renforcements d’aides financières qui, pour l’heure, n’ont pas de date d’échéance, peuvent représenter une facilitation et permettre de ne plus dépendre de la volatilité des prix du gaz.

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